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Amel Karboul et une Tunisie malade de son anti-sionisme, suite...
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 20 avril 2014
dernière modification le 21 avril 2014

La ministre du Tourisme de Tunisie ne ménage pas ses efforts pour tenter de redresser un secteur économique vital en perdition pour cause de remous post « révolution du jasmin », se démenant pour présenter un pays valant le détour, aux mille et une qualités. Mais des couacs viennent rappeler la réalité d’un pays radicalement anti-sioniste, comme on l’a vu avec l’affaire des touristes israéliens refoulés en mars dernier. Une affaire ressortie par 80 députés exigeant une audition d’Amel Karboul et du ministre de l’Intérieur, voulant en souligner le caractère antisioniste, à un mois du pèlerinage de la Ghriba...

Mise à jour

Contrairement aux raisons données par différents médias et rapportés ici le 20 avril pour justifier la demande d’audition par l’Assemblée Nationale Constituants tunisienne des ministres du Tourisme et de l’Intérieur, ce qui semble avoir réellement motivé la pétition contenant cette demande est le fait qu’un groupe de quelque soixante-et-un touristes israéliens aient eu l’autorisation de se rendre en Tunisie. Autorisation délivrée par le ministère de l’Intérieur. C’est ce qu’a déclaré à la Radio Shems Fm, selon le site businessnews, un député appartenant à la coalition qui était au pouvoir avec Ennhada,. Ce qui confirme qu’il y a bel et bien un anti-sionisme d’État en Tunisie.

Sous l’offensive de charme un antisionisme hideux

Offensives de charme tous azimuts d’Amel Karboul qui, pour garder son poste de ministre du Tourisme tunisien dut vilipender Israël et prétendre ne s’être rendue dans « cet État » que pour venir en aide à de jeunes Palestiniens avant d’en repartir en courant compte tenu de ce qui aurait été la manière dont les autorités israéliennes l’auraient traitée, elle, « femme arabe et musulmane »... Un épisode qui venait démontrer que si la « criminalisation » des liens avec l’État hébreu n’a finalement pas été inscrit dans la toute nouvelle Constitution du pays, celle-ci existe pourtant dans les faits

Depuis la ministre se rend à des Foires internationales de tourisme, comme celle de Berlin, tourne des spots publicitaires, comme celui réalisé pour attirer des touristes canadiens, dans lequel elle vante les pouvoirs quasi magiques de la harissa – purée de poivrons rouges très épicée - , etc. Elle a réussi quelques coups médiatiques, par exemple fin février, en invitant Jack Lang à un festival de musique électronique ou, fin mars, en étant interviewée sur France 2 faisant son éloge et celui d’une Tunisie « culturelle »

Des touristes se laissant prendre aux apparences...

Stratégie qui fonctionne apparemment, en ce qui concerne la France, en tout cas. Jeune Afrique parle de « bond spectaculaire » du nombre de réservations depuis l’Hexagone pour des séjours en Tunisie. Ce qui serait une bonne nouvelle si ce n’est que la Tunisie reste une terre malade d’un anti-sionisme violent et sans doute aussi de l’aspect antisémite qui va de pair.

Ce qu’on a vu lors de la nomination d’Amel Karboul à son poste actuel, ou, le 1er février 2014, avec une manifestation violemment anti-sioniste autorisée dans une grande artère de Tunis, avec la Grand Guignol des drapeaux brûlés ou de slogans appelant au « Jihad en Palestine »...

Imaginez le touriste lambda se baladant dans la capitale tunisienne confronté à un tel déferlement de haine...Sans parler d’un touriste arborant une Magen David ou, pire, encore, avec la nationalité israélienne...

Gros temps pour les touristes israéliens

On sait d’ailleurs que des touristes israéliens, passagers d’une croisière norvégienne, étaient refoulés récemment, à la mi-mars, par les autorités tunisiennes. Sale coup pour le tourisme, d’autant que cela se passe peu avant le célèbre pèlerinage de la Ghriba à Djerba. À la mi-mai..La ministre du Tourisme explique alors que si, si, les touristes israéliens sont les bienvenus, l’incident étant tout simplement dû au fait que la procédure pour obtenir des visas d’entrée n’aurait pas été respectée....

Un des tour opérateurs les plus connus de Tunisie, pressenti un temps pour être nommé ministre du Tourisme, - l’idée de cette nomination provoqua une vive opposition... - René Trabelsi, fils du président de la communauté juive de Djerba, Perez Trabelsi, regrettait « que le commandant de bord du bateau en question n’ait pas prévu de régler d’avance cette question et de trouver des arrangements comme il est d’usage dans plusieurs pays ». Toujours selon le site tunisien Kapitalis il ajoutait : « Ce petit incident ne doit pas prendre des proportions démesurées, nuisibles au secteur....la Tunisie a d’autres préoccupations bien plus pressantes ».Et il préconisait « des arrangements préalables ».

Une pétition contre Amel Karboul et le ministre de l’Intérieur pour leur faire reconnaître le caractère antisioniste de la mesure...

