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Le terrorisme est la plus grande menace à laquelle nous ayons à faire face.
Michael PORTILLO, Ancien Ministre britannique, au « Guardian », le 25.04.04 © The Guardian :
Article mis en ligne le 28 avril 2004

traduction française Albert Capino © pour PRIMO Europe
Les événements récents confirment l’escalade terroriste, les alertes du MI5 britannique sur la faiblesse des moyens de lutte anti-terroriste engagés par les organisateurs des prochains jeux olympiques d’Athènes, n’étant pas pour nous rassurer.

Le quotidien « Le Parisien » daté de ce jour, dans un article intitulé « Comment vivre avec la menace terroriste », nous donne des indices sur la façon dont « chacun apprend à vivre avec une menace permanente ».

Il est intéressant de constater que, dans l’immense majorité des cas, la population se contente de tenir psychologiquement la menace à distance, préférant même aller jusqu’au déni.

Malgré les attentats de New York, de Madrid - pourtant plus proches de nous - les Français n’ont pas modifié en profondeur leur comportement. Consommation, loisirs et déplacements restent des valeurs sûres. Même si l’on a constaté une légère augmentation des consultations médicales chez des gens particulièrement angoissés quand le terrorisme se rapproche, dans la plupart des cas, le public « préfère ne pas y penser ».

Ces œillères virtuelles peuvent toutefois être ébranlées du jour au lendemain par une menace sérieuse et conduire les gens à modifier leur comportement.

Dans un article du « Guardian » du 25 avril, un ancien ministre britannique, Michael PORTILLO, explique pourquoi la victoire contre le terrorisme commence par un État d’Israël fort et sécurisé. En ce jour du 56è anniversaire de l’indépendance, le message revêt une signification particulièrement symbolique.

A.C.


La guerre qu’il représente est menée à l’intérieur de villes de par le monde, en Irak et sur un troisième front, en Israël.

Les horreurs commises contre des civils israéliens, des femmes et des enfants innocents, même si elles ne sont pas organisées par Al-Qaïda, relèvent d’un combat qui nous concerne tous, dans la mesure où l’attitude d’Israël prouve que le terrorisme peut être vaincu. Nous avons grandement intérêt à ce qu’il y réussisse.

Certains pensent que la notion même de guerre contre le terrorisme est absurde. Ses détracteurs avancent l’argument selon lequel il est trop diffus pour qu’on s’y attaque. Ils prétendent qu’une réponse vigoureuse à la violence ne fait qu’engendrer plus de violence, ajoutant que le terrorisme a des origines socio-économiques, pour lesquelles nous devrions nous sentir coupables.

Même s’il est compliqué de combattre cet ennemi, ça ne l’est pas plus qu’au cours d’autres guerres que nous avons gagnées. En montrant notre force, nous accroissons notre sécurité et en faisant preuve d’hésitation, nous devenons plus vulnérables. Les Chefs terroristes - eux-mêmes riches - s’abritent derrière des régimes répressifs qui appauvrissent leur population et exploitent les souffrances de leur propre peuple comme excuse pour leurs atrocités.

Les Israéliens ont un sinistre avantage sur nous tous. Leurs ennemis ne laissent aucun doute sur leurs intentions de détruire l’État d’Israël. Sans cette notion clairement établie, une démocratie aurait des difficultés à prendre les mesures nécessaires pour les vaincre. De la même manière, les Américains ont compris après le 11 septembre que Al-Qaïda s’était donné pour mission de nuire aux États-Unis, de toutes les manières possibles. La répulsion populaire a permis à l’Administration de mettre en place des restrictions inhabituelles, comme la détention sans procès des combattants capturés en Afghanistan.

