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« 2012 : Une année de violences sans précédent contre les Juifs de France »
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 20 février 2013

Le titre du Rapport sur l’Antisémitisme en France en 2012 est éloquent : « Une année de violences sans précédent contre les Juifs de France ». Les chiffres émanant du SPCJ et du ministère de l’Intérieur sont indiscutables. Comme l’est ce constat : « Loin de susciter une prise de conscience, les attentats de Toulouse et de Sarcelles ont été suivis d’une augmentation très marquée des actes antisémites ». Parmi les insultes proférées il est souvent fait référence à « la Palestine ». On voit là les résultats de la diabolisation d’Israël et des Juifs que Benyamin Netanyahou qualifiait récemment de « l’une des grands fautes morales de notre époque ».

614 actes antisémites recensés en 2012 contre 389 en 2011

La lecture du Rapport du SPCJ – Service de Protection de la Communauté Juive - sur l’antisémitisme en France en 2012 navre. Les chiffres, qui sont aussi ceux du ministère de l’Intérieur, sont effarants. Il y a eu, en effet, 614 actes répertoriés. Ce qui veut dire qu’il y en a eu plus car toutes les personnes agressées ne portent pas forcément plainte. Porte-t-on plainte, en effet, pour un crachat ou une insulte lancée en passant, à la volée ? Pourtant le traumatisme est là, même dans des cas apparemment bénins. Porte-t-on plainte, aussi lorsque l’on a peur des représailles et que les agresseurs peuvent vous identifier ?

90 actes antisémites perpétrés en dix jours après la tuerie de Toulouse

Ces chiffres sont effarants car ils dépassent largement ceux de l’année 2011. Qui étaient de 389. Mais aussi parce que, alors qu’on avait cru que la France entière avait condamné les meurtres du tueur de Toulouse, perpétrés dans ce qui aurait dû être le sanctuaire d’une école, on constate en réalité que « après l’attentat de Toulouse, de nombreux actes antisémites ont été commis en faisant référence au soutien ou à l’identification à Merah et à son action ». Soit « 90 actes en dix jours ». Il en va de même après une attaque antisémite commise à Sarcelles car « après l’annonce du démantèlement de la cellule terroriste en lien avec l’attentat de Sarcelles, il a été constaté de nombreux cas de tirs au pistolet à plomb contre des Juifs ». Soit « 28 actes en 8 jours ».

Chiffres effarants lorsque l’on perçoit ce que signifie chacun d’entre eux à la lecture, dans ce Rapport, « d’extraits d’actes antisémites perpétrés en France en 2012 ». Multiplié six cent quatorze fois....

Importation du conflit israélo-palestinien depuis les accusations portées par France 2

Bien que rien ne soit précisé à propos des « individus » ayant commis ces actes, on notera que parmi les insultes proférées on retrouve fréquemment des références à « la Palestine » ou aux Palestiniens. L’importation du conflit israélo-palestinien est donc bien une réalité. Son instrumentalisation aussi. On le sait depuis l’année 2000 époque à laquelle le nombre d’actes antisémites a augmenté de manière très significative en France et ailleurs, parallèlement à la deuxième Intifada. Les accusations portées par France 2, imputant clairement et sans preuves ou vérifications, la mort de Mohamed Al-Dura au carrefour de Netzarim à des soldats israéliens, le don par la chaîne des images tournées alors à qui en faisait la demande, avaient largement contribué à cette flambée d’antisémitisme. Accusations mises en doute depuis, entre autres par Arlette Chabot, alors directrice de l’information de la chaîne. Rien ne prouvant, en effet, une quelconque culpabilité de ces soldats. Réserves de taille qui ne furent pourtant pas relayées par les médias comme cela aurait dû l’être. Accusations que conteste toujours Philippe Karsenty qui reste accusé par cette chaîne et son journaliste, Charles Enderlin, de diffamation . Affaire qui est encore devant les tribunaux .

Ce phénomène de l’importation de ce conflit se traduisant par des actes antisémites, ce que les autorités n’avaient pas su reconnaître alors, de l’aveu même, quelque temps plus tard, du Secrétaire national du P.S., qui est aujourd’hui Président de la République. Et que ces autorités n’avaient donc pas combattu. La clémence dont avaient bénéficié les coupables les ayant enhardis, ce « nouvel antisémitisme » s’installa. Avec des poussées suivis par des accalmies relatives. Et la recridescence constatée aujourd’hui par le SPCJ.

Foyers de haine localisés

On notera également dans ce Rapport que ces actes antisémites sont plus nombreux à Villeurbanne, ville limitrophe de Lyon, dans certains arrondissements de Paris, les XIXème et XXème notamment, ou à Sarcelles.

