Sans doute est-ce dans des circonstances dramatiques, de l’ordre de celles que nous vivons en ce moment, qu’Internet recouvre sa fonction première, celle du rapprochement entre les hommes, tissant sur la toile les liens d’amour et de compassion vers celles et ceux cruellement atteints par la perte d’un être cher.

Ainsi de certain message publié sur le forum d’un site ami annonçant le décès d’une jeune fille, participante du forum, victime des attentats de Londres du 07 juillet.
Par respect pour la famille, nous ne mettrons pas en ligne ce message.

Bien entendu, nous nous joignons à cette douleur là, et souhaitons étendre notre hommage à toutes les victimes du terrorisme islamique. Les victimes d’hier, d’aujourd’hui, mais hélas aussi, celles de demain...

Que nos ennemis sachent bien que cette douleur, pour poignante qu’elle soit, ne nous ôtera ni notre capacité de réflexion, ni notre attachement profond au modèle démocratique, ni cette faculté de résistance qui, j’en suis convaincu, se nourrit et s’affirme au sein des populations du monde libre, au vu de l’anti-modèle produit par les nouveaux barbares.

Qu’au mépris et à la négation de l’existence de l’autre ou ceux-ci s’engloutissent, nous répondrons par notre désir ardent de créer, d’enrichir, et de protéger.

Qu’à leur idéologie pétrie au mortier de la pensée totalitaire, nous opposerons toujours la pluralité d’opinion, le libre examen, la force du débat, et le respect du droit humain.

Qu’à leurs crimes contre l’Humanité, nous nous efforcerons d’assumer la nôtre, d’humanité, en faisant en sorte d’amoindrir nos faiblesses au profit de notre richesse, afin de renouer avec cet ancien élan fraternel : l’échange.

Que nos ennemis sachent bien qu’à la guerre qu’ils nous ont déclaré, et qui est une guerre des valeurs, et non de civilisations, nous continuerons à promouvoir les valeurs et les principes de la démocratie, au cœur même des citadelles de la fausse vertu, afin que leurs murailles d’indignité s’effondrent d’elles-mêmes.

Pour autant, si les faits nous interdisent de stigmatiser l’ensemble de la communauté musulmane, à cause des agissements criminels des amants de la mort jihadiste , cette guerre ne peut être abordée, à fortiori gagnée, en minorant les responsabilités diverses, à quelque échelon que ce soit, ceci dans le domaine politique, médiatique, religieux, intellectuel, ceux-ci interagissant entre eux et projetant trop souvent vers le grand public tous les éléments qui concourent à son égarement.

Ainsi, sur le plan politique, au-delà des postures adoptées par certains, lors du sommet du G8, au moment de l’annonce des attentats de Londres, affirmant la nécessaire solidarité de principe et la détermination dans le combat, serions-nous en droit d’attendre une mise en conformité des actes au regard des paroles prononcées.

Cette détermination affichée, nous exigeons de la voir s’exercer dans une politique de prévention qui ne craigne pas de heurter les esprits de la bien pensance toujours prompte à s’indigner du fait que la sécurité des biens, mais surtout des personnes, la première des libertés, puisse être un axe prioritaire de gouvernance responsable.

Nous exigeons de même qu’à la communauté d’esprit qui nous lie au sein des démocraties s’ajoute la mise en commun des potentialités de chacune des Nations du monde libre, en matière de renseignement, de police et de justice, ceci par la mutualisation des moyens.
Qu’à la logique et à la logistique de l’internationale islamiste réponde et s’oppose une logique et une logistique du contre terrorisme.

En ma qualité de citoyen, j’attends des pouvoirs publics que ceux-ci me sollicitent afin de n’être pas le spectateur impuissant du naufrage de nos démocraties mais un acteur engagé dans la défense des valeurs auxquelles je crois et me réfère.
Et puisque nous sommes en guerre, et une guerre de valeurs ou chacun et chacune choisit son camp, nous serions en droit d’attendre, au-delà des condamnations de principe, et je ne doute pas que cela soit déjà le cas, une coopération active de la part des musulmans qui ont choisi la liberté.

Qu’enfin, sur ce chapitre politique, l’on cesse d’accueillir ou de traiter en interlocuteur viable et respectable, soit des personnalités comme le Cheikh Qaradawî, reçu à bras ouverts par l’actuel maire de Londres il y a un an tout juste, lors de l’assemblée pro-hijab de l’internationale islamiste, soit des mouvements tels le Hezbollah au prétexte munichois que celui-ci représenterait une force politique.

Un mur de sécurité, dans un premier temps, doit être dressé entre ces acteurs de l’islamisme idéologique et nos démocraties.
Si est patente la modération de nombre de musulmans, eux-mêmes premières victimes de l’intégrisme, il nous paraît cependant utile de récuser cette antienne que l’on entend trop souvent pour que celle-ci soit honnête, à savoir que l’islamisme modéré existerait.

J’ose affirmer ici que c’est un mensonge, que l’islamisme, en tant que doctrine politico religieuse, issue à l’origine du mouvement des Frères Musulmans, en son essence impérialiste, ambitionne la même fin totalitaire que les assassins du Jihad.

Ce qui distingue ces deux courants n’est que la question des moyens pour y parvenir.

En d’autres termes, certains sont pressés et parient sur la lâcheté inhérente à nos sociétés, d’autres misent sur la durée et la faiblesse des démocraties.

Que dire encore des saillies journalistiques, imposant au lecteur, donc au citoyen, un lien de causalité entre les attentats et la situation internationale ? Que penser de ce titre offensant pour les victimes du Parisien Libéré, au lendemain de l’assassinat de masse :
Al Qaïda punit Londres ? Punit , c’est donc qu’il y a eu faute ? Si, par malheur, demain Paris était frappée de la même manière par les forces des ténèbres, que titrerait notre presse ? Al Qaïda punit Paris ? Quelle causalité ? La loi sur la laïcité ? L’engagement des forces françaises en Afghanistan ? Car il est bien connu qu’aider un peuple à recouvrer la voie de la démocratie est un crime, comme est de notoriété publique que d’édicter nos lois propres afin de permettre aux enfants d’aujourd’hui d’échapper à l’emprise du communautarisme ressort du blasphème ... Faut pas fâcher.

Ainsi, le mensonge relativiste reprend ses droits, passés les premiers instants d’indignation de circonstance. Et sans doute devrons-nous subir les attendus des circonvolutions mentales des sociologues de passage pour trouver que dans l’acte mortifère et les paroles du même tenant se dissimule l’étincelle d’un quelconque devenir.

Une donnée essentielle semble échapper aux plumes trempées dans l’encrier de l’abandon et du dévoiement de l’information, à savoir que l’islamisme aurait sa dynamique propre, sa singularité, son autonomie, et une ligne programmatique jamais démentie par les faits depuis sa naissance.

Devant tant de méconnaissance du milieu, devant tant de distorsions de la réalité, nous ne saurions trop qu’inviter nos élites médiatiques à nous contacter.

Une formation intensive s’impose.