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Les « islamistes » de Poutine.
Albert Capino
Article mis en ligne le 5 septembre 2004

Attentats à Moscou, deux avions qui explosent mystérieusement en vol, prise d’otages en Ossétie du Nord : pourquoi des « kamikazes » islamistes voudraient-ils terroriser le chef du Kremlin ? Et quel rapport avec la France me direz-vous ?

Derrière l’écran de fumée que constitue « l’indépendance Tchétchène », se profile une autre bataille, bien plus rude, et beaucoup plus importante sur le plan géostratégique international.

Les liens qu’ont tissé Al-Qaïda avec les islamistes Tchétchènes (à la différence et au détriment d’autres musulmans, sincèrement épris d’indépendance), ne sont pas purement idéologiques. BinLaden n’a rien d’un gourou philanthrope.

Dans une région où l’Irak est en proie à la guerre et à l’instabilité, où l’Iran joue à un jeu dangereux avec ses provocations nucléaires, les autres producteurs de la région du golfe ne sont pas en mesure de suivre la demande d’augmentation de production émanant des pays industrialisés. Même dans le cadre des prévisions les plus optimistes

Le pétrole représente aujourd’hui encore presque la moitié des besoins de la planète. Les pays producteurs membres de l’OPEP ont dû pousser la production jusqu’à 96% de leur capacité, pour répondre à la demande mondiale actuelle.

En incluant l’hypothèse d’un retour de la croissance dans les projections, on aboutit à des besoins une fois et demie supérieurs pour les 20 années qui viennent. Impossible à fournir pour les pays du Golfe.

L’administration Bush a bien intégré ces paramètres et décidé de diversifier ses sources. Outre ses importations en provenance du Mexique et du Venezuela, le continent Africain devrait pouvoir fournir 10% de plus sur une production qui devrait doubler au cours des 20 prochaines années. Mais ce sont la Russie et les ex-républiques soviétiques qui se taillent la part du lion. À elles seules, ces dernières représenteraient des réserves équivalentes aux gisements de la mer du Nord !

Dans une analyse parue récemment dans « Le Monde », Serge Marti écrit notamment :

« La réalisation de l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC), destiné à acheminer le pétrole d’Azerbaïdjan vers un port turc de la Méditerranée via la Géorgie, illustre les passes d’armes auxquelles se livrent Américains et Russes dans une région étroitement surveillée par les Iraniens, les Turcs et les Chinois. Parmi tous ces acteurs, la Russie revendique le rôle qu’autorise sa puissance pétrolière, à savoir près de 8 millions de barils/jour, autant que l’Arabie saoudite, mais aussi gazière, ce vaste pays détenant 45 % des réserves mondiales de gaz contre 36 % pour le Moyen-Orient ».

De quoi non seulement attiser les appétits d’un monde qui a soif de pétrole, mais aussi de motiver les émules de BinLaden d’envoyer des « commandos islamistes » pour tenter de « verrouiller » les réserves mondiales, en faisant pression par la terreur, le chantage, les attentats et les prises d’otages.

Les Etats-Unis disposent (depuis les événements du 11 septembre) de bases militaires en Géorgie et en Asie centrale, où la Russie envisage par ailleurs la construction d’un gigantesque oléoduc permettant de fournir en abondance du pétrole à la Chine, aux deux Corées et au Japon à partir du lac Baïkal.

Dans un monde où les pays industrialisés et les pays « émergents » semblent avoir pris leurs marques pour préserver leur croissance et assurer leur avenir, seule la France fait bien pâle figure aux côtés ses « alliés énergétiques » arabes, en proie à une instabilité insurrectionnelle et une suprématie pétrolière de plus en plus contestée.

Avec l’école de Beslan, les attentats de Moscou et ceux dirigés contre les avions russes, on dépasse le millier de victimes. La Russie a désormais aussi son « 11 septembre ». Un message clair envoyé aux Russes pour tenter de déstabiliser Poutine, comme celui qui a conduit les Espagnols à congédier Aznar.

Devons-nous laisser les islamistes prendre le contrôle de notre politique ?

La France n’a décidément rien appris. L’embargo mis en place par de Gaulle à l’encontre d’Israël après la guerre des six jours, en 1967, n’a pas empêché l’embargo pétrolier de 1972, décrété par les pays arabes. Contre toute logique, nos gouvernants successifs ont cru se mettre à l’abri en jouant la « carte arabe », politique imprudente intronisée par celui qui décida de « voler au secours » de la coalition formée par l’Egypte, la Syrie, la Jordanie, la Libye et l’Irak, pour le détruire Israël, que « le Général » se plaisait à décrire comme ce « petit pays dominateur et sûr de lui ».

Cette semaine, le discours indigne de notre ministre des Affaires étrangères sur Al Jazira n’a eu pour but que d’affirmer l’alliance indéfectible de la Chiraquie au monde arabe. Sous couvert de plaidoyer « humanitaire » pour résoudre « crise des otages » l’Elysée aura non seulement montré à quel point il est capable de compromissions et d’abaissement, mais encore jusqu’où il peut persister dans l’erreur.

Il a pris le risque de brader notre avenir, d’échanger le cheval fringuant qu’aurait dû être le moteur de notre croissance, contre une vielle mule à bout de souffle. Quand on ne dispose pas de matières premières, il faut être créatif. En matière de troc, celui qui voudrait endosser l’uniforme de « fils spirituel » du général de Gaulle a encore tout à apprendre. Et en matière de machiavélisme, François Miterrand n’a pas encore trouvé son maître.

D’une manière ou d’une autre, c’est nous qui en ferons les frais…

Albert Capino © PRIMO-Europe

Sur une correspondance de Serge Marti © LE MONDE
et Laurent Ruseckas, du Cambridge Energy Research Associates, dans la revue Sociétal ©.



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