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L’Egypte et la Syrie frôlent la rupture : pour le Caire, l’occupation syrienne du Liban est pire que l’occupation israélienne
Traduction et synthèse de Chawki Freïha | Mediarabe.info
Article mis en ligne le 28 mars 2008

La rupture semble consommée entre le Caire et Damas. Les Egyptiens sont particulièrement remontés contre la Syrie depuis l’affaire de Gaza qui a révélé l’ampleur de l’ingérence et de la conspiration syrienne. Mais les divergences remontent à bien plus longtemps, puisque le Caire avait soupçonné une implication syrienne dans les attentats anti-israéliens qui ont eu lieu sur son territoire (à Charm El-Cheikh et dans le Sinaï), depuis 2004.

Après la presse du Golfe en général, et saoudienne en particulier, qui n’ont cessé de dénoncer la politique syrienne au Liban et dans la région, voici que la presse gouvernementale égyptienne lui emboite le pas, attestant que les relations entre Damas et le Caire sont au bord de la rupture.

En effet, dans son éditorial du 26 mars, le rédacteur en chef du quotidien gouvernemental égyptien « Al Gomhouria », Mohamed Ali Ibrahim, s’en est violemment pris à la Syrie, affirmant que « l’occupation syrienne de ce pays arabe, co-fondateur de la Ligue Arabe en 1945, est de loin plus dangereuse que l’occupation israélienne du pays du Cèdre ». Ibrahim répondait à la « fatwa » émise par le grand Mufti de Syrie, Ahmed Hassoun, dans laquelle il stipulait que c’est le devoir religieux de chaque chef d’Etat arabe d’assister au Sommet de Damas.

Ibrahim a qualifié cette fatwa de « plaisanterie », se demandant si le Mufti veut que « les chefs arabes aillent à Damas pour donner leur bénédiction à l’occupation syrienne du Liban ? ». Nous savons, précise Ibrahim, que « ce n’est plus une occupation militaire, mais elle est bien pire, car elle prend le Liban, son indépendance, sa souveraineté et sa liberté en otage afin de servir les intérêts de la Syrie et de l’Iran. C’est une occupation politique qui asservit le Liban et le réduit au rang d’un pion au service de la Syrie et de l’Iran ».

S’adressant au Mufti de Syrie, Mohamed Ali Ibrahim lui demande : « vous qualifiez le sommet de Damas de sommet de la solidarité arabe. Mais de quelle solidarité parlez-vous ? La solidarité d’occuper le Liban ? La solidarité de la résistance qui n’a pas tiré une seule balle contre l’Etat hébreu, durant 35 ans d’occupation du Golan, et Israël continue d’occuper votre territoire ? La solidarité arabe veut-elle dire que le régime syrien manque de respect envers les chefs arabes ? »

En conclusion Ibrahim écrit : « Pour l’amour de Dieu, ayez pitié de nous, votre occupation du Liban est destructrice, humiliante et dévastatrice. Aucun pays arabe n’a le droit d’occuper un autre pays arabe ! »

Le journal égyptien ne s’est pas arrêté là. L’éditorialiste s’est souvenu des propos humiliant de Bachar Al-Assad, qualifiant, en août 2006, les dirigeants arabes de « demis hommes ». Dans son éditorial du 27 mars, intitulé « pourquoi le sommet des nains sera-t-il un échec », l’éditorialiste revient à la charge, reprenant ses plus vives critiques contre le régime du Baas à Damas : « Nous avions raison depuis une semaine de prévoir l’échec du 20ème sommet arabe. Tous les éléments prévoyant la réussite de ce sommet se sont évaporés...

Le bateau de Bachar Al-Assad navigue avec une boussole totalement différente de la boussole Arabe. Pour Assad, il est possible que le corps de la Nation soit arabe, mais son esprit doit être perse... Le régime de Bachar s’est mis d’accord avec le régime des Mollahs et des Gardiens de la Révolution pour diviser les Arabes au lieu de les unir. La politique de Bachar, depuis qu’il a hérité le pouvoir de son père, l’a mené à la confrontation avec les deux plus grands pays arabes, à savoir l’Egypte et l’Arabie Saoudite, et cela à cause de son asservissement total à l’Iran...

Ce sommet est un échec total car il ignore délibérément la crise libanaise actuelle et le vide présidentielle, alors que tous les chefs d’Etat arabes savent, sans l’ombre d’un doute, que Damas est responsable de la crise qui sévit dans ce pays, membre fondateur de la Ligue Arabe ».

Mohammed Ali Ibrahim croit savoir que « la Syrie cherche, à travers le sommet, à éviter le Tribunal international ». Il pose la question sans détour : « Les projets de résolutions du sommet se limitent à lever les sanctions internationales imposées à la Syrie. L’on se demande si ce n’est pas, avant tout, l’annulation du Tribunal international que cherche la Syrie ? Ce Tribunal qui sera mis en place pour juger les assassins de Rafic Hariri et les autres crimes qui ont pris pour cibles des personnalités politiques et intellectuelles libanaises de toutes confessions. Au contraire, poursuit l’éditorialiste, aucune mention n’est faite dans ces projets de résolution concernant l’indépendance et la souveraineté du Liban. Les syriens estiment que quiconque le réclame est un agent israélien et américain...

Mais, telle l’autruche, le régime syrien enfouit sa tête dans le sable, et ne veut pas voir l’épée suspendu à son cou... Le Tribunal international est une réalité incontournable ».

En définitive, conclut Ibrahim, « le sommet est un échec parce que Bachar esquive la réponse à des questions fondamentales, à savoir que veut-il du Liban et que va-t-il faire face au Tribunal international ». Le « Sommet des nains » se terminera dimanche mais « ni l’Egypte, ni l’Arabie Saoudite, ni la majorité des pays arabes ne plieront au pari perdu de la Syrie de donner la direction des pays arabes à l’Iran. Ils ne se laisseront pas berner par les belles paroles, ni par les promesses non tenues. Ils ne se laisseront pas intimider par le terrorisme pratiqué contre le peuple libanais... », a-t-il prévenu.



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