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ARCHIVES : De Royal à Hollande en passant par Delanoë les contacts de la France PS avec le Hezbollah terroriste...
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 8 février 2016

Avant le 22 juillet 2013 le Hezbollah, Parti de Dieu chiite libanais, n’était pas considéré officiellement comme mouvement terroriste en Europe mais l’était pourtant aux Etats-Unis depuis 1997 ou dans d’autres pays, avec une longue liste d’attentats terroristes à son actif depuis son apparition en 1982. Pourtant, en octobre 2006 Ségolène Royal échangeait fort aimablement avec l’un de ses représentants à Beyrouth, le mois précédent, sans le nommer précisément, Bertrand Delanoë l’avait couvert d’éloges. Le 17 janvier 2014, Emmanuel Bonne, conseiller de François Hollande, rencontrait à Beyrouth un responsable du mouvement terroriste

Des centaines de victimes dans le monde

Si ce sont les Américains et les Juifs, israéliens ou pas, qui ont subi le plus gros des attaques terroristes perpétrées par le Hezbollah, la France, elle aussi, a été touchée.

En octobre 1983 deux cent quarante et un marines américains et cinquante-six parachutistes français de la force multinationale étaient tués lors de l’explosion de deux camions piégés devant des casernes de marines et de l’armée française à Beyrouth

En décembre de la même année une attaque contre des soldats français de la FINUL au sud du Liban faisait dix morts, dont un soldat français, et plus de cent-dix blessés.

En 1985 les diplomates français Marcel Carton et Marcel Fontaine, le journaliste Jean-Paul Kauffmann et le chercheur au CNRS Michel Seurat étaient enlevés. Ce dernier était assassiné en 1986. Sans que ne soit jamais retrouvé son corps. Cette année-là six autres Français étaient enlevés, dont quatre journalistes d’Antenne 2.

Entre décembre 1985 et septembre 1986 onze attentats perpétrés à Paris faisaient treize morts et des centaines de blessés. Deux autres attentats étaient déjoués.

Le Hezbollah a à son actif des centaines de victimes et des milliers de blessés Ce qui lui a valu d’être placé de longue date sur la liste des organisations terroristes des Etats-Unis, du Canada, de l’Australie, de la Grande-Bretagne, du Bahrein ou des pays arabes du Golfe Persique.

L’Union européenne a attendu juillet 2013 pour ne placer que « la branche armée » du Hezbollah sur sa liste des organisations terroristes

L’Union européenne, elle, attendait le 22 juillet 2013 pour en faire de même mais en ne désignant que la branche armée de ce parti, une distinction artificielle rejetée par les Etats-Unis. Ce que notait, par exemple, le 7 mai 2007 Susan E.Rice, alors Ambassadeur des Etats-Unis aux Nations unies. Elle déclarait : "Je vais être très claire : nous ne voyons aucune distinction entre les ailes soi-disant politiques et militaires de ces groupes. Et nous n’aurons pas de contacts avec jusqu’à ce qu’elles déposent les armes, quel que puisse être leur implication au sein du gouvernement libanais".

D’ailleurs, le responsable des relations internationales du Hezbollah, Ammar Moussaoui – celui-là même que vient de rencontrer à Beyrouth Emmanuel Bonne, émissaire de François Hollande - condamnait alors « avec force la décision européenne de mettre son parti sur liste noire, la considérant comme une insulte au Liban et à son peuple ». Et il soulignait que "tout le monde sait que les branches militaires et politique du Hezbollah sont une seule et même chose" .

Des contacts du PS avec le Hezbollah de Sègolène Royal à l’envoyé de François Hollande en passant par le Maire de Paris

Fin 2006, Ségolène Royal, candidate PS à la présidence de la République, fait une tournée au Proche-Orient, flanquée de l’un de ses directeurs de campagne, le très anti-israélien Jean-Louis Bianco. A propos d’une grande manifestation du Hezbollah qui se déroule à Beyrouth, dans la foulée de l’assassinat du ministre anti-syrien Perre Gemayel, elle parle de « moment démocratique, » affiche sa volonté de « parler avec tout le monde », et déclare à un député du Hezbollah qui vient de se lancer à son intention à une diatribe anti-américaine et anti-israélienne, comparant Israël au nazisme, : « il y a beaucoup de choses que je partage avec vous »... Confrontée au tollé provoqué par cet épisode son entourage accusera le traducteur de ne pas avoir tout traduit...et donc pas le mot « nazya » entendu cependant par des journalistes présents. Ségolène Royale condamnera ces propos le lendemain. Mais dira aussi « Personne, personne ne m’empêchera de continuer à dialoguer avec des représentants démocratiquement élus ».

Quelque temps auparavant, à la mi-septembre 2006, c’est le Maire PS de Paris, Bertrand Delanoë, qui se rendait à Beyrouth pour y dire sa solidarité avec les Libanais, la souffrance ressentie par Paris, disait-il, « avec les Libanais tout au long de cette crise »... C’est ainsi que Bertrand Delanoë évoquait la seconde guerre du Liban, sans dire un mot de ce qui l’avait provoquée et qu’Israël rappelle en ces termes : "Le but de la guerre était d’une part de faire cesser les nombreux tirs de roquettes Katioucha envoyés par les agents du Hezbollah vers les villes du nord d’Israël, où résident près d’un million de personnes ; d’autre part d’affecter en profondeur l’organisation terroriste du Hezbollah qui opère du territoire libanais. Enfin, l’objectif était de libérer les 2 soldats israéliens kidnappés par des hommes du Hezbollah le 12 juillet au matin".

