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Syrie : exemple flagrant de l’absurdité du Rapport d’Information parlementaire présidé par Elisabeth Guigou
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 12 juin 2011

Le « Président » syrien fait tirer tanks et hélicoptères sur les manifestants dans les rues de Syrie, faisant des dizaines de victimes. Il fait tirer sur les enterrements. On parle de villes littéralement « étouffées »....Occident et ONU protestent mollement. Pourtant, en mai 2009, le Rapport parlementaire, d’une mission d’information présidée par Elisabeth Guigou, faisait état de nets progrès et d’un blocage dû surtout au « conflit israélo-palestinien... ». Un Rapport qui avait eu une influence très nette sur l’action gouvernementale et présidentielle. Comme en ont d’autres rapports tout aussi infondés...

Lire ce Rapport sur la Syrie aujourd’hui à la lumière des tueries gouvernementales syriennes

Pour qui a lu attentivement le « RAPPORT D’INFORMATION DÉPOSÉ en application de l’article 145 du Règlemen PAR LA COMMISSION DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES en conclusion des travaux d’une mission d’information constituée le 20 mai 2009 (1), sur la place de la Syrie dans la communauté internationale, Présidente Mme Elisabeth GUIGOU, Rapporteur M. Renaud MUSELIER, Députés »enregistré à l’Assemblée Nationale sous le N° 2628, ou a entendu Elisabeth Guigou le présenter à la presse, les informations venues quotidiennement de Syrie depuis des semaines, ont un côté surréaliste....Comment ce pays où ont été « constatées » des avancées certaines, qui aurait à sa tête un « Président » qu’il fallait encourager, envers qui il fallait poursuivre une politique française de « main tendue » montrant la voie au reste du monde, peut-il assassiner ainsi des centaines de manifestants en utilisant tanks et hélicoptères pour tuer... . et pousser des centaines de Syriens à fuir en Turquie… Ce qui a poussé Erdogan lui-même à condamner Bashar al-Assad...
Cette « main tendue » française, il est vrai, « n’était d’ailleurs pas inconditionnelle ... » mais, constataient les auteurs du Rapport, « des progrès – certes d’inégale importance – ont été enregistrés » Il fallait donc les encourager à coups de subventions.

Payer pour être aimé, un travers français

Et donc, lisait-on, en juin 2009, « la France a ainsi aujourd’hui des relations denses et diversifiées avec la Syrie. La cordialité retrouvée des relations politiques suscite beaucoup d’attentes du côté syrien en termes d’investissements et d’actions de coopération. Si les premiers dépendent surtout de décisions que les entreprises prennent en fonction de leur appréciation du marché syrien, les secondes sont subordonnées aux moyens que l’Etat décide de leur consacrer, même si des cofinancements privés, notamment en provenance des entreprises françaises implantées en Syrie, peuvent venir abonder ces moyens dans une certaine mesure.... » Et le Musée du Louvre d’aider les musées syriens, entre autres aides, certes limitées, mais aides quand même versées avec l’argent du contribuable : « Crédits de coopération culturelle, scientifique et technique : 2,8 millions d’euros »

Quant à l’Agence Française pour le Développement, elle verse également des sommes non négligeables à la République syrienne . Ainsi, « la visite du Premier Ministre français en février 2010 a permis de signer avec la Commission d’Etat au Plan un Mémorandum d’entente définissant un programme indicatif, non exhaustif, de 150 Millions d’Euros pour 2010 et 2011 sous forme de prêts à l’Etat. » Engagement revu à la hausse en janvier de cette année par le directeur de l’AFD : « M. Dov Zerah a souligné sa volonté d’aller plus loin que le premier objectif de 150 Millions d’euros, en mentionnant notamment la capacité de l’AFD à financer des projets d’infrastructures dans le domaine des transports ou de l’efficacité énergétique. » Par ailleurs, on apprend que « le Directeur général de l’AFD a également été reçu par Madame Asma el-Assad. »

