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Tariq Ramadan : Epître aux infidèles.
Montségur
Article mis en ligne le 11 novembre 2005

Assurément, après deux semaines d’émeutes, ou le pays tout entier, et d’abord son gouvernement semble avoir été comme tétanisé par la férocité déployée à l’encontre des biens et des personnes, nous voici entrés dans la seconde phase de ce qui apparaît de plus en plus, si l’on sait lire les déclarations et autres analyses expertes, comme l’épreuve de force entre la République une et indivisible et les appêtits communautaires, en l’occurrence islamique.

Le débat social, relayé et amplifié par la sphère médiatique, et souhaité par tous les partenaires politiques de gouvernement, trop heureux d’évacuer les vraie questions hors du champ public, ne peut que rassurer celles et ceux, dans ce pays, que cette situation effraie, avec raison, et conforter l’opinion dans l’erreur manifeste que tout peut se régler en augmentant la dotation de l’Etat, et donc des contribuables, à des zones en rupture de banc sociétal.

Le débat n’est pas là au regard de ces émeutes. Il ne l’a jamais été. Comprenons-nous bien, je ne prétends pas que rien ne doive être fait vis-à-vis de celles et de ceux, vivant dans les banlieues, subissant la crise sociale et ses conséquences, tant sur le plan du logement, de l’emploi, et de l’insécurité. Je prétends juste que ces émeutes ne trouvent pas là leur terreau, mais leur prétexte.

Le déplacement du champ de l’émeute vers celui d’une prétendue revendication sociale est l’œuvre des appareils politiques, amplifié par les médias, et sans doute le caïdat, en ses basses œuvres, se félicite-t-il d’une victoire sur l’autorité de l’Etat si facilement acquise.
Car de quoi s’agit-il en premier lieu sinon, et avant tout, d’un conflit de territorialité, comme nos contrées purent en vivre dans un lointain moyen-âge.
Moyen-âge - féodalité. La tentation est grande et j’y succomberais volontiers de faire le rapprochement entre la situation d’aujourd’hui, ou des seigneurs de la guerre de basse intensité, s’accaparent, régentent et défendent leur territoire contre les incursions ennemies - l’ennemie ici serait la République - et celle qui prévalait dans les temps obscurs de la domination par l’épée.
Mais l’épée, ici, n’irait pas sans rencontrer une vive résistance, et serait, au bout du compte, vaincue, si celle-ci n’était accompagnée du croissant fertile de l’islamisme nouveau.

Et c’est là ou nous entrons dans la seconde phase.

Chacun, ici, a en mémoire l’intervention compréhensive des autorités musulmanes, à l’égard des émeutiers, ceci au plus fort de l’incendie de Clichy-sous-bois. Chacun, ici, aura retenu que l’UOIF intervint par une fatwa condamnant les émeutes. Car c’est un fait nouveau en France que le sentiment d’appartenance religieuse soit désormais placé au-dessus du sentiment d’appartenance nationale.
Le dernier avatar de cette nouvelle hiérarchisation des identités, nous le devons bien évidemment à Tariq Ramadan, qui du haut de sa chaire de professeur invité au Saint Antony’s Collège à Oxford, et du loin de son exil britannique, nous livre, avec toute la sagacité que nous lui connaissons, le fruit de sa réflexion, dans une chronique du quotidien Le Monde, également parue en bonne et due place sur le site de la oumma point comme -entendez point comme eux les mécréants.

Adonc, gentils damoiseaux et damoiselles, que nous dit donc Frère Tariq, du loin de son insularité, en son épître ?
En un raccourci saisissant, Frère Tariq compare les interrogations suscitées en Grande Bretagne, au lendemain des attentats du 07 juillet dernier, et celles consécutives aux émeutes de France.
Il sera utile de décoder ici l’imposture première.
Les attentats de Londres sont l’œuvre de citoyens britanniques parfaitement intégrés, entretenant de bonnes relations avec leur voisinage. C’est bien cette intégration et non ce défaut de, qui, à l’époque posait problème .Le témoignage de la très jeune épouse de Germaine ( Jamal ) Lindsay, l’un des quatre islamikazes, est à cet égard éloquent :

‘’ Germaine voulait devenir un avocat spécialiste des droits de l’homme ‘’

Après leur mariage en octobre 2002, le couple vit dans le West Yorkshire puis déménage au nord de Londres, à Ayllesbury. Là, Germaine commence à fréquenter les mosquées de Londres, de Luton et du nord de l’Angleterre :

‘’ Son comportement a commencé à changer petit à petit. Avec du recul, je peux voir maintenant exactement ce qui lui arrivait et pourquoi. C’est atroce comment ces gens l’ont transformé et ont empoisonné son esprit. C’était un homme innocent, naïf et simple, je suppose qu’il était le candidat idéal. ‘’

Frère Tariq poursuit sa charge :

