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L’heure de l’hallali

par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international

jeudi 9 novembre 2006

Ce n’est certes pas un hasard si Madame Michèle Alliot-Marie a choisi d’évoquer, hier,un grave incident qui se serait produit, le 31 octobre dernier, àla frontière du Liban Sud.
Le ministre français de la défense nationale, candidate potentielle àla future élection présidentielle, a profité du débat sur le budget de son ministère àl’Assemblée nationale pour affirmer que les soldats français de la Finul ’’avaient préparé les missiles et n’étaient qu’àquelques secondes de tirer sur les avions israéliens’’, alors que plusieurs d’entre eux fonçaient en piqué sur une position française.

Pourquoi avoir attendu, une semaine, et faire cette déclaration, le jour même où l’Etat d’Israë l était, légitimement, dans l’embarras àla suite de la tragédie ayant frappé une famille palestinienne àBeit Hanoun ?

De fait, le ministre français en a trop dit ou pas assez.

Quelle a été l’explication donnée par Israë l ?

Comment la crise a-t-elle pu être évitée ?

Cela n’avait sans doute aucune importance. L’essentiel pour une responsable politique française, proche du Président Chirac, était, sans doute, d’affaiblir encore plus le gouvernement israélien, « empêtré  » au sud par la poursuite des lancements de roquettes Qassam et qui doit également, seul, faire face aux violations de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU (v. notre point de vue du 24 octobre 2006).

Ce sont les autorités libanaises elles-mêmes qui reconnaissaient il y a quelques jours que la Syrie continuait àacheminer des armes au Hezbollah et ce ne sont pas les dénégations récentes du gouvernement syrien qui constitueront un démenti crédible.

Et ce même jour (édition du 9 novembre 2006) Le Monde , publiait sur une page entière un reportage de son envoyé spécial (où cela ?...), Michel Bôle-Richard qui, au péril de sa vie (c’est nous qui le précisons), a donné la parole àdes « combattants palestiniens jusqu’àla mort  ».

Le seul élément « Ã©quilibré  », si l’on peut dire, de cet article figure dans le sous-titre : « Témoignages de ces terroristes pour les uns, résistants pour les autres  ».

Mais on est effaré par cette vitrine complaisante pour l’antisémitisme. Un encadré est tout àfait révélateur : c’est une citation d’un interviewé : « Mon rêve est de tuer le plus grand nombre de juifs  ».

Si Michel Bôle-Richard avait été journaliste àl’époque du prédécesseur du Monde , durant l’entre deux guerres, le journal Le Temps , on l’imagine très bien interviewant un membre des SA ou plus tard, durant la seconde guerre mondiale, donnant la parole àun oustachi croate, assoiffés également de sang juif.

Eux aussi pouvaient se présenter comme des « combattants militaires d’une branche armée  ».

Seul élément d’information intéressant dans cet immonde article, dans lequel, le « journaliste  » se borne àenregistrer les déclarations de tueurs avides de sang juif (« Il faut que leurs enfants souffrent comme souffrent les nôtres  » affirme l’un d’eux), c’est la justification des réticences des autorités israéliennes d’avoir àlibérer d’anciens et futurs terroristes.

En effet, on apprend que l’un d’entre eux a été emprisonné pendant quelques années dans des prisons israéliennes et qu’il a « repris la lutte dès sa sortie  ».

Bien évidemment, l’envoyé spécial du grand quotidien du soir se fait un plaisir de véhiculer l’affirmation selon laquelle « Ce n’est pas ànous (Palestiniens) de payer pour l’Holocauste  ».

Alors que faire ?

On peut s’attendre àune réunion publique du Conseil de sécurité dans la journée du 9 novembre (après une réunion àhuis clos la veille) qui débouchera certainement sur une condamnation d’Israë l (sans doute, pas trop « musclée  » pour ne pas risquer un veto des Etats-Unis) et une nième invitation àla reprise de négociations.

Mais peut-on raisonnablement demander aux Israéliens de discuter avec ceux qui veulent - au mieux - leur mort àterme ?

Il est vrai que si la raison était la qualité dominante des dirigeants de ce monde, cela se saurait.

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