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Menaces sur Israël au 21e siècle
Major Général Dan Haloutz (Adaptation française de Simon Pilczer, volontaire de l’IHC)
Article mis en ligne le 23 mai 2005

Major Général Dan Haloutz - Commandant en chef des Forces Aériennes d’Israël, il prendra ses fonctions de Chef d’Etat Major Général de Tsahal le premier juin prochain.
Cette information du « Jerusalem Issue Brief » s’appuie sur sa présentation à l’Institut des Affaires Contemporaines de Jérusalem le 15 Janvier 2004.

  • La société israélienne est le premier lieu où il faut légitimer des actions militaires. Nombre de questions concernant nos actions proviennent du peuple israélien. Elevés dans la démocratie et le pluralisme, élevés dans une société ouverte, la société israélienne pose des questions auxquelles nous devons apporter les bonnes réponses.
  • Les conflits de basse intensité sont continus comparés aux conflits de plein engagement qui sont généralement plus brefs, plus brutaux, avec un résultat final du conflit beaucoup plus clair.
  • Un conflit continu est une espèce de guerre d’attrition, non seulement entre des forces militaires, mais aussi entre sociétés. Il échoit à la société qui peut le plus endurer, qui est capable de supporter le conflit en poursuivant son existence simultanément.
  • Nos voisins dispersent leurs forces militaires comme partie d’une nouvelle doctrine appelant une « signature basse », signifiant un changement des forces blindées pour des forces d’infanterie, avec un plus grand usage de missiles anti-tanks, de lanceurs de missiles anti-aériens portables sur l’épaule, et des roquettes Katyousha.
  • La perspective d’une guerre de plein engagement n’est pas derrière nous. Beaucoup de pays de la région n’acceptent pas la présence d’Israël comme un fait naturel. Si le temps survenait où quelqu’un dans la région pense que nous avons perdu notre force, nous pouvons nous attendre à être mis en cause.
  • Israël doit aussi suivre très soigneusement le potentiel de changements de régimes dans la région, et nous sommes confrontés au remplacement des armes du bloc de l’est par des armes occidentales, facteur qui pose un grand risque à Israël dans les mains de régimes inamicaux.

Instabilité et Changement au Moyen-Orient

Considérant la structure des régimes du Moyen-Orient, la Turquie et Israël sont les seules démocraties de la région. Etre une démocratie pose des restrictions à la manière d’agir d’Israël, et cela crée des attentes dans le monde entier. De plus, être une démocratie et combattre contre des régimes qui ne sont pas démocratiques mais dictatoriaux, c’est comme « jouer dans la même cour mais avec des règles différentes ».

Les démocraties sont plus sensibles à l’opinion publique. La démocratie en Israël est particulièrement sensible aux aspects humanitaires du conflit, et elle est beaucoup plus exposée aux médias que les régimes de ses opposants. De plus, les démocraties ont plus de difficulté à traiter les conflits dans lesquels la différence entre civils et terroristes est voilée, et il est nécessaire de distinguer le terroriste de la population civile.
Israël vit aussi dans une situation très asymétrique. Selon tous les aspects mesurables, l’avantage est à l’autre camp en termes de démographie, de taille, et de ressources naturelles.

Dans la guerre mondiale contre le terrorisme déclarée et conduite par les Etats Unis et la Grande Bretagne, nous évoluons de conflits symétriques vers des conflits asymétriques - d’une guerre à plein engagement à un conflit de basse intensité. Basse intensité ne signifie pas qu’il n’y a pas de victimes, ou qu’ils ne sont pas douloureux. La nature des conflits de basse intensité est qu’ils sont continus, comparés aux conflits de plein engagement qui sont habituellement plus courts, plus brutaux, et avec un résultat final du conflit beaucoup plus clair.

La nature du conflit se transforme aussi de modèles hiérarchiques en des modèles en réseau, avec la structure des organisations terroristes plus sûrement organisée en réseau que hiérarchiquement. Cela signifie qu’ils ont la possibilité de se renouveler, malgré les pertes qu’ils endurent de temps à autre. Quand nous demandons combien de membres font partie de ces réseaux, le nombre demeure toujours de l’ordre de quelques centaines ou de quelques milliers.

Le combat pour la légitimité

Un conflit de basse intensité crée des difficultés pour Israël, avec son organisation militaire classique. Tout d’abord, dans ce type de conflit, Israël combat pour la légitimité de façon à exécuter sa mission. Au cours des trois dernières années et demie [article publié en février 2004, ndt], Israël a été perçu avec davantage de légitimité de ses efforts militaires à proportionde sa souffrance. Il devint plus légitime d’agir quand nous avions 20 à 30 victimes lors d’attaques terroristes, que lors d’attaques préventives nécessaires.

