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Tunisie : touristes israéliens refoulés et aveuglément face à un antisionisme viscéral
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 15 mars 2014

L’affaire des touristes israéliens du Jade, bateau de croisière norvégien, refoulés de Tunisie aura fait grand bruit. Sale coup pour la ministre du Tourisme de ce pays alors qu’elle s’évertue pour rendre le tourisme tunisien attractif et booster ainsi l’économie défaillante du pays. Alors elle multiplie les déclarations pour tenter de désamorcer la situation, jurant ses grands dieux que tous sont les bienvenus au pays du jasmin. L’American Jewish Committee lui prête main forte, tout comme l’ont fait des politiques comme Jack Lang, Laurent Fabius ou même François Hollande. Des médias comme I24 News avaient cherché à rassurer quant à un philo-sémitisme, voire philo-sionisme supposé de la Tunisie nouvelle. Desinfos.com n’avait pas été dupe et continue à déplorer une animosité tunisienne généralisée contre l’État hébreu.

Des touristes israéliens faisant croisière refoulés de Tunisie

Rappel : le 12 mars 2014 Norvegian Cruise Line annonçait « qu’elle annulait toutes ses futures escales en Tunisie deux jours après l’interdiction d’entrée dans ce pays nord-africain, imposée à des citoyens israéliens, passagers sur le Jade norvégien ». « D’autres compagnies vont annuler l’escale de La Goulette de leurs croisières en 2014 dont MSC, Holland America et Silversea » lit-on alors sur le blog de Danilette. Quoi de plus logique devant ce comportement des autorités tunisiennes mettant ainsi à l’index les seuls passagers ayant citoyenneté israélienne.

Des politiques français au secours de la destination, François Hollande en tête

On devine l’affolement du côté du ministère du Tourisme tunisien qui a à sa tête une nouvelle ministre, Amel Karboul, jeune femme particulièrement douée, ayant fait jusque là une belle carrière dans le monde de l’entreprise, et qui se démène depuis sa toute récente nomination pour redorer le blason du tourisme tunisien, source de revenus très appréciables dans une économie en berne. Avec une série de succès comme la participation de Jack Lang à un festival de musique, les « Dunes électroniques », en février dernier, ou l’engagement pris par le ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, d’aller passer ses vacances en Tunisie et, même, parmi tous ces officiels français vantant la Tunisie, le Président de la République française, décrit par un magazine touristique comme « l’ambassadeur de la destination ». Il en a vanté les mérites «  d'abord lors de sa visite d'Etat en juillet
. Le président l’a encore répété le 7 février, à l’occasion de la cérémonie de célébration de la nouvelle constitution, à Tunis : «  Si nous pouvons aussi envoyer un message à tous ceux qui veulent visiter la Tunisie, qu’ils y viennent nombreux, car c’est un pays hospitalier, accueillant, beau et démocratique  ». « Et tourhebdo.com de préciser : Depuis la révolution, les Français, premier marché européen, boudent la destination. La fréquentation a chuté de moitié entre 2010 et 2013, qui n’a vu arriver que 767 000 vacanciers de l’Hexagone"..

Si la Tunisie était un pays fréquentable on ne pourrait que saluer leurs efforts...Oui mais, cette affaire du Jade vient montrer le contraire à tous ceux qui s’étaient efforcés de détourner le regard jusque là...

Pour Amel Karboul pas de « discrimination » mais un simple problème de procédure »...

Refouler des touristes au motif qu’ils sont israéliens, cela fait quand même très mauvais effet...Amel Karboul, la talentueuse ministre du Tourisme multiplie donc aujourd’hui les déclarations pour tenter de désamorcer la crise, s’adressant « à plusieurs médias locaux et étrangers », nous dit le site businessnews.com. Elle affirme que « que les croisiéristes israéliens empêchés d’entrer en Tunisie n’ont pas été victimes de discrimination à cause de leur nationalité, mais qu’il s’agissait d’un simple problème de procédure ».Car « les Israéliens doivent se rendre au consulat pour demander un laissez-passer, du fait de l’absence de relations diplomatiques entre Israël et la Tunisie. Ce qui n’a pas été fait dans les délais nécessaires, d’où leur refoulement ».

On ne comprend d’ailleurs pas de quel consulat il peut bien s’agir dans ces conditions...

Et si, du coup les Juifs, israéliens ou pas boudaient le pèlerinage de la Ghriba en mai...

On apprend ensuite que le ministre « a, par ailleurs, appelé la communauté juive à venir comme chaque année au pèlerinage de la Ghriba, « venez nombreux et [...] surtout avec les jeunes ! », a-t-elle dit ». S’ils ne venaient pas on imagine, en effet, le manque à gagner pour la Tunisie...

Et de tenter de rassurer cette clientèle si fidèle : « « Nous espérons recevoir sept millions de touristes étrangers cette année en Tunisie. Sept millions de personnes de toutes nationalités, de toutes religions, de toutes ethnicités ». Sans distinction aucune donc ».. L’incident du Jade risquant fort de décourager ces visites très lucratives pour le tourisme local, ou dissuader d’éventuels touristes, choqués par cette discrimination, de se rendre en Tunisie, il lui fallait réagir rapidement.

