1. L’Iran et la Syrie, qualifiés d’Etats qui soutiennent le terrorisme par le Département d’Etat américain, continuent de mener une stratégie à long terme consistant à prôner la violence et le terrorisme contre Israël ("la résistance") en s’appuyant sur des organisations terroristes palestiniennes (surtout le Hamas) et sur le Hezbollah libanais. Le but de cette stratégie est de renforcer l’axe radical irano-syrien au Moyen-Orient, d’affaiblir Israël en portant atteinte à sa structure économique et sociale, de renforcer les forces islamiques radicales au Liban, dans l’Autorité Palestinienne, en Irak ainsi qu’ailleurs au Moyen-Orient et dans le monde, et de saper les perspectives d’un processus de paix entre Israël et les Palestiniens sous l’égide des Etats- Unis.
2. L'Iran et la Syrie ont tendance à minimiser voire à nier la nature militaro-opérationnelle de l'aide qu'ils fournissent à ce que le Département d'Etat américain qualifie d'organisations terroristes, affirmant qu'il s'agit d'une aide politique, informationnelle, voire humanitaire. Cependant, des renseignements rassemblés par Israël, les Etats-Unis et d'autres pays prouvent sans le moindre doute que ces allégations sont erronées. Le rapport annuel sur le terrorisme publié par le Département d'Etat américain, fondé sur les sommes d'informations considérables aux mains des Etats-Unis, prouve définitivement qu'en 2008 il n'y a eu aucun changement réel de l'étendue et de la nature du soutien iranien et syrien aux organisations terroristes. De leur côté, les Iraniens nient les conclusions du rapport, affirmant que ce sont les Etats-Unis qui mènent une politique de violence et de terrorisme, et que l'Iran lui- même est une victime du "terrorisme."
3. Le rapport annuel du Département d'Etat américain sur le terrorisme, publié en Avril 2009, consacre un chapitre distinct aux Etats qui soutiennent le terrorisme. L'Iran et la Syrie, deux sponsors majeurs du terrorisme, figurent en évidence dans le chapitre 3, qui traite des deux pays. Le rapport indique que l'Iran est resté le principal bailleur du terrorisme, qu'il emploie depuis longtemps pour promouvoir ses intérêts sécuritaires nationaux et étrangers. Le rapport note également que l'Iran continue à compter principalement sur sa Force Qods des Gardes de la Révolution Islamique pour soutenir des groupes terroristes et islamiques à l'étranger, y compris : le Hezbollah libanais, des groupes terroristes palestiniens comme le Hamas et le Jihad Islamique Palestinien, plusieurs groupes terroristes irakiens et des islamistes en Afghanistan, dans les Balkans et ailleurs (pp. 10, 182-183). Par ailleurs, selon le rapport, les activités terroristes du Hamas et du Hezbollah continuent d'être financées par l'Iran et la Syrie (p.120).
Iran
4. Comme indiqué au début du chapitre sur l'Iran (pp. 182-183), "l'Iran est resté le sponsor étatique le plus actif du terrorisme". La participation de l'Iran dans la planification et le financement d'attaques terroristes au Moyen-Orient, en Europe et en Asie Centrale a un impact direct sur les efforts internationaux de promotion de la paix, menace la stabilité économique dans le Golfe et sape le développement de la démocratie.
5. Le rapport affirme que l'Iran demeure le principal sponsor de groupes implacablement opposés au processus de paix au Moyen-Orient. L'Iran fournit des armes, entraîne et finance le Hamas et d'autres groupes terroristes palestiniens, y compris le Jihad Islamique Palestinien (JIP) et le Front Populaire de Libération de la Palestine-Commandement Général (FPLP-CG). L'entraînement, les fonds et les armes fournis au Hamas depuis les élections palestiniennes de 2006 ont amélioré la capacité du mouvement de porter atteinte à Israël. Selon le rapport, en 2008, l'Iran a fourni plus de 200 millions de dollars au Hezbollah libanais et a formé plus de 3000 combattants de l'organisation dans des camps militaires situés en Iran (p. 183). Depuis la fin du conflit entre Israël et le Hezbollah en 2006, l'Iran a aidé le Hezbollah à se réarmer, violant la Résolution 1701 du Conseil de Sécurité de l'ONU.1
6. Le rapport indique que la Force Qods2, l'unité d'élite des Gardes de la Révolution iranienne, est l'instrument principal du régime iranien utilisé pour soutenir le terrorisme à l'extérieur de l'Iran. Selon le rapport, la Force Qods fournit des armes, des fonds et un entraînement au Hamas, à d'autres organisations terroristes palestiniennes, au Hezbollah libanais, à des terroristes irakiens et aux Taliban en Afghanistan.
