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Résolution aux Nations unies pour forcer la main d’Israël : pas de volte-face de la France
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 9 juillet 2015

Pour Laurent Fabius une question israélo-palestinienne non réglée présenterait “des risques d’explosion”, “d’embrasement” de la région. Il s’active donc depuis des mois pour mettre sur pied un groupe qui pousserait pour la forme à la reprise de négociations. En cas de nouvel échec, son projet est de contraindre Israël par le biais d’une résolution onusienne. La France ne s’étant pas beaucoup donné la peine de consulter l’État hébreu. On a cru brièvement qu’elle avait renoncé à un tel projet dans une région “au bord de l’implosion”. Constat de Benyamin Netanyahu, sans que la question palestinienne y soit pour quoi que ce soit. Mais volte-face du Quai d’Orsay.

Le ministre des Affaires étrangères français et un homme très occupé. “L’avion est son deuxième bureau. Alors que les crises se multiplient et que l’État islamique constitue une menace toujours plus inquiétante, Laurent Fabius cumule chaque mois près de 40 000 kilomètres. Il s’est lancé dans un marathon de négociations pour faire entendre la voix de la France sur les grands dossiers internationaux”, nous rapporte Paris-Match le 1er juillet 2015.

Non, finalement, “la France ne baissera pas les bras”

Est-ce pour cause de surmenage que le ministre français aurait donné à penser à son homologue et ami palestinien, Riad Al-Malki, que la France renonçait à tenter de régler la question israélo-palestinienne comme cela avait été annoncé en juin dernier ? Lors du point de presse du 8 juillet 2015 au Quai d’Orsay un journaliste posait, en effet, cette question : “ Le ministre palestinien des affaires étrangères a déclaré hier que la France « a abandonné l’idée de présenter un projet de résolution au conseil de sécurité sur la reprise des négociations et pour fixer les paramètres d’un accord de paix... »
Qu’en est-il exactement ? Et si c’était le cas, quels sont les raisons qui ont poussé la France à changer d’attitude” ?
Démenti du porte-parole : “Depuis plusieurs mois, nous travaillons à créer un horizon politique face à l’absence de processus de paix et à la dégradation de la situation sur le terrain.

La France ne baisse pas les bras”.

Ce même jour en réponse à une question posée par un député de l’Assemblée nationale Laurent Fabius répondait : “La France ne baisse pas les bras. C’est la raison pour laquelle je me suis rendu dans la région tout récemment, à la fois pour rendre visite au président égyptien, au roi de Jordanie, au Premier ministre israélien et au président de l’Autorité palestinienne. Au nom de notre pays, j’ai tenu à tous le même langage : on ne peut pas rester en l’état, il faut avancer”. Et le ministre de lancer cette pique en direction de Benyamin Netanyahou : “J’ai eu un très bon accueil du côté palestinien, du côté des pays arabes, un accueil plus réservé et parfois même difficile du côté des Israéliens, mais la France ne renonce pas, la France ne baissera pas les bras car il en va de la justice, de la sécurité et de la paix”.
On se demande dans ces conditions comment Laurent Fabius peut imaginer pouvoir faciliter une négociation entre les parties. Reste donc le Conseil de sécurité.
L’espoir de voir le gouvernement français actuel renoncer à tout mettre en oeuvre pour tenter de forcer Israël à accepter une résolution garantissant tout sauf la paix aura été de courte durée...

Ferme sur le nucléaire iranien mais le ministre semble ignorer le terrorisme de la République islamique d’Iran

Pourtant il se dépense beaucoup à Vienne, Laurent Fabius, où il passe pour “un dur” dans les négociations avec la République Islamique d’Iran. Le site de son ministère reprend à cet égard l’une de ses déclarations à Paris-Match : “On personnalise même, parfois, en disant : « Fabius est trop ferme. » Ce n’est pas une affaire personnelle. Nous ne sommes pas « durs » : nous sommes cohérents.
L’Iran est un grand pays et les Perses une grande civilisation. Mais pour ce qui est de la négociation, il faut être clair : le nucléaire civil, oui ; l’arme nucléaire, non. Si l’on veut éviter la prolifération nucléaire, l’accord doit être robuste. Sinon, cette prolifération aura lieu et ce sera très dangereux pour tout le monde. (...)./.”

Si Laurent Fabius évoque le terrorisme c’est à propos de “Daech”, terme utilisé pour désigner l’État islamique, la France ne voulant pas employer ce nom. Mais pas à propos du terrorisme soutenu par la République Islamique d’Iran dans le monde, comme avec le Hezbollah ou le Hamas, ou d’autres mouvements terroristes. Voile pudique sur la question. Le ministre se borne donc à souligner qu’un nucléaire iranien provoquerait une prolifération dans “une région explosive”, dit-il.

