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Al-Shatat : une production syrienne en l’honneur du Ramadan
MEMRI
Article mis en ligne le 19 décembre 2003

Pendant les mois d’octobre et de novembre, un feuilleton syrien en vingt-neuf épisodes produit spécialement pour le Ramadan, Al-Shatat (Diaspora), a été diffusé par la chaîne de télévision Al-Manar , affiliée au Hezbollah libanais. Le feuilleton prétend relater l’histoire des Juifs et de l’évolution du sionisme. Dans les prochaines semaines, MEMRI réalisera une vidéo résumant les moments forts du feuilleton. Nous vous proposons ici un bref historique d’ Al-Shatat " :

L’histoire

Selon Al-Shatat, les Juifs tentent de contrôler le monde depuis des siècles, par le biais d’un gouvernement juif mondial secret. Ce gouvernement secret serait, depuis le XIXe siècle, dirigé par la famille Rothschild.

Sous leur direction, les Juifs auraient provoqué les événements suivants : l’embrasement du conflit russo-japonais, l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, le déclenchement des deux guerres mondiales ; le largage de la bombe atomique sur Hiroshima et Nagasaki ; ils auraient en outre aidé Hitler à exterminer les Juifs d’Europe ; ils auraient collaboré avec les Nazis au massacre de 800 000 Juifs hongrois en échange de la libération de 2000 riches Juifs allemands ; d’autres faits leur sont attribués : la destitution du sultan ottoman ; le renversement du tzar Nicolas II ; les pogroms de Kichinev ; le meurtre rituel d’un enfant chrétien en Roumanie et l’utilisation de son sang à la confection de matzot ; la torture et le meurtre d’un Juif marié à une chrétienne ; l’assassinat du tzar Alexandre III de Russie ; l’effondrement de la bourse britannique après la bataille de Waterloo et durant la première guerre mondiale, au profit des Rothschild ; l’espionnage contre la France pour le compte de l’Allemagne (Affaire Dreyfus) ; l’invention d’armes chimiques (par Haïm Weizmann) et leur vente simultanée aux Anglais et aux Allemands ; le refus d’accueillir en Palestine les vieillards fuyant les nazis ; le meurtre de cent personnes en Egypte lors d’un entraînement militaire précédant la première guerre mondiale ; la destitution du Premier ministre britannique Harold Asquith ; ils sont également accusés d’avoir coulé un bateau se dirigeant vers les Etats-Unis avec à son bord des réfugiés juifs, d’avoir assassiné des Juifs qui tentaient de retourner en Europe ; plusieurs autres calamités et crimes leur sont attribuées.

La participation du gouvernement syrien à la production d’ Al-Shatat

Le feuilleton a été produit par la société syrienne Linn. Des représentants officiels de la chaîne Al-Manar ont affirmé qu’Al-Manar avait également participé à la production.

Le gouvernement syrien a nié les rapports (1) mentionnant l’implication de la télévision officielle syrienne. Pourtant, le générique de chaque épisode met en évidence la participation du gouvernement syrien à la production : des remerciements spéciaux sont adressés aux « ministère de la Défense, ministère de la Culture », à la « Police de Damas, l’Administration des musées et de l’archéologie », aux « districts de Damas, d’Alep, de Tartus », et « au Port de Tartus. »

Le coût de la production de la série s’est élevé à 5,1 millions de dollars. Le personnel d’Al-Manar et les producteurs ont déclaré leur intention de la traduire en hébreu, en anglais et en farsi. (2)

Au début du tournage, le producteur était Azmi Mustafa, un Jordanien d’origine palestinienne. Des conflits l’ayant opposé à la société Linn, il a été remplacé par Nazor ’Awad, qui sera présenté comme le producteur de la série.

Non encore diffusée par la télévision syrienne

Bien qu’il s’agisse d’une production syrienne, la série n’a pas encore été diffusée par la télévision syrienne, et ce malgré les promesses de le faire. (3)

Le scénariste du feuilleton a rencontré Ahmad Hassan, ministre syrien de l’information, et le Général Riyadh ’Isma, directeur de l’Autorité publique de la radio et de la télévision, pour réclamer sa programmation, mais celle-ci n’a pu avoir lieu pendant le Ramadan en raison, selon des sources officielles syriennes, du retard pris au cours du montage. En tant que directeur, le Général ’Isma poursuit : « Tant qu’ils ne nous auront pas envoyé l’intégralité des images, nous ne pourrons pas diffuser. Nous devons d’abord les transmettre à la censure. » (4)

