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Le 23 novembre 2013, jour de la signature de l’Accord de Genève avec l’Iran, Barack Obama cherche à rassurer sur fond de déclarations triomphantes iraniennes
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 25 novembre 2013
dernière modification le 30 mars 2015

Israël, notamment, voit dans l’accord signé à Genève le 23 novembre 2013 « une erreur historique » mettant en danger Israël mais aussi la paix dans le monde. Dans une déclaration faite le jour même à Washington le Président américain s’efforce de rassurer. Pourtant, le Guide Suprême iranien, voit dans cet accord la base d’autres « manœuvres astucieuses ultérieures »et le responsable à l’Energie atomique de l’Iran se félicite que les capacités nucléaires de la République islamique restent intactes, alors que les sanctions s’effritent.

Barack Obama cherche à rassurer

Le 23 novembre 2013 le Président des Etats-Unis commentait l’Accord de Genève, conclu le matin même entre le Groupe des 5 + 1 et l’Iran, le qualifiant de « première étape importante vers une solution complète qui répond à nos préoccupations concernant le programme nucléaire de la République islamique d’Iran ».

Il rappelait que depuis qu’il est entré en fonction, il a « dit clairement être déterminé à empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire » insistant sur le fait qu’il privilégiait une solution pacifique« , ce qui a été impossible car pendant des années »l’Iran n’a pas voulu respecter ses obligations envers la communauté internationale« . D’où le travail accompli par son »administration avec le Congrès, le Conseil de sécurité des Nations unies et des pays dans le monde entier pour imposer des sanctions sans précédent sur le gouvernement iranien. Des sanctions qui ont eu un impact considérable sur l’économie iranienne ".

Ce qui est exact. Le gouvernement israélien ayant justement préconisé pendant des années l’application de sanctions significatives et ayant souligné récemment que c’est lepoids de ces sanctions qui a amené l’Iran à la table des négociations. D’ou, selon lui, la nécessité impérative de les maintenir sans avoir obtenu de gestes significatifs de la part du régime des mollahs

Barack Obama dit avoir vu « apparaître lors de l’élection d’un nouveau président iranien plus tôt cette année une ouverture pour la diplomatie ».

Une vision à l’opposée de l’analyse israélienne, Benyamin Netanyahu, se basant sur le parcours du nouvel élu, ayant fréquemment averti qu’il ne fallait pas « se laisser duper » par l’offensive de charme d’Hassan Rouhani en qui il voyait « un loup déguisé en agneau » ...De plus on apprend aujourd’hui que des négociations entre Iran et les Etats-Unis avaient été entamées il y a un an, bien avant donc, l’élection de Rouhani...

Pourtant, dans son allocation du 23 novembre, le Président américain déclarait que « aujourd’hui, la diplomatie a ouvert une nouvelle voie vers un monde plus sûr - un avenir dans lequel nous pourrons vérifier que le programme nucléaire de l’Iran est pacifique et qu’il ne peut pas construire d’arme nucléaire ».

Et de se féliciter que « pour la première fois en près d’une décennie, nous avons stoppé la progression du programme nucléaire iranien, et il y aura un recul pour des éléments clés du programme. L’Iran s’est engagé à stopper certains niveaux d’enrichissement et à neutraliser une partie de ses stocks. L’Iran ne peut pas utiliser ses centrifugeuses de nouvelle génération qui sont utilisées pour l’enrichissement d’uranium. L’Iran ne peut pas installer ou mettre en service de nouvelles centrifugeuses et sa production de centrifugeuses sera limité. L’Iran va cesser ses travaux dans son réacteur au plutonium. Et de nouvelles inspections fourniront un accès étendu aux installations nucléaires de l’Iran et permettront à la communauté internationale de vérifier si l’Iran respecte ses engagements ».

Cette progression n’a pas été stoppée pour l’heure, mais devrait l’être à une date non précisée. Quant aux niveaux d’enrichissement auxquels la République islamique devrait renoncer, on notera que Barack Obama reste vague. Mais il s’agit en principe de 20 %, l’enrichissement à 5% devant être maintenu, comme le soulignaient les Iraniens, précisant que cela été inscrit dans deux endroits différents de l’accord de Genève.. Or, passer de ce stade àune bombe serait l’affaire de quelques semaines a averti le Premier ministre israélien. Ceci se fera au mépris de résolutions antérieures du Conseil de sécurité, une aberration que soulignait Benyamin Netanyahou qui déclarait notamment : « l’Iran a reçu l’autorisation écrite de violer les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU ». Ou encore que « cet accord sauve l’Iran des pressions subies et lui donne aussi une légitimité internationale pour poursuivre son programme nucléaire »

Quant au matériel et infrastructures nucléaires, aucun n’est démantelé. Tout reste donc possible. Concernant les inspections annoncées, on sait que jusqu’ici la République islamiste d’Iran n’a pas autorisé toutes les visites d’inspecteurs pourtant réclamées par l’Agence Internationale à l’Energie Atomique qui a dû tirer des conclusions sur la base de photos satellites ou autres moyens.

