Bandeau
DESINFOS.COM
Slogan du site

Depuis Septembre 2000, DESINFOS.com est libre d’accès et gratuit
pour vous donner une véritable information indépendante sur Israël

De la Kipa à la Burqa
Bertrand Ramas-Muhlbach - Pour http://lessakele.over-blog.fr et www.aschkel.info
Article mis en ligne le 31 janvier 2010

Ce 29 janvier 2010, le Premier Ministre français François Fillon a demandé au Conseil d’Etat d’étudier des solutions juridiques pour interdire de la façon la plus large et la plus effective possible, le port du voile intégral islamique en France. Selon lui, « Le port de la burqa, du niqab ou de toute autre forme de voile intégral heurte notre conception républicaine de la vie sociale et n’est pas acceptable dans notre République parce qu’il est le signe d’un repli communautaire, contraire à l’égalité des hommes et des femmes ».

Cette demande termine en fait la mission d’information parlementaire instituée le 23 juin 2009 dont l’objectif était d’établir « un état des lieux de la pratique du port du voile intégral en France » et d’examiner ses « conséquences concrètes dans la vie sociale » ainsi que « son articulation avec les principes de la République française, et, en particulier, celui de la liberté et de la dignité des femmes ».

Dans les faits, le phénomène du port de la burqa inquiète les autorités gouvernementales en France comme dans le reste de l’Europe (Belgique, Pays Bas, l’Allemagne, Grande Bretagne, Danemark, Autriche, Espagne), dans la mesure où personne ne sait expliquer s’il s’agit d’une coutume vestimentaire, d’une atteinte à la liberté de la femme, ou encore du signe d’une montée de l’intégrisme islamique en Europe.

Il serait néanmoins intéressant d’examiner un exemple historique assez similaire et de l’utiliser comme point de départ de la réflexion, en l’occurrence les circonstances particulières à l’origine de la création de l’Etat juif en Palestine. Des populations juives installées en Europe ont commencé à affluer, avec leur petite kipa sur la tête, dans la Palestine Ottomane à compter du milieu de XIX°. Elles y ont acheté des terres, construit des synagogues, monté des villes et poursuivi ce processus dans la première moitié du XX° siècle, lorsque la Palestine est passée sous mandat Britannique.

Dans un premier temps, les populations arabes résidantes se sont satisfaites de la manne financière procurée par les ventes de terres à des prix extraordinairement élevés, avant finalement de s’inquiéter du danger créé par le déséquilibre démographique. Elles ont alors demandé aux autorités Britanniques de prendre des mesures pour freiner le processus mais il était déjà trop tard. Par la suite, et face à l’ampleur du massacre des juifs perpétré en Europe lors de la seconde guerre mondiale, les Nations Unies ont finalement décidé de légitimer la création du foyer national juif en Palestine (qui existait dans les faits), par la reconnaissance internationale du processus engagé un siècle plus tôt.

Dans un contexte différent, l’Islam bénéficie également d’un facteur extraordinaire pour s’implanter en Europe, en l’occurrence le mécanisme dit de la « laïcité » en vertu duquel chaque religion est respectée mais relève exclusivement de la sphère privée et de l’intimité de l’individu. En France, c’est la loi du 9 décembre 1905 qui a séparé l’Eglise et l’Etat et figé le principe d’une absence d’intervention de l’Etat dans la religion de l’individu et corrélativement, une absence d’interférence de la religion dans le fonctionnement de l’Etat. L’article 1er de la Constitution du 4 octobre 1958 est ainsi venu affirmer : « la France est une République laïque ».

Il se pourrait néanmoins que ce principe de « laïcité » ne soit finalement rien d’autre qu’un rejet de la dimension spirituelle de l’individu et des valeurs chrétiennes sur lesquelles la France et plus généralement l’Europe se sont construites à savoir, la générosité, l’hospitalité, la compassion... Or, un tel rejet constitue une aubaine pour les populations dans le monde qui viennent s’y établir avec leurs patrimoines culturel et cultuel. Elles y sont accueillies les bras ouverts avec un système social qui leur procure des revenus minimums, un système médical qui prend en charge les dépenses de santé, et des finances suffisamment abondantes pour construire des lieux de prières pudiquement appelés « centres communautaires » pour contourner la loi sur la laïcité et l’interdiction de financer les lieux de culte.

Il est certain qu’en arrivant en Palestine avec leur Kipa sur la tête, les juifs n’ont pas eu la partie si facile : aucune infrastructure dans le désert ne les attendait et il a donc fallu tout créer en quelques décennies pour qu’Israël devienne un Etat performant dans les domaines économique, intellectuel, scientifique, médical, industriel, technologique, chimique…

Le problème est donc celui de savoir si l’Europe doit continuer d’avoir honte de ses valeurs chrétiennes historiques ou si elle doit, au contraire, accepter que l’humanité repose sur une double dimension de l’individu, matérielle et spirituelle. Si par extraordinaire elle arrive à franchir le cap, il sera possible de cerner en quoi la laïcité n’est finalement rien d’autre…. qu’un déni de présence divine.

La France s’est façonnée par ses invasions et son christianisme. Les romains se sont installés dans la Gaule en 52 avant l’ère chrétienne et ont apporté les fondements de notre système juridique. En 476, l’Empire Romain d’Occident s’est effondré en laissant la place aux hordes barbares venues de l’Est. La Gaule a alors été envahie par des tribus germaniques avant que son contrôle ne soit exercé par la tribu des Francs de Clovis qui a chassé les derniers romains en 486. C’est alors sur les fondements chrétiens que la France a pu se construire, avec comme point de départ la conversion de Clovis au catholicisme par le baptême en 496, puis le sacre par le pape de Pépin le Bref en 754, et encore celui de Charlemagne en 800... Le catholicisme s’est alors progressivement imposé comme religion d’Etat.

Si la France entend mettre en avant son identité nationale, elle ne doit pas nier son ancrage chrétien. De la même manière, elle ne doit pas rejeter le fonctionnement duel de l’individu qui est à la fois matériel et spirituel. La religion n’est pas l’opium du peuple mais au contraire un moyen extraordinaire de valorisation de l’individu. Elle est par ailleurs un mode de perception de la présence divine et de sa lecture. De nombreuses femmes en France qui portent la burqa sont de souche française, converties à l’Islam pour y avoir trouvé une paix et une sérénité que la société matérialiste française est incapable de leur offrir. Ne pas prendre en compte cette dimension de l’individu et son appétit spirituel par une affirmation des valeurs morales historiques, fait courir de graves dangers aux pays européens.

Bien évidemment, il ne sera pas possible de renoncer immédiatement au principe de laïcité sans avoir, au préalable, procédé à quelques petits aménagements comme bien faire comprendre à chacun que les porteurs de Kipa ne sont pas collectivement responsables de la mort de Jésus. Par ailleurs, il faudra bien expliquer que l’Islam n’est pas obligé d’embrasser le monde, et ce pour ouvrir une période de tolérance religieuse. Selon toute vraisemblance les personnes athées et incrédules ne devraient pas en être pleinement satisfaites mais on ne pourra pas contenter tout le monde.

Inversement, si les pays européens ne prennent pas la mesure de cette phénoménologie, il s’en suivra une prochaine période de guerre civile, un délabrement moral de la jeunesse sans repères moraux et spirituels et à terme une burqa qui deviendra en Europe le symbole qu’est devenu la kipa en Israël.



Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 4.5.87
Hébergeur : OVH