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Les 40 ans de la réunification de Jérusalem et la mémoire de Teddy Kollek
Nathalie Szerman © Israël Magazine
Article mis en ligne le 5 juillet 2007

Teddy Kollek, le maire de la réunification de Jérusalem, est décédé cette année, l’année anniversaire des quarante ans de Jérusalem, ce qui a conduit à la révélation choc de sa collaboration avec les forces britanniques contre l’Irgoun dans les années 1940. Ayant aligné six mandats en tant que maire de Jérusalem et bénéficié d’une confiance et d’une estime inégalées, Teddy Kollek était aussi l’informateur des Britanniques. Quel regard porter sur lui quarante ans plus tard ?

Spectacles de rue à Jérusalem

Plusieurs manifestations artistiques de rue ont été organisées à l’occasion des 40 ans de la réunification de Jérusalem, au printemps 2007. Comme chaque année, des spectacles de musique et de danse sur les grandes places du centre ville ont été donnés par de jeunes artistes. Dans l’après-midi précédant la soirée de fête, les classiques jus d’orange pressés étaient offerts gratuitement aux passants, tandis que les haut parleurs diffusaient des chansons israéliennes sur Jérusalem, telle l’indémodable « Yerouchalaïm chel zahav » (Jérusalem d’or), mais aussi des chansons de groupes israéliens modernes. Des drapeaux d’Israël flambant neuf flottaient au vent.

Une exposition en l’honneur de Teddy Kollek

En parallèle, des initiatives plus discrètes, mais non moins importantes, ont été soigneusement orchestrées. Dans la galerie municipale de Jérusalem, le maire de la ville, Ouri Lupoliansky, inaugurait une exposition de toiles représentant l’ancien maire Teddy Kollek, à différents âges de la vie, toutes réalisées par des artistes de renommée. L’une d’entre elles était signée du franco-israélien David Soussana, conseiller artistique du maire et directeur de la galerie municipale de Jérusalem. Une statue grandeur nature de l’ancien maire, à l’allure imposante et sévère, trônait au milieu des tableaux.

Ouri Lupoliansky a prononcé un discours bref et élogieux sur Teddy Kollek : « Teddy n’est plus avec nous, mais son esprit ne quittera jamais Jérusalem. Ce qu’il a planté pousse et continuera de pousser et de donner des fruits, glorifiant le nom de Jérusalem et d’Israël dans la Diaspora. Ce n’est pas un hasard si nous présentons cette exposition dans la galerie municipale de la ville, qui a été ouverte en 1980 par l’artiste David Soussana, sur l’initiative et avec le soutien de Teddy Kollek. » En effet, Teddy Kollek est connu pour avoir encouragé les activités artistiques et culturelles de la ville et avoir dit que « la puissance militaire ne suffit pas à faire de Jérusalem une ville forte. » Terminé son discours, Ouri Lupoliansky est reparti illico presto pour la mairie, sans s’attarder ni sur les peintures, ni sur le buffet.

Au-delà de l’aspect culturel de cet événement, auquel ont participé de nombreuses personnalités, dont Osnat Kollek-Sachs et le grand peintre israélien Motke Blum, on peut se demander pourquoi une exposition en l’honneur de Teddy Kollek, et pourquoi à l’occasion des 40 ans de la réunification de Jérusalem.

Teddy Kollek, le maire de la réunification et de la construction de Jérusalem

Maire de 1965 à 1993, Teddy Kollek l’était donc en 1967, année de la réunification de Jérusalem. Véritablement aimé et respecté de ses contemporains, il a été réélu cinq fois, avant de perdre face au candidat du Likoud Ehoud Olmert, en 1993. Ayant supervisé la modernisation fulgurante de Jérusalem après la réunification de la ville, il a été qualifié de « plus grand bâtisseur de Jérusalem depuis Hérode ».

Le journaliste Abraham Rabinovitch, qui a fait la connaissance de Teddy Kollek en 1967 et qui est resté en contact avec lui par la suite, raconte dans le Jérusalem Post [ndlr : version anglaise, 3 janvier 2007] comment chaque jour à 6h30, Teddy Kollek faisait le tour des quartiers de la ville avec son chauffeur, prenant des notes sur les problèmes à régler, comme les panneaux manquants, les terrains vagues en manque de verdure. Ces notes se trouvaient à 7h30 sur le bureau de sa secrétaire, prêtes à être transmises aux autorités compétentes. Et, ajoute Rabinovitch, « gare à ceux qui ne remédiaient pas aux problèmes dans les jours qui suivaient ! »

Teddy Kollek, informateur des services secrets britanniques

Et pourtant, même les grands hommes ont leurs travers. En effet, cette exposition était aussi, indéniablement, une façon de réhabiliter la mémoire un peu salie de Kollek, depuis la publication dans le quotidien israélien Haaretz et sur Ynet de révélations choc : dans les années 1940, Teddy Kollek a prêté main forte aux forces britanniques qui luttaient contre les groupes sionistes clandestins de droite, l’Irgoun et le Groupe Stern. Il a ainsi fourni aux services de renseignements britanniques de précieuses informations sur les activités de ces groupes clandestins. Mais ce n’est pas tout : Teddy Kollek a aidé à la capture de l’un des activistes les plus recherchés de l’Irgoun, Menahem Begin, qui a dirigé l’organisation de 1944 à 1948. Il a permis l’arrestation de dizaines de militants de l’Irgoun et du groupe Stern, la confiscation de leurs armes, et a en outre contrecarré des offensives contre les intérêts britanniques en Palestine. Cette collaboration avec les britanniques s’est poursuivie dans le cadre de l’Agence juive, inquiétée par les manÅ“uvres de l’Irgoun.

Certains n’oublieront pas que c’est Kollek qui a révélé le lieu d’un camp d’entraînement secret de l’Irgoun, dans un immeuble abandonné de Binyamina, ce qui a conduit à une descente des forces britanniques en ce lieu et à l’arrestation de 27 membres de l’Irgoun en une seule fois, dont trois femmes et plusieurs têtes de l’organisation.

Sur la demande du ministère israélien des Affaires étrangères, cette affaire a été tenue secrète jusqu’au décès de Teddy Kollek, le 2 janvier 2007. Kollek lui-même n’a jamais reconnu avoir Å“uvré activement contre l’Irgoun ou tout autre groupe sioniste clandestin, se contentant d’écrire dans ses mémoires qu’il était « contre la violence de l’Irgoun et du Groupe Stern. »

Grand homme ou politicien machiavélique ? Chacun tranchera en son âme et conscience... ou évitera de trancher. En tout cas, nous lui devons cette petite phrase, qui garde toute son actualité : « Je crois que Jérusalem est un élément essentiel de l’histoire juive. Un corps peut être amputé d’un bras ou d’une jambe, mais pas du cÅ“ur. » [cité dans le New York Times, 2 janvier 2007]



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