Une région explosive, mais pas pour cause de question israélo-palestinienne

Explosive, en effet, cette région, comme le rappelait Benyamin Netanyahu le 1er juillet 2015, à l’occasion des célébrations marquant l’anniversaire de l’indépendance des États-Unis, dressant un tableau exhaustif. « Le Moyen-Orient est en proie à la tyrannie », déclarait-il. « Des majorités sont opprimés. Des minorités sont persécutées. Des femmes sont subjuguées. Des homosexuels sont lynchés. La presse, si il y en a une, est muselée.
Pourtant, dans ce turbulent et violent Moyen-Orient, Israël se distingue comme modèle de liberté et des droits de l’homme, avec une constance sans faille, un îlot de démocratie dans un océan de despotisme.
Le Moyen-Orient est en train d’imploser tout autour de nous. Des États qui ont existé pendant un siècle se désintègrent. Les forces de l’islamisme militant se précipitent pour combler le vide, les sunnites militants menés par ISIS, les chiites militants menés par l’Iran.
L’Iran mène une campagne d’agression dans la région et de terrorisme dans le monde entier. Il cherche à construire des armes nucléaires pour faire avancer sa mission qui est, dit-il, d’exporter la révolution islamique dans le monde entier. Pour les mollahs qui dirigent Téhéran, Israël est le petit Satan et l’Amérique est le grand Satan ».

Une tournée fabusienne au Moyen-Orient en juin 2015 pour présenter des “idées françaises”

Les deux hommes sont donc arrivés quasiment à un même constat sur l’état de la région. Pourtant le ministre des Affaires étrangères français y ajoute un autre élément qui serait central : “la grande question israélo-palestinienne”. En juin 2015 depuis Ramallah où il rencontrait son homologue palestinien et Mahmoud Abbas, Laurent Fabius se livrait même à une analyse surprenante à ce propos, déclarant : “c’est une question plus importante qui a des répercussions - nous en avons parlé avec le président Abbas - sur l’ensemble de la région et sur beaucoup de situations dans le monde. À partir du moment où un problème aussi important que celui-là n’est pas réglé, cela a tout une série de conséquences, y compris - et c’est un souci pour nous tous - sur la montée du terrorisme dans toute une série d’États”. États non spécifiés, ce qui est des plus commodes...
Plus tard, depuis Jérusalem, très proche de Ramallah, capitale prospère de facto des Territoires palestiniens, à l’issue d’une tournée dans la région pour évoquer le plan français, Laurent Fabius estimait à nouveau lors d’une conférence de presse que “ comme cette question n’est pas réglée, cela crée des tensions et, à chaque moment, il y a des risques non seulement de tension mais d’explosion”. Il expliquait alors “ce que l’on appelle « les idées françaises » qui sont en fait des idées de bon sens et qui, évidemment, n’appartiennent pas seulement à la France”. La première n’ayant rien d’inédit, en effet, voulant que les deux parties doivent négocier... Ce qui se fait depuis des lustres mais permettait à Laurent Fabius d’ironiser alors sur la volonté de négocier du “ Premier ministre Netanyahou”...
Puis, dit-il, “la deuxième idée de bon sens est qu’il nous paraît souhaitable d’accompagner cette négociation par un comité international de suivi. Composé de qui ? Des Arabes, bien sûr, qui jusqu’à présent ne font pas partie du Quartet mais, de ce point de vue-là, il est très important qu’ils puissent apporter toute une série d’éléments. La décision prise par l’Égypte de faire venir un ambassadeur en Israël est une décision positive. Donc les Arabes bien sûr, les membres permanents du Conseil de sécurité, un certain nombre d’Européens, peut-être d’autres pays qui ont quelque chose à apporter”.

Concernant les Européens on se souvient qu’ils viennent de voter comme un seul homme une résolution inique du Comité des Droits de l’Homme des Nations unies accusant de fait Israël de “crimes de guerre” lors de sa guerre de défense menée par le mouvement terroriste du Hamas l’été dernier…. Leur impartialité en la matière est donc sujette à caution...

Quant à la plupart des pays arabes, un exemple récent rappelle qu’ils utilisent volontiers cette question israélo-palestinienne comme bouc émissaire ou exutoire de choix. Ainsi l’ancien Président tunisien Marzouki vient-il de tenter de forcer le blocus naval israélien mis en place autour de la Bande de Gaza pour prévenir l’importation d’armes par le Hamas qui y règne. Lors de l’arraisonnement du bateau sur lequel il se trouvait un soldat de la marine israélienne lui avait dit son étonnement de le voir soutenir un mouvement terroriste alors que la Tunisie venait d’être frappée par une même idéologie terroriste sur une plage de Sousse, avec trente-huit touristes assassinés...

La troisième idée fait planer la menace d’une résolution contraignante du Conseil de sécurité...