Enfin et surtout, au lendemain de la signature de cet accord le chef de l’Agence à l’Energie Atomique Iranienne et ancien ministre des Affaires étrangères Ali Akbar Salehi, déclarait sans fards : « L’organisation et la structure de notre programme nucléaire est restée inchangée et la structure des sanctions s’est fissurée au cours des récentes négociations »
« Nous devons éviter un enrichissement de l’uranium de 20 % dans les six mois à venir, mais notre enrichissement de l’uranium de 5 % ne sera pas abaissé et va plutôt croître »...« « Nous n’avons rien perdu mais nous nous sommes seulement engagés à arrêter l’enrichissement d’uranium à 20 %. C’est comme un robinet que nous fermons et si ils [ le groupe des 5 + 1] ne remplissent pas leurs engagements, nous l’ouvrirons à nouveau ».

La veille, depuis Genève, l’actuel ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, déclarait : « la partie la plus importante est que le programme d’enrichissement de l’Iran a été reconnu, et ce programme va continuer  ».

Depuis Washington, également le 24 novembre, Barack Obama poursuivait en affirmant : « Ce sont des limitations importantes qui aideront à empêcher l’Iran de construire une arme nucléaire. En bref, elles barrent à l’Iran les chemins les plus probables pour obtenir une bombe ».

On notera sa prudence dans le choix des termes employés...

Et donc, dit-il, « pendant ce temps, cette première étape donnera du temps et de l’espace au cours des six prochains mois pour plus de négociations afin de répondre pleinement et dans le détail à nos préoccupations concernant le programme iranien. Et grâce à cet accord, l’Iran ne peut pas utiliser les négociations comme couverture pour faire avancer son programme ».

L’Iran également disposera de temps...que le régime des mollahs mettra à profit si, d’aventure, il poursuivait son programme en secret. Car jusqu’ici la République islamiste a constamment joué la montre dans cette affaire. Et n’en serait pas à sa première dissimulation, l’usine de Fordow, dont la construction a débuté en 2006, en étant un exemple frappant. Son existence n’ayant été découverte qu’en 2009, grâce au travail de services de renseignements...
...qui sait si d’autres établissements top secrets ne fonctionnent pas aujourd’hui. Les limitations auxquelles les négociateurs iraniens ont consenti ne s’y appliqueraient donc pas puisque chaque établissement est désigné précisément.

Barack Obama admet d’ailleurs que ce laps de temps pourrait bien être utilisé par ses partenaires iraniens car il ajoute :

« Bien évidemment, ce facteur temps, justement, n’a rien de rassurant pour ceux qui, à l’instance d’Israël, craignent de voir l’Iran se doter de la bombe ».

Dans son allocution du 23 novembre, Barack Obama évoquait ensuite l’allégement des sanctions imposées par « les États-Unis et nos amis et alliés », rappelait-il, précisant : « nous nous abstiendrons d’imposer de nouvelles sanctions et nous allons permettre au gouvernement iranien d’avoir accès à une partie des revenus à laquelle il ne pouvait avoir accès compte tenu des sanctions. Mais l’architecture plus large des sanctions restera en place et nous allons continuer à les appliquer rigoureusement. Et si l’Iran ne répond pas pleinement à ses engagements au cours de cette phase de six mois, nous allons mettre un terme à l’allégement et faire monter la pression ».

A ce sujet Benyamin Netanyahou souligne que « l’Iran reçoit des milliards de dollars grâce àl’allégement des sanctions sans avoir à payer un véritable prix »

Le véritable dirigeant de l’Iran, l’Ayatollah Khamenei, félicitait ceux qui, côté iranien, ont contribué à parvenir à cet accord, qualifié de « succès » et de « victoire » dans une lettre au Président Hassan Rohani, précisant qu’il « peut être la base pour des manœuvres astucieuses ultérieures »...

« Au cours des six prochains mois », poursuit le Président américain, nous allons travailler pour négocier une solution globale. Nous abordons ces négociations avec une compréhension de base : l’Iran, comme toute nation, devrait être en mesure d’accéder à l’énergie nucléaire pacifique. Mais à cause de ses antécédents et de ses violations de ses obligations, l’Iran doit accepter des limitations strictes concernant son programme nucléaire pour rendre impossible le développement d’une arme nucléaire.

