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Arafat et la France
Eric Simon - O.L.I.P.O
Article mis en ligne le 26 novembre 2004

« Je suis venu m’incliner devant le président Arafat et lui rendre un ultime hommage. Le dirigeant palestinien était un homme courageux et symbolisait la lutte du peuple palestinien pour l’indépendance. » Jacques Chirac, 11 novembre 2004

Après l’annonce officielle du décès d’Arafat, ce qui s’est passé à Clamart ou ce qui a été déclaré au plus haut sommet de l’Etat, a ouvert le débat sur l’attitude de la France dans cette affaire.
Deux semaines plus tard, avec moins de passion et plus de recul, tentons de répondre à ces questions : Arafat était-il cet homme courageux que décrit Jacques Chirac ? Les honneurs militaires et le protocole le plus poussé étaient-ils justifiés ? Arafat méritait-il un tel hommage de la part de l’Etat français ?

Il est pour beaucoup ce personnage mythique qui a toujours représenté la cause palestinienne.
Dès les années 50, il va se joindre aux Abou Jihad (Khalil al-Wazir) ou Ahmed Choukeïri pour façonner un Peuple palestinien et son aspiration nationale.

Certes l’homme est charismatique (on se souvient de sa déclaration devant l’ONU en 1974 pistolet et rameau d’olivier en mains), certes il incarne cette cause palestinienne depuis 40 ans, elle a toujours été sienne et il a fait d’elle la principale préoccupation de toutes les nations, le principal sujet de toute conférence internationale, le titre le plus « vendeur » de toutes les rédactions, …mais on ne peut faire l’impasse de l’Arafat terroriste.
Terroriste, c’est probablement le qualificatif qui sied le mieux au personnage, celui qui va jalonner toute sa vie mais aussi la destinée du peuple palestinien.

Abou Amar, c’est son nom de guerre, aurait pu être un « combattant » sans pour autant être le terroriste qu’il a été. Un réel combat politique, l’aurait probablement amené depuis longtemps à endosser le titre de chef d’Etat : « Un mouvement palestinien non-violent qui aurait su s’adresser à la conscience de la majorité silencieuse d’Israël aurait débouché sur un Etat palestinien il y a 30 ans déjà » écrivait Thomas L.Friedman dans le New York Times. Mais force est de constater que cet ancien champion du terrorisme international dans les années 70 a été - et semble malheureusement l’être resté jusqu’à sa mort - un chef terroriste et rien d’autre qu’un chef terroriste.

A cette époque et jusqu’au milieu des années 80, les sbires ou partenaires d’Arafat ont ensanglanté les rues de Vienne, Rome, Istanbul ou Paris. Les palestiniens s’attaquaient alors à des synagogues, à des restaurants cashers, à des comptoirs d’aéroport et même à des bateaux de croisières…brefs à des civils qui le plus souvent n’avaient rien d’israéliens mais avaient le tort d’être juifs.
Certes il y a eut la « caducité » de la charte de l’OLP, il y a eut Madrid, Oslo… et l’espoir de paix qui accompagnait ces rencontres, sommets et accords. Malheureusement une mince parenthèse de trois ou quatre ans.

Car très vite, de retour de Tunis, le Président de l’Autorité Palestinienne nouvellement élu relance la machine de guerre, « sa » machine de guerre. Les manuel scolaires d’abord. Financés par les contribuables français, espagnols, hollandais ou allemands… ils sont pour beaucoup dans le cauchemar que vit la population israélienne depuis 2000. Apologie du « shahida » (du martyre), messages guerriers, haine de l’israélien et haine du juif tout court…Le député européen François Zimeray avait mis le doigt sur cette aberration dès le 9 novembre 2000 quand, lors d’une question écrite à la Commission Européenne, il commentait un rapport du CMIP (1) en ces mots : « De nombreux ouvrages scolaires édités par l’Autorité Palestinienne constituent de véritables manifestes antisémites qui, dans n’importe quel pays de l’U.E, tomberaient sous le coup de la loi pour incitation à la haine raciale ».

Puis se fut le tour de la télévision palestinienne, de la radio, de la presse de se faire les véhicules de cet endoctrinement et les relais de la martyrologie.

Sans oublier les discours : Yasser Arafat adoptait un ton toujours modéré dans ses allocutions en anglais et appelait au martyre dans ses discours en arabe : « Nous prions Allah qu’il fasse de nous des martyrs. Nous marchons sur Jérusalem, des martyrs par millions…. Nous recherchons le martyre. Nous le voulons tous. Tout le peuple palestinien est prêt au martyre. » disait-il lors d’une interview sur la chaîne Al Jazira. Ou bien encore « Priez pour que je sois un martyr. Y a t-il mieux que de finir en martyr sur cette terre bénie ? » expliquait-il encore lors d’une interview donnée à la télévision égyptienne (2).