La légitimité n’est pas recherchée seulement à l’égard des pays en dehors d’Israël. La société israélienne est le premier endroit où la légitimité est nécessaire pour nos actions. Nombre des questions soulevées concernant nos actions proviennent du Peuple israélien. Elevés dans la démocratie et le pluralisme, élevés dans une société ouverte, la société israélienne pose des questions auxquelles nous devons apporter les bonnes réponses.

Israël opère sous des limites morales parce que nous essayons de maintenir de hautes valeurs, et nous réussissons. Le fait que de temps en temps des gens innocents souffrent de nos actions est dû à des décisions prises par les organisations terroristes demeurant sous un parapluie civil.

Un conflit continu est une espèce de guerre d’attrition, non seulement entre des forces militaires, mais aussi entre sociétés. Il échoit à la société qui peut le plus endurer, qui est capable de supporter le conflit en poursuivant son existence simultanément. Bien sûr nous ne pouvons pas utiliser la force maximale ; il y a des limites aux forces que nous pouvons utiliser. Il n’y a pas de doute que notre pouvoir militaire et nos capacités militaires sont plus grandes que les leurs, mais dans ces types de conflits, l’adversaire le plus faible a une espèce de force.

Une panoplie de menaces

Il y a environ 25 ans, beaucoup de pays de la région ont commencé de développer des menaces non conventionnelles contre Israël dans l’espoir d’atteindre la parité avec la technologie israélienne et sa puissance militaire. Il en résulte que les armes de destruction massive sont aujourd’hui un phénomène régional. La Syrie et l’ancien régime irakien ont réussi à s’équiper en armes de destruction massive, qui n’ont pas encore été découvertes. Je n’ai aucun doute qu’elles ont existé en Irak, et nous aurons dans le futur plus d’informations sur [les lieux] où elles se trouvent ou se trouvaient. L’Irak, la Syrie, la Libye, et l’Iran ont toutes commencé, et certaines ont réussi, à s’équiper d’armes de destruction massive.

Des missiles balistiques ont été développés dans la région pour tenter d’apporter une réponse à l’avantage de la force aérienne d’Israël. Notre force aérienne a réussi, tout d’abord, à empêcher toute pénétration en Israël depuis les airs, et ensuite, a montré l’usage efficient de la puissance aérienne lors des conflits passés dans la région.

La terreur aérienne fait partie de la menace terroriste. Le monde en fut témoin le 11 septembre, mais en mai 2001, la même année, Israël a abattu un avion civil qui a pénétré dans l’espace aérien israélien depuis le Liban. Le pilote ne répondit pas à nos appels, et après que l’avion eût volé 15 minutes dans l’espace aérien israélien et approché certaines de nos zones densément peuplées, nous prîmes la décision de l’abattre.
Nos voisins dispersent désormais leurs forces militaires comme partie d’une nouvelle doctrine dans laquelle ils réduisent l’exposition de leurs forces militaires régulières, voilant la différence entre les secteurs civils et militaires. La nouvelle doctrine appelle à une « signature basse », signifiant surtout un changement des forces blindées pour des forces d’infanterie, avec un plus grand usage de missiles anti-tanks, de lanceurs de missiles anti-aériens portables sur l’épaule, et des roquettes Katyousha.

Toutes ces armes ont une signature très basse, et sont protégées par camouflage, dissimulation, et tromperie.
La guerre urbaine est une autre caractéristique des défis présents et futurs auxquels nous sommes confrontés, alors que les terroristes opèrent en portant des vêtements civils. Il est aussi très difficile d’opérer dans des zones urbaines sans provoquer de dommage collatéral.

La plus grande part des actions des Forces de Défense d’Israël [Tsahal, ndt] sont couvertes par les médias. Les médias font partie du jeu, pour le meilleur ou pour le pire. Nous ne pouvons ignorer les médias, nous devons les prendre en considération, et nous devons être en mesure d’expliquer ce que nous faisons.
Finalement les Forces de Défense d’Israël opèrent selon des limites posées par la société israélienne. Nous autres militaires n’opérons pas selon nos propres décisions ; nous faisons tout selon les décisions du gouvernement et nous agissons selon la politique qui nous est indiquée.

Défis terroristes dans le futur

Israël continue d’être exposé au terrorisme mondial à travers les actions terroristes contre les biens israéliens et juifs à travers le monde. De plus, en Israël, l’hypothèse est que nous devrons continuer à combattre la terreur aussi bien pour le court et le long terme. Nous ne voyons aucun effort de l’autre côté pour modifier la situation [article écrit en février 2004, ndt], si bien que nous sommes contraints d’agir de manière à réduire l’influence de la terreur sur la société civile israélienne.