Dans ces négociations il n’y aura d’accord sur rien à moins qu’il n’y ait un accord sur tout. Il incombe à l’Iran de prouver au monde que son programme nucléaire se fera exclusivement à des fins pacifiques".

Là encore tout dépendra de la bonne foi iranienne ou de ses dissimulations...

"Si l’Iran saisit cette occasion, le peuple iranien bénéficiera du fait de pouvoir rejoindre la communauté internationale, et nous pourrons commencer à réduire la méfiance entre nos deux nations. Cela fournirait à l’Iran un chemin digne pour forger un nouveau départ avec le reste du monde fondé sur le respect mutuel. Si , d’autre part, l’Iran refuse, il sera confronté à une pression et un isolement croissant.

Ces dernières années, le Congrès a été un partenaire clé pour imposer des sanctions au gouvernement iranien et l’effort bipartisan a rendu possible le progrès qui a été fait aujourd’hui. À l’avenir nous continuerons à travailler en étroite collaboration avec le Congrès. Cependant, ce n’est pas le moment de mettre en place de nouvelles sanctions - car cela ferait dérailler cette première étape prometteuse, nous éloignerait de nos alliés et risquerait de défaire la coalition qui a permis à nos sanctions d’être appliquées.

On voit cette unité internationale aujourd’hui. Le monde est uni pour soutenir notre détermination à empêcher l’Iran de développer l’arme nucléaire. L’Iran doit savoir que la sécurité et la prospérité ne viendront jamais avec la poursuite d’armes nucléaires – on doit y parvenir grâce à des accords entièrement vérifiables qui rendent impossible la recherche d’armes nucléaires par l’Iran.

Alors que nous progresserons, la volonté des États-Unis restera ferme, de même que nos engagements envers nos amis et alliés - notamment Israël et nos partenaires du Golfe , qui ont de bonnes raisons d’être sceptiques quant aux intentions de l’Iran".

Comment croire à une fermeté américaine alors que cet accord de Genève fait fi de résolutions du Conseil de sécurité et ne démantèle rien du matériel nucléaire de l’Iran qui est autorisé à poursuivre son programme nucléaire, même au ralenti...

Barack Obama poursuit : « en fin de compte, seule la diplomatie peut apporter une solution durable au défi posé par le programme nucléaire de l’Iran. En tant que président et commandant en chef, je ferai ce qui est nécessaire pour empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire. Mais j’ai une grande responsabilité pour tenter de résoudre nos différends de façon pacifique, plutôt que de se précipiter vers un conflit . Aujourd’hui, nous avons une réelle opportunité de parvenir à un règlement pacifique et global et je crois que nous devons le tester ».

On voit ici à quel point le Président américain rechigne à envisager l’utilisation, voire la menace de l’utilisation de la manière forte, ou même la poursuite et la montée en puissance de sanctions ce qui, pourtant, avait fonctionné...ses menaces de « faire le nécessaire » sonnent donc totalement creux. Ce dont la République islamiste d’Iran est tout à fait consciente.

Il conlue : "cette première étape d’aujourd’hui constitue le progrès le plus significatif et tangible avec l’Iran depuis que j’ai pris mes fonctions. Et maintenant, nous devons utiliser les mois à venir pour rechercher une solution durable et globale qui permettrait de résoudre une question qui a menacé notre sécurité - et la sécurité de nos alliés - depuis des décennies. Cela ne sera pas facile et d’énormes défis restent. Mais grâce à une diplomatie forte fondée sur des principes, les États- Unis d’Amérique feront leur part pour un monde plus pacifique, la sécurité et la coopération entre les nations. .".

S’adressant à la réunion du Cabinet ministériel du 25 novemnre 2013, le Premier ministre israélien, après avoir fait allusion aux mines franchement hilares des responsables iraniens à l’occasion de la signature de cet accord de Genève ajoutait : "j’ai parlé hier soir avec le Président américain Barack Obama. Nous avons convenu qu’une équipe israélienne conduite par le Conseiller à la Sécurité nationale Yossi Cohen partira bientôt pour les États-Unis pour discuter de l’accord permanent avec l’Iran.
Cet accord doit aboutir à un seul résultat : le démantèlement des capacités nucléaires militaires de l’Iran. Je vous rappelle que la semaine dernière, pendant les négociations, les dirigeants de l’Iran ont redit leur engagement à détruire l’Etat d’Israël, et je réitère aujourd’hui mon engagement, en tant que Premier ministre d’Israël, pour les empêcher d’atteindre la capacité de le faire ".

Guide Suprême http://english.farsnews.com/



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