Pourtant, aujourd’hui, ce « petit incident » réapparaît avec la pétition signée par quelque 80 députés tunisiens qui veulent que la ministre du Tourisme et le ministre de l’Intérieur, intervenu également dans l’affaire des touristes israéliens refoulés, soient entendus par l’Assemblée constituante. La raison invoquée en étant que les deux ministres avaient alors affirmé qu’il ne s’agissait pas d’une « décision politique » mais d’une simple question administrative. Le Huffpost Maghreb qui rapporte l’affaire souligne avoir montré à l’époque que « il était non seulement possible et habituel pour les passagers israéliens en transit d’obtenir un visa aux frontières » mais que « la décision de les refouler aurait été prise 24 heures avant leur arrivée ». Ce média souligne également que « côté politique, ce n’est pas la première fois que le bloc parlementaire d’Azad Badi – qui a lancé cette pétition - s’en prend à Amel Karboul ».

On notera que ce député appartient au parti WAFA dirigé par un antisioniste virulent qui voulait faire inscrire cette fameuse criminalisation des liens avec l’État hébreu dans le préambule de la Constitution et avait été pressenti un temps pour le poste de ministre de la Justice sous le règne du parti Ennahda. Sans doute ces députés veulent-ils faire admettre aujourd’hui à ces deux ministres qu’il s’agissait là bel et bien d’une décision politique. Pour marquer un point et démontrer que l’antisionisme se porte bien en Tunsie, de dont ils se félicitent, se souciant d’ailleurs bien peu de l’impact que cela aurait sur le tourisme, notamment le tourisme religieux de la mi-mai avec le pèlerinage de la Ghriba, un apport financier non négligeable pour Djerba....

Pas de visas individuels pour les Israéliens comme cela était possible sous Ben Ali

Selon le site Tunisiaalive début avril la ministre du Tourisme déclarait d’ailleurs qu’il n’y aurait pas de visas individuels délivrés à des touristes israéliens, ceux-ci devant voyager en groupe et obtenir une autorisation spéciale du ministère des Affaires étrangères. Elle précisait que cela n’était pas une affaire de religion mais découlait du manque de relations diplomatiques entre les deux pays...

Une réaction d’Yigal Palmor, porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien est également citée. Il soulignait que « avant la révolution tunisienne de 2011 les touristes israéliens détenteurs de visas disponibles grâce à des missions diplomatiques tunisiennes à Ramallah ou ailleurs étaient autorisés à entrer » en Tunisie où ils se « rendaient ’très régulièrement ’ ».

Amel Karboul faisant état de « problèmes diplomatiques » ayant « empêché les diplomates tunisiens d’entrer en Cisjordanie occupée par Israël ». « La Faute à Israël », donc selon elle, une fois de plus...Et on notera la terminologie politique correcte qui est employée par la ministre...

Soixante et un Israéliens déjà sur place ?

Pourtant, 61 Israéliens auraient débarqué à La Goulette pour ce pèlerinage selon une information d’un site algérien reprise par African Manager qui note que « 

À l’occasion de la fête du pèlerinage juif qui se tiendra du 16 au 18 mai à la synagogue de la Ghriba à Djerba, 61 israéliens sont arrivés, aujourd’hui 17 avril, à travers une croisière au port de la Goulette, rapporte le site Al Chourouk On line.A noter que des renforts de sécurité seront déployés partout sur l’île qui se trouve à 500 kilomètres au sud de Tunis, avec des barrages routiers qui seront mis en place tout le long de la route reliant l’aéroport à la zone touristique. La présence sécuritaire concernera aussi les infrastructures sensibles, les marchés et les circuits touristiques, sans, toutefois, causer de gêne pour les citoyens ou perturber le calme de l’île ».

Une présence policière renforcée qui n’est sans doute pas superflue compte tenu du climat antisioniste voire antisémite régnant en Tunisie...dont on vient de voir une nouvelle manifestation dans un incident à Djerba à la mi-avril, rapporté par l’agence de presse Agence Télégraphique Juive et Times of Israël : un Juif était poignardé à Djerba à la mi-avril...Attaque banale selon le ministère de l’Intérieur tunisien... « Cachez cet antisémitisme que nous ne saurions voir... »

Il n’y a pas que les Israéliens qui sont visés...

Il ne faudrait pas non plus oublier qu’en août 2012, par exemple, « un élu PS de la Sarthe, Jamel Gharbi, a été frappé par des islamistes le 16 août à Bizerte en marge d’un festival qui se déroulait dans cette ville tunisienne dont il est originaire. Victime de nombreuses contusions, il a porté plainte »... Car dans ce qui est une terre d’Islam on ne badine pas avec la pudeur, version parfois islamiste...

On est bien loin de l’image d’Épinal ensoleillée, tournée vers la culture, que nous tend Amel Karboul...

Sans doute Juifs et non-Juifs soucieux de la liberté de circuler et du rejet du racisme et de l’antisémitisme feraient-ils bien d’entendre l’appel lancé par SINOA à ne pas se rendre en Tunisie pour ses vacances....



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