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Le Conseil des Affaires étrangères de l’Union européenne entend intervenir dans le conflit israélo-palestinien et presser Israël
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 30 juillet 2015
dernière modification le 31 juillet 2015

Fort satisfait de l’accord avec la République Islamique d’Iran, pourtant loin de faire l’unanimité par ailleurs, accord pouvant rendre le Moyen-Orient bien plus dangereux qu’il n’est aujourd’hui et qui donnera au terrorisme chiite des moyens décuplés, le Conseil des Affaires étrangères de l’Union européenne réuni à Bruxelles livrait les conclusions de ses travaux le 20 juillet 2015. L’accent était mis sur le conflit israélo-palestinien, et ce qui est perçu comme l’urgence d’une résolution, Israël faisant l’objet de l’essentiel des blames et un certain nombre de revendications palestiniennes étant présentées comme acquises. Rien sur l’incitation palestinienne à la haine et la violence contre Israël et les Juifs.

Un “moment historique” loin de faire l’unanimité dans une région instable

“Moment historique” que ce Plan Global d’Action Conjoint – PGAC - conclu à Vienne le 14 juillet dernier “entre l’Iran et la Chine, la France, l’Allemagne, la Russie, le Royaume uni, les États-Unis d’Amérique, facilité par la haute représentante de l’Union européenne pour la politique étrangère et la sécurité de l’Union européenne” se félicite le Conseil des Affaires étrangères de l’UE dans un communiqué du 20 juillet 2015. Vantant une “solution globale, durable et pacifique à la question du nucléaire iranien” et “la levée des sanctions économiques et financières...une fois que l’Agence Internationale à l’Énergie Atomique – AIEA - aura vérifié que l’Iran a appliqué ses engagements tels que stipulés” dans cet accord. Dans un délai de six mois".

L’ennui étant que cet accord est loin de faire l’unanimité, y compris parmi les Démocrates américains. Le parti n’a d’ailleurs pas donné de consigne de vote aux Sénateurs démocrates, le Congrès devant examiner les termes de l’accord et l’approuver ou le rejeter. Autre indication que le Congrès américain n’est sans doute pas aussi enthousiaste que l’Union européenne, tant s’en faut : la Maison Blanche s’est précipitée pour faire adopter ce PGAC par le Conseil de sécurité de l’ONU “à l’unanimité” par la Résolution 2231 (2015) avant même de le soumettre au Congrès. D’ailleurs, selon un sondage, quelque 62% des Américains sont très inquiets du nucléaire iranien.

Par ailleurs, John Kerry, le Secrétaire d’État américain, tentait de faire pression sur le Congrès lors d’une rencontre avec son Conseil des Relations Internationales le 24 juillet dernier en avertissant que, selon lui, si l’accord était rejeté, Israël, dont gouvernement et opposition dénoncent le PGAC, se retrouverait “plus isolé et plus accusé encore”.

On sait aussi que des pays pourtant alliés des États-Unis, comme l’Arabie Saoudite ou les Émirats arabes unis, se sont prononcés contre l’accord. L’Égypte s’est contentée pour l’heure d’un communiqué lénifiant. Les pays arabes sunnites, en effet, au-delà de la question du nucléaire, s’inquiètent de l’influence et de l’emprise grandissantes de la République islamique chiite dans la région. Celle-ci soutenant Assad, les Houthis au Yémen, le Hezbollah au Liban mais aussi en Syrie et le gouvernement pro-chiite qui a pris le pouvoir en Irak. On assiste aujourd’hui à une redistribution des cartes et des alliances lourdes de conséquences pour la région, avec l’aval des États-Unis.

