Bien qu’il soit à Paris pour défendre sa candidature à la présidence de l’UNESCO, le système de censure instauré par Farouk Hosni en Egypte continue de sévir. La dernière victime est le poète libanais Ounsi Al-Hage, dont la collection - publiée pourtant par le ministère de la Culture dirigée par Hosni depuis 1987 - vient d’être interdite au Pays de Pharaon.
Le quotidien libanais « Al-Akhbar » s’insurge, dans son édition du 17 septembre, contre « les pratiques égyptiennes et contre la censure qui s’opère en toute discrétion, grâce à des ordres donnés oralement » (pour ne pas laisser de traces). Le quotidien affirme que la Maison d’édition des « Palais de la Culture » (« هيئة قصور الثقافة ») qui dépend du ministère de la Culture, a ordonné le maintien de trois volumes regroupant les œuvres de Ounsi Al-Hage dans les entrepôts du ministère, et de ne pas les mettre à la disposition du public. Il leur est reproché de porter atteinte aux « valeurs divines ».
Ce retrait du marché, deux années après l’impression des ouvrages (5.000 exemplaires), a été découvert fortuitement par le poète égyptien Abdel-Moneim Ramadane, alors qu’il cherchait à acquérir la collection. Le quotidien « Al-Akhbar » affirme que cette censure avait été prise par l’ancien directeur de la Maison d’édition, Ahmed Nour, après les protestations du poète égyptien Mahmoud Al-Azhari, qui reprochait à Ounsi Al-Hage de manquer de respect aux valeurs religieuses. Interrogé à ce sujet, Al-Azhari dément avoir protesté. Bien au contraire, il rappelle avoir publié une tribune dans la presse pour dénoncer la censure, étant lui-même victime de cette pratique.
Ces révélations tombent au pire moment pour Farouk Hosni, et risquent de peser lourd sur sa candidature à l’UNESCO. Déjà éclaboussé, indirectement, par la corruption de ses proches (comme notamment son ancien bras droit Ayman Abdel-Moneim), et accusé d’antisémitisme (pour avoir voulu brûler les livres israéliens qui se retrouveraient dans les bibliothèques égyptiennes - il s’en est excusé par la suite), la censure institutionnalisée sous son règne en Egypte serait l’obstacle majeur devant son élection à la tête de l’Organisation des Nations Unis pour l’Education, la Science et la Culture, l’UNESCO. En effet, si l’antisémitisme attribué à Hosni peut s’expliquer par son engagement politique national (l’Egypte retarde la normalisation complète avec Israël, y compris culturelle, 30 ans après la signature des accords de paix de Camp David, au nom de la cause palestinienne), la corruption et la censure sont difficiles à digérer par les électeurs qui doivent choisir, ce 17 septembre, entre Farouk Hosni et Benita Ferrero-Waldner, sa principale concurrente. De ce fait, de plus en plus de pays revoient leur soutien à la candidature de Hosni, et son élection, donnée pour acquise il y a encore quelques mois, semble désormais relever du miracle.
Reste à signaler que le quotidien « Al-Akhbar », organe du Hezbollah, multiplie depuis plusieurs mois les révélations concernant les dossiers compromettants pour Hosni. Le journal chercherait ainsi à mettre en échec la candidature du ministre égyptien à l’UNESCO. Il s’agit là d’un nouveau terrain de confrontation entre l’Iran et l’Egypte par Hezbollah interposé, et d’un moyen d’accentuer les pressions sur le Caire, à l’approche du procès des cellules du Hezbollah démantelées dans le pays.