Des actes perpétrés dans un contexte « d’antisémitisme islamiste renaissant », de « délégitimation d’Israël...une des grandes fautes morales de notre époque »

Ce qui se passe en France aujourd’hui ne se produit pas ex-nihilo. Certains auteurs de ces actes précisent en les commettant que ce qui les motive est « la Palestine » ou les Palestiniens. C’est donc dans ce contexte qu’il faut les replacer. Le 18 février, le Premier ministre israélien s’adressant au Conseil d’Administration de l’Agence Juive, pour lui demander de reconduire Nathan Chtaransky dans ses fonctions de Président de cette agence, dressait un état des lieux, détaillant les dangers auxquels est confronté Israël actuellement : Iran, Hamas, Jihad Islamique, Hezbollah, Syrie, et une région instable attirée pour partie par un obscurantisme digne des premiers temps du Moyen-Age.

Puis Benyamin Netanyahou rappelait « les dessins des ennemis du peuple juif....ce désir millénaire des ennemis des Juifs, nourris par la haine des Juifs dans l’antiquité et les temps médiévaux et modernes d’éradiquer le peuple juif. Cela n’a pas changé. Il se peut que cela ait été repoussé au second plan pendant quelques décennies après la Shoah, cela étant politiquement malséant, mais cela est revenu avec force, avec l’antisémitisme islamiste renaissant, la gauche anarchiste et cet étrange lien dont vous [ Nathan Chtaransky ] avez souvent parlé ; et aussi l’échec de ceux qui devraient être mieux inspirés et devraient se dresser contre la délégitimation d’Israël, mais en fait y participent ou y aident en dénaturant Israël, qui est un pays d’une moralité exemplaire, le seul pays [ de la région ] qui respecte les droits de l’homme, se bat pour la démocratie, se bat pour que l’on ait le droit de se faire entendre, se bat pour les droits de ses minorités et pour les préserver, ainsi que pour les droits des femmes et de tous ; la délégitimation d’Israël compte tenu des tentatives faites pour le détruire est l’une des grandes fautes morales de notre époque  ».

Cet « l’antisémitisme islamiste renaissant », constaté par Benyamin Netanyahou, sans être forcément islamiste mais souvent simplement islamique, est diffusé quasi quotidiennement par l’Autorité palestinienne, notamment par la voix de son Mufti Mohamed Al-Husseini, des dirigeants religieux des Frères musulmans, des ayatollahs chiites iraniens, ou le Hezbollah. Il est assez largement répandu dans le monde arabo-musulman en général. Ainsi, lorsqu’une journaliste vedette d’Al-Jazeera avait rendu hommage sur sa Page Facebook à Hitler qui accordait aux soldats nazis musulmans des temps de prière et vilipendé les médias « aux mains des Juifs » ayant occulté ces faits, disait-elle, pour se focaliser sur une Shoah très exagérée, selon elle, – ce qu’elle conteste aujourd’hui, son nom ayant été usurpé dit-elle - une de ses consœurs algériennes lui avait donné pleinement raison, concluant : « Son crime de lès-majesté a été d’exprimer tout haut ce que tous les musulmans pensent tout bas » .

Quant à la délégitimation d’Israël, cette diabolisation, on y assiste un peu partout au quotidien. On sait que les dirigeants palestiniens sont passés maîtres dans cet art. Comme le détaille l’observatoire des médias palestiniens, Palestinian Media Watch On a vu à quoi pouvait aboutir cette incitation à la haine antisémite avec l’assassinat d’une partie de la famille Fogel, enfants et bébé y compris, voici près de deux ans...

Campagnes bien orchestrées et responsabilité des politiques

A cet égard on constate la responsabilité des politiques qui justifient en quelque sorte la haine anti-israélienne, et antisémite par ricochet, en utilisant des slogans absurdes mais chocs comme qualifier Gaza, voire des Territoires gérés par l’Autorité palestinienne de « prison à ciel ouvert », voire, pourquoi pas, de « camp de concentration à ciel ouvert »... Ce que l’on a entendu pendant la campagne présidentielle en France ...Des personnalités politiques ou autres s’engageant par ailleurs aux côtés de ceux qui demandent un boycott de produits venant d’Israël ou des implantations, boycott pourtant interdit en France et puni par la loi, son caractère raciste étant reconnu....

