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Au pays du matin calme
Par Guy Senbel pour Guysen International News
Article mis en ligne le 28 mai 2009

Cette semaine, nous souhaiterions attirer l’attention de nos lecteurs sur la crise provoquée par la Corée du Nord suite à l’essai nucléaire souterrain dans la nuit du 24 au 25 mai, et aux tirs de missiles qui depuis se succèdent. La communauté internationale est unanime dans la condamnation du « cher leader » coréen, Kim Jong-Il.

Provocation ou menace réelle, nouveau chantage diplomatique ou ferme intention de passer aux actes, les conséquences de la crise qui commence au « pays du matin calme » sont immenses, et redoutables. Tokyo et Séoul, ennemis historiques de la Corée du Nord, ont raison de s’inquiéter des risques d’une escalade vers la guerre. Mais ce serait une erreur de considérer que cette crise se limite à l’Asie du Sud Est.

S’agit-il seulement d’une provocation nord coréenne, c’est-à-dire d’une nouvelle manÅ“uvre destinée à se lancer, comme dans les années 1990, dans un jeu de marchandage diplomatique avec le pays le plus riche de la planète, qui sait être généreux lorsqu’il s’agit de calmer les impatiences des pays considérés comme dangereux ? L’administration Clinton avait choisi d’établir des relations bilatérales pour démanteler l’arsenal nord coréen. En échange de vivres, de carburant, de produits de première nécessité destinés à une population misérable gouvernée par un dictateur aux méthodes staliniennes, la Corée du Nord n’a pourtant pas renoncé à ses ambitions nucléaires, tant civiles que militaires. Dix ans après la prise en main du dossier nord coréen par l’ancien Président américain Jimmy Carter, la Corée du Nord est devenue le neuvième pays à disposer de l’arme nucléaire.

Déjà isolé, sanctionné, condamné, le régime nord coréen ne craint plus grand-chose des nouvelles résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Les souffrances qu’endure la population importent peu à Kim Jong-Il. La Corée du Nord menace aussi ses voisins d’une « sanction sans pitié et inimaginable », d’une « réponse militaire forte, immédiate et sérieuse », au prétexte que Séoul a choisi d’adhérer à l’Initiative de sécurité anti-prolifération au lendemain de l’essai nucléaire souterrain.

L’empereur de la terreur, qui n’en finit plus de régner sur Pyongyang, donne une leçon à l’Iran, mais aussi à la Syrie ou au Liban gouverné demain peut-être par le Hezbollah, qui partagent l’ambition de se doter de la bombe ultime. Le Pakistan hier. La Corée du Nord aujourd’hui. L’Iran demain. En sortant du Traité de Prolifération Nucléaire, en refusant les inspections de l’AIEA, en provoquant les Etats-Unis, et en se jouant du concert des nations, la Corée a atteint ses objectifs. Mahmoud Ahmadinejad comprend que tout est possible.

La menace coréenne, et l’escalade à laquelle nous assistons, ne font que discréditer les supposées stratégies dissuasives, les efforts diplomatiques et même la politique des sanctions. Autant de mesures qui n’entravent en rien le processus d’acquisition de l’arme atomique, donc. Comme elle l’avait annoncé pour protester contre les critiques émises après le lancement d’une fusée le 5 avril dernier, Pyongyang a également redémarré son usine d’extraction de plutonium sur le complexe de Yongbyon.

Il y a quelques semaines à peine, le président Obama appelait tous les pays du monde à renoncer aux armements nucléaires. Il décidait aussi, quelques mois à peine après sa prise de fonction à la Maison Blanche, que la résolution du « conflit israélo-palestinien » constituait un préalable nécessaire à la bonne gestion de la crise iranienne, comme si celle-ci d’ailleurs ne concernait que Jérusalem… On ne pouvait pas trouver mieux pour éviter de prendre le risque de lancer l’Amérique dans des guerres lointaines et onéreuses. Le gouvernement de Netanyahou, réfractaire à la paix forcée, constituait alors un formidable alibi.

La crise qui a commencé au « pays du matin calme » a tout changé. La diplomatie a montré ses limites. Et de nombreux signes nous indiquent qu’il n’est pas possible de revenir en arrière. Posséder la bombe ne suffit pas. Encore faut-il l’essayer. La Corée du Nord n’a pas seulement provoqué. Elle a fait une démonstration de force. Et si rien ne peut l’arrêter, pourquoi l’Iran devrait-il renoncer à la fabrication de sa bombe atomique ? Pourquoi devrait-il céder aux pressions de la communauté internationale ? Pourquoi autoriserait-il demain des inspecteurs de l’AIEA à visiter ses centrales ?

Ceux qui restent généralement discrets sur le dossier du nucléaire iranien, comme la Russie ou la Chine, ont cette fois sommé Pyongyang de s’asseoir à la table des négociations. C’est sans doute trop tard. Quelle action faut-il mener ? Est-on encore capable d’agir ? Pourquoi continuerait-on d’accepter que règne la loi de la terreur et du chantage, son corollaire ?

Le président Obama comprendra-t-il que l’option nucléaire, dans un pays dont les réserves de pétrole sont immenses, masque à peine des ambitions militaires effrayantes ? Non, la résolution du problème iranien n’est pas un caprice israélien. Et elle ne passe pas forcément par la création immédiate d’un Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale.

Mercredi 27 mai, à New York, plus de mille personnes ont participé à une manifestation organisée devant le siège de la Croix Rouge pour protester contre les conditions de détention de Guilad Shalit. Citoyen français et soldat de Tsahal, Guilad Shalit est l’otage du Hamas depuis 1068 jours.
Ce soir, nous pensons à lui.



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