Annonçant ses rencontres avec « beaucoup d’autorités religieuses de toutes les confessions »...« des personnalités libanaises représentatives de ce peuple que nous aimons, de sa diversité, de ses engagements », Bertrand Delanoë ajoutait : " il n’est pas possible de repousser un Libanais patriote qui met son peuple, son histoire, son avenir avant toute autre considération quelle que soit sa religion, quel que soit son parti, il est libanais, et c’est pour cela que la France l’aime". On ne saurait être plus clair...

Rencontre entre Emmanuel Bonne et Ammar el-Moussaoui, responsable des relations internationales pour le Hezbollah

Aujourd’hui on retrouve une même volonté française, sous la présidence de François Hollande, cette fois, de discuter avec « tous les partis politiques » libanais quels qu’ils soient. Ce que rapporte le quotidien libanais L’Orient Le Jour qui relate la visite d’un « conseiller du président français François Hollande » ayant « rencontré vendredi – le 19 janvier 2014 - à Beyrouth un responsable du Hezbollah, le mouvement chiite libanais engagé dans les combats en Syrie aux côtés des troupes du régime »..

Notant que « il s’agit de la première réunion d’un responsable français avec le Hezbollah depuis que la branche militaire du mouvement chiite a été inscrite le 22 juillet sur la liste de l’Union européenne des organisations terroristes ». On joue ici sur la distinction artificielle voulant que « si la branche militaire du Hezbollah a été inscrite sur la liste de l’UE des organisations terroristes, les ministres européens des Affaires étrangères ont cependant souligné qu’ils continueraient à dialoguer avec tous les partis politiques, dont le Hezbollah ». C’est ainsi que, selon le mouvement terroriste chiite, « Ammar el-Moussaoui, qui dirige les relations internationales du Hezbollah, a rencontré le conseiller du président français François Hollande pour le Moyen-Orient, Emmanuel Bonne, qui était accompagné de l’ambassadeur de France à Beyrouth Patrice Paoli »...pour discuter
.des « développements tant au niveau local que régional ».

Le 17 décembre, dans un entretien avec le quotidien libanais The Daily Star l’ambassadeur de France jugeait une entente entre Iran et Arabie Saoudite et un dialogue maintenu avec le Hezbollah nécessaire dans un pays décrit comme allant à la dérive. Dans un autre entretien début décembre, avec As Safir, cette fois, s’il qualifiait l’intervention du Hezbollah en Syrie « d’erreur », le diplomate en poste au Liban depuis 2012, semblait mettre en doute la justesse de la décision européenne d’inscrire la branche armée du Hezbollah sur sa liste de mouvements terroristes et ajoutait : « la France ne veut rompre aucun lien avec des partis libanais représentatifs. Elle veut dialoguer avec tous. Notre dialogue avec le Hezbollah continue donc avec ses représentants politiques ». S’il admettait que « l’Iran, en tant qu’Etat, devrait combattre le terrorisme, » il ajoutait : "le Hezbollah est un parti politique, pas un Etat. La France coopère avec des Etats et des gouvernements. Combattre le terrorisme est la responsabilité du gouvernement, de l’armée et des forces de sécurité libanais" .

Trente milliards de dollars saoudiens et des contacts maintenus avec le Hezbollah

Selon Al Balad (journal libanais proche du 14-Mars mouvement anti-syrien) cette rencontre entre le conseiller de François Hollande et un responsable du Hezbollah « a voulu assurer que Paris maintient son rôle de médiateur ainsi que son parrainage de toute éventuelle sortie de crise au Liban et que les relations avec le Hezbollah sont constantes ». Elle s’inscrit dans ce contexte : le Prince saoudien « Bandar Bin Sultan » s’est rendu "en France chargé d’un panier de stimulants économiques qui ont fait venir l’eau à la bouche de François Hollande. Ce dernier n’a pu résister longtemps au charme des 30 milliards de dollars qui ont été proposés par le royaume. Il a donc accepté de jouer avec tact le jeu qui consiste à contenir l’aventurisme saoudien sans toutefois oublier de rassurer les Américains du fait que les intérêts qui lient les deux pays sont purement d’ordre économique. A cet effet, Hollande a tout d’abord levé le veto que la France avait opposé à l’inscription de l’aile militaire du Hezbollah sur la liste UE des organisations terroristes. Quelques jours après la décision européenne, l’administration française a adressé discrètement une invitation au député Ali Fayyad — c’était en octobre 2013 et le député du Hezbollah était reçu au Quai d’Orsay — ] pour lui expliquer son point de vue à l’égard de la décision européenne et pour dire que celle-ci n’aura aucun impact sur la volonté de Paris d’être ouvert à l’égard du Hezbollah".

Quelles qu’aient pu être les raisons ayant conduit à une telle rencontre entre un émissaire de François Hollande et un des dirigeants du Hezbollah, il n’en reste pas moins que l’on constate une volonté constante de dialoguer avec le Hezbollah manifestée par des personnalités appartenant au PS, volonté qui demeure inchangée en dépit de l’inscription de la branche armée de ce parti sur la liste des mouvements terroristes de l’Union européenne...



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