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Jour de liesse à Téhéran
Albert Capino
Article mis en ligne le 20 mai 2010

Le fait que la Turquie n’ait pas la capacité technique de retraitement de combustible nucléaire interdisant une concentration au-delà de 20% - et donc un usage militaire - ne semble pas avoir retenu l’attention de M. le secrétaire général de l’ONU, ni de la plupart de nos médias, pourtant si bien informés…
Pas plus que le silence pesant autour des quantités produites par les centrifugeuses tournant en série à plein régime dans les centrales de production enterrées de Natanz et de Qom, sans contrôle sur leur concentration et dont il n’est pas question de délocaliser le retraitement !

Et qu’est ce qu’on fêtait ? L’accord « historique » entre Iran Brésil et Turquie sur le retraitement de 1.200 kg d’uranium iranien faiblement enrichi vers une concentration à 20% en Turquie.

Sur la photo officielle, le 17 mai dernier, Lula, Ahmadinejad et Erdogan se tiennent par la main et lèvent les bras au ciel en signe de victoire.

Ils peuvent sourire à plus d’un titre : l’effet d’annonce permet une nouvelle manœuvre dilatoire éloignant les sanctions à l’encontre de l’Iran en raison de son programme nucléaire clandestin : en dépit des déclarations de « l’accord des grandes puissances pour sanctionner Téhéran », le « consensus entre les cinq membres permanents » risque fort de demeurer – encore et encore – un vœu pieux (si tant est qu’ils en aient réellement la volonté…) !

« L’Iran ne pourra investir à l’étranger dans certaines activités sensibles comme les mines d’uranium et ses navires pourront être inspectés en mer », a annoncé un haut responsable américain.
Rien de nouveau sous le soleil : cela fait des années que l’Iran a passé des accords avec ses partenaires, comme indiqué plus bas. Quant aux « navires inspectés en mer » ils ont permis de révéler effectivement un trafic de matériels interdits à destination de l’Iran en provenance de Corée du Nord, Chine, Thaïlande, mais peu de saisies ont été opérées, en raison des lois sur les eaux internationales.

« Téhéran ne pourrait plus acheter d’avions de combats, des navires de guerre ou des missiles. »
À quoi bon, puisque l’Iran produit déjà ses propres engins ?

« Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a estimé mardi que l’accord Iran-Turquie-Brésil sur un échange d’uranium pouvait être une « avancée positive » s’il est suivi d’une « coopération plus étendue » de Téhéran avec la communauté internationale et l’AIEA.

Une farce : le fait que la Turquie n’ait pas la capacité technique de retraitement de combustible nucléaire interdisant une concentration au-delà de 20% - et donc un usage militaire - ne semble pas avoir retenu l’attention de M. le secrétaire général de l’ONU, ni de la plupart de nos médias, pourtant si bien informés…
Pas plus que le silence pesant autour des quantités produites par les centrifugeuses tournant en série à plein régime dans les centrales de production enterrées de Natanz et de Qom, sans contrôle sur leur concentration et dont il n’est pas question de délocaliser le retraitement !

Reste à convaincre l’ensemble du Conseil de sécurité, « ce qui dans le cas de la Turquie, du Brésil et du Liban sera difficile » comme on nous le rappelle à Bruxelles…

« L’Iran va informer dans la semaine l’AIEA de sa proposition d’un échange de combustible nucléaire et attend une réponse rapide des grandes puissances, a indiqué un officiel iranien. »

Pour les 1.200 kg à retraiter à l’extérieur à 20% : oui ! Mais quid des quantités et concentrations produites en Iran ? Le retraitement externe représente « peanuts » par rapport à la production souterraine locale.

Les conséquences directes de cette insulte au bon sens ne tarderont pas à se faire douloureusement sentir :

Les « interdictions » tant attendues arrivent tard. Dans le contexte actuel, si rien ne change, l’Iran va pouvoir accélérer le développement de son programme sans être inquiété et nombreux sont ceux qui vont directement bénéficier de l’aubaine :

  • la Syrie, le Hezbollah et le Hamas – absents sur la photo mais de tout cœur avec les fêtards en liesse – vont pouvoir profiter des largesses de Téhéran, en complément d’un équipement high-tech déjà livré et de l’entraînement accéléré de leurs troupes par les Pasdaran ;
  • la Russie qui ne voit pas d’un mauvais œil l’influence déclinante des Etats-Unis et une opportunité de renforcer sa présence au Moyen-Orient –stationnement de sa flotte en Syrie, vente d’armes « défensives » à l’usage desquelles elle forme déjà les acquéreurs – sans compter un partage accru de la production mondiale de gaz avec l’Iran ;
  • le Brésil dont les contrats de clearing avec l’Iran comprennent du pétrole à bon marché contre la fourniture d’uranium : au sixième rang mondial des réserves, le Brésil prévoit de tripler sa production ;
  • dans ses accords de coopération avec Téhéran, le Venezuela de Chavez reçoit du pétrole brut, exporte de l’essence et sert de plate-forme de transit pour les matériels « sensibles » en mettant sa flotte aérienne à disposition, encaissant une belle commission au passage ;
  • la Bolivie d’Evo Morales qui s’est récemment rapprochée de l’Iran. Les accords signés en 2007, d’un montant de 1,1 milliard de dollars, portent « sur le développement de leurs activités dans les hydrocarbures, les mines et la production industrielle pour cinq ans » ;
  • Le régime de Mugabe au Zimbabwe, accueillait le mois dernier Ahmadinejad pour la finalisation d’un projet d’extraction d’uranium d’une taille potentielle de 1.800 tonnes du précieux minerai ;

De tartufferie en reculade, c’est bien les « grandes puissances » qui risquent de se retrouver à poil.