Le tumulte déclenché par sa nomination pour cause de séjour en Israël était pourtant parlant

Pourtant, les circonstances ayant entouré sa nomination à ce poste de ministre du Tourisme avaient largement démontré qu’existe un antisionisme bien ancré en Tunisie. Dans son long C.V. très divers, un atelier qu’elle avait organisé en Israël avait provoqué une colère telle qu’à peine nommée elle avait dû présenter sa démission. Démission refusée par le Premier ministre après qu’elle ait déclaré publiquement, non seulement que cet atelier était destiné à des Palestiniens, mais aussi qu’elle avait quitté aussitôt « ce pays-là » après avoir passé des heures à être « humiliée » en tant que « musulmane et arabe » à l’aéroport2.

Pour garder ce poste il lui fallait vilipender l’État hébreu et elle le fit. Ce que nous avions dénoncé dans ces colonnes.

Manifestation violemment anti-israélienne de laïques à Tunis, boycott tunisien d’une rencontre à Tanger à laquelle assistait une délégation israélienne

Certes la criminalisation des liens avec Israël n’a finalement pas été inscrite dans la nouvelle Constitution tunisienne, cela a été remplacé par la sacralisation de la « libération de la Palestine », mais elle existe dans les faits. Le 1er février dernier « une coalition regroupant « plusieurs partis dont ceux des Unionistes démocrates, du militantisme national, du Travail national démocrate, d’Ettakatol populaire pour la Tunisie, du Front populaire unioniste, etc » à laquelle s’étaient jointes « quelques associations de la société civile...dont la Ligue tunisienne pour la tolérance, l’Association de la défense de la nation, l’organisation Est-Ouest » etc, organisait à Tunis une manifestation pour "dénoncer la non-constitutionnalisation de l’incrimination de la normalisation avec l’entité sioniste ». Mis à part des slogans haineux, des drapeaux israéliens étaient brûlés dans une grande artère de Tunis.La manifestation avait duré des heures sans que les autorités y mettent fin

Autre exemple récent : lors des« la 5ème session plénière de l’Assemblée régionale et locale euro-méditerranéenne (ARLEM) » des 23 et 24 février à Tanger (Maroc)... « le député indépendant affilié au bloc Ettakatol, Fayçal Jadlaoui,...choisi, en sa qualité de rapporteur de la commission des collectivités locales, pour représenter la Tunisie lors de cet événement...a fait part de sa volonté de boycotter cet événement » Il en donnait les raisons dans une déclaration à Business News, déclarant que « dans le programme de la séance, il est indiqué qu’une délégation israélienne sera présente » et d’expliquer , poursuit cet organe de presse, « que la présence de la Tunisie à cet événement sera considérée comme une forme de normalisation avec l’Etat sioniste ».

Une ambitieuse chaîne d’infos basée à Tel-Aviv cite des officiels tunisiens démentant la réalité

Pourtant, fin janvier, i24 news.tv, ambitieuse « chaîne d’infos basée à Tel-Aviv » citait « des hauts fonctionnaires tunisiens » leur ayant affirmé que « la Constitution tunisienne rejette toute forme d’extrémisme », ajoutant qu’il n’y a aucun chapitre dans la nouvelle Constitution qui soit contre Israël.« La Constitution tunisienne est l’expression du peuple tunisien », ont-ils indiqué, en expliquant que les opposants à la ministre étaient des extrémistes qui ne représentaient pas le pays ». Ce qui est démenti dans les faits...

L’American Jewish Committee France vole au secours d’Amel Karboul

Aujourd’hui, dans le cadre de l’affaire du Jade, l’American Jewish Committee France annonce
dans un communiqué que « A la suite de l’incident en Tunisie avec les touristes israéliens, Simone Rodan-Benzaquen, Directrice AJC France a mis en contact la Ministre du tourisme tunisienne, Amel Karboul et la « Jewish Telegraphic Agency ».

L’ATJ a alors publié un article repris et traduit par l’AJC France le 14 mars 2014 dans lequel on lit les mêmes explications et assurance d’Amel Karboul données à la presse, par ailleurs, mais aussi : « La Tunisie est perçue comme être le seul succès du « printemps arabe » qui a vu l’éviction des dictateurs historique dans un certain nombre de pays arabes ; son gouvernement est élu démocratiquement et dispose d’une collaboration pacifique entre libéraux et islamistes ».

Libéraux et islamistes tunisiens se retrouvent dans un même antisionisme et de l’antisionisme à l’antisémitisme il n’y a qu’un pas...

Le problème étant que ces « libéraux » tunisiens ont envers Israël la même haine que les islamistes. Ainsi, l’opposant assassiné, Chokri Belaïd, militait-il très activement pour que la criminalisation de liens avec Israël soit inscrite dans la Constitution tunisienne. Si des pressions extérieures ont convaincu la majorité de l’Assemblée Nationale Constituante tunisienne de ne pas l’inscrire dans le préambule de sa Constitution comme cela avait été fait dans le projet rédigé en 2013, ce texte l’a remplacé « Soucieux de porter assistance, en tout
lieu, à toutes les victimes d’injustices, de défendre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, ainsi que toutes les causes justes de libération, et en premier lieu le mouvement de libération de la Palestine, et opposés à toutes les formes de colonisation et de racisme ». On ne saurait être plus clair tout en faisant mine de ne pas l’être et un antisionisme virulent est bel et bien installé en Tunisie.

Or, de l’antisionisme à l’antisémitisme il n’y a qu’un pas. Comme le rappelait récemment la candidate à la Mairie de Paris Nathalie Kosciusko-Morizet, dénonçant une ambiguïté et un manque de clarté à ce sujet à gauche....



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