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L’heure de vérité pour la résolution 1701
par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 19 août 2006

Une semaine à peine après l’adoption de la résolution 1701 par le Conseil de sécurité, on peut, déjà, faire un premier bilan des résultats obtenus. Ce bilan sera relativement facile à établir du côté positif.

En effet, il n’y a guère, pour l’instant, que deux points positifs : l’arrêt des combats, et le déploiement de l’armée libanaise, au fur et à mesure du retrait progressif de l’armée israélienne.

En revanche, il semble, à en juger par certains reportages, que la « zone d’exclusion de tous personnels armés », en dehors des troupes libanaises et de la FIN UL, prévue entre le Litani et la Ligne bleue (frontière israélo-libanaise) est tout à fait illusoire, les militants du Hezbollah étant revenus en nombre et en armes avec le flot de « réfugiés ».

Car, de fait, rien n’a encore été prévu pour mettre en œuvre le désarmement du Hezbollah qui, n’en déplaise à ceux qui s’ingénient à ne retenir des derniers événements que la riposte israélienne, fondée sur le droit de légitime défense, est bien le seul responsable des pertes en vies humaines et des dévastations matérielles, enregistrées de part et d’autre de la frontière israélo-libanaise.

Et c’est là qu’on se rend compte de la pusillanimité des autorités françaises qui ont tenu à ce que ce soient des « casques bleus » qui soient associés à cette tâche, la résolution 1701 confiant, implicitement, cette mission aux autorités libanaises.

Les Etats-Unis auraient, semble-t-il, préféré, avec juste raison, que soit constituée une force internationale ne dépendant pas des Nations Unies, comme cela a déjà été le cas, dans le passé, en diverses occasions (crise du Golfe en 1991, Kosovo, Afghanistan).

Et pour faire accepter cette solution, le gouvernement français, qui était prêt à tout pour éviter une trop grande emprise américaine en dehors d’une solution onusienne, avait annoncé sa volonté de s’engager pleinement dans la composition de la FINUL « rénovée ».

Or, voilà qu’à la surprise générale, le Président de la République a annoncé que la France se limiterait à 200 militaires supplémentaires, alors qu’on escomptait un engagement à hauteur de 2 à 5 000 hommes.

Cette volte-face ou pour paraphraser une formule du Figaro du 18 août, cet engagement des militaires français « à reculons », s’expliquerait par l’imprécision de la résolution 1701, que nous avons déjà soulignée, précédemment, en ce qui concerne le mandat et les règles d’engagement des casques bleus.

Il fallait y penser plus tôt, car s’il est vrai que la participation française à une force internationale à Beyrouth, ne relevant pas de l’ONU, s’était soldée par le dramatique attentat contre l’immeuble du Drakkar, en 1983, perpétré, déjà par le Hezbollah (58 morts), la France avait également connu des pertes significatives et surtout les « humiliations d’une armée paralysée », dans le cadre de la Force de protection des Nations Unies en Bosnie-Herzégovine, comme l’a rappelé Le Monde , daté du même jour,.

Il est un peu tard pour déclarer, comme le rapporte le journaliste de ce quotidien, « de source diplomatique proche du sommet de l’Etat », que « la France ne souhaite pas jouer un rôle plus important dans la FINUL que n’importe quel autre pays membre de l’ONU ».

Ce n’était pas l’impression qu’avaient laissé diverses déclarations de responsables politiques français, au cours des laborieuses négociations de la résolution 1701.

On relèvera, au passage, que ce n’est pas la première fois que l’unanimité du Conseil de sécurité se fait sur le plus petit dénominateur commun, qui de fait, paralyse cet organe, qui a, pourtant, la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.

De fait, les 15 membres du Conseil de sécurité ont simplement utilisé une formule laissant croire que le Conseil se plaçait, implicitement, dans le cadre du Chapitre VII de la Charte autorisant le recours à la force.

Mais, ils se sont bien gardés de préciser ce qu’il fallait entendre par la formule du paragraphe 12 de la résolution 1701, selon laquelle la FINUL, « agissant à l’appui d’une demande du Gouvernement libanais » est autorisée à « prendre toutes les mesures nécessaires dans les secteurs où ses forces sont déployées », alors qu’elle est explicitement chargée de veiller « à ce que son théâtre d’opération ne soit pas utilisé pour des activités hostiles de quelque nature que ce soit, ».

D’ailleurs, ils ont simplement indiqué que la FINUL aurait le droit « de résister aux tentatives visant à l’empêcher par la force de s’acquitter de ses obligations dans le cadre du mandat que lui a confié le Conseil de sécurité ».

Or, précisément, ce mandat n’est pas clair.

Par ailleurs, évoquer les craintes de représailles syriennes ou iraniennes n’est guère glorieux pour le gouvernement français, qui entend, fréquemment, donner des leçons au monde entier, et tout particulièrement à Israël.

Or, comme cela avait déjà été souligné par certains, au début des opérations militaires, c’est à Israël qu’on a laissé faire le « sale boulot ».

La France, qui se dit, pourtant, soucieuse des intérêts du Liban, et, notamment, de la défense de sa souveraineté, n’a pas fait grand chose - et c’est un euphémisme - pour réduire la force de nuisance du Hezbollah, qu’elle refusait d’ailleurs de qualifier de terroriste.

Tsahal a payé un lourd tribut pour permettre finalement à l’armée libanaise de s’implanter dans une zone qu’elle avait pratiquement désertée depuis près de 40 ans.

On relèvera, également, que l’on a, notamment, du côté français, exagéré les destructions occasionnées par l’armée israélienne.

Ainsi, pour ne prendre qu’un seul exemple, l’aéroport de Beyrouth, soi-disant pilonné par l’aviation israélienne, a accueilli les premiers avions civils, à peine quelques jours après la cessation des combats.

Et ce n’est pas le seul exemple d’ « opérations ciblées » effectuées par Tsahal, à laquelle on reproche, maintenant, de divers côtés, les maigres résultats qu’elle aurait obtenus.

Il ne faut pas cesser de répéter que si l’armée israélienne ne s’était pas efforcée de réfréner quelque peu sa « force de frappe », effectivement le Liban qui a laissé se développer, en son sein, le cancer du Hezbollah, aurait effectivement été réduit en cendres, comme l’ont été plusieurs villes allemandes durant la seconde guerre mondiale.



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