Les Européens ne sont pas tout à fait convaincus que la menace terroriste est mortelle. La décision de Tony Blair de déployer des troupes à l’aéroport de Heathrow a donné lieu à des remarques cyniques. Beaucoup lui ont écrit avant les attentats de Madrid, pour lui dire qu’il surestimait la menace. Mais, même M. Blair donne parfois l’impression de ne pas se rendre compte jusqu’où il faudra aller pour combattre la terreur. Son gouvernement a condamné l’élimination par Israël de deux leaders du Hamas. Le Ministre des Affaires étrangères Jack Straw les a décrites comme inacceptables et contre-productives. Certains Israéliens pourraient interpréter cela comme une détachement olympien.

Si notre politique en Irlande du Nord n’a pas été d’éliminer les organisateurs de la violence, dans le monde plus âpre du Proche-orient, on ne prend pas de tels gants. Je suppose que M. Blair ne considère pas que la mort des deux fils de Saddam Hussein ait été « inacceptable et contre-productive ». Ils auraient pu mourir au combat, mais il se trouve qu’à l’ouverture des hostilités en Irak, la coalition a décidé de raser un restaurant sous les bombes, tout simplement parce que Saddam était supposé y manger.

Y a-t-il quelqu’un pour croire vraiment que nous visons Osama BinLaden simplement pour le capturer et lui demander qu’il veuille bien répondre à quelques questions ? Nul doute que si nous avions sa position exacte, nous lui enverrions un missile.

Israël a bien compris que ses ennemis respectent sa force. Pour préparer la paix dans les meilleures conditions, Israël doit convaincre la Direction palestinienne que le terrorisme ne vaincra pas et qu’elle doit éliminer toute autre option que la négociation. Dans la lutte d’Israël pour vaincre le terrorisme ou le rendre inefficace, il ne peut être question d’appliquer les lois de Queensberry [notion de respect entre gentlemen, excluant l’échange de coups]. Tuer ceux qui envoient des bombes humaines pour commettre des meurtres de masse, a pour conséquence de perturber l’ennemi. Les Chefs terroristes craignent la mort plus que les âmes simples qu’ils ont embobiné pour aller se faire tuer sous leurs ordres.

La conscience occidentale, qui s’est révoltée contre le rideau de fer, le mur de Berlin et l’Apartheid en Afrique du Sud, est conditionnée pour abhorrer la séparation forcée entre les êtres humains. Nous trouvons que la clôture qu’érigent les Israéliens pour se séparer des Palestiniens est effrayante. C’est une mesure extrême. Mais la situation elle-même est extrême et la clôture est efficace. Seulement une attaque lancée à partir de Gaza depuis sa construction a réussi.

La clôture perturbe la vie quotidienne des Palestiniens et augmente leur ressentiment. Mais elle ne les tue pas, alors que les bombes humaines emportent des vies à chaque fois qu’elles réussissent dans leur projet. Les Israéliens disent qu’ils vont la détruire lorsque règnera la paix et que le tracé sur lequel elle est construite n’a pas de rapport avec celui de nouvelles frontières. Je les crois.

Dans la « feuille de route » pour établir la paix entre les Israéliens et les Palestiniens, ce n’est pas tant la destination que la route qui y mène qui pose problème. Il est convenu que l’accord éventuel doit aboutir à deux États, des garanties pour la sécurité d’Israël, des arrangements spécifiques pour Jérusalem et le retrait de nombreuses implantations israéliennes de terres qui n’étaient pas les siennes avant 1967. Il y a encore des sujets de discussion, mais ce qui rend l’atteinte de la paix si laborieuse est la difficulté de synchroniser les concessions que chaque partie doit faire.

Lors des dernières négociations importantes en 2000, Arafat fut peut-être mis en difficulté dans la mesure où le Président Clinton et le Premier ministre israélien Ehud Barak, tous deux en période pré-électorale, lui offrirent trop et trop vite. Réciproquement, Arafat avait besoin de montrer à son peuple qu’il avait travaillé dur pour arracher des concessions à ses ennemis. Hélas, il valida peu après une action terroriste contre Israël de manière irresponsable [le soulèvement armé, qualifié « d’Intifada 2 »]. Cette trahison est en toile de fond de la déclaration de Sharon vendredi dernier, que même Arafat puisse être menacé par les missiles israéliens.