Il semble que les Syriens aient préféré restreindre la diffusion du feuilleton à la chaîne Al-Manar en raison des fortes critiques suscitées au niveau international. Bushra Kanafani, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a déclaré à Al-Hayat que « le feuilleton est une production privée, non une production officielle, et la télévision officielle syrienne ne le diffusera pas - ce qui dément les allégations [des critiques du gouvernement syrien]. » Elle a précisé : « Des maisons de production israéliennes et américaines privées produisent des films gorgés de racisme, d’incitation à la haine et de mépris à l’encontre des Arabes et des musulmans. » (5)

Le feuilleton est basé sur des faits historiques

Le feuilleton a été écrit par le Docteur Fath Allah Omar, conférencier à l’Université d’Alep, et l’historien syrien Dr Suheil Zakar, chargé d’en vérifier l’authenticité historique.

Les créateurs du feuilleton ont signalé à plusieurs reprises aux spectateurs la véracité des faits relatés. Ils ont également souligné l’absence d’un quelconque lien avec Le Protocole des sages de Sion. Le directeur adjoint de la branche production d’ Al-Manar Nasser Akhdhar a déclaré : « La série ne montre rien d’autre que la vérité. Elle se fonde sur plus de 250 sources juives et israéliennes, et ne se base sur aucun livre écrit par des Arabes ou des musulmans. La série n’a aucun rapport avec le Protocole des sages de Sion. Les documents sur lesquels se fonde cette série sont divers et présentés le plus objectivement possible. » (6)

Les créateurs semblent s’être préparés à recevoir des critiques du même type que celles essuyées l’an passé, lors de la sortie en Egypte, pendant le Ramadan, du feuilleton Cavalier sans monture, lequel faisait ouvertement référence au Protocole. Ils ont en effet précisé à plusieurs reprises qu’Al-Shatat se basait sur des ouvrages et documents juifs et israéliens, et non sur le Protocole des sages de Sion.

Néanmoins, le scénario ne se contente pas de traiter d’un gouvernement juif secret fidèle à la description du Protocole  ; l’épisode 22 évoque directement l’ouvrage. Dans cet épisode, le « gouvernement juif mondial » se réunit, pendant la deuxième guerre mondiale, pour célébrer la mort d’un million de personnes, et son chef explique pourquoi le massacre des Juifs d’Europe a servi les objectifs du gouvernement secret : « Plus le nombre de juifs tués sera élevé, plus il nous sera facile de convaincre le monde que le Protocole est un mensonge inventé par les chrétiens pour accroître la haine contre les Juifs. Une fois l’opinion publique persuadée du caractère mensonger de ce livre, nous lancerons une offensive secrète pour en établir la véracité, afin que de nouveau le monde nous craigne en son for intérieur et que nous puissions le vaincre sans guerre. A présent, levons nos verres à cette grande guerre. » (7)

Les auteurs mentionnent fréquemment des noms tirés des sources qu’ils affirment avoir consultées.

Au début de chaque épisode sont indiquées les références bibliographiques : la Torah  ; le Talmud ; les Mémoires de Théodore Herzl ; l’Encyclopédie juive  ; le Talmud de Babylone ; l’ idéologie sioniste ; la loi religieuse de Sion ; l’Etat juif de Théodore Herzl ; l’histoire du peuple d’Israël ; les Premiers Israéliens ; les Nouveaux Israéliens ; une Lettre aux païens ; le Trésor caché du Talmud ; la Controverse de Sion."

Le scénariste, Dr Fath Allah Omar, nous apprend que l’histoire de Jeanne, l’amour caché d’Herzl, est tirée du livre les Nouveaux Israéliens, de l’écrivain sioniste Yossi Melman [sic]. (8) Dans une interview donnée à l’agence de presse allemande DPA, Dr Omar fait référence à deux autres sources : l’ouvrage de Douglas Reed La controverse de Sion et l’ Encyclopédie juive de l’ Egyptien ’Abd-El Wahhab Al Masri.

Dr Suheil Zakar, chargé de contrôler la véracité historique de la série, mentionne plusieurs sources complémentaires qui, selon lui, confortent sa version historique des faits. Parmi celles-ci figurent le livre de Charles Carter L’émergence de Yehud pendant la période perse et l’ouvrage d’Amy Dockser Marcus La vue du Mont Nébo : comment l’archéologie réécrit la Bible et remodèle le Proche-Orient (que le Dr Zakar a intitulé La réécriture de la Torah).

Pour ceux qu’intéressent le lien entre sionisme et franc-maçonnerie, le Dr Zakar recommande Pions dans le jeu de William G. Carr (en arabe, le titre est Des pions sur l’échiquier). Il recommande également Mon éveil : le chemin de la compréhension raciale, de l’ancien Grand Sorcier du Ku Klux Klan David Duke.