‘’ L’occident semble obsédé par l’idée que l’Islam fait problème, qu’il représente une menace pour la paix sociale.... Le retour obsessionnel des thèmes de l’intégration et de l’identité est la preuve d’un double phénomène : d’une part de l’incapacité d’entendre les voix musulmanes qui depuis des années affirment que l’Islam ne fait pas problème, et que des millions de musulmans assument parfaitement le fait d’être européens, musulmans et démocrates ‘’

Poursuivons le décodage. La formule paix sociale pourrait faire sourire. Frère Tariq est un être pudique. Et sans doute est-ce cette pudeur qui l’empêche d’isoler le mot paix, quand il ne s’agit, depuis l’offensive jihadiste qui trouva son point d’orgue un certain 11 septembre, que de cela. Mais sans doute les nombreux actes de guerre contre des civils justifiant une certaine prévention vis-à-vis d’un certain Islam ne sont-ils là encore que manière d’obsession.
S’il est vrai que des musulmans, dont je me garderais bien de quantifier l’importance, eu égard à ce qui ressort de l’identité ou de l’origine, assument paisiblement leur condition, il n’en est pas moins vrai que les voix musulmanes qui se font entendre depuis des années en Europe sont celles qui prônent la séparation, le traitement spécifique, et contestent de l’intérieur les acquis des sociétés, comme par exemple la laïcité, le droit des femmes, et le vivre ensemble républicain.

Et puisqu’il s’agit aussi de Grande-Bretagne, voici ce qu’omet de dire notre stratège.
En juin 1990, le Muslim Institute lança le Manifeste musulman, un texte préparé six mois durant par une équipe d’ulémas et d’universitaires.
Très ambitieux, ce manifeste se veut le plan stratégique global de survie de la communauté musulmane vivant en Grande-Bretagne. Il rejette catégoriquement toute idée d’intégration et d’assimilation et propose la création :

- d’un parlement musulman de Grande-Bretagne.
- d’une université islamique.
- d’une structure de ‘’ catéchèse ‘’ pour les jeunes.
-d’une commission des lois, pour infléchir celles du royaume qui sont défavorables aux musulmans.
- d’un conseil des femmes musulmanes en G-B
- d’une commission de l’éducation.
Budget de l’entreprise : un million de livres sterling par an, pendant dix ans.

Le parlement islamique, prôné par Kalim Siddiqi, verra le jour deux ans plus tard.

Il y aurait du pathétique dans cet épître aux infidèles, car tout de même, nous ne sommes pas encore atteints d’amnésie collective, et la grande majorité de nos concitoyens ont su il y a peu réaffirmer leur attachement au concept de laïcité, de pathétique et d’anecdotique, s’il n’était également nombre d’idiots utiles et de traîtres à leur Nation, pour abonder dans l’auto détestation, surenchérir dans le discours victimaire, et nourrir des ressentiments déjà fortement ancrés dans les mentalités.
Et c’est bien dans le dernier chapitre de son homélie que Frère Tariq révèle le fond de sa pensée, celle-ci n’étant jamais que le médium d’une pensée plus globale, n’en doutons pas un instant :

‘’ Enfermés jusqu’à l’étouffement dans les débats aussi passionnés que stériles autour de qui est Français, qui est British, on n’entend plus les revendications sociales légitimes de citoyens désormais français et brittaniques. Leur violence, usant de moyens illégitimes, est une réaction, malheureusement compréhensible face à cette surdité : à force d’imposer un faux débat sur l’intégration pour éviter le vrai débat sur l’égalité des chances et le partage des pouvoirs, on récolte ce que certains semblent machiavéliquement désirer : stigmatiser des appartenances, entretenir la peur, monopoliser et pérenniser leur pouvoir symbolique autant qu’économique et politique.

L’histoire leur apprendra, bon gré, mal gré, à partager ‘’

Le cœur du débat, ici, contredisant l’approche sociale de l’ensemble du texte, dont on se rend bien compte qu’il n’est qu’un leurre, est signifié dans l’emploi par deux fois du mot partage, associé au concept du pouvoir. Celui-ci étant de trois ordres, symbolique, économique et politique.

Territoires disputés ?

Ainsi que certains chroniqueurs l’ont baptisé, avec justesse, l’intifada des banlieues ne recèle-t-elle pas, dans son essence, la menace grandissante sur l’unité territoriale des nations européennes ?
Nous connaissons les tentatives, certaines d’entre elles couronnées de succès, de l’islamisme, afin de contraindre les gouvernements occidentaux à se décharger de la gestion des citoyens d’origine musulmane.
La réislamisation par le bas n’en serait que plus facilitée si les influences extérieures, de l’école laïque, de la diversité d’opinion vis-à-vis du fait religieux, perdaient de leur audience.
L’épreuve de force ne fait que commencer, ainsi que Frère Tariq nous en informe en son épître, ce qui est islamiquement correct.

L’enjeu est bien la gestion et l’administration de populations, qui reviennent, de droit islamique, aux autorités dites compétentes.

En langage commun, on appelle cela des enclaves.
De la disputation des territoires et de la faculté de la République à reconquérir ceux qu’elle a, en partie abandonné, se joue, n’en doutons pas, le visage et le sort de la France de demain.



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