Qui avait reçu Elisabeth Guigou et lui avait fait si bonne impression en 2009. On lit en effet dans le Rapport parlementaire : « un projet, soutenu par l’ambassade des Etats-Unis et portant sur les questions du mariage et de la polygamie, a dû être arrêté sous la pression des imams qui contestaient la mise en avant de la notion d’égalité homme-femme.
Seule une évolution des mentalités permettrait de réaliser des progrès importants dans ce domaine. Celle-ci devrait être favorisée par l’exemple que donne l’épouse du président de la République, Mme Asma el-Assad, avec laquelle la Présidente de la Mission a eu l’honneur de s’entretenir. Née en 1976 en Grande-Bretagne, où elle a été élevée, Mme el-Assad a un master en économie du King’s College et a travaillé dans la finance aux Etats-Unis avant d’épouser le président, en janvier 2001. Elégamment vêtue à l’occidentale, non voilée, elle a fondé une GO-NGO très active dans l’action sociale et suit très attentivement la politique culturelle du pays. Elle donne une image de modernité à la fois vis-à-vis de l’extérieur, mais aussi à l’attention de ses concitoyennes. Elle a notamment soutenu les associations féministes qui ont conduit la mobilisation contre le projet de réforme du statut personnel. Elle fait preuve d’une grande lucidité sur la situation de son pays, ainsi que sur la portée et les limites de ses actions. » Un bémol, certes, mais, à la lecture de ce Rapport de fait totalement à côté de la plaque, rien ne laissait imaginer ce qui se passe aujourd’hui...Et on se demande qu’elle est l’influence de cette femme élégante et moderne sur un Président assassin....

En mars de cette année, « une mission de l’AFD en appui au Ministère du Tourisme dans le domaine de la formation professionnelle a été organisée en Syrie du 16 au 24 mars. La mission était composée du chef de projet formation professionnelle à l’AFD, M. Hervé Dubreuil, de trois représentants de l’Ecole Hôtelière d’Avignon (EHA), et de M. Michel Isnel représentant la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.... » Bref, des fonds importants ont été ainsi galvaudés sans que quiconque ait de comptes à rendre...

La faute « à » trop peu de financements, Israël, GW Bush

Quant à la conclusion du Rapport parlementaire de 2009, elle est édifiante. Certes la Syrie pourrait mieux faire, y lit-on, mais elle a déjà fait beaucoup et devrait être encouragée à en faire plus grâce à une aide financière accrue... « La Mission estime que la France doit continuer à soutenir les efforts de modernisation de l’économie, des infrastructures, de l’administration et des institutions culturelles et d’enseignement syriennes. Pour ce faire, les structures françaises qui en sont chargées doivent bénéficier de moyens financiers à la hauteur des engagements politiques pris à l’égard des autorités syriennes. »

De plus, la source de tout blocage reste, selon les auteurs, «  l’absence d’avancée dans le règlement du conflit israélo-palestinien. » Si GW Bush est largement critiqué dans ce rapport on y lit en revanche que « l’administration Obama a commencé à rééquilibrer sa position sur ce dossier, une initiative européenne en faveur de ce règlement est indispensable et urgente ; elle est vivement souhaitée par les Palestiniens et pourrait aussi avoir un effet positif sur la Syrie. » Puis vient cette analyse : «  aussi longtemps que le conflit israélo-palestinien n’aura pas trouvé une solution fondée sur le respect du droit des Israéliens et des Palestiniens à vivre dans un Etat national sûr et viable, c’est-à-dire aussi longtemps que les modérés n’auront pas démontré que la voie qu’ils ont choisie conduit à la paix, la Syrie ne renoncera pas à soutenir les « forces de la résistance ». Car ce soutien lui assure une légitimité internationale et la sympathie de la rue arabe, une sympathie que l’absence d’avancées dans le processus de paix ne fait que stimuler. Si un Etat palestinien voyait enfin le jour, si un accord sur la restitution du Golan était trouvé – ce qui est parfaitement concevable –, la Syrie ne pourrait plus justifier ni le maintien de l’état d’urgence, ni son appui à des « forces de la résistance » devenues inutiles. Le fondement anti-israélien de son alliance avec l’Iran disparaîtrait, tandis que le Hezbollah, l’un des relais de son influence au Liban, n’aurait plus qu’à devenir une force politique parmi d’autres et pourrait s’éloigner de ceux dont son armement dépend aujourd’hui. » Plus naïf que ça....

On comprend dès lors que Nicolas Sarkozy ait conseillé à Israël lors du dernier dîner du CRIF de « restituer le Golan  » ou pourquoi la France soutient si activement l’idée de l’établissement d’un État palestinien dans l’urgence....allant jusqu’à voir, par la bouche de son ministre des Affaires étrangères une chance pour la paix dans la signature d’un accord entre le Fatah et le mouvement terroriste du Hamas...

Mais on se demande ce que « le conflit israélo-palestinien » a à voir dans ce qui se passe aujourd’hui en Syrie...Ce qui rend ce Rapport totalement absurde. Un Rapport qui a coûté des sommes considérables au contribuable français d’une manière ou d’une autre : frais divers, déplacements, subventions, dons...en pure perte, on le voit...

