« L’air des sommets  » ; « « La fin de l’Intifada  » : les quotidiens israéliens à grand tirage Yédiot et Maariv annonçaient ce matin la tenue, mardi prochain, d’un sommet international à Charm-El-Cheikh en présence du Premier ministre israélien Ariel Sharon, du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, du roi de Jordanie Abdallah et du président égyptien Hosni Moubarak.
« Pour la première fois depuis l’élection d’Ariel Sharon il y a quatre ans, un Premier ministre israélien s’apprête à rencontrer le président de l’Autorité palestinienne », écrit le Maariv qui annonce que l’invitation a été faite à Ariel Sharon lors de sa rencontre mercredi avec le général Sulleiman, le chef des Renseignements égyptiens en visite en Israë l.
Selon le journal, ce sommet sera également l’occasion d’une première rencontre entre le président égyptien, Hosni Moubarak, et le chef du gouvernement israélien, depuis l’élection de ce dernier. « Israéliens et Palestiniens devraient annoncer un cessez-le-feu durant le sommet », prophétisent les commentateurs. « Les premiers attendent le démantèlement des organisations terroristes, les seconds un arrêt des opérations d’élimination ciblées, la libération des prisonniers et le rapatriement des activistes de la Basilique de la Nativité  », indique le Maariv.
Pour le Yédiot, « il y a des raisons d’être optimistes : lors de la Conférence de Sharm, A. Sharon et Mahmoud Abbas publieront un communiqué conjoint dans lequel ils annonceront l’arrêt total et absolu de toute hostilité entre les parties.  »
« Mais Ariel Sharon sait que la route est longue et semée d’embà »ches, qu’il y aura encore des attentats et des crises », écrit le journaliste vedette du Maariv. « Toutefois, se dit-il, pourquoi ne pas faire participer Moubarak et Abdallah, afin de leur faire porter le chapeau le jour venu, ou tout du moins partager les responsabilités ?  »
Après avoir indiqué que l’invitation au sommet de Charm el Cheikh mardi prochain avait « surpris le Premier ministre Sharon et son entourage  », le quotidien de tendance gauche libérale Haaretz estime que « du point de vue de Sharon, l’invitation représente la fin de l’isolement international.  » Si les dirigeants du monde arabe invitent Sharon, il pourra être invité dans n’importe quelle autre capitale du monde  », note le quotidien. Ce sommet pourrait en outre servir des intérêts de politique intérieure, renchérit le journal. « Une photo commune avec Moubarak, A. Mazen et Abdallah prouvera à l’opinion publique que Sharon apporte la paix. Les sondages grimperont et les rebelles perdront des points. En plus, le Shass pourrait se laisser convaincre que le désengagement unilatéral n’est plus d’actualité, et qu’il est remplacé par un nouvel accord bilatéral, voire même multilatéral.  »
« A Charm  », souligne le journal, « le Premier ministre Sharon présentera également les gestes consentis à l’égard d’Abou Mazen susceptibles de promouvoir un arrangement avec les Palestiniens.  »
A ce sujet, le Maariv annonce que le mini-cabinet politique doit se réunir aujourd’hui pour débattre des gestes à consentir à l’Autorité palestinienne. Selon le journal, 700 prisonniers palestiniens, dont des activistes du Hamas et du Jihad islamique pourraient être élargis sur les recommandations de l’armée israélienne.
Pour le Haaretz, le président Moubarak aussi a des bénéfices à retirer de ce sommet. Il voit le processus de démocratisation autour de lui, observant notamment les élections en Afghanistan, en Irak, au sein de l’AP, et il craint d’être le prochain sur la liste. Moubarak connaît un seul moyen de trouver grâce aux yeux des Américains : être conciliant avec Sharon  ».
« La Conférence de Sharm sera une rencontre au sommet de plus, extrêmement médiatisée, lors de laquelle les dirigeants prendront des poses face à l’objectif  », note le Haaretz. Nous connaissons bien ce genre d’événement qui n’amène aucune percée. Mais cette fois-ci, c’est bien différent : ce comédien mal rasé enturbanné d’un keffieh et vêtu de son uniforme militaire ne sera pas sur le devant de la scène. L’héritier Abou Mazen portera un costume, comme Sharon, Moubarak et Abdallah.
C’est un homme politique d’une autre trempe, il est bien réel et ne fait pas de comédie. Abou Mazen veut des résultats et n’a pas besoin d’une rencontre au sommet pour conclure les détails avec Sharon ; il n’a pas besoin non plus d’intermédiaire. Les liens bilatéraux qui ne sont tissés entre les deux hommes ces derniers jours sont plus authentiques, reposent sur une plus grande confiance. Cette fois-ci, les parties veulent que ça change et comprennent que sinon, la guerre continuera. D’expérience, on sait que les négociations bilatérales, sans médiateurs, sont bien plus efficaces.
« Ce sommet de la fin de l’Intifada est avant toute chose une extraordinaire victoire de la part d’Ariel Sharon qui, il y a peu de temps encore était qualifié d’archi-criminel par l’opinion arabe et qui était disqualifié en tant qu’interlocuteur. Son opposition déterminée à l’égard Arafat a fait ses preuves et a porté ses fruits  », est-il noté.