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Café Controverses : Primo y était !
Liliane Messika © Primo
Article mis en ligne le 17 février 2009

Les « Café Controverses » ne vont pas tarder à devenir une institution : hébergé par l’Assemblée Nationale au titre d’invité de Claude Goasguen, député maire du XVIe arrondissement de Paris, le dernier en date s’est tenu jeudi 12 février autour du thème : « la société française après Gaza ».

Un homme qui n’a pas la langue dans sa poche, M. Goasguen : « les Français sont plus attachés aux déclarations qu’aux réalités », a-t-il estimé, pour tenter d’expliquer l’approche superficielle des journalistes - qualifiés d’ignorants et de paresseux.

Pourtant, le conflit qui se déroule au Moyen-Orient demanderait un effort de pédagogie. Que nenni : « les médias français l’ont simplifié au lieu d’en donner à voir l’infinie complexité ».

Simplifier, c’était laisser croire que les Palestiniens de Gaza s’étaient levés comme un seul homme derrière le Hamas. Un Hamas qui avait froidement exécuté la plupart des leaders du Fatah avant l’arrivée des Israéliens.

Claude Goasguen, qui est aussi président des Amitiés France-Israël, s’est rendu à Gaza. A son retour, il avait compris « qu’il n’y aurait jamais d’accord entre le Hamas et le Fatah ».

Mais la presse française a fait motus sur les bisbilles séparant les différentes factions palestiniennes : il s’agissait de ne surtout pas désespérer Mantes la Jolie. Moyennant quoi elle se trouva fort dépourvue quand la déclaration de Mahmoud Abbas fut venue, déclaration au cours de laquelle le leader palestinien accusa le Hamas d’être à l’origine des malheurs gazaouites.

Elle n’a pas non plus évoqué, la presse française, ou à peine, l’attitude des pays arabes, qui n’ont pris parti que du bout des lèvres pour leurs frères palestiniens.

Le Hezbollah aurait pu en profiter pour attaquer Israël par le nord, il n’en a rien fait. Même l’Iran n’a pas surenchéri. Alors quoi ?

Alors on ne sait pas, en France, que la plupart des dirigeants arabes considèrent l’Iran comme bien plus dangereux qu’Israël. Ceux qui le savent l’ont appris en lisant la presse étrangère. Et ce n’est pas dans les médias hexagonaux que Goasguen a acquis la conviction que « la haine entre Chiites et Sunnites est plus forte qu’entre musulmans et juifs ».

La France après Gaza, et nous et nous et nous ?

« La société française après Gaza, c’est la société française avant Durban 2 », a scandé Claude Goasguen. On n’avait déjà pas le moral, il n’a rien arrangé. Mais il a raison. Si certains journalistes ont remarqué que cela avait été « une guerre où les civils protégeaient les « militaires » », ils ne se sont pas appesantis sur la question.

Aussi les chers auditeurs et autres téléspectateurs français sont-ils convaincus qu’Israël s’est livré à une orgie de crimes atroces à Gaza. Dans ces conditions, la France doit-elle participer à Durban 2, qui risque d’être à Durban I ce que « Rambo 2-le retour » a été à son premier épisode : plus cruel, plus violent, plus gore ?

Claude Goasguen estime qu’il faut en tout cas poser des conditions préalables très strictes : exiger que soient traités des sujets susceptibles de parler à l’opinion française, comme la condition de la femme et la liberté d’expression.

Bonne idée et généreuse intention, sauf que le sujet de Durban est le racisme, pas la démocratie.

Pogrom médiatique et symbolique

Shmuel Trigano est un brillant intellectuel mais ce n’est pas un rigolo. Recentrant le débat sur les conséquences de Gaza sur la société française, il a estimé que le pogrom médiatique contre les juifs n’avait pas été le seul fait des islamistes mais également des médias, qui s’étaient faits les chantres et les porte-parole de la propagande Hamastique.

Cette atteinte à l’image des Juifs a vu se développer des formes nouvelles du mythe médiéval du « juif-tueur-d’enfants ». La question qui se pose alors, et que Trigano pose à son public est « y aura-t-il une deuxième phase et si oui, quand ? »

Le pire n’est pas toujours sûr…

On a dit que Shmuel Trigano n’était pas un rigolo, on le maintient, mais il n’est pas aussi pessimiste que d’aucuns l’imaginent puisqu’il considère que le pire n’est PAS TOUJOURS sûr. Pour autant, rien ne sert de se cacher que la délégitimation actuelle des Juifs en France prépare le terrain à des violences physiques.

Justement, Sammy Ghozlan, initiateur du BNVCA, le bureau National de Vigilance Contre l’Antisémitisme, après un truisme :« dans toute la France, la haine anti-juive s’est développée sous couvert de soutien à Gaza », est entré dans le vif du sujet. Les conséquences de Gaza sur la société française ?

En un mois, depuis le 27 décembre 2008, date du début de l’opération Plomb Durci, les attentats contre les personnes, les biens et les symboles juifs ont été aussi nombreux qu’ils le sont chaque année depuis la fin de la seconde Intifada (300 à 400). « Ils sont considérablement plus nombreux dans les municipalités communistes ».

Ghozlan serait-il un anti-communiste primaire ? Du tout. Juste un observateur lucide : chaque fois qu’un maire communiste a organisé lui-même une manifestation de « soutien » à Gaza, elle a été suivie, le soir même ou le lendemain, de violences anti-juives. A Saint-Denis, des cocktails Molotov ont été lancés contre la synagogue. Idem à Valenton/Villeneuve Saint-Georges…

A contrario, l’imam de Drancy prépare un projet pour lutter contre l’antisémitisme. Enfin une bonne nouvelle. Peut-être finalement n’est-il point utile de sauter par la fenêtre en terminant la lecture de cet article…

… Mais il est extrêmement probable

C’est Jean-Pierre Bensimon qui le dit, et qui le prouve. Aie !