La terreur à laquelle Israël est confronté provient d’une idéologie religieuse - le fondamentalisme islamique. L’hostilité au mode de vie occidental est un facteur majeur en cela, et Israël fait partie de la communauté occidentale dans la région. Mais cette terreur n’est pas sélective dans son choix de cibles. La terreur fondamentaliste tue des Musulmans en Turquie, en Arabie saoudite, et en Irak aussi.

Quand on examine l’impact de la terreur, Israël doit décider si nous devons combattre les « moustiques » ou drainer les « marécages où ils poussent ». Courir après chaque moustique est un effort sans fin. Aussi, à la place, nous devrions examiner les pays qui hébergent, arment, et financent ces groupes terroristes.

La perspective d’une guerre de plein engagement n’est pas derrière nous. Beaucoup de pays de la région n’acceptent pas la présence d’Israël comme un fait naturel. Si le temps survenait où quelqu’un dans la région pense que nous avons perdu notre force, nous pouvons nous attendre à être mis en cause.

Israël doit aussi suivre très soigneusement le potentiel de changements de régimes dans la région, et nous sommes confrontés au remplacement des armes du bloc de l’est par des armes occidentales, facteur qui pose un grand risque à Israël dans les mains de régimes inamicaux.

Suprématie de la force aérienne

La guerre des Six Jours est un bon exemple de l’utilisation de la puissance aérienne par les Forces Aériennes d’Israël, et celle qui contribua à construire notre dissuasion. Les Forces de la coalition américaine opérant en Irak au cours des première et deuxième guerres du Golfe ont démontré l’avantage d’une haute technologie et de la puissance aérienne. Le Kosovo s’est révélé être la première victoire militaire obtenue par la force aérienne seule. Le défaite des Talibans par les USA en Afghanistan était un bon exemple d’opération conjointe des Forces aériennes et des Forces spéciales. De récentes opérations américaines en Irak offrent une excellente démonstration de la nouvelle doctrine qui associe le mouvement au sol et l’utilisation de la Force aérienne - jour et nuit, par tous les types de temps - de manière très sophistiquée.

De quels types de capacités devra disposer la Force aérienne d’Israël dans l’avenir pour prendre en charge les défis ? Tout d’abord, une frappe de précision et des capacités de longue distance sont nécessaires. « La suprématie aérienne » - qui est un niveau au-dessus de « supériorité aérienne » - signifie utiliser l’espace aérien pour contrôler des zones et les conquérir. Associer cela avec la « suprématie de l’information » dans le renseignement et la prise de décision. D’ici deux ans, chaque combattant des Forces de Défense d’Israël dans les airs et au sol sera connecté au même réseau. La majorité des unités sont déjà connectées. Ce fait nous permet sans doute déjà d’être davantage une force en temps réel que nous ne l’étions par le passé.

La force aérienne d’Israël augmente aussi ses composantes non conduites par l’homme. Ce n’est un secret pour personne que nous fûmes parmi les premiers à utiliser de façon opérationnelle des véhicules robots. Nous pensons que nous avons un avantage significatif dans ce domaine, et nous essayons de le développer davantage. Utiliser des véhicules robots n’est pas une affaire de coût ; cela réduit aussi les risques pour nos équipages.

Dans les quelques derniers mois, les forces aériennes d’Israël ont entrepris moins d’actions préventives. Les opérations conduites il y a quatre mois qui ont réussi ont modifié la manière d’agir des terroristes. Ils se cachent et réduisent leur signature par tous les moyens.


Dore Gold, Publisher ; Lenny Ben-David, ICA Program Director ; Mark Ami-El, Managing Editor. Jerusalem Center for Public Affairs (Registered Amuta), 13 Tel-Hai St., Jerusalem, Israel ; Tel. 972-2-5619281, Fax. 972-2-5619112, Email : jcpa netvision.net.il. In U.S.A. : Center for Jewish Community Studies, 5800 Park Heights Avenue, Baltimore, MD 21215 USA, Tel. (410) 664-5222 ; Fax. (410) 664-1228. Website : www.jcpa.org. © Copyright.

Les vues exprimées ici ne reflètent pas nécessairement celles du Ministère des Affaires Etrangères, ni celles du « Jerusalem Center for Public Affairs », éditeur de cette « Jerusalem Letter ».

L’Institut des Affaires contemporaines (ICA en anglais) a pour objet d’apporter un forum à la discussion et au débat sur la politique israélienne.

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