7. Le régime iranien continue de fournir un soutien létal (armes, entraînement, instructions, etc.) aux groupes militants irakiens qui prennent pour cible les forces de la coalition ainsi que les forces irakiennes et tuent des civils irakiens innocents. La Force Qods pourvoit les terroristes irakiens en roquettes sophistiquées de fabrication iraniennes, en fusils de snipers, en armes automatiques et en mortiers. L'Iran est responsable de plusieurs attaques contre la coalition, Téhéran ayant donné aux terroristes la capacité d'assembler des engins piégés artisanaux conçus
1 Aidé par l'Iran et la Syrie, le Hezbollah ne respecte pas la Résolution 1701 du Conseil de Sécurité et continue à développer son arsenal militaire au Sud-Liban. Voir notre article du 12 août 2007 intitulé : “Un an après le vote de la Résolution 1701 du Conseil de Sécurité qui a mis fin à la seconde guerre du Liban : rapport intérimaire,” à l'adresse http://www.terrorism-info.org.il/malam_multimedia/fr_n/pdf/un1701_f0807.pdf
2 Voir notre article du 2 avril 2007 (en anglais) intitulé : “Using the Quds Force of the Revolutionary Guards as the main
tool to export the revolution beyond the borders of Iran.”
pour frapper les véhicules blindés. Selon le rapport, la Force Qods, de concert avec le Hezbollah libanais, assure l'entraînement à l'intérieur et à l'extérieur de l'Irak aux militants irakiens, leur apprenant à fabriquer et à utiliser des engins piégés et d'autres armes sophistiquées.3
8. Concernant Al-Qaïda, le rapport indique que l'Iran n'est toujours pas prêt à juger des membres importants de l'organisation terroriste qu'il détient, et qu'il refuse de publier leur identité. L'Iran peine également à contrôler les activités de membres d'Al-Qaïda qui se sont enfuis en Iran après la chute du régime taliban en Afghanistan (p. 183).4
9. A plusieurs endroits, le rapport mentionne le renforcement des liens entre l'Iran et des pays d'Amérique latine (liens, qui, selon nous, peuvent potentiellement accroître l'activité terroriste de l'Iran en Amérique latine). Le rapport mentionne aussi que les Etats-Unis sont concernés par l'activité du Hezbollah et du Hamas dans le triangle entre l'Argentine, le Brésil et le Paraguay. Concernant l'activité terroriste de l'Iran en Amérique du Sud, le rapport fait référence à ce qui
suit:
a. Saisie en Turquie de produits chimiques destinés au Venezuela : En Novembre
2008, les douanes turques du port de Mersin ont saisi le contenu d'un convoi iranien suspect à destination du Venezuela, qui transportait 22 containers de nitrate et de sulfates, produits chimiques généralement utilisés pour la fabrication de bombes, ainsi que du matériel de laboratoire. Selon les responsables des douanes, les 22 conteneurs, sur lesquels était écrit "pièces de tracteur," ont été transférés à Mersin d'Iran. En Décembre, les douanes ont demandé au Commissariat à l'Energie atomique turc et à des experts militaires d'examiner le matériel saisi (p. 105).
b. Le rapport souligne également l'existence de vols hebdomadaires entre l'Iran et le Venezuela (p. 180). Les passagers de ces vols sont uniquement vérifiés par des contrôles douaniers superficiels à Caracas. La citoyenneté vénézuélienne, l'identité et les documents de voyage sont faciles à obtenir, faisant du Venezuela un relais d'étape attrayant pour les terroristes.5
3 Le savoir-faire iranien dans la production d'engins piégés létaux (comme le Shawaz) a également été transféré au Hamas dans la bande de Gaza. Voir notre article du 12 janvier 2009 intitulé : “Le soutien de l’Iran au Hamas,” à l'adresse http://www.terrorism-info.org.il/malam_multimedia/fr_n/pdf/iran_f004.pdf
4 Pour plus de détails sur le "rôle duel" de l'Iran au sujet d'Al-Qaïda, voir notre article d'Avril 2003 (en anglais), intitulé: “Iran as a State Sponsoring and Operating Terror.”