Venezuela, Bolivie et Zimbabwe considèrent tous que l’Iran doit exercer son « droit souverain » à développer son programme nucléaire « civil ». Tous contribuent déjà ou vont contribuer activement à fournir le régime de Téhéran en Uranium.

Placée sous la houlette du Brésil et de la Turquie, qui ont endossé le rôle de garants et « d’arbitres impartiaux » de l’utilisation qui sera faite du combustible retraité, on assiste à une énième mascarade qui se profile sous nos yeux, avec la bénédiction de la Russie, de l’ONU et de l’AIEA, sans que les nations occidentales, pourtant concernées, ne réagissent vigoureusement.

Obama ne parlera qu’en présence de son prompteur et par ailleurs, une fois n’est pas coutume, la France de Sarkozy ne semble pas faire confiance à ces belles déclarations pleines de bonnes intentions, persistant à réclamer – mais avec quelle efficacité ? – la recherche de moyens pour appliquer des sanctions au régime de Téhéran. Aurait-il relu Churchill [1] récemment ?
Pas trop d’illusions tout de même : le but principal est un maillage dans le Golfe pour la préservation des Émirats contre l’influence régionale de l’Iran des mollahs. L’intérêt de la France est multiple : assurer son approvisionnement en pétrole, exploiter des bases aériennes et vendre d’armes. Business as usual si ce n’est les contreparties.
Ah… le fameux « langage diplomatique » du quai d’Orsay ! Une parfaite illustration nous en est donnée par Hervé Le Tellier dans « le Monde » qui signe un « papier de verre » particulièrement râpeux :
« Non, il n’y a pas eu d’échange entre la France et l’Iran. Pas plus tard que tout à l’heure, j’ai libéré 1,10 € de mon portefeuille juste avant que la boulangère n’extrade une baguette tradition. »

Quelle solution, me direz-vous ? Les ingrédients nécessaires existent bien : une Europe réellement unie dans une volonté de mettre un coup d’arrêt aux provocations de la République islamique d’Iran dans les faits – et pas seulement dans les discours -.
Comment y parvenir ? En s’alliant au seul Etat capable de tenir tête sur place, Israël, et s’assurer du soutien des Etats-Unis.
Encore faudrait-il que les nations se débarrassent de leurs clivages et de leurs à-priori sur « le sionisme, la domination judéo-maçonnique et l’impérialisme américain ». La dernière fois, il aura fallu six ans et plus de 50 millions de victimes entre 1939 et 1945, avant de mettre un terme à l’enfer déchaîné par un autre provocateur, adepte lui aussi de la « solution finale »…

S’il est vrai qu’on peine à évoquer ce genre de souvenirs, la politique de l’autruche n’a jamais contribué qu’à avantager ceux qui recherchent l’affrontement. Récemment et plus près de nous, l’extrême-droite hongroise défilait dans les rues de Budapest, revêtue de chemises noires et arborant l’emblème des « Croix Fléchées », milices pro-nazies de sinistre mémoire.
C’était le mois dernier, après le retour de la droite, grand vainqueur aux législatives.
Une alerte plutôt grave quand on tient compte qu’il s’agit d’un membre des 27 de l’UE, dont la création est censée avoir mis fin à ce genre de débordement.

Dans l’intervalle, notre presse quotidienne consacre l’essentiel de ses grands titres à : l’OM championne de France, la montée des marches à Cannes, la protection des forêts et la réforme des retraites. Quant à la TV, elle diffuse dans la journée des émissions plus abêtissantes les unes que les autres et nous gratifie de débats en soirée sur tout sans aboutir à rien… Je ne m’appesantis pas sur le phénomène des « chaînes info » qui reprennent toutes la même source de dépêches, assaisonnées couleur locale, où l’on vous répète à l’envi les mêmes inepties sur la valeur de la monnaie, la baisse du risque systémique, ou le retraitement du combustible iranien en Turquie…

Pas grave car, comme vous le savez, la technologie va tout résoudre ! Bientôt plus besoin de savoir lire, compter, ou même réfléchir : « il y a une application pour ça »…

Il ne vous reste plus qu’à masquer les nuages (de cendres) en chaussant vos lunettes 3D, et faire vos réservations grâce à votre iMachin pour les plages grecques tant que l’Euro y a encore cours : les vacances approchent ! J’en vois qui sourient dans leur barbe…



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