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La sécurité d’Israël et les conditions de vie des Palestiniens
par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 31 mars 2008

Guysen.International.News a rapporté que « Condoleezza Rice attend d’Israël et de l’AP des mesures concrètes en matière de sécurité, d’économie et de qualité de vie ». Mais, la veille, ici même (www.desinfos.com/article.php?id_article=9644) Betty Dan relevait les statistiques suivantes, diffusées par l’Agence France Presse : « 84% de Palestiniens soutiennent l’attentat meurtrier perpétré le 6 mars contre une école talmudique à Jérusalem,

Selon un sondage publié le 26 mars 2008 par le Palestinian Center for Policy and Survey Research (PCPSR), 13% sont contre et 3% sont sans réponse. 67% des personnes interrogées affirment soutenir les attentats contre les civils en Israël, 31% y sont opposés et le reste sans réponse. 64% de Palestiniens soutiennent les tirs de roquettes depuis la bande de Gaza sur les localités israéliennes limitrophes contre 33% qui les désapprouvent ».

Dans ces conditions, ce n’est pas sans une parfaite mauvaise foi, car on ne peut penser qu’il ignore la situation, que le correspondant à Jérusalem du journal Le Monde , Benjamin Barthe, publiait, dans le numéro daté du 29 mars, un reportage sur une pleine page, intitulé « Israël, un gouvernement sous influence ». En effet, selon lui, « le comportement de l’armée israélienne n’a pas changé et les politiques restent sous l’emprise des militaires », alors que « les attaques palestiniennes sont de plus en plus rares » (p. 18).

Il n’est évidemment jamais venu à l’esprit de ce spécialiste des questions sécuritaires que si ces attaques ont, heureusement, diminué, cela est dû aux mesures prises par les autorités militaires.

Certes, selon certains, les quelques cinq cents et quelques barrages routiers qui existeraient, à l’heure actuelle, sont excessifs - d’ailleurs l’armée a décidé, d’ores et déjà, d’en supprimer une cinquantaine.

Mais avec la mentalité que traduisent les statistiques, complaisamment diffusées par l’AFP, on comprend mieux les précautions prises par les autorités israéliennes et leurs hésitations. A y renoncer.

En revanche, mais « c’est juste notre avis », il est difficilement admissible que les pouvoirs publics israéliens se refusent à faire respecter la loi, alors que des impératifs sécuritaires ne sont pas en jeu, bien au contraire : nous voulons parler du démantèlement des implantations illégales.

Et l’information suivant laquelle « au ministère de la Défense, on annonce l’évacuation prochaine de 5 avant-postes illégaux, consentie par les habitants » (souligné par nous) nous a surpris, pour ne pas dire choqué. Non seulement, le chiffre est particulièrement faible, mais de plus on s’étonne que la soumission à la loi puisse faire l’objet d’une concession de la part de citoyens, dans un pays démocratique.

Du côté israélien, on est, d’ailleurs, parfaitement conscient de la situation des Palestiniens et, au cours de sa discussion avec la Secrétaire d’Etat américaine, Tsipi Livni a indiqué qu’Israël recherchait de quelle manière « changer la réalité sur le terrain ». « L’idée est de faciliter la vie des Cisjordaniens », a-t-elle expliqué. « Comme toujours, la formule est de faire tout ce que nous pouvons, dans la mesure où cela ne porte pas préjudice à notre sécurité » (www.desinfos.com/impression.php?id_...).

Et il était tout à fait normal que Condoleezza Rice s’entretienne, également, avec le ministre de la Défense israélien, Ehud Barak, qui, bien évidemment, joue un rôle de premier plan dans toute opération entreprise par Israël en Cisjordanie.

Car, ce n’est que par une volonté délibérée d’ignorer la situation à laquelle Israël est confronté depuis sa création que Benjamin Barthe, dans son reportage, a pu écrire « dès sa création, Tsahal s’est arrogé le monopole de l’expertise sécuritaire » (souligné par nous).

On se demande vraiment qui d’autre aurait dû le faire.

Il est vrai que les journalistes du Monde , y compris et nous dirions même, et surtout ceux qui sont plus particulièrement chargés des de couvrir la région, ont une curieuse façon de présenter Israël.

Nous en voulons pour preuve le compte rendu du dernier ouvrage de Charles Enderlin, « Par le feu et par le sang », par le collègue de Benjamin Barthe, Michel Bôle Richard, paru dans le numéro daté du même jour (p. 19).

N’ayant pas lu l’ouvrage du correspondant de France 2 en Israël, nous nous en tiendrons à quelques faits et appréciations rapportés par le journaliste du Monde , qui a dû les prendre « pour argent comptant », puisqu’il ne les conteste pas.

La narration de ce que nous appellerons la « gestation » de l’Etat d’Israël, durant les douze ans qui séparent la révolte arabe de 1936 jusqu’à la proclamation de l’Etat d’Israël est présentée comme « douze années ponctuées de hold-up, d’assassinats, d’exécutions sommaires, d’attentats, de tueries d’innocents, de vengeances ». C’est un combat clandestin pour « conquérir » un territoire d’abord contre l’ « occupant » (les guillemets sont, semble-t-il, de Charles Enderlin) puis « contre » (c’est nous qui soulignons) le peuple qui y vivait : les Palestiniens.

Il est vrai que Charles Enderlin semble brouillé avec les statistiques. Si, en 1936, il a, sans doute raison d’écrire que « la population arabe compte 960 000 musulmans et 400 000 Juifs », en revanche, il oublie un tiers de la population juive, au moment de l’établissement du mandat britannique, puisqu’il cite le chiffre de 55 000 Juifs (ce qui dépassait à peine la population de Jérusalem), alors qu’il est généralement admis que la population juive était de 83 000 en 1915 et de 84 000, lors du recensement de 1922.

D’après le journaliste du Monde , la lecture de l’ouvrage de son confrère est « édifiante sur les moyens utilisés par toutes ces organisations qui ont pour nom Betar, Irgoun, Haganah, groupe Stern, Palmach, qui avec..... des méthodes plus ou moins radicales, sont résolues à chasser l’occupant ».

On appréciera au passage l’amalgame fait entre le Palmach et la Haganah d’une part et d’autres mouvements, qui permet à l’auteur de citer Menahem Begin, « commandant de l’Irgoun », Itzhak Shamir, « chef des opérations du groupe Stern » et Itzhak Rabin, « officier de la Haganah, l’ancêtre de Tsahal ».

Et bien évidemment, lorsque l’auteur cite « le plus célèbre des attentats », celui de l’hôtel King David, qui fit 91 morts, il omet d’indiquer qu’un message d’avertissement avait été envoyé, ce que ne font jamais les terroristes palestiniens.

Car, last but not least, Michel Bôle-Richard se complaît à considérer que cette « lutte sans merci pour la conquête d’une indépendance prend une résonance particulière lorsqu’on la compare avec celle du peuple palestinien pour la reconnaissance de ses droits et de son Etat ».

Il n’y a guère que ce journaliste pour être convaincu que « terroriste pour les uns, combattant de la liberté pour les autres, l’adage n’a jamais été aussi bien approprié ».

Et s’il est vrai que Charles Enderlin aurait le « mérite » « de nous remettre en mémoire », de cette façon, « un passé pourtant pas si éloigné », la lecture de son dernier ouvrage n’est peut-être pas utile pour ceux qui attendent des journalistes une présentation moins partiale de l’histoire.



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