5 Sur les activités du Hezbollah et des Gardes de la Révolution au Venezuela, voir notre article du 19 avril 2009 intitulé : “L'Iran augmente sa présence politique et économique en Amérique Latine, défiant les Etats-Unis et essayant de saper
l'hégémonie américaine,” à l'adresse http://www.terrorism-info.org.il/malam_multimedia/fr_n/pdf/iran_f006.pdf
Syrie
10. Le chapitre sur la Syrie (pp. 184-186) débute par l'affirmation que Damas a été désignée en
1979 comme Etat sponsor du terrorisme [cela fait donc 30 ans que la Syrie est considérée comme sponsor du terrorisme par le Département d'Etat américain.] La Syrie n'a pas été directement impliquée dans un acte de terrorisme depuis 1986, bien qu'elle continue à défendre ce qu'elle considère comme la "résistance armée légitime" des Palestiniens et du Hezbollah contre "l'occupation israélienne des territoires arabes," et l'opposition irakienne contre "l'occupation de l'Irak." Le rapport mentionne également (p. 185) la participation de la Syrie dans l'assassinat en Février 2005 de l'ancien Premier ministre libanais Rafiq Hariri, qui est toujours l'objet d'une enquête par l'ONU. La Syrie soutient les organisations terroristes en leur fournissant un soutien militaire, financier, politique et informationnel, comme cela est détaillé dans le rapport.
11. Le rapport affirme que la Syrie fournit un soutien politique et matériel au Hezbollah et permet à l'Iran d'utiliser le territoire syrien comme couloir pour aider le Hezbollah. Le Hamas, le Jihad Islamique Palestinien (JIP), le Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP) et le Front Populaire de Libération de la Palestine-Commandement Général (FPLP-CG), ont, notamment, installé leur direction externe à l’intérieur des frontières de la Syrie. Le gouvernement syrien aurait demandé à ces groupes de rester confinés à des activités politiques et informationnelles [fausse réclamation régulièrement entendue par les Syriens] mais des groupes ayant leurs leaders en Syrie ont revendiqué des attaques terroristes anti-israéliennes mortelles. Quant au Hezbollah, le rapport met en évidence les liens entretenus par la Syrie avec les terroristes les plus tristement célèbres du monde, dont le chef des opérations du Hezbollah Imad Moughnieh qui a péri dans l'explosion de son véhicule le 12 février 2008 près du siège des services secrets militaires syriens dans le quartier de Kafr Sousa à Damas. Le rapport mentionne que Moughnieh était recherché en raison de son rôle dans les attentats en 1983 contre le bâtiment des Marines et contre l'Ambassade américaine à Beyrouth, qui ont fait plus de 350 victimes. Le gouvernement syrien a reconnu qu'un des terroristes les plus recherchés du monde avait été présent et était mort sur le sol syrien. 6
12. Le rapport affirme que le Président Bashar al-Assad continue de soutenir ouvertement les groupes terroristes palestiniens. A titre d’exemple, le responsable du bureau politique du Hamas et son leader de facto Khaled Mash'al ainsi que ses adjoints résident toujours en Syrie. La Syrie
6 Les reportages publiés dans les médias ont indiqué que le Hamas utilise le sol syrien pour former ses combattants, bien que les autorités syriennes aient prétendu avoir essayé d'empêcher de telles activités.
offre également à Mash'al des escortes de sécurité pour ses cortèges automobiles. En outre, Mash'al utilise les locaux du ministère de l'Information syrien pour organiser ses conférences de presse.7 Le gouvernement syrien autorise par ailleurs le Hamas, le JIP et d'autres organisations terroristes à organiser des conférences palestiniennes sur son sol.
13. Le rapport affirme encore qu'en 2008, la Syrie a continué à renforcer ses liens avec l'autre sponsor du terrorisme, l'Iran. Le ministre syrien de la Défense s'est rendu à Téhéran en Mai et a initié un protocole d'accord sur la coopération en matière de défense. La Syrie a également permis aux leaders du Hamas et d'autres groupes palestiniens de se rendre à Téhéran (p. 185). Le rapport note également qu'Assad est toujours un défenseur loyal de la politique de l'Iran, y compris des ambitions nucléaires "civiles" de Téhéran.