Un “accord historique” ne portant que sur le nucléaire, oubliant les armes conventionnelles et le terrorisme

D’autre part, l’accord ne porte que sur levée des sanctions et le nucléaire, laissant le champ libre aux Mollahs pour acheter d’ici cinq à huit ans toutes les armes qu’ils voudront, ce qui sera désormais rendu particulièrement aisé avec l’afflux de milliards de dollars générés par la disparition des sanctions...Le mouvement sera accéléré avec certains partenaires de la République islamique d’Iran. Ainsi, dès le 16 juillet le Conseil de l’Union européenne décidait de “prolonger jusqu’au 14 janvier 2016 la suspension des mesures restrictives décidées dans le cadre du Plan d’Action Conjoint avec l’Iran datant du 24 novembre 2013”. Mis en place en janvier 22014. Cette nouvelle prolongation lui permettra de mettre en place l’application du nouveau PGAC.

Autre conséquence désastreuse de la manne financière que va recevoir la République islamique : l’aide accrue qui sera consacrée au terrorisme par les Mollahs. En réponse à une question sur le sujet John Kerry lors de son audition au Congrès le 24 juillet dernier évoquait “les multiples résolutions de l’ONU qui interdisent à l’Iran de transférer des armes au Hezbollah, à la milice chiite en Irak, au Houthis, en Lybie, en Corée du Nord”. Il ajoutait pourtant : “il y a probablement entre 70 et 80.000 missiles d’un type ou d’un autre, des roquettes, au Liban, pointés sur Israël, Tel Aviv. Ils y ont été mis avant le début des négociations. Pendant des années personne n’a insisté suffisamment sur ce point, le transfert de ces armes. Mais nous avons commencé à le faire”. Il avouait donc du même coup l’inefficacité des résolutions onusiennes et le peu d’intérêt suscité par cet arsenal terrifiant aux mains d’une milice terroriste. Dont Israël, contrairement à ce qu’il dit ici, s’est bien sûr inquiété à mainte reprise. Sans effet. Par ailleurs, ce jour-là John Kerry ne répondait pas à une question sur les violations des droits de l’homme en Iran. Qui ont fortement augmenté sous la présidence du soi-disant modéré Rouhani.

Le Secrétaire d’État évoquant aussi la possibilité d’une action militaire, si besoin était, option qui a perdu toute vraisemblance venant des États-Unis.

Des ministres européens se précipitent à Téhéran avec des délégations commerciales pour prendre leur part du gâteau

Quelque 150 milliards de $ devront revenir à la République Islamique d’ici six mois avec la levée des sanctions. De quoi booster l’économie iranienne, et permettre des dépenses extérieures conséquentes. Les signataires de l’accord se précipitant à Téhéran, accompagnés de délégations commerciales importantes. Le 20 juillet le vice-chancelier et ministre de l’Économie allemand, Sigmar Gabriel, était à Téhéran. On notera qu’il affirmait que la sécurité d’Israël est importante pour l’Allemagne, sans que cela ait eu beaucoup d’effet semble-t-il, les cris de “Mort aux États-Unis” et “Mort à Israël” n’ayant cessé de retentir en Iran, avant, pendant ou après les négociations...

Laurent Fabius qui avait affirmé haut et fort qu’il n’accepterait pas de mauvais accord mais a néanmoins signé celui du 14 juillet va se rendre en Iran le 29 juillet à l’invitation de son homologue iranien. Les durs du régime voyant sa visite d’un mauvais oeil, nous dit-on Iraniens ressortent même l’affaire du sang contaminé. Sans doute y a-t-il là une part de comédie. L’agence de presse iranienne Fars News rapporte que le ministre français estime que “l’Iran ne devrait pas faire payer aux entreprises françaises l’attitude ferme de la France pendant les négociations”, se montrant confiant car, dit-il, “ par le passé nous avons eu une présence forte en Iran. Nous avons une excellente expertise dans de nombreux domaines et les Iraniens sont des gens sérieux”.

Depuis Téhéran, le 29 juillet, Laurent Fabius appelait à une coopération accrue entre les deux pays.... Gageons que son attitude concernant Israël et les Palestiniens devrait le rendre sympathique aux Mollahs – voir plus bas -...

L’Union européenne veut maintenant pousser Israël à conclure un “accord de paix” avec les Palestiniens, sans préciser lesquels..

