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Le Premier ministre libanais : parolier et interprète
par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 20 juillet 2006
dernière modification le 21 juillet 2006

Il ne se passe pas de jours que Fouad Siniora ne donne sa version des événements, certes tragiques, que connaît son pays, mais version, qui ne correspond pas à la réalité.

C’est aujourd’hui, dans les colonnes du Figaro du 20 juillet, qu’en quelques sorte, « il fait la chanson et la chante ».

Nous n’aurons pas l’outrecuidance de répondre, nous-même, à l’argument, largement éculé, relatif à la « réaction disproportionnée » d’Israël.

B.H. Lévy y a répondu, avec le talent qu’on lui connaît, dans son Bloc-Notes, paru dans Le Point de cette semaine.

Nous passerons également sur le fait que le Premier ministre libanais évoquant « les problèmes qui ont conduit à cette situation catastrophique » évoque « en particulier la question des deux soldats israéliens aux mains du Hezbollah et des détenus libanais emprisonnés en Israël ».

Une fois encore, il apparaît normal à certains de placer sur le même plan un enlèvement de militaires par des « civils » déguisés et la détention officielle de personnes suspectées de porter atteinte à la sécurité d’un pays.

On peut comprendre la tristesse d’un Premier ministre devant la mort de concitoyens, mais de là à parler de « tueries contre nos femmes et nos enfants », c’est tout à fait hors de propos, même si des « témoins » complaisants, ayant trouvé les oreilles non moins complaisantes d’un député français, accusent l’armée israélienne de viser délibérément des civils.

De même, il serait risible, s’il n’ y avait la mort d’un certain nombre de personnes, tant du côté libanais que du côté israélien, de lire que « depuis une semaine, Israël a ouvert sur le Liban les portes à la folie et nous mène en enfer ».

Qu’en pensent les populations de Naharya, Haïfa, Metula, Safed, Tibériade, St Jean d’Acre, et même maintenant Nazareth ?

Accuser Israël de terrorisme d’Etat est une formule qu’on a souvent entendue dans la bouche de donneurs de leçons, alors que l’aviation israélienne prend soin de répandre, du haut des airs, des affichettes invitant les populations civiles à s’éloigner.

Une fois encore, le Premier ministre libanais s’obstine à nier l’évidence en accusant Israël d’occuper les « fermes de Chebaa », alors qu’il est reconnu, de l’avis même des Nations Unies, que ce petit territoire ne relève pas de la souveraineté libanaise, mais fait partie du Golan syrien.

On est surpris d’apprendre que « les Israéliens n’infligent pratiquement aucun dommage au Hezbollah. Le monde doit le savoir. Ils infligent des pertes aux civils libanais ».

Fouad Siniora semble bien renseigné sur le potentiel militaire du Hezbollah.

Il est vrai que deux membres de ce mouvement terroriste qui rêve de détruire Israël sont membres de son gouvernement.

Pauvres Libanais qui ne méritent certainement pas un Premier ministre aussi aveugle : « Pour nous la question essentielle est un retrait de nos territoires occupés, c’est à dire les fermes de Chebaa, ce n’est pas le désarmement du Hezbollah ».

On se demande, alors, véritablement pourquoi la communauté internationale, à l’exception de l’Iran et de la Syrie, a demandé, depuis des années, le désarmement de toutes les milices non-libanaises (v. résolution 1559 du Conseil de sécurité).

On reconnaîtra, au moins, au Premier ministre libanais le mérite de la franchise lorsqu’à la question : « Avez-vous demandé au Hezbollah de vous remettre les deux soldats israéliens ? », il répond, clairement : « Non ».

Autre rare vérité émise par Fouad Siniora, lorsqu’on l’interroge sur les rapports entretenus avec le Hezbollah, il répond « Ils nous ont mis dans le bourbier ».

Et s’il est vrai « qu’ils ne nous ont pas informés de leur action », qu’attend le Premier ministre pour exiger la démission des deux ministres du Hezbollah, dont l’un a même assisté à la réception de Dominique de Villepin, il y a quelques jours ?

C’est un peut court de se borner à dire : « Nous nous désolidarisons complètement de cette prise d’otages ».

Il n’y a guère que la conclusion de cette interview, qui devrait recueillir l’agrément des autorités israéliennes.

En effet, Fouad Siniora réclame l’« application de l’armistice de 1949 entre le Liban et Israël ».

Autrement dit le rétablissement de la « bonne frontière », qui existait entre les deux pays jusqu’au début des années 70, lorsque l’OLP, chassée des autres pays arabes voisins (Jordanie, Syrie) est venue s’implanter dans le sud-Liban.

N’oublions pas que le Hezbollah a, en quelque sorte, pris la suite de l’OLP et qu’il appartient, depuis des années, aux gouvernements libanais successifs d’assumer leurs responsabilités en exerçant leur autorité sur l’ensemble du territoire.

On ne voit pas en quoi une nouvelle force internationale pourrait aider le gouvernement libanais, alors que Jean Ghehenno, Secrétaire général adjoint des Nations Unies, responsable des opérations de maintien de la paix, reconnaît dans le même numéro du Figaro , que « l’ONU n’est pas équipée pour la coercition ».

Ce qu’il manque, depuis des années, c’est une volonté politique des Libanais d’assurer leur destin.

Et pour cela, la communauté internationale doit exercer des pressions adéquates (politiques et économiques) sur les Etats qui, comme l’Iran et la Syrie, s’immiscent dans les affaires intérieures libanaises, en soutenant, notamment, le Hezbollah qui constitue un Etat dans l’Etat, aux ordres d’Etats étrangers.



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