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Quand le Président de la République se trompe
David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 15 juillet 2006
dernière modification le 16 juillet 2006

Au cours de sa traditionnelle interview télévisée du 14 juillet, le Président Jacques Chirac, après avoir - après d’autres - qualifié de disproportionnée la réaction israélienne au Liban, a cru devoir, également, dénoncer « une volonté de détruire le Liban ».

Or, contrairement à l’impression, qui se dégage du sous-titre (« Jacques Chirac a critiqué Israël et le Hezbollah, mais aussi la Syrie et l’Iran ») que Le Figaro du 15 juillet (p. 8) donne sous ce titre, il n’est pas du tout certain que cette constatation visait la Syrie ou l’Iran, mais bien Israël.

En effet, le président Chirac a, de fait, déclaré : « On peut se demander s’il n’y a pas une volonté de détruire le Liban, ses équipements, ses routes, ses communications, son énergie, son aérodrome et pourquoi ? ».

Or, il n’y a jamais eu, à proprement parler, de conflit entre Israël et son voisin du nord et jusqu’à ce que l’OLP transforme, dans les années 70, le Sud-Liban en Fatahland, la frontière israélo-libanaise était appelée la « bonne frontière ».

La situation change à partir du moment où un groupe terroriste, représenté par deux ministres au sein du gouvernement libanais, reconnaît être en « guerre ouverte » avec Israël.

Sans être un stratège militaire, nous pensons qu’au même titre que l’ International Herald Tribune du 14 juillet (p.6) admet que les frappes aériennes sur les ponts dans la Bande de Gaza se justifiaient pour empêcher les mouvements des kidnappeurs du Hamas, nous pensons que le type d’opérations menées au Liban relève de la même stratégie, à l’égard du Hezbollah.

La description apocalyptique du président français est quelque peu excessive pour ne prendre que le simple exemple de l’aéroport de Beyrouth, dont seules les pistes ont été endommagées, mais non le terminal.

Le blocus aérien et naval se justifie par le souci d’empêcher l’acheminement d’armes de plus en plus sophistiquées, comme le prouvent l’attaque de navires israéliens ou l’extension de la portée des roquettes de plus en plus profondément en territoire israélien.

Une fois de plus, alors qu’Israël doit faire face, comme en 1973, à un double front, au sud et au nord, la position de la France apparaît déséquilibrée.

La preuve, encore, lors des débats au Conseil de sécurité de l’ONU.

Jeudi 13 juillet, la voix de la France aurait pu permettre l’adoption d’une résolution condamnant, de fait, Israël, la majorité requise de 10 voix étant, grâce à elle, atteinte.

Il a fallu le soutien à Israël des Etats-Unis, exerçant leur droit de veto, pour que le texte, jugé déséquilibré, ne soit pas adopté.

Notons l’attitude de « cavalier seul » de la France, par rapport à ses partenaires de l’Union européenne, également membres du Conseil de sécurité (Royaume Uni, Danemark et Slovaquie), qui eux se sont abstenus (comme le Pérou d’ailleurs).

Contrairement à ce qu’a pu affirmer - certainement sur instruction du Quai d’Orsay - Jean-Marc de la Sablière, représentant de la France au Conseil de sécurité, qu’il préside d’ailleurs durant le mois de juillet, la question de Gaza et celle du Liban ne sont pas distinctes et doivent être placées sur le même plan et cela pour deux raisons.

Tout d’abord la réaction israélienne tant au sud qu’au nord s’explique par une situation identique : l’enlèvement de soldats israéliens et le lancement de roquettes (certes plus perfectionnées au nord).

D’autre part, et surtout, les auteurs de ces agissements, le Hamas, au sud, et le Hezbollah au nord agissent grâce aux mêmes soutiens : ceux de la Syrie et de l’Iran.

Sans le soutien logistique et le financement de ces deux pays, ces deux organisations terroristes ne seraient pas en mesure de se livrer à ces provocations, auxquelles Israël est en droit de réagir au nom de la légitime défense..

Certes, les pertes civiles sont plus importantes du côté libanais que du côté israélien, mais une fois de plus c’est la même question : « A qui la faute ? ».

Il est, évidemment, de bonne guerre pour des bandes armées ne relevant pas formellement des conventions et des protocoles de Genève de prendre, en quelque sorte, les populations civiles avoisinantes en otages, en s’installant dans leur voisinage.

Et lorsqu’on parle de « réaction disproportionnée », on se devrait, pourtant, de prendre en compte les efforts que doivent faire les militaires israéliens pour limiter, malgré leur supériorité incontestable, l’ampleur des victimes collatérales du conflit.

Comparées aux actions entreprises durant la seconde guerre mondiale, imagine-t-on le nombre de victimes que des tirs imprécis de missiles sol-sol ou air-sol, pourraient occasionner dans le camp adverse.

Malheureusement, il n’y a pas qu’Israël qui est victime d’incompréhension. Il en est de même de la communauté juive.

Nous en voulons pour preuve l’arrêt rendu par la Cour de cassation, le 12 juillet, qui, casse l’arrêt de la Cour d’appel de Versailles du 26 mai 2005, condamnant le sociologue Edgar Morin, le député européen Sami Naïr et l’écrivain Danièle Sallenave pour avoir publié un point de vue intitulé « Israël-Palestine : le cancer » dans Le Monde du 4 juin 2002

Acquittés par le Tribunal de Paris (v. « Ce que l’on a le droit de dire des Juifs »), la Cour d’appel avait, elle, à la demande de France-Israël et d’Avocats sans frontières, considéré que deux passages, en particulier, constituaient le délit de diffamation raciale.

Très « obligeamment », Le Monde du 14 juillet reproduit, partiellement, ces deux passages : « On a peine à imaginer qu’une nation de fugitifs, issue du peuple le plus persécuté de l’histoire de l’humanité.....soit capable de se transformer en deux générations en peuple dominateur et sûr de lui et, à l’exception d’une admirable minorité, en peuple méprisant ayant satisfaction à humilier ».

Et, par ailleurs, les auteurs de ce pamphlet ajoutaient : « Les juifs d’Israël, descendants des victimes d’un apartheid nommé ghetto, ghettoïsent les Palestiniens. Les juifs, qui furent humiliés, méprisés, persécutés, humilient, méprisent, persécutent les Palestiniens ».

Mais, malencontreusement, Le Monde omet la suite de ce dernier passage : « Les juifs qui furent victimes d’un ordre impitoyable imposent leur ordre impitoyable aux Palestiniens. Les juifs victimes de l’inhumanité montrent une terrible inhumanité ».`

Mais, après tout, peu importe, puisque la Haute juridiction, qui a eu connaissance de l’intégralité de l’article, considère que le texte en question est « l’expression d’une opinion, qui relève du seul débat d’idées ».

Il ne reste plus qu’à expliquer aux futures victimes d’agressions antisémites, provoquées par ce genre de propos, qu’elles ne sont victimes que d’un « débat d’idées ».



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