L’Union européenne, pour sa part, ne compte pas s’arrêter sur ce qu’elle juge être un grand succès auquel elle a contribué. Elle entend se précipiter pour tenter de mettre rapidement en place une solution au conflit israélo-palestinien. Sans se soucier de voir ce que donnera réellement le PGAC dans les mois à venir. Sans que cette question israélo-palestinienne ne présente de danger particulier aujourd’hui, ce qu’affirme pourtant l’UE. Elle pense pouvoir mieux faire que John Kerry qui avait mis tout son poids pour faire reprendre des négociations avec des promesses financières conséquents à la clef que l’Europe ne peut certainement pas égaler. Bien que prétendant que les négociations entre les deux parties sont essentielles, elle donne toutefois dans les conclusions de ses travaux un cadre précis, attribuant les blâmes. À Israël surtout, avec les termes “illégal” ou “occupés” utilisés deux fois, “violence des colons” une fois, “colons” ou “colonies” quatre fois. L’UE fustigeant : “les démolitions et les confiscations, notamment de projets financés par l’UE, les expulsions, les déplacements forcés, y compris de Bédouins, les colonies de peuplement sauvages, la violence des colons et les restrictions en matière de déplacement et d’accès”.

Quant à Gaza, l’Union européenne appelle à “la fin du blocus et l’ouverture sans restriction des points de passage, tout en tenant compte des préoccupations légitimes d’Israël pour sa sécurité”. On ne peut faire mieux en matière de tartufferie...

L’UE menace : elle “continuera à suivre de près l’évolution de la situation sur le terrain et ses implications plus larges, et elle reste prête à prendre de nouvelles mesures pour préserver la viabilité de la solution fondée sur la coexistence de deux États. L’UE et ses États membres réaffirment leur attachement à la mise en œuvre pleine et entière, continue et effective de la législation de l’UE et des accords bilatéraux existants applicables aux produits des colonies. L’UE se déclare déterminée à veiller à ce que, conformément au droit international, l’ensemble des accords qu’elle conclut avec l’État d’Israël mentionnent sans équivoque et expressément qu’ils sont inapplicables aux territoires occupés par Israël en 1967”. Sont mentionnés aussi le “déplacement forcé de populations et de démolition des habitations et des infrastructures palestiniennes dans les secteurs de Susya et d’Abu Nwar”. La vérité sur ce dernier point étant bien différente de la version palestinienne et européenne...

L’UE dessine les contours d’un futur État palestinien, “d’un seul tenant, souverain et viable ”, dans “la ligne de 67”, avec “Jérusalem...capitale des deux États”. Ce qui est d’autant plus aberrant que Fatah et Hamas se déchirent à qui mieux mieux...
Le tout sans négociation aucune.

Quant aux Palestiniens, se faisant vague, ne prononçant pas le nom du Hamas, gouvernement de facto de la Bande de Gaza, l’UE affirme que “ les récents tirs de roquettes par des groupes armés sont inacceptables et mettent une fois encore en évidence le risque d’escalade”, l’UE ajoute : “Toutes les parties concernées doivent s’engager sur la voie de la non-violence et de la paix. L’UE appelle toutes les parties à décider d’un cessez-le-feu durable qui empêche un nouvel embrasement...”. Injonction qui ne devrait pas concerner Israël qui ne fait que répondre aux attaques, faisant usage de son droit d’auto-défense.

Les rivalités sanglantes entre Fatah, Hamas et autres mouvements terroristes palestiniens sont évoquées ainsi : “L’UE exhorte toutes les factions palestiniennes à trouver un terrain d’entente fondé sur la non-violence et la réconciliation, et à coopérer pour répondre aux besoins de la population palestinienne. La réconciliation entre Palestiniens est importante pour la concrétisation de la solution fondée sur la coexistence de deux États. Dans ce contexte, l’UE appelle les factions palestiniennes à faire de la réconciliation et du retour de l’AP à Gaza une priorité absolue. L’AP doit assumer une plus grande responsabilité à cet égard et exercer sa fonction de gouvernement dans la bande de Gaza, y compris dans le domaine de la sécurité et de l’administration civile, ainsi que par sa présence aux points de passage de la bande de Gaza. L’UE est disposée à soutenir pleinement ces efforts, notamment par la réactivation rapide et l’éventuelle extension de la portée et du mandat de ses missions EUBAM Rafah et EUPOL COPPS”. Autant de vœux pieux. Pourtant comment Israël pourrait-il signer une paix digne de nom avec des Palestiniens déchirés à ce point...L’UE met la charrue avant les bœufs et devrait, en toute logique, s’assurer d’une paix interne palestinienne avant toute chose.