Enfin, selon Laurent Fabius, “la troisième et dernière idée de bon sens concerne les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. Là encore, il faut éviter les idées fausses. Nous sommes tombés d’accord par exemple avec le président Abbas sur le fait qu’il ne servirait à rien de bâtir une résolution si elle devait se fracasser sur un véto. De même manière, cela ne servirait à rien de faire voter une résolution s’il n’y a pas d’application. La résolution est un moyen, ce n’est pas une fin en soi. Évidemment, à un moment donné il est tout à fait possible que le Conseil de sécurité soit appelé à sanctionner, dans le sens étymologique de ce terme, ce qui aura été décidé, mais ce n’est pas un substitut à autre chose”.
Le matin même, depuis Ramallah il déclarait : “J’ai tout à fait apprécié ce qu’a dit le président Abbas : « Il faut être réaliste, une résolution c’est intéressant si elle peut être adoptée et c’est intéressant si elle est appliquée. Ce n’est pas une résolution pour une résolution ».
A propos de cette résolution, “troisième idée de bon sens”, Laurent Fabius précisait ensuite ce même jour à Jérusalem devant le Président Rivlin “il faut être pragmatique. Cela n’a pas d’intérêt de présenter une résolution si c’est pour avoir un veto. Il faut, bien évidemment, qu’elle puisse recueillir un assentiment général et qu’elle soit appliquée”. Et il lançait alors cet avertissement : “ C’est très difficile mais la France a la chance d’être membre permanent du Conseil de sécurité et nous avons d’autres amis...”

Riad Al-Malki : Positions identiques de Mahmoud Abbas et Laurent Fabius


Autre précision loin d’être anodine apportée par un journaliste présent lors de la conférence de presse de Ramallah : “Le ministre Al-Malki a rappelé que le président Abbas et le ministre Fabius avaient des positions identiques vis-à-vis des idées françaises”... .
Or, ces positions françaises on les retrouve dans “les paramètres qui doivent présider à une résolution du conflit” publiés sur le site du Quai d’Orsay. A savoir :
• Des frontières basées sur les lignes de 1967 avec des échanges agréés de territoires équivalents ;
• Des arrangements de sécurité préservant la souveraineté de l’Etat palestinien et garantissant la sécurité d’Israël ;
• Une solution juste, équitable et agréée au problème des réfugiés ;
• Un arrangement faisant de Jérusalem la capitale des deux États”
.
Concernant le premier point on notera que la France affirme dans le même texte et de manière contradictoire que “L’implantation de colonies israéliennes dans les territoires du futur État palestinien constitue une appropriation illégale de terres qui devraient être l’enjeu de négociations de paix entre les parties sur la base des lignes de 1967”. Dans l’esprit du Quai d’Orsay les futures frontières seraient donc déjà tracées...
Quant à la sécurité d’Israël, son gouvernement estime que seule une démilitarisation d’un éventuel État palestinien pourrait la garantir. Le nombre élevé d’attentats dans ces Territoires palestiniens, soit 91 en mai dernier, 60 à Jérusalem et un depuis Gaza en démontre la nécessité...De plus, faut-il rappeler que le Président Abbas, interlocuteur de la France, resté au pouvoir sans que cela soit sanctionné par des élections, est très contesté et n’est pas parvenu à former un gouvernement d’unité avec le Hamas en place à Gaza et qui le menace aussi en Judée-Samarie ou que ses procès ou décrets contre ses rivaux Mohamed Dahlan qui conserve son immunité de député ou Salam Fayyad, ont été perdus ou invalidés par des tribunaux palestiniens...
Ajoutons que Mahmoud Abbas, les membres de son parti, le Fatah, de son gouvernement ou du clergé qu’il nomme, incitent à la violence et à la haine anti-israéliennes, voire antisémites au quotidien...
Sur la question des “réfugiés” palestiniens – de fait leur descendance pour la plupart -, si Mahmoud Abbas déclarait en février 2014 – pendant les négociations sous l’égide du Secrétaire d’État américain - ne pas vouloir “inonder Israël avec cinq millions” de personnes, il n’avait nullement l’aval de sa population en la matière et n’a pas toujours été aussi clair sur la question...
Enfin Jérusalem, qui, en ce qui concerne Israël, ne peut être divisée...
Rien de nouveau, donc, dans les contours d’une telle “solution”, si ce n’est le caractère coercitif d’une éventuelle résolution du Conseil de Sécurité. Ce qui avait d’ailleurs amené le Premier ministre israélien à annoncer qu’Israël refuserait tout “diktat international” avant la visite de Laurent Fabius en juin dernier dans la capitale israélienne.

En attendant la France verse des millions à “la Palestine” et remercie les dirigeants palestiniens

En attendant, “la France contribue activement à la consolidation des institutions du futur État palestinien. Elle consacre des sommes considérables (près de 400 M€ sur la période 2008-2014) à l’aide à la Palestine, dont environ un tiers en faveur de Gaza. La Palestine demeure le premier bénéficiaire de l’aide budgétaire française” nous rappelle le Quai d’Orsay. Qui publiait aussi cet avertissement en janvier 2015 : “Si la négociation était impossible, ou si elle n’avait pas de conclusions, la France prendrait ses responsabilités en reconnaissant sans délai l’État de Palestine”.

En septembre 2014 François Hollande annonçait déjà une telle résolution en recevant Mahmoud Abbas à Paris, se confondant en remerciements pour sa visite...



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