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Pourquoi ce procès d’intention ?
Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 24 juin 2009

« L’improbable Etat palestinien de Benyamin Netanyahou », tel est le titre de l’article du correspondant à Jérusalem du journal Le Monde, dans le numéro daté du 25 juin. Compte tenu de ses précédentes prises de position, il est, certes, vraisemblable que le nouveau Premier ministre israélien n’a pas, de gaîté de cœur, évoqué, dans son discours à l’Université Bar-Ilan, le 14 juin dernier, « une solution prévoyant l’existence d’un Etat palestinien démilitarisé aux côtés de l’Etat juif ».

Mais, nous voudrions, immédiatement, souligner l’étrangeté de certaines formules également utilisées par Benjamin Netanyahou.

Tout d’abord, il a également dit que « dans cette patrie vit une grande communauté palestinienne » et précisé : « nous ne souhaitons ni les dominer, ni régir leur existence, pas plus que leur imposer notre drapeau et notre culture » (souligné par nous).

Or, sauf erreur de notre part, le drapeau israélien est le drapeau de tous les citoyens israéliens, qu’ils soient juifs, musulmans, chrétiens ou autres.

Il a poursuivi en déclarant que « dans ma perception de la paix, dans ce petit pays qui est le nôtre, deux peuples vivent librement, côte à côte, dans la concorde et le respect mutuel ».

Ce qui est effectivement le cas de la communauté arabe israélienne (environ 20% de la population de l’Etat), si l’on met à part quelques incidents, notamment ceux survenus dans les premiers jours de la seconde Intifada en septembre 2000, qui se traduisirent par la mort de 13 Arabes israéliens.

Mais, ce qui est troublant, c’est que Benjamin Netanyahou poursuit, à nouveau : « chacun possède son drapeau, son hymne national, son propre gouvernement » (souligné par nous).

Alors, là nous ne comprenons plus……

Mais, revenons en au « geste » accompli par le Premier ministre israélien, qui a donc, expressément, admis l’idée de deux Etats.

Ce ne serait, pourtant, pas la première fois qu’un Premier ministre israélien est amené à se rallier à une solution de raison, très éloignée de ses conceptions idéologiques : les exemples de Menahem Begin et d’Ariel Sharon en témoignent.

Ces deux prédécesseurs ne se sont d’ailleurs pas contentés de changer d’opinion, ils ont, également, eu le courage de mettre leurs actes en harmonie avec leurs paroles, ainsi qu’en attestent l’évacuation du Sinaï, en 1979 et de la Bande de Gaza, en 2005.

Alors, pourquoi tant de mauvaise foi, comme en témoigne une accumulation de contrevérités, dans l’article recensé ?

« Démilitarisé, sans contrôle de ses frontières, de son espace aérien ni de ses ressources, sans la liberté de nouer des alliances ».

Mis à part, la première condition, parfaitement légitime, effectivement énoncée dans le discours en question, on chercherait vainement, dans le reste du discours ces autres conditions, du moins telles que les présente Michel Bôle-Richard.

S’agissant de la démilitarisation tout d’abord, il faut rappeler que l’Egypte a admis, dans le traité de paix de 1979, la démilitarisation du Sinaï, qui constitue une partie importante de son territoire.

Et nul n’a, pourtant, mis en doute l’intangibilité de la souveraineté de principe de l’Egypte.

Mais, on ne peut pas comparer les superficies respectives de l’Egypte et celle du futur Etat palestinien, de telle sorte que pour garantir, autant que faire se peut, la sécurité d’Israël, la totalité du territoire du futur Etat palestinien devra être démilitarisée.

Mais, là encore cette modalité n’est pas de nature à affecter la souveraineté du futur Etat.

Quand Michel Bôle-Richard évoque l’absence de « contrôle de ses frontières » par le futur Etat palestinien, de fait, c’est une dénaturation du passage du discours du leader israélien, qui évoquait, à juste titre, des « moyens efficaces de sécurité destinés à empêcher le trafic d’armes sur son territoire – un véritable contrôle de ces mesures : et non ce qui se passe à Gaza à l’heure actuelle » (souligné par nous).

Et le fait que le futur Etat palestinien ne puisse pas contrôler son espace aérien, ainsi que l’interdiction de conclure des accords militaires avec d’autres pays, formules également utilisées par Benjamin Netanyahou, se rattachent également au souci d’assurer la sécurité d’Israël.

En quelque sorte, l’Etat palestinien serait tenu à un statut de neutralité, comme l’ a été l’Autriche, en 1955, comme condition de la signature du « traité d’Etat » équivalent d’un traité de paix avec ce pays.

S’agissant de la condition relative à la « reconnaissance de l’Etat juif », cette formule ne se trouve pas dans le discours du 14 juin : il y est question – à plusieurs reprises - de la reconnaissance qu’ « Israël est la patrie du peuple juif », ce qui correspond, parfaitement, au plan de partage de la Palestine, adopté par les Nations Unies, en 1947.

C’est de façon tout à fait abusive que le journaliste du Monde prétend que le Premier ministre israélien veut obliger « le 1,5 million de Palestiniens d’Israël, soit 20% de la population (à) renoncer à sa spécificité et se plier à la « volonté étatico-religieuse ».

Au même titre que les Nations Unies avaient recommandé – et ce qu’avaient accepté les habitants du Yichouv – la création d’un Etat arabe, c’est à dire un Etat pour les habitants arabes, et non pas nécessairement, un Etat musulman, de la même façon, il était admis que les Juifs auraient leur Etat, sans pour autant faire de celui-ci un Etat théocratique juif.

Et lorsque le correspond du Monde dit qu’ « il n’est pas non plus question de transiger sur le droit de retour », il omet de relever que le Premier ministre israélien a, en effet, estimé que « le problème posé par les réfugiés doit être résolu hors des confins israéliens » c’est précisément parce qu’Israël a vocation à être « la patrie du peuple juif ».

Benjamin Netanyahou n’est évidemment pas rentré dans le détail du règlement de cette question et il est tout à fait inexact de soutenir que, comme le fait le journaliste français, « il n’y aura pas….. d’indemnisation, ni de possibilité de réintégration ».

Les dirigeants israéliens ont toujours admis que la question des réfugiés devait se régler sous l’angle financier, dans un cadre international, qui prendrait également en compte les réfugiés juifs des Etats arabes.

Et par ailleurs, il n’a jamais été exclu que dans certains cas, un vrai « retour » (c’est à dire pour des gens ayant effectivement quitté le futur territoire d’Israël et non pour de lointains descendants), pourrait être envisagé.

Reste, nous le reconnaissons, un dernier point, qui ne fait pas seulement problème entre Israël et les Palestiniens, mais également entre Israël et ses alliés, notamment les Etats-Unis, à savoir la poursuite de la « colonisation », qui rendrait de plus en plus difficile l’établissement d’un Etat palestinien viable.

Mais pour le journaliste français ce n’était qu’un grief supplémentaire, qui, selon nous s’ajoutait, à des reproches totalement injustifiés.

Et ce sont ces reproches que nous entendions réfuter aujourd’hui.



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