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Lettre envoyée d’un camp de réfugiés Juifs
Bernard Edinger (Membre du MJLF, correspondant de l’Agence Reuters en Israël pendant dix ans..
Article mis en ligne le 11 août 2006

... Dites à vos amis que s’ils veulent aider, qu’ils contribuent en France à l’Appel Unifié (AUJF, 39 rue Broca, 75005 Paris). Nous avons besoin de leur argent et nous avons aussi besoin de leur soutien moral...

Chers amis,

Je suppose que vous avez récemment vu de nombreuses actualités télévisées montrant des Musulmans chiites libanais fuyant leurs villages. Je suis en ce moment à Tel-Aviv et je vois aussi les chaînes de télévision des pays occidentaux. La couverture du drame humain qui se déroule au Liban est très complète sur le plan des images. Toutefois, j’ai l’impression que les explications qui accompagnent ces images sont extrêmement limitées. Elles n’expliquent pas que cette guerre a été initiée par le Hezbollah qui est l’expression même de la volonté politique de la population chiite comme les réfugiés le déclarent eux-mêmes chaque fois qu’une caméra de télévision est à leur portée.

Ce que vous ne savez peut-être pas c’est qu’il existe d’autres réfugiés. Ruth Yaron, haute fonctionnaire israélienne (et ancienne porte-parole de Tsahal ayant le grade de général de brigade) est aujourd’hui temporairement conseillère des autorités civiles de la région de Haïfa.

Elle m’a dit hier que le nombre de civils israéliens qui ont dû abandonner leurs domiciles à la suite des tirs de plus de 3 000 missiles fournies par l’Iran, état qui nie l’Holocauste et le droit à l’existence d’Israël et qui cherche à être une puissance nucléaire, est de UN DEMI MILLION !

Vous avez bien lu. Quelque 500 000 Juifs ont fui le nord d’Israël, laissant sur place environ 1.4 millions de personnes qui vivent entièrement, ou partiellement, dans des abris souterrains peu ventilés et dans une chaleur suffocante.

Toute activité économique dans la région, c’est-à-dire sur un tiers du territoire israélien, est entièrement arrêtée. Haïfa, la capitale régionale, a perdu le tiers de sa population tandis que des villes comme Nahariya et Kiriyat Shmona sont quasiment vides, ayant perdu au moins les deux tiers de leurs habitants. Aux dernières nouvelles, les autorités auraient décidé d’évacuer totalement Kiriyat Shmona. C’est la première fois qu’une ville ou un village israélien est évacué sous le feu depuis 1948. De nombreux villages frontaliers comme Avivim sont déjà vides de leurs habitants.

Comme Israël est une société très solidaire, nombre de ceux qui ont dû fuir ont trouvé refuge chez des parents ou amis habitants des régions d’Israël qui ne sont pas (tout du moins pas encore) sous le feu des armes fournies par l’Iran et la Syrie. D’autres remplissent des hôtels qui offrent de larges réductions. Des kibboutz ont ouverts leurs portes aux familles et l’Agence Juive a créé une douzaine de camps d’été d’urgence pour des milliers d’enfants évacués du Nord. D’autres camps doivent encore ouvrir mais les fonds manquent et Israël attend impatiemment le résultat des collectes d’urgence conduites dans la Diaspora et parmi les amis d’Israël. (De retour à Paris, je suis effaré d’apprendre qu’en trois semaines, l’AUJF, organe de collecte principal parmi les 600 000 Juifs de France n’a reçu qu’un peu plus de 8 000 chèques).

Veuillez noter, en passant, que les fusées Katiouchas que fuient les civils israéliens ne sont pas destinées à détruire des rampes de lancements de missiles ou des ponts par où passent les armes. Au Liban, ces cibles sont pilonnées par des bombes israéliennes qui ont, il est vrai, tué des centaines de civils au milieu desquels se cachent le Hezbollah pour envoyer ses roquettes sur les villes d’Israël. Les Katiouchas, remplies de clous acérés et de billes métalliques, ont un seul but : tuer, de préférence des civils, et de préférence des Juifs bien que des Arabes israéliens en ont également été victimes.

Certains des Juifs les plus pauvres qui ont quitté le Nord ont été rassemblés dans un véritable camp de réfugiés à Nitzanim, une plage au sud de Tel-Aviv. Là, quelque 6.000 personnes vivent dans des tentes géantes où ils s’entassent à 200 par tente, dormant côte à côte sur des matelas de mousse, sans aucune intimité.

Ils sont nourris, leurs enfants sont occupés, mais ces personnes sont profondément choquées et anxieuses ayant souvent fui leurs habitations avec tout juste leurs vêtements sur le dos.

“Ceci est un camp de réfugiés. Il y a ceux qui ont peur de prononcer le mot mais moi je n’ai pas cette pudeur mal placée », explique Arkady Gaydamak, le multimillionnaire d’origine juive russe qui a créé ce camp et le finance de sa poche au coût d’un demi million de dollars par jour !

Gaydamak n’a pas une réputation entièrement positive en Israël où certains le considèrent comme un brasseur d’affaires véreux. Mais à Nitzanim, et de plus en plus parmi les plus pauvres en Israël, Gaydamak est une demi-dieu. « Pourquoi est-ce que je fais ceci ? mais par solidarité juive », m’a-t-il déclaré.

Lors de mon séjour de huit jours en Israël, j’ai également visité un village de jeunes qui abrite plusieurs centaines d’enfants immigrés juifs éthiopiens âgés de 10 à 18 ans. Leur centre d’absorption à Safed a dû être évacué après avoir été frappé de plein fouet par une fusée.

Cet après-midi, au coin d’une rue du quartier résidentiel calme de Tel-Aviv où je réside chez des amis, plusieurs dizaines de réservistes vêtus de kaki se sont rassemblés afin d’embarquer dans des bus qui les emmènent au Liban. Après les avoir pris en photo, je suis remonté chez moi pour entendre un flash télévisé annonçant que douze autres réservistes, certains âgés de plus de 40 ans, venaient d’être tués par une Katioucha tombée directement sur un point de rassemblement à la frontière libanaise. Ils laissent un nombre effrayant de veuves et d’enfants. Un des tués, lui-même père de trois enfants dont un de moins d’un an, était le fils d’un réserviste tombé lors de la guerre des six jours en 1967.

Les journaux sont pleins de photos de civils tués par des roquettes et de jeune soldats tombés au Liban. Parmi ces dernier, Or Shahar - qui aurait eu 21 ans aujourd’hui - du kibboutz Yad Mordechaï. Son grand-père a été tué en 1948 en défendant ce lieu légendaire nommé après Mordechaï Anielewicz, chef des combattants du ghetto de Varsovie. Yad Mordechaï est aujourd’hui sous le feu quotidien des fusées tirées de la bande de Gaza toute proche.

Voilà. Israël aujourd’hui c’est tout ça même si vos chaînes de télévision ne le montrent pas.

Vous voulez aider ?

Nahum Katz, le directeur du village qui a recueilli les centaines de jeunes Ethiopiens m’a dit :

« Je n’ai pas peur de l’admettre. Je suis un « schnorrer » permanent. Nous avons besoin d’argent pour nourrir ces enfants, les habiller et les éduquer. Dites à vos amis que s’ils veulent aider, qu’ils contribuent en France à l’Appel Unifié (AUJF, 39 rue Broca, 75005 Paris). Nous avons besoin de leur argent et nous avons aussi besoin de leur soutien moral. »



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