Et bien sûr le passage à l’acte. On se souvient en effet qu’à l’été 2000, après l’échec de Camp David et en totale violation des accords de Wye Plantation, c’est Arafat lui même qui décide de libérer des geôles palestiniennes les détenus islamistes les plus radicaux, ceux-là mêmes qui vont perpétrer tant d’attentats contre des civils israéliens. Pour chaque carnage opéré par le Jihad Islamique ou le Hamas sa responsabilité est immense.

Sur un même registre, personne n’ignore que les Brigades des Martyrs d’Al Aqsa, mouvement terroriste qui a tué des dizaines de civils innocents, dépendait officiellement du Fatah de Yasser Arafat dont les proches recrutent, entraînent et rémunèrent les candidats kamikazes. Comment peut-on faire impasse sur les chèques signés de la main du Raïs et destinés aux familles des « martyrs » ?

Nous pourrions aussi parler du Karine A et de bien d’autres affaires révélées notamment par l’opération Rempart, sur lesquelles la culpabilité d’Arafat est patente.

Ces derniers temps le Raïs, pourtant accusé de corruption généralisée, exhorté par une partie de la population palestinienne aux réformes, s’était abstenu de déléguer quoique ce soit de ses prérogatives. Il continua par exemple à conserver le pouvoir qu’il exerçait sur plus de 30.000 hommes appartenant aux services de police et de sécurité en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. Depuis peu certains avaient compris qu’il n’était plus l’homme de la situation, l’appelant à se retirer ou à « lâcher du lest ». Ce fut même le cas de plusieurs états arabes dont l’Egypte, qui appela clairement Arafat à passer la main et à ne conserver qu’un rôle honorifique.
Arafat lâché par tous… Pas exactement.

Un pays a continué à le soutenir coûte que coûte, jusqu’à la fin, n’hésitant pas à le remettre en selle dès lors qu’une menace pesait sur sa pérennité politique. Il s’agit de la France, soutient inconditionnel, qui sauva sa tête en août 1982 à Beyrouth et qui depuis n’a jamais varié sa position. La dernière visite de Michel Barnier à la Moukata, les chaleureuses visites de Jacques Chirac à l’hôpital de Clamart, les honneurs militaires dignes d’un illustre héros national ou les propositions de certaines municipalités de donner le nom de Yasser Arafat à des rues ou avenues françaises, entrent dans cette logique. Une logique qui est en tout cas limpide pour les organisations les plus radicales telles que le Hamas, le Hezbollah ou les groupuscules salafistes irakiens, qui, dans l’épreuve des deux journalistes français pris en otage en Irak, sont venus soutenir la France comme par « gratitude ». Drôles d’amis…

La France amie intime d’Arafat, probablement… Amie du peuple palestinien et soucieuse de son devenir ? Pas si sûr.

Je suis de ceux qui croient que c’est d’un vrai leader bâtisseur, réformateur, rassembleur dont le peuple palestinien a besoin. Il le mérite, il y a droit. Ce peuple, aujourd’hui dans un total désarroi, qui paye depuis 50 ans les choix catastrophiques des chefs d’états arabes (du refus de la résolution 181 de l’ONU aux nombreuses guerres israélo-arabes en passant par le triple non de Khartoum) mais aussi de ses propres chefs palestiniens, Arafat en tête (choix du terrorisme avec un nombre incalculable d’attentats partout dans le monde, refus de camp David où Barak offrait « tout » au futur état palestinien (3), choix de l’Intifada avec la radicalisation que l’on sait, re-bascule dans le terrorisme le plus extrême et enfin asphyxie de l’espoir de paix que représentait Mahmoud Abbas…).

Si la France était dans son rôle en accueillant un Yasser Arafat souffrant, elle est allé beaucoup trop loin dans les honneurs et hommages qui ont été rendus au leader palestinien qu’il a été.

Cette attitude a probablement contribué à renforcer encore davantage le sentiment d’appartenance d’une certaine jeunesse arabo-musulmane française à la cause palestinienne et importer, encore un peu plus, ce conflit proche oriental dans nos banlieues.

Il serait bon que notre pays qui a tant tardé à ranger le Hamas dans les organisations terroristes, comprenne que le peuple palestinien mérite mieux qu’un Yasser Arafat à sa tête, qu’un chef terroriste dont le bilan depuis près de quarante ans, tient plus du dépôt de bilan que de la construction d’un réel avenir.

Eric Simon
O.L.I.P.O (Observatoire pour une Lecture de l’Information sur le Proche Orient)
25 novembre 2004

Center for Monitoring the Impact of the Peace

Déclarations de Yasser Arafat sur les chaînes Al Jazira et égyptienne relatées dans Courrier International N°596 du 4 au 10 avril 2002.

Le gouvernement Barak proposait la création d’un Etat palestinien sur Gaza et plus de 95% de la Cisjordanie et proposait la partition de Jérusalem en deux capitales. Bill Clinton, parrain de cette négociation, fait reposait l’entière responsabilité de son échec sur Arafat.



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