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Pris en otage. Pourquoi l’attaque d’Israël sur Gaza ne suffit pas.
Par Yossi Klein Halevi - Jewish World Review - Adaptation française de Simon Pilczer, volontaire de l’IHC
Article mis en ligne le 29 juin 2006

Quelles sont les nouvelles ? Nous demandons-nous, et chacun comprend que la question concerne Gilad Shalit, le soldat israélien capturé par le Hamas. Bien que le vieil Israël socialiste soit à peine un souvenir, en temps de crise, nous redevenons collectivistes.

Rien ne provoque davantage l’unité des Israéliens dans l’indignation que la prise d’otages. La semaine prochaine, le 4 juillet, Israël marquera le treizième anniversaire de l’opération Entebbé qui permit de libérer plus de cent otages Israéliens, et peu de choses ont changé depuis lors dans l’éthique nationale du secours. Le dernier idéal sioniste toujours partagé par la majorité des Israéliens est la détermination à ne pas se laisser faire. Un soldat israélien détenu en otage est un outrage à la promesse sioniste d’autodéfense, et un rappel insupportable de la vulnérabilité juive.

Notre obsession à l’égard des otages est une faiblesse tactique mais une force stratégique. Il offre aux terroristes un avantage psychologique stupéfiant : avec un seul kidnapping au hasard, ils tiennent toute une société émotionnellement en otage. Stratégiquement cependant, la prise d’otage ne fait que renforcer la résolution israélienne.

Et la résolution est précisément ce que le public attend maintenant de son gouvernement. Jusqu’à présent, le Premier Ministre Ehud Olmert a bien répondu. Il a commencé par émettre deux recommandations politiques pour traiter la crise de l’otage. La première est que Israël ne négociera pas la libération de Gilad et n’échangera pas de prisonniers. La seconde est que les chefs du Hamas - « politiques » aussi bien que « militaires » - seront tenus pour personnellement responsables du sort de Gilad.

Si le gouvernement d’Olmert espère maintenir sa crédibilité parmi les Israéliens, il doit s’en tenir à ces deux principes.

Dans les mois récents, le public a de plus en plus perdu ses illusions, à cause l’échec du gouvernement pour répondre de façon adéquate aux attaques de roquettes presque quotidiennes sur les villes et villages israéliens, en particulier Sderot. Même les attaques de roquettes katioushas du Hezbollah sur la ville de Kiryat Shmona au Nord, au début des années 1980, se produisaient par vagues, avec des périodes de répit entre elles. Dans les dix mois depuis le retrait israélien de Gaza au contraire, Sderot a à peine connu un seul jour de paix.

Après le retrait, les Israéliens s’attendaient à ce que le gouvernement applique une politique de tolérance zéro à l’encontre des attaques palestiniennes émanant de Gaza, même pour des attaques ne provoquant pas de morts. A la place, le gouvernement a répondu de façon irrégulière, ignorant souvent les attaques de roquettes ne provoquant pas de dommage.

Beaucoup d’Israéliens considèrent le raid du Hamas sur un poste militaire israélien à l’intérieur des frontières de 1967 comme la résultante d’une faiblesse que Israël a prévue. Dans la colonne de lettres au quotidien ’Maariv’ d’hier par exemple, le consensus sur une ligne dure était presque unanime. « Nous vous l’avions bien dit » écrivait un lecteur qui se positionnait lui-même à « Droite ». « Pourquoi Israël n’a-t-il pas coupé l’eau et l’électricité à Gaza ? » demandait un autre lecteur. « Assez de paroles, il est temps d’agir », insistait un troisième.

Cette perception de faiblesse pourrait avoir des conséquences intérieures de longue portée. Les prémisses du parti centriste d’Olmert, Kadima, sont qu’une approche belliciste de la sécurité convaincra les Israéliens d’exécuter une politique pacifiste pour le territoire. Etant donné le précédent de Sderot cependant, Olmert ne parvient pas à soutenir cette doctrine centriste. Pour que Olmert gagne l’accord du public pour un autre retrait unilatéral, il doit commencer par prouver qu’il est capable de défendre Tel Aviv contre des roquettes palestiniennes. Et l’endroit où il faut commencer à convaincre les Israéliens est Gaza.

L’invasion militaire de Gaza qui a commencé la nuit dernière, et dont l’objectif est d’encercler la zone où Gilad est présumé détenu, doit seulement être une première étape. Une invasion brève, « une démonstration de force », n’est sûrement pas adéquate. Au lieu de cela, Israël doit reprendre sa politique de ciblage systématique des chefs du Hamas, exactement comme il l’a fait il y a plusieurs années, avec comme point culminant l’assassinat du cheikh Yassin. Cette politique a entrainé la plupart des gens du Hamas profondément sous terre, et a conduit au cessez-le-feu entre Israël et l’Autorité Palestinienne.

Reprendre les assassinats contre l’échelon politique du Hamas est, bien sûr, une déclaration de guerre contre le régime du Hamas. Mais étant donnée son autorisation officielle au kidnapping, le Hamas a déjà déclaré la guerre contre Israël. L’adoption par le Hamas des tactiques d’al Qaïda en Irak ne constitue pas une surprise. Après l’élimination de Zarqaoui, le Hamas a fait une déclaration pleurant sa mort et pressant pour la poursuite de la « résistance », faisant ainsi du régime du Hamas le seul gouvernement ouvertement en faveur d’al Qaïda. Malheureusement, les média internationaux ont manqué la signification de son importance.

La défaillance dans le jugement des média vaut d’être rappelée dans les jours à venir, quand beaucoup de média présenteront le « document des prisonniers » - un ensemble d’exigences esquissées par des membres du Hamas et du Fatah emprisonnés en Israël - comme une concession historique du Hamas, offrant une reconnaissance « tacite » d’Israël. En fait, le document ne comprend rien de tel. Nulle part le document ne reconnaît le droit d’Israël à l’existence. Au lieu de cela, il appelle au retrait israélien sur les frontières de 1967, suivi par le « droit » des réfugiés palestiniens à se réinstaller en Israël, et à submerger démographiquement l’Etat juif. Le document des prisonniers, en d’autres mots, est un plan pour la destruction par phases d’Israël - exactement ce pourquoi le Hamas peut y adhérer.

En conduisant sur l’autoroute Jérusalem - Tel Aviv, j’ai lu le graffiti : « Olmert, gadol alech’a » - ce qui se traduit en gros par : « Olmert, la tâche est plus grande que toi ». Pour qu’Olmert dissipe cette suspicion grandissante chez les israéliens, il doit s’engager lui-même dans la destruction du régime du Hamas. Tôt ou tard, Israël n’aura pas d’autre choix que cette politique. La seule question qui se pose est de savoir si Olmert sera encore Premier Ministre quand cela adviendra.


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