Au cours du même entretien, le Dr Zakar explique : « Al-Shatat n’est absolument pas basé sur le Protocole des sages de Sion, bien que j’aie lu le Protocole plusieurs fois (…) Lors de la vérification historique du scénario, j’ai examiné scientifiquement tout ce qui y est dit et j’espère que tous ceux qui émettraient des doutes [quant à son authenticité historique] me présenteront des preuves au lieu de pousser des cris (…) Le temps est venu de faire la guerre au sionisme, armés de science. Ce n’est pas seulement un combat pour l’avenir des Arabes et des musulmans, mais pour le destin de toute l’humanité. »

Dr Zakar discute ensuite de l’influence des Juifs aux Etats-Unis, brièvement évoquée dans le feuilleton, en se référant au discours de Benjamin Franklin, tiré d’une œuvre de propagande nazie de 1935 (9) : « Quant aux Juifs américains, leur contrôle de l’argent, des médias et des décisions politiques ont effrayé certains dirigeants américains, tels le Président [sic] Benjamin Franklin, qui a tenté d’inclure dans la Constitution des dispositions contre l’influence juive. Mais ils ont échoué, et il est remarquable de noter que dès que les Juifs sentent qu’un dirigeant américain manifeste le souhait et l’intention de libérer les Etats-Unis de leur emprise, ils l’empêtrent dans des scandales, rendant sa chute rude et amère. C’est ce qu’il s’est produit, par exemple, avec les Présidents Nixon et Clinton, et avec de nombreux membres du Congrès. » (10)

Al-Shatat : Antisémite ou instigateur de paix ?

Les auteurs d’Al-Shatat se défendent catégoriquement de tout antisémitisme. Le directeur adjoint de la branche production d’ Al-Manar , Nasser Akhdhar, a déclaré que la série ne pouvait en aucun cas être antisémite, puisque tous ceux qui avaient participé à sa production, au montage et à la diffusion étaient des sémites. (11)

Le scénariste, Dr Fath Allah Omar, a fait valoir que le feuilleton favorisait la paix. Dans une interview, il s’est efforcé de réfuter les accusations selon lesquelles le feuilleton encourageait la violence, soulignant : « La série ne peut en aucun cas conduire à la violence et au terrorisme, comme certains ont pu le prétendre. Au contraire : c’est une étape scientifique bénéfique au processus de paix, car elle révèle au monde entier les préceptes du Talmud, permettant aux peuples du monde de savoir quels pièges et autres catastrophes leur préparent les sionistes remplis de haine. Dès lors, ces catastrophes leur seront épargnées, et la sécurité et la paix règneront (…) » (12)

[1] http://www.memri.org/bin/#_ednref1 Par exemple, Adli Sadeq, Al-Hayat Al-Jadida (Autorité palestinienne), le 11 novembre 2003.

[2] http://www.memri.org/bin/#_ednref2 Al-Jazira (Qatar), le 10 novembre 2003.

[3] http://www.memri.org/bin/#_ednref3 Al-Jazira (Qatar), le 10 novembre 2003.

[4] http://www.memri.org/bin/#_ednref4 Al-Hayat (Londres), le 30 octobre 2003.

[5] http://www.memri.org/bin/#_ednref5 Al-Hayat (Londres), le 30 octobre 2003.

[6] http://www.memri.org/bin/#_ednref6 Al-Jazira (Qatar), le 10 novembre 2003.

[7] http://www.memri.org/bin/#_ednref7 Al-Manar (Liban), le 20 novembre, 2003.

[8] http://www.memri.org/bin/#_ednref8 Al-Riyad (Arabie Saoudite), le 29 octobre 2003. Melman, correspondant du quotidien israélien Haaretz, n’a jamais écrit de tel ouvrage.

[9] http://www.memri.org/bin/#_ednref9 Ces propos, inventés de toutes pièces, ont été publiés en 1935 dans un ouvrage allemand antisémite intitulé : « Manuel sur la question juive ». Ce livre prétend que Benjamin Franklin se serait opposé à l’immigration juive aux Etats-Unis pendant une pause lors de la Convention conventionnelle de Philadelphie en 1789 (la Convention en question a eu lieu deux ans plus tôt), et ses commentaires auraient été relevés par le délégué pour la Caroline du Sud Charles Cotesworth Pinckney. Pour en savoir plus sur les propos prétendument tenus, consulter

http://memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&Area=sd&ID=SP33902
http://memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&amp ;Area=sd&ID=SP33902

[10] http://www.memri.org/bin/#_ednref10 Kol Al-Arab (Israël), le 21 novembre 2003.



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