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Pourquoi les Palestiniens sont venus à la table de négociation
Par Charles Krauthammer - Washington Post. Traduction française de Simon Pilczer, volontaire de l’IHC
Article mis en ligne le 15 février 2005

C’est désormais un truisme conformiste que l’ouverture nouvelle vers la paix au Proche-Orient soit le résultat de la mort de Yasser Arafat. C’est seulement à moitié vrai, et on manque le point le plus important.

La mort d’Arafat était une condition nécessaire pour l’espoir, mais pas une condition suffisante. Elle était nécessaire parce que Arafat avait le pouvoir de supprimer et de littéralement tuer toute chance de paix. Mais son décès n’aurait eu aucune signification au moment où les Palestiniens ont finalement réalisé que le dernier grand pari d’Arafat, la seconde intifada, était un désastre.

La raison pour laquelle l’histoire ne se répète pas toujours est que l’intervalle intermédiaire laisse souvent sa marque. Les Palestiniens savent que la guerre d’Arafat leur a laissé un héritage de mort, de corruption, de misère, d’isolement international, et de ruine sociale alors que les myriades de milices qu’il a créées parcouraient les rues, terrorisant leur propre peuple. Voilà pourquoi ils ont élu Mahmoud Abbas, qui a fait campagne contre l’intifada.

Abbas est-il un réel pacificateur ? Nous ne le savons pas encore. Il fut décevant pendant la campagne électorale, quand il parada alentour avec les terroristes et promit de les protéger. Il fut décevant de nouveau ce mois-ci quand l’Autorité Palestinienne arrêta trois terroristes à Gaza et les relâcha quelques heures plus tard, une répétition alarmante de la politique d’arrestation d’Arafat : arrêtez les devant les caméras, puis relâchez les par la porte arrière.

D’un autre côté, Abbas a déployé les troupes de l’AP à Gaza, il a ordonné l’arrêt de toutes les attaques, et a repris la coopération sécuritaire avec Israël. Son Premier Ministre a ordonné la collecte de toutes les armes illégales dans les territoires sous contrôle palestinien, bien que, étant donné le chaos laissé derrière lui par Arafat, l’ordre aura autant d’effet que le même ordre émis à Baltimore.

Ce que nous pouvons dire au sujet d’Abbas c’est que alors que nous (bon, disons certains parmi nous) savions qu’Arafat était voué à la guerre perpétuelle, Abbas ne l’est pas. Voilà un début.

Encourageant aussi se trouve être l’attitude des intervenants majeurs d’Egypte et de Jordanie. Ils sont fatigués de l’intifada. C’était une position perdante pour eux deux. L’Egypte ne veut pas d’un Gaza terroriste, et la Jordanie ne veut pas d’une rive occidentale terroriste.

Dans le lourd langage codé de la diplomatie du Moyen-orient, l’Egypte a fait des mouvements significatifs. Elle a insisté pour accueillir le sommet de la paix. Elle a invité Ariel Sharon en Egypte pour la première fois depuis 23 ans. Les ambassadeurs égyptiens et jordaniens retourneront à Tel Aviv. Et si vous regardez de près les photos, vous voyez les drapeaux israéliens flottant publiquement à côté des drapeaux arabes au sommet de Sharm el Sheikh.

Il n’y avait pas de drapeau israélien flottant au dernier sommet auquel participa le Premier Ministre israélien d’alors, en mendiant pathétique de la paix, Ehud Barak, quand il vint mendier auprès d’Arafat de faire la paix peu avant que le public israélien dégoûté ne vote contre lui pour le chasser de son poste.

Barak n’était-il pas le bon gars ? Et Sharon le dur ? Surprise, les Arabes respectent la dureté. Sharon a lancé une invasion massive des territoires palestiniens après le massacre de Pâques en 2002. Les experts occidentaux et les médias furent pratiquement unanimes pour dire que cela n’aboutirait à rien.

Complètement faux. De fait, c’est précisément la contre-attaque agressive d’Israël contre les terroristes palestiniens, couplée à la barrière défensive (qui a prévenu pratiquement toutes les attaques suicides partout où elle a été construite), qui nous a porté à ce point d’espérance.

Avec l’extension de la barrière, les Palestiniens voient l’option stratégique du terrorisme disparaître graduellement. De plus, l’offensive militaire couronnée de succès d’Israël a démontré aux Palestiniens que les prémices de la seconde intifada - qu’Israël démoralisé et terrorisé se rendrait essentiellement - sont fausses.

Essaieront-ils une nouvelle intifada dans le futur ? Ils pourraient. Mais aujourd’hui ils savent ce qu’ils ne savaient pas il y quatre ans. Le coût sera énorme. Et les Israéliens ne plient pas.

La seconde intifada a été menée au nom du vieux slogan la terre contre la paix : le terrorisme s’arrêterait seulement quand Israël accepterait le retrait territorial total aux frontières de 1949, un état palestinien, avec Jérusalem pour capitale, et dieu sait encore quoi. Les Palestiniens n’ont rien obtenu de tout cela. Ils ont eu la mort et la destruction à la place. Qu’est-ce que les Palestiniens exigent aujourd’hui d’Israël en échange d’un cessez le feu ? Que Sharon cesse de chasser et de tuer les chefs terroristes. Pas la terre pour la paix ? La paix pour la paix.

Sharon a donné son accord. Et une trêve fragile a commencé. Ben sûr, à un certain point le Hamas et d’autres groupes terroristes essaieront sûrement de détruire le cessez-le-feu. (Ils ont essayé hier [10 février 2005, ndt] dans le sud de Gaza, en lançant des roquettes et des obus de mortier sur une implantation juive. Heureusement, personne ne fut atteint). A ce stade Abbas - et les Palestiniens en tant que communauté nationale - devront décider s’ils s’en prendront à eux. S’ils le font, ils auront leur état. S’ils ne le font pas, ils sont de retour sur la carte routière pour la ruine.


Par Charles Krauthammer, 11 Février 2005,
Washington Post, URL : http://www.washingtonpost.com/wp-dy...



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