Réactions au rapport
Iran
14. Le rapport du département d'Etat américain sur le terrorisme a été sévèrement critiqué par les porte-parole iraniens, lesquels ont déclaré que la nouvelle administration, qui avait parlé de changement, n'a pas modifié son opinion sur l'Iran et continue à l'accuser à tort. Ci-dessous les premières réactions:
a. Le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki, présent à Cuba pour la conférence des pays non-alignés, a déclaré que les accusations des Etats-Unis et l'attitude "méprisable" américaine étaient sans fondement. Il a ajouté que les Etats-Unis n'avaient aucune autorité pour accuser d'autres pays de soutenir le terrorisme puisque leur propre approche est raciste, qu'ils continuent leur occupation et qu'il ne faut pas oublier leurs agissements dans la prison de Guantanamo (IRNA, 1er mai 2009).
b. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Hassan Qashqavi a noté que l'Iran était une victime du terrorisme et souffrait du terrorisme de la part de l'organisation Mojahedine Khalq.8 Il a affirmé que 16000 Iraniens avaient été tués par ce groupe terroriste, et a également ajouté que l'Iran luttait contre le terrorisme, à la
7 En d'Avril 2008, 600 activistes du Hamas s'étaient entraînés en Syrie. Voir notre article du 8 avril 2008 (en anglais)
intitulé : “Hamas’s military buildup in the Gaza Strip.”
8 Mojahedin-e Khalq (MEK) est une organisation terroriste de gauche qui opère en Iran depuis les années 1960. Depuis les années 1980, après la révolution de Khomeiny, l'organisation agit à l'extérieur de l'Iran, principalement contre les leaders de la République islamique. Elle est désignée comme organisation terroriste par de nombreux pays, y compris par les Etats-Unis. Elle est également qualifiée de mouvement terroriste dans le dernier rapport sur le terrorisme de 2008 (p.283). différence des Etats-Unis, qui soutiennent le "régime sioniste qui est un symbole du terrorisme d'Etat" (Agence de presse Fars, 4 mai 2009).
Hezbollah
15. En réponse au rapport du Département d'Etat américain, le Hezbollah a publié un communiqué déclarant qu'il n'était pas du tout étonné par les conclusions du rapport et par ses allégations "vieilles-nouvelles," que le Hezbollah considère comme "un honneur." Le texte précise que les Américains ne détaillent pas le terme "résistance" (utilisé par le Hezbollah et les organisations terroristes, ce terme légitime la violence et le terrorisme). Il ajoute que les Etats- Unis, qui ne font rien d'autre "qu'occuper et agresser", qualifient avec arrogance des peuples et des gouvernements de "terroristes." Le communiqué affirme que lorsque l'administration américaine parle négativement du Hezbollah, elle le salue en fait, parce que "la valeur du Hezbollah ne réside pas dans sa technologie impressionnante, mais plutôt dans son empressement et son engagement à résoudre les problèmes de justice, dans un esprit de responsabilité profonde afin de se battre contre l'injustice et l'agression de l'occupation" (Journal du Hezbollah, Al-Intiqad, 1er mai 2009).
16. Selon le leader du Hezbollah Hassan Nasrallah, le rapport fait partie d'une attaque mondiale menée par les Etats-Unis contre le Hezbollah (référence au rapport semestriel publié par le Secrétaire Général de l'ONU). D'après Nasrallah, le but du rapport est de représenter le Hezbollah comme une organisation impliquée dans le terrorisme, le trafic de drogue, le meurtre, la contrefaçon, etc... Nasrallah a affirmé que ces allégations étaient sans fondement, parce que le Hezbollah représente " la résistance noble, réelle, pure, persévérante, qui se bat par la guerre sainte [le jihad], laquelle est honnête et loyale." Il a ajouté que le problème des auteurs du rapport est le respect et le prestige imposés par le Hezbollah, et le fait que l'organisation refuse de reconnaître Israël et l'hégémonie régionale américaine. Nasrallah a affirmé que si le Hezbollah limitait ses activités aux affaires internes libanaises, même si ces activités étaient violentes, son nom serait rayé de la liste des organisations terroristes. Selon Nasrallah, le Hezbollah est qualifié d'organisation terroriste par les Etats-Unis parce que son objectif est de confronter Israël (Al- Manar, 1er mai 2009).
Syrie
17. A la date de rédaction de cet article, les médias officiels syriens n'avaient pas encore réagi aux conclusions du rapport annuel publié par le Département d'Etat américain. Un site Internet syrien officieux a publié la réponse d'une organisation appelée "le Comité Indépendant de la Syrie," qui affirme représenter tous les secteurs de la société syrienne. Ce site Internet a publié son propre rapport, qualifiant les Etats-Unis de "sponsors du terrorisme," affirmant que les Etats- Unis ont soutenu Ben Laden dans le passé et sont responsables de la création d'Al-Qaïda en Afghanistan, soutiennent "le terrorisme israélien," occupent l'Irak et y ont commis un "génocide" (all4syria, 2 mai 2009).