Et, alors que l’Autorité palestinienne est corrompue, bafoue les droits de l’homme, entrave la liberté d’expression, ferme les yeux sur les “crimes d’honneur”, l’UE écrit un timide : “ création d’un État, sur la base de l’État de droit et du respect des droits de l’Homme”. Or, un rapport du Jérusalem Institute for Justice publié en mars 2015 détaille les graves violations des droits de l’Homme subies par les Palestiniens de la part de l’Autorité palestinienne comme du Hamas. Un rapport établi par la Commission Indépendante Palestinienne pour les Droits de l’Homme arrivait aux mêmes conclusions en 2014. La situation s”étant aggravée début 2015La liberté d’expression ne se portant guère mieux...Violations ayant eu peu d’écho, hélas. Pourtant les consulats des divers pays occidentaux servant les Territoires palestiniens et qui sont autant de relais avec les ministères des Affaires étrangères des divers pays sont parfaitement au courant. Carences.

Lors de cette même réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Europe à Bruxelles une autre annonce était faite, affirmant que “ les droits de l’homme doivent rester au coeur du programme de l’EU”. Pure tartufferie.

Le texte de cette déclaration européenne figure en bonne place sur le site du Consulat de France à Jérusalem – de fait l’ambassade de France auprès des Palestiniens -. Tout comme une déclaration de Laurent Fabius du 8 juillet dernier. À la pointe de cette action menée pour contraindre Israël à se conformer aux volontés européennes et palestiniennes, il précisait souhaiter un “Quartet plus des pays arabes et d’Europe...” couplé à “une résolution aux Nations unies”, précisant le peu d’enthousiasme de la partie israélienne, ce qui fait de toute affirmation de la nécessité de négociation entre les deux parties une tartufferie de plus....

Enfin, dans cet état des lieux dressé par l’Union européenne un autre élément pourtant crucial est totalement occulté. Il s’agit de l’enseignement de la haine et de la violence systématiquement mis en place par le Hamas mais aussi l’Autorité palestinienne. Endoctrinement multiforme, omniprésent et co-financé par les donateurs étrangers. Le 21 juillet 2015 à Ottawa, Itamar Marcus, Directeur de Palestinian Media Watch, PMW, Observatoire des Médias Palestiniens, devant le septième Congrès Mondial de l’Internationale de l’Éducation, rassemblant près de deux mille enseignants, intervenait. Pour présenter son rapport intitulé “ L’Éducation de l’Autorité palestinienne, recette de la haine et du terrorisme”. Il y décrit comment “ la haine, l’antisémitisme et la glorification de meurtriers sont des éléments fondamentaux de l’enseignement de l’Autorité palestinienne”, démontrant “son rôle central pour saper la paix. PMW rappelle qu’en 2007 Hillary Clinton, alors Sénateur, avait noté que cet enseignement “ empoisonne profondément l’esprit de ces enfants”, qualifiant certains aspects de “maltraitance d’enfants”. Pour PMW cela constitue “l’un des plus grands obstacles à la paix et pourquoi il n’y aura pas de paix pour la génération à venir à moins que ce processus éducatif de l’AP soit immédiatement inversé”.

Si l’UE souhaite réellement voir s’instaurer la paix entre les Palestiniens et Israël, elle devrait se préoccuper de cet obstacle majeur qu’elle co-finance de fait. On aimerait d’ailleurs entendre Laurent Fabius sur le sujet...



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