/ Shimon Schiffer – Yediot Aharonot
La démarche des fonctionnaires américains, qui ont sollicité l’ambassadeur israélien à Washington pour évoquer avec lui les constructions à Sheikh Jarrah, s’ajoute à un très grand nombre de discussions similaires qui se sont tenues par le passé entre représentants des deux pays. Mais ce qui s’est passé ensuite, après que Michael Oren a rapporté le contenu de cet entretien au cabinet du Premier ministre, s’écarte radicalement de la procédure habituelle.
Il s’agit d’un rituel : l’ambassadeur israélien se présente au département d’Etat ; un fonctionnaire, le plus souvent le chef du desk israélien, lui exprime la protestation ordinaire et demande des précisions ; l’ambassadeur fait un rapport à Jérusalem, lequel est classé dans un classeur intitulé : « les colonies ». Mais cette fois-ci, à Jérusalem on a décelé une occasion de tendre un piège à l’administration Obama, de provoquer un scandale et d’essayer de stopper ce que les décideurs politiques israéliens considèrent comme un harcèlement du gouvernement Netanyahu.
« Les Américains ont été maladroits, et ont permis à Netanyahu de les embarrasser en public », estime un haut responsable impliqué dans les relations israélo-américaines. (…) En effet, le Premier ministre sait bien que les constructions à Jérusalem-est sont consensuelles en Israël, à la différence de celles dans les colonies.
Netanyahu, explique-t-on dans son entourage proche, a décidé de tracer pour les Américains des « lignes rouges qu’Israël ne peut franchir sans que cela soit considéré comme un suicide et une renonciation à nos droits historiques à Jérusalem ». Selon les proches du Premier ministre, « le président américain est allé trop loin cette fois-ci. Il y a en Israël un consensus sur Jérusalem ».
Par ailleurs, le cabinet du Premier ministre estime que l’administration américaine a perdu le nouvel élan avec lequel elle a entrepris de résoudre les conflits du monde et notamment les questions complexes du Proche-Orient. Selon de hauts responsables au sein du cabinet de Netanyhau, le discours du Caire ne mène pas à la création d’une nouvelle réalité. (…) Aucun conseiller d’Obama ne lui a expliqué que la réalité sur le terrain a beaucoup changé depuis 1967, a réduit les chances d’un partage de la ville et nécessite d’engager une réflexion sur la solution future.