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Le Monde à la dérive au secours du Hamas
par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 21 avril 2008

Alors que le grand quotidien parisien du soir, aux prises avec de graves difficultés financières, a été, paralysé par une grève de ses journalistes, à deux reprises, la semaine dernière, l’éditorial, publié dans le numéro daté des 20-21 avril 2008, invite à « Parler avec le Hamas ».

A croire que Le Monde , repris par ses vieux démons de tiers-mondisme (ou plutôt deux tiers mondain et un tiers mondiste) cherche un support dans les milieux traditionnellement hostiles à Israël.

Comme nous l’avons déjà relevé, il y a quelques jours, ce n’est pas parce que l’ancien marchand de cacahuètes, également ancien président des Etats-Unis, Jimmy Carter, a eu des contacts, à Damas, avec le chef du Bureau politique du Hamas, qu’il est, nécessairement, sur la bonne voie. Et cela, surtout lorsqu’il véhicule des balivernes du genre : « le Hamas est prêt à reconnaître Israël si un accord de paix est conclu et approuvé par un referendum » (comme si la reconnaissance d’Israël, admise par l’OLP et son chef de l’époque, auquel a succédé Mahmoud Abbas, régulièrement élu, pouvait être remise en question....).

Certes, pour différentes raisons, dont la principale est l’incapacité du Fatah de Mahmoud Abbas à tirer les Palestiniens de la misère, non seulement par son incompétence, mais, aussi et surtout, par la corruption, qui le gangrène (comme en témoigne la découverte de 3 000 téléphones portables dans la voiture de l’un des adjoints de Mahmoud Abbas à un poste frontière), l’ancrage du Hamas, dans la société palestinienne, est une réalité.

Mais, cela ne signifie pas pour autant que la société internationale doive capituler contre ce que nous avons déjà considéré comme une dérive de l’idée de démocratie.

Evoquant les trois préalables posés, après la victoire des islamistes aux législatives de 2006 (renoncement à la lutte armée, acceptation des accords passés conclu entre l’OLP et Israël et reconnaissance d’Israël) l’éditorial du Monde considère que, ce faisant, « les Américains et les Européens ont fixé la barre très haut. Trop haut » (souligné par nous).

On croit rêver, si l’on se rappelle les conséquences de la lâcheté des grandes puissances démocratiques devant la montée en puissance du nazisme, avant la seconde guerre mondiale.

S’il est, certes, difficile de réécrire l’histoire, il est non moins certain que l’absence de réaction à la remilitarisation de la rive gauche du Rhin en 1936, la capitulation de Munich, en 1938, et l’Anschluss, l’année suivante, n’ont fait que renforcer la volonté d’hégémonie d’Hitler. La déclaration de guerre après l’invasion de la Pologne en 1939 s’est révélée beaucoup trop tardive, d’autant plus que l’Europe ne s’était pas préparée à une résurgence du militarisme allemand.

Heureusement qu’Israël se tient prêt, depuis 60 ans, à faire face contre vents et marées et s’il est vrai qu’un ministre israélien vient d’appeler à une prise de contact avec le Hamas, c’est qu’il n’a pas médité cette formule d’un ancien ministre français : « un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne ».

Les rédaction du Monde considère que « le blocage actuel exige au contraire des ambiguïté constructives, une inventivité et une flexibilité semblables à celles qui avaient permis à l’OLP de rompre progressivement avec une posture qui refusait à Israël le droit à l’existence ».

On serait tenté d’adhérer à cette façon de voir si, au lieu de condamner les Etats-Unis et l’Union européenne (et bien évidemment Israël), il s’agissait d’une invitation adressée au Hamas. Mais, il n’en est rien.

C’est toujours aux mêmes que l’on demande de faire des sacrifices, qui ne sont pas payés de retour : la preuve en est l’attitude d’Israël qui, s’efforce, autant que faire se peut, d’éviter une véritable crise humanitaire à Gaza (dont l’Egypte d’ailleurs se désintéresse) et qui, en retour, est payé par des attentats terroristes, la persistance de lancements de roquettes et, maintenant, l’utilisation de voitures piégées aux postes-frontières, sans parler de la persistance de la prise en otage de Guilad Shalit.

Le Hamas a beau jeu de répéter, comme il l’a, encore fait, vendredi dernier, que ce soldat sera immédiatement « relâché », si « Israël libère des prisonniers palestiniens ».

Or, de fait, Le Hamas a fait parvenir à Israël, par l’intermédiaire de l’Egypte, une liste de 450 prisonniers dont il réclame la libération en échange de Gilad Shalit, mais Israël a estimé que la plupart de ces militants avaient été impliqués dans des attaques meurtrières contre des Israéliens et ne pouvaient par conséquent être libérés.

A propos de la situation de ce militaire israélien, enlevé par des terroristes et non pas fait prisonnier au cours d’un combat entre forces armées régulières, Le Monde fait, lui aussi, preuve, dans ce même numéro, de ce que nous avons qualifié d’attitude indécente (www.desinfos.com/impression.php?id_article=8705).

Son correspondant à Jérusalem, Michel Bôle-Richard, rendant compte de la condamnation, par un tribunal militaire israélien, d’un franco-palestinien, auquel nous faisions référence à l’époque, à 7 ans de détention pour « complot », se complaît, en effet, à rappeler que l’Association France-Palestine solidarité (AFPS) s’était émue que sa situation n’ait jamais été évoquée, « alors que celle du soldat franco-israélien Guilad Shalit ...mobilise la diplomatie française ».

Comme si on peut comparer l’enlèvement d’un soldat avec quelqu’un qui avait procédé, avec deux complices, à des repérages et s’était procuré des armes en vue d’assassiner le chef spirituel du Shass, le rabbin Ovadia Yossef.

Il est trop facile, après que le projet a été éventé, de soutenir, comme le fait son avocate, Lea Tsemel, qu’il s’agissait d’ « une bravade » et « que rien ne prouve qu’il avait l’intention de passer à l’acte ». Si Ovadia Yossef avait été assassiné, comme ce fut le cas, il y a quelques années d’un ministre israélien, il eut été trop tard pour intervenir.

Bien évidemment, la France étant actuellement soumise à un régime ultra-présidentiel, l’AFPS a « décidé d’en appeler directement au président de la République, Nicolas Sarkozy, pour obtenir sa libération ».

Si maintenant le président français doit s’occuper de tous les Français régulièrement condamnés par des tribunaux étrangers, les journées de 24 heures ne lui suffiront plus.



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