Lorsque la « feuille de route » fut à nouveau dépliée par le Président George W Bush après le conflit irakien, les terroristes obligèrent les deux parties à la ranger rapidement une fois de plus. Ceci souligne à quel point il est nécessaire de vaincre les terroristes.

L’Union européenne prétend jouer un rôle pour résoudre la situation au Proche-orient, mais plus par amour-propre que par souci d’efficacité. Le concept de politique européenne commune ne se définit que par opposition à celui des Américains.

Dans la mesure où elle parle d’une seule voix, l’Union européenne s’adresse à l’OLP de manière plus mesurée que les Américains (ou qu’Israël bien sûr). Ceci n’aide pas le processus. La Direction palestinienne doit se fixer comme objectif d’engager des négociations avec Israël.

Lors de la réunion des Ministres des Affaires étrangères en Irlande la semaine dernière, il était probable que l’anti-américanisme habituel influence ses conclusions. Les ministres arrivèrent bravement, en dénonçant l’accord entre Sharon et Bush sur le plan de désengagement d’Israël de la bande de Gaza. Cette dénonciation est perverse. Le fait qu’Israël se retire de Gaza doit faire partie intégrante de l’accord final, quel qu’il soit.

Le paradoxe est qu’un Premier ministre israélien ait la volonté d’utiliser ses forces armées pour expulser ses propres électeurs hors de leurs maisons et envoyer les bulldozers. Le retrait de Gaza est une étape essentielle sur la « feuille de route ». La levée de boucliers qu’il a suscité n’en donne pourtant pas l’impression.

La raison pour laquelle Israël procède sans un accord palestinien pour que se produise ce qui doit arriver inéluctablement, est qu’il n’existe aucun leader palestinien avec qui négocier, aucune personnalité qui s’oppose à la terreur en même temps qu’elle réunisse le soutien de son peuple pour obtenir la paix.

Au fur et à mesure du déroulement de la réunion des ministres, des conseils plus avisés se firent jour. Il y eut une panique presque comique à l’idée que les Israéliens et les Américains puissent faire bande à part, ne laissant aucune place au « quartette » qui lie en théorie les États-Unis à l’Europe, à la Russie et aux Nations Unies, sur la façon de superviser la « feuille de route ».

La réunion se termina sur un ton notablement plus poli à destination des États-Unis, afin d’éviter que ces derniers ne reconvoquent pas le « quartette » et que l’Europe ait l’air inefficace. M. Blair est typiquement arrivé à la conclusion bien avant ses collègues européens, qu’il devait soutenir Bush et Sharon pendant sa visite à Washington.

Malgré les revers des Américains en Irak, le vieux Continent apparaît comme plus faible que jamais. Il est également surprenant que ce soit seulement l’Europe qui ait donné une nouvelle démonstration de son impuissance, de sa division et de son hostilité latente pour l’Amérique, alors que M. Blair risque sa carrière pour soutenir la nouvelle Constitution européenne. L’effet principal du nouveau Traité est de doter l’Union européenne d’un Ministre des Affaires étrangères, ce dont M. Blair a autant envie que d’une migraine.

Si les choses devaient mal tourner en Europe autour du sujet de la lutte contre le terrorisme, nous aurons peut-être besoin de prendre des mesures extrêmes pour nous défendre. En Grande-Bretagne, nous avons l’espoir de vaincre l’ennemi en gardant la plupart de nos libertés civiles intactes. Dans ce cas, la lutte contre le terrorisme en Irak et en Israël doit réussir, car la victoire là-bas affaiblira les terroristes qui complotent contre nos villes ici.

Nous devrions en conséquence nous méfier des critiques que nous adressons à l’encontre des tactiques israéliennes, dans la mesure où ce serait simplement envoyer un message que nous sommes nous-mêmes incapables de résoudre.



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