Pour qu’il y ait antisémitisme, explique-t-il, il faut qu’il y ait convergence et résonance entre les flux d’infos (les médias, les instances politiques et les « arguments rationnels »).

Ouh la ! Arguments rationnels et antisémitisme ne nous semblaient justement pas relever de la même catégorie ! Ce dont il parle, Bensimon, c’est d’arguments apparemment rationnels utilisés pour justifier les exactions du Hamas contre les civils israéliens et par extension celles des antisionistes contre les juifs français.

Le tiercé gagnant de la catégorie est « blocus-concession-paix ». Plus précisément : avec le blocus que les Israéliens ont imposé à Gaza, il n’est pas étonnant que le Hamas ait défendu sa pauvre population avec les moyens du bord. Et puis : Israël n’a pas fait assez de concessions. Et on enchaîne sur le troisième terme : Les concessions c’est indispensable pour faire la paix. Si Israël n’en fait pas assez, c’est qu’il ne veut pas la paix. Et s’il ne veut pas la paix, qu’il ne s’étonne pas de recevoir des Qassam.

Pourtant, dans ce conflit, la chaîne de commandement comportait deux étapes. Les ordres partaient d’Iran, transitaient par la Syrie et étaient appliqués à Gaza. Nul blocus israélien (réel ou imaginaire) ne frappait l’Iran, nulle concession n’empêcherait Ahmadinejad de clamer sa haine pathologique des Juifs et l’Iran n’étant pas officiellement en guerre avec Israël, celui-ci n’est pas en mesure d’avoir « l’obsession de la paix » à établir avec le régime des mollahs.

Eu égard aux messages véhiculés par le chœur des responsables politiques d’extrême droite, d’extrême gauche et des Verts, il est même étonnant que les violences antisémites n’aient pas été plus nombreuses et plus graves en France, a conclu Bensimon. Des optimistes, on vous dit !

Que des grandes pointures…

Raphaël Draï, doyen honoraire de le faculté de Droit d’Amiens, prof de droit, politologue et psychanalyste, a considéré, lui, la place des droits de l’homme dans la confrontation entre le Hamas et Israël, et leur traduction en hexagonal dans le texte.

En Espagne, en Turquie et en Belgique, c’est au nom de la « compétence universelle » (cette bizarrerie du droit selon Draï) que l’on sollicite la Cour Pénale Internationale pour juger Israël et son armée de crimes de guerre, voire crimes contre l’humanité.

En France, c’est le Mrap qui se charge du sale boulot.

Mais ni les uns ni les autres n’ont la moindre chance d’aboutir car la CPI ne concerne que les pays qui ont signé le traité (ce n’est pas le cas d’Israël) et surtout « crime de guerre » comme « crime contre l’humanité » sont des termes juridiques qui correspondent à des définitions précises. Rien de ce qu’a fait l’armée israélienne ne s’en approche.

En revanche, kidnapper un citoyen sur SON territoire et le séquestrer, comme c’est arrivé au soldat franco-israélien Guilad Shalit, y répond. Exposer des civils à des représailles militaires en utilisant des écoles ou des hôpitaux comme base de tir de missile également. Et le pompon est évidemment l’utilisation des enfants soldats, qui est rigoureusement sanctionnée par la loi internationale.

… Pour un décryptage en règle

Jacques Tarnero a appelé les mânes de Zola au secours des Juifs français du XXIe siècle : d’après lui, il faudrait une nouvelle « lettre à la jeunesse » pour faire pendant à la confluence islamo-gauchiste. Il est frappé de la convergence entre l’idéalisation, voire l’idolâtrie du Hamas, la sortie d’un film sur la Bande à Baader et le recrutement par Besancenot de Jean-Marc Rouillan, ancien membre du groupe terroriste Action Directe, pour son nouveau parti anticapitaliste.

Petit rappel pour les jeunes (il n’y en avait pas dans la salle, où sont-ils donc passés ?), les membres de la Bande à Baader cherchaient la rédemption du crime fasciste de leurs parents par le meurtre révolutionnaire.

En tuant des Juifs comme Papa. Le seul qui s’en est rendu compte et l’a dénoncé, c’est Joshka Fischer. On manque de Joshka Fishers, aujourd’hui, a regretté Tarnero. Déplorant le « goût français pour la radicalité », il a terminé par sa crainte de voir éclore un « nouvel œuf du serpent ».

C’est pour mieux vous désespérer, mon enfant…

La conclusion est revenue au Maître es Controverses, Shmuel Trigano, qui a recensé les mots-valises occultant la réalité : les « tensions intercommunautaires » qui communautarisent les contraventions à l’ordre public et établissent une fausse égalité entre agresseurs et agressés ; « l’importation du conflit israélo-palestinien en France », qui fait l’impasse sur un antisémitisme français récurrent et toujours prêt à resurgir ; et enfin « l’antisionisme qui serait différent de l’antisémitisme », dont les lecteurs de Primo savent qu’ils se ressemblent comme deux gouttes de fiel.

Le public était venu en espérant trouver des pistes pour limiter l’impact de Gaza sur la société française. Il en a été pour ses frais : on s’est arrêté à l’état des lieux.

Certes, il est indispensable d’établir un diagnostic pour pouvoir mettre au point une thérapie. Alors, docteur, quand commence-t-on ?



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