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L’éditorial de Denis Jeambar : La force du destin
L’Express
Article mis en ligne le 11 juillet 2005

Avec le retrait israélien de Gaza, Ariel Sharon est en train de bousculer l’Histoire. Le temps lui rendra justice

Mais où sont-ils passés, tous ces héros de la paix au Proche-Orient, ces donneurs de leçons qui ont fait d’Ariel Sharon leur bouc émissaire, un massacreur de Palestiniens et un faucon, fauteur de guerre ? Les voici, à présent, muets comme des carpes.

Quand rien ne bougeait en terre trois fois sainte, ils s’agitaient, dénonçaient, fustigeaient Israël et son chef de gouvernement, pourtant démocratiquement élu.

Alors que l’Histoire se remet en marche avec le retrait israélien de la bande de Gaza, soudain ils se taisent, pisse-vinaigre pris à contre-pied, incapables de concéder qu’ils se sont trompés et prêts à expliquer que tout reste à faire. Ariel Sharon devra attendre longtemps encore avant que les docteurs de la loi proche-orientale n’admettent qu’il a fait bouger les lignes du conflit israélo-palestinien plus que tout autre avant lui.

Pour l’armée des palestinologues militants ou les tenants de la désastreuse politique arabe de la France initiée par Jacques Chirac, le bien ne pourra jamais venir de cet homme qu’ils ont diabolisé. Ils ont refusé, déjà, de lui accorder le moindre crédit quand il fut mis en minorité par son parti alors qu’il lui demandait la reconnaissance d’un Etat palestinien.

Ils n’ont jamais cru, non plus, qu’il tiendrait son engagement de mettre un terme à l’occupation de Gaza. Ils ne veulent surtout pas tenir compte du courage politique dont il fait preuve dans cette affaire. Peu leur importe qu’en forçant la main à des colons ultranationalistes il mette sa vie en péril, comme Itzhak Rabin jadis, et coure le risque de troubles susceptibles de faire basculer son pays dans la guerre civile.

Rien ne les détourne de leur point de vue, pas même le spectacle de la douleur de ces Israéliens qui acceptent de quitter ce qui était devenu leur terre. Le drame ne peut être que palestinien. La souffrance israélienne ne leur arrache aucun commentaire. Pas de compassion pour cet Etat qu’ils ont schématiquement classé du côté des bourreaux.

Au fond d’eux-mêmes, sans doute espèrent-ils qu’à la dernière seconde Sharon trouvera un prétexte pour renoncer à restituer Gaza. Ils se trompent, car, dans cette épreuve, le Premier ministre sera inflexible, homme de fer dans la paix comme dans la guerre : le désengagement aura lieu à partir de la mi-août, aux dates fixées par le gouvernement et la Knesset, a-t-il encore martelé le 5 juillet.

Quand le retrait sera effectué, nul doute que reprendra aussitôt le procès en sorcellerie fait à Sharon, en exigeant qu’Israël quitte immédiatement la Cisjordanie.

Le Premier ministre israélien n’a jamais rien fait pour séduire ses détracteurs. Il a raison. Car le temps lui rendra justice, comme il le fit avec le général de Gaulle sur sa gestion du dossier algérien. Les grands hommes d’Etat ne se battent pas avec l’opinion ou les commentaires.

C’est l’Histoire qui les intéresse. Ariel Sharon est en train de la bousculer. C’est ce qui s’écrira plus tard, quand la lucidité triomphera.



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