D’autres rapports et postes bidon dont celui d’une représentante spéciale pour la paix au proche-Orient, aujourd’hui candidate à la députation pour la 8ème circonscription

On se souvient que les Rapports sur la situation en Tunisie avaient été tout aussi fallacieux, pour ne prendre qu’un exemple. Il en va de même pour les Rapports que n’a sans doute pas manqué de faire la représentante spéciale pour la paix au Proche-Orient, - au titre si long et qui englobe tout ce qu’il est possible d’imaginer et auquel s’en ajoute désormais un autre, celui de Secrétaire nationale de l’UMP en charge des relations avec les clubs, les think tank, et les partis politiques étrangers
-, étant donné les contacts qu’elle a multipliés avec les « autorités » palestiniennes » et le fait qu’elle compte des amis parmi les « ministres » palestiniens. Là encore, par son intermédiaire, la France est venue les bras chargés de cadeaux, sous la forme, notamment, d’une zone industrielle à Bethehem dont l’ouverture semble avoir été repoussée sine die. En janvier 2011 cette zone avait d’ores et déjà coûté au contribuable français 5 millions d’Euros pour une ouverture annoncée pour février

Étonnamment, aujourd’hui, ni le nom ni la photo de la représentante qui en avait pourtant fait son projet phare ne figurent sur le site du parc, alors que l’on y voit Christian Estrosi, alors ministre, planter un arbre dans ce qui devait être un fleuron de la coopération franco-palestinienne ?option=com_content&view=frontpage&Itemid=20 On retrouve toutefois son nom dans les pages consacrées à cette zone industrielle par le consulat de France à Jérusalem . Il n’est pourtant plus mentionné lors de la dernière mention en date à propos d’une visite du consul en avril dernier dans ce qui semble être un chantier qui est loin d’être achevé

Cet effacement serait-il dû à l’état d’avancement assez piteux d’une zone annoncée à grand renfort de trompettes ou au fait que désormais la représentante a été choisie par l’UMP pour être candidate à la députation pour les Français de la 8ème circonscription qui comprend Israël, Italie, Grèce, Chypre ou Turquie ? Ou les deux ? Elle vient d’ailleurs de lancer sa campagne à Netanya, ville très française en Israël... On comprend dès lors que des embrassades médiatisées à Ramallah ne soient plus de mise...Ou qu’elle ne puisse plus mettre en avant que « que sa mission était de soutenir le processus diplomatique et de montrer au peuple palestinien que le Président de la République française, le ministre des Affaires étrangères et européennes ainsi que le peuple français se souciaient des intérêts quotidiens des Palestiniens. » Ou encore « rappeler ou faire connaître aux Israéliens les problèmes et les besoins de leur voisins palestiniens. Elle utilisera pour ce faire les moyens mis à sa disposition par la société civile. « Au lieu de construire des murs et poser des entraves, il faut construire des ponts entre les sociétés », a-t-elle déclaré. » Nous étions en octobre 2009.

Et, de toute évidence, la représentante spéciale n’avait jamais entendu de la coopération avec les autorités palestiniennes mise sur pied au quotidien par Israël dans tous les domaines depuis des lustres par le biais d’un organisme officiel : COGAT . Qui, à titre d’exemple, coordonnait le passage d’ambulances devant emmener des patients palestiniens dans des hôpitaux israéliens au plus fort des émeutes du 5 juin dernier... ou assure que les Gazaouis reçoivent tout ce dont ils ont besoin pour vivre normalement, en dépit des tirs émanant de la Bande de Gaza ou du fait que Guilad Shalit y soit retenu en otage depuis près de 5 ans.

Par ailleurs, tout récemment cette représentante, censée être spécialiste de la région, montrait qu’elle ignore totalement les réalités de l’incitation à la haine et à la violence anti-israélienne de l’Autorité palestinienne lors d’une rencontre au CRIF qui évoque pourtant largement et fréquemment ce sujet dans sa newsletter...Elle n’a donc strictement rien fait pour endiguer ce flot de haine qui constitue un véritable obstacle à la paix... On se demande dès lors à quoi a servi se mission...Là encore le rapport qualité / prix laisse fortement à désirer. Et il est très étonnant que l’UMP l’ait choisie pour être sa candidate à la députation pour cette circonscription.

Cette représentante candidate ne semble pourtant pas faire l’unanimité au sein du gouvernement à en croire le Canard Enchaîné que reprend JSS News En effet, son ministre de tutelle, Alain Juppé, l’aurait récemment snobée...



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