Cette campagne de boycott dite de BDS, initiée par des organisations palestiniennes ne pouvant fonctionner qu’avec l’aval de l’Autorité palestinienne qui les autorise et les finance. Autorité palestinienne qui a les moyens financiers de propager son incitation à la haine et à la violence anti-israéliennes et antisémites de par le monde et a les relais pour ce faire. Comme l’avait démontré aussi une émission « Un œil sur la planète » qui posait la question « un État palestinien est-il encore possible » et présentait à cette occasion des reportages pour le moins biaisés en donnant la parole à certains de ces relais

Tout un ensemble de campagnes visant à diaboliser Israël sont ainsi mises sur pied. La dernière en date étant celle qui utilise – et a peut-être initié - des grèves de la faim de prisonniers palestiniens détenus en Israël. Un dénommé Samer Issawi, arrêté et condamné plusieurs fois pour terrorisme, condamné à trente ans de prison en 2002 pour avoir attaqué des Israéliens , relâché dans l’échange ayant permis la libération fin 2011 de Guilad Shalit, jeune otage franco-israélien détenu au secret par le Hamas pendant près de cinq années, a été arrêté de nouveau pour avoir violé ses conditions de libération et participé à des activités illégales au caractère dangereux. Il est « détenu administratif », c’est-à-dire en attente de jugement mais a entrepris une grève de la faim voici près de deux cents jours, grève de la faim intermittente, sous surveillance médicale. Un juge a prolongé sa détention administrative le 19 février. Ce qui signifie qu’il y a suffisamment de preuves pour ne pas le relâcher. Preuves ne pouvant pas être rendues publiques pour des raisons de sécurité. Des manifestations violentes ont été organisées dans les territoires palestiniens ces jours derniers pour exiger sa libération, ainsi que celle de deux autres grévistes de la faim. Un député arabe israélien avertissait que s’il mourrait la région serait mise à feu et à sang. Un tel écho a été donné à ce cas que nombre de personnalités ou organisations, comme l’UE ou l’ONU s’en émeuvent...

Rien de tel, pourtant, lorsque, en novembre dernier, des détenus salafistes tunisiens, grévistes de la faim sont morts en prison à Tunis au bout de 57 jours. Le contraste entre le traitement des deux affaires est édifiant...

Une photo de l’année qui diabolise Israël, gommant son contexte et minimisant, toute autre souffrance

La responsabilité des médias qui privilégient souvent l’idéologie ou le sensationnalisme à l’enquête est évidente. Benyamin Netanyahou évoquait d’ailleurs « ceux qui devraient être mieux inspirés et devraient se dresser contre la délégitimation d’Israël, mais en fait y participent ou y aident en dénaturant Israël ».

Un exemple récent en est la Photo de l’Année 2012 choisie par la Fondation World Press Photo. Il s’agit d’une photo de Paul Hansen prise à Gaza lors des funérailles de deux enfants tués au cours d’une frappe israélienne en réplique aux centaines de missiles et roquettes tirées contre les populations israéliennes avant l’Opération Pilier de Défense. Photo certes déchirante. Mais sortie de son contexte et sans que soit rappelées en rien les circonstances, ni précisé, bien entendu, que les frappes israéliennes, bien que ciblées, ne peuvent jamais épargner tous les civils. Le Hamas a d’ailleurs été accusé de se servir de la population gazouie comme bouclier humain, ce dont il ne fait pas mystère, vantant les mérites du « martyre » .Cette Fondation entend pourtant, dit-elle, « inspirer la compréhension du monde avec le photojournalisme ».... Dans ce cas, d’autres photos, tout aussi déchirantes, voire plus car l’intention de tuer ou blesser était là, auraient pu, dues être choisies... Comme celle d’un tout petit enfant syrien blessé, photo sélectionnée mais jugée sans doute moins « porteuse »...

La télévision norvégienne, pourtant généralement hostile à Israël, donne l’exemple

On sait aussi combien il est ardu de faire entendre une voix discordante en la matière, combien il est difficile de faire entendre la vérité. Ce que vient pourtant de faire la télévision norvégienne, en dépit de son hostilité envers Israël, grâce, notamment à la détermination de l’Ambassadeur druze d’Israël en Norvège. Cette chaîne dénonçant aujourd’hui l’incitation à la haine anti-israélienne et antisémite de l’Autorité palestinienne. On se prend à rêver que des chaînes françaises puisse diffuser des reportages semblables...Et ne parlons pas de l’incitation du Hamas depuis la Bande de Gaza...

L’influence des images transmises par des paraboles a souvent été évoquée. Même si les téléspectateurs qui regardent les images diffusées par des chaînes à coloration islamiste n’en comprennent pas toujours les paroles. Et puis il y a des vidéos et il y a la diffusion de l’incitation à la haine antisémite sur internet... que Marc Knobel appelait « l’Internet de la haine ». Le dernier ouvrage qu’il publiait en 2013 « Haine et violences antisémites 2000-2013 » a pour sous-titre « menaces sur la France ». C’est en effet, la République et son tissu social qui sont ainsi menacés.

Sans doute les municipalités où l’on enregistre le plus d’actes antisémites devraient-elles examiner ces questions sans tarder et tout mettre en œuvre pour remédier à une situation des plus graves. Les dirigeants religieux concernés devraient en faire de même et se prononcer clairement contre toute manifestation d’antisémitisme.



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