Bandeau
DESINFOS.COM
Slogan du site

Depuis Septembre 2000, DESINFOS.com est libre d’accès et gratuit
pour vous donner une véritable information indépendante sur Israël

Danny Ayalon dénonce l’aveuglement de nombre d’analystes face aux réalités du Moyen-Orient qui sont autant d’obstacles à la paix
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 20 février 2011

Il y aurait de quoi rire si cela ne prêtait à pleurer...l’aveuglement d’analystes et d’experts es- Moyen-Orient que dénonce le vice-ministre des Affaires étrangères israélien est sidérant. Danny Ayalon est sans doute tenu à une certaine réserve, mais il ne fait aucun doute que l’on peut remplacer le mot « analyste » par celui de « chef d’État »...

Requins et vautours ou la bêtise inouïe de certains pays arabes...

Le vice-ministre des Affaires étrangères israélien, Danny Ayalon, apporte une note d’humour, par le biais d’un texte publié par le Huffington Post titré : « les dinosaures continuent à chercher des requins et des vautours israéliens. » Il se réfère à deux incidents récents ahurissants, rappelant comment, lorsque des requins avaient attaqué des touristes en mer Rouge, dans une station balnéaire égyptienne, « des voix s’étaient élevées en Égypte pour affirmer qu’il s’agissait d’un complot du Mossad, » puis comment « un vautour, accusé d’être « un agent israélien  » avait été « arrêté » en Arabie Saoudite ... » Le ministre ne le dit pas mais on voit ici que le ridicule ne tue pas...Or, personne ne s’était esclaffé officiellement dans les chancelleries occidentales devant tant de bêtise...

Manœuvres de diversion classiques

Danny Ayalon précise que ce ne sont que deux exemples récents de ce qui peut se dire dans la région où l’on voit la main d’Israël dans quasiment tout ce qui s’y passe...Il poursuit en notant que « bien que ces théories du complot ont longtemps fait partie d’une tactique de diversion autoritaire contre les véritables maux de leurs sociétés, certains en Occident suivent cette tendance et voient Israël avec des œillères, même sans tout suivre à la lettre.

Un aveuglement qui perdure en dépit de la situation actuelle : la faute « à » Israël

Et il déplore que « certains experts européens ou américains estiment que tout ce qui se passe au Moyen-Orient, que ce soit un événement majeur ou pas, est lié à Israël. » Et il joute qu’ils sont tellement obsédés par Israël et le soi-disant « conflit au Moyen-Orient, » terme qui ne tient aucun compte ou fait peu de cas de tous les autres conflits dans la région considérés comme sans importance ou ne valant pas la peine qu’on en parle, qu’ils n’appréhendent pas cette région en dehors d’Israël et de l’Autorité palestinienne. »

Danny Ayalon note ensuite que « on pourrait penser que les récents événements en Tunisie, au Caire, au Yémen et ailleurs auraient exigé que se livrent à une introspection et fassent preuve d’ humilité, ces beaux-parleurs qui pontifient depuis leur think-tanks confortables et leur position d’analystes autoproclamés à Washington, Londres et Bruxelles. » Or, « certains de ces analystes n’ont pas modifié leur façon de penser éculée et dépassée même après les événements récents, se bornant à relier ces troubles à Israël et au processus de paix. Ils sont devenus les dinosaures des affaires internationales et de l’analyse de la politique étrangère et les faits qui contredisent leur pensées n’ébranlent pas leurs fondements idéologiques.

Un Rapport capital des Nations unies sur le développement des pays arabes largement ignoré

Nombre de ces analystes, ceux qui prétendent avoir de l’expérience dans les affaires du Moyen-Orient, comme ceux qui prétendent avoir fait partie d’équipes de négociation dans le cadre du processus de paix, alors qu’ils n’ont pas fait grand chose de plus que faire le thé, n’ont pas de connaissance approfondie de la région. Ils ont fondamentalement ignoré le Rapport PNUD [ Programmes pour le Développement des Nations unies ] de 2009 pour le développement humain des Etats arabes qui était une feuille de route virtuelle pour les événements » actuels.

« Ce rapport montrait que dans les pays arabes il n’y a de développement humain dans aucun des domaines, tel que la liberté, l’autonomie des femmes et leur éducation. En outre, près de 40% du monde arabe vit en-dessous du seuil de pauvreté international. Pour que le monde arabe se borne à maintenir sa position actuelle, qui est au plus bas de l’échelle du développement, il faudra créer 51 millions d’emplois dans les dix prochaines années. »

On peut ajouter à ces carences le fait que dans ces pays il y a un fossé entre les nantis, extrêmement riches comme on l’a vu récemment lorsque l’on a appris quel était montant des fortunes amassées par certains dirigeants, et les pauvres...A ce propos il faut rappeler que plus d’un million de pauvres égyptiens « vivent » dans le cimetière du Caire...

Le ministre poursuit en soulignant que « le rapport, co-écrit par des érudits arabes a été un cri poussé dans l’obscurité qui aurait dû pousser de nombreux analystes occidentaux à se réveiller et voir les problèmes très réels qui affectent le monde arabe. En outre, la presse arabe libre traite quotidiennement de ces questions. Cependant, cette approche paternaliste et peut-être même chauvine de certains de ces analystes dit aux habitants de la région ce qu’ils devraient penser plutôt que d’apprendre et de les écouter.

Ils s’accrochent pourtant à leur affirmation éculée et discrédité selon laquelle la construction de quelques appartements à Ariel est ce qui enrage la soi-disant « rue arabe. » Pour ceux qui ne lisent pas l’arabe, nombre de ceux qui manifestent dans leur capitale écrivent des slogans en anglais pour exprimer leurs frustrations de façon à ce que le reste du monde puisse comprendre.

Je n’ai pas vu de panneaux sur les colonies, les Palestiniens ou l’impasse dans le processus de paix dans les rues de Tunis, Sanaa ou au Caire. Les quelques panneaux qui mentionnaient Israël était si monstrueusement antisémites qu’ils peuvent être rejetés comme étant des vociférations de ceux qui ne peuvent tolérer aucune présence juive au Moyen-Orient et qui ne s’intéressent à aucun processus de paix.

Une aveuglement qui façonne la pensée des décideurs et auquel il faut mettre fin

Si cette indifférence idéologique au Moyen-Orient au-delà des frontières d’Israël, qui représente environ un sept centième de la superficie totale du monde arabe, existait uniquement dans les instituts de recherche et les universités, cela ne serait peut-être pas aussi dangereux.

Toutefois, ce sont ces analyses qui déterminent la manière dont pensent des décideurs et leaders d’opinion qui se sont précipités pour établir une politique cohérente en réponse à une situation qu’ils connaissent trop peu.

En l’espace de quelques courtes semaines, il a été montré au monde qu’il existe un grand Moyen-Orient à l’ouest du Makrech et que les centaines de millions d’Arabes de la région n’expriment pas leurs frustrations à l’égard de la politique israélienne, mais cherchent plutôt à améliorer leurs conditions de vie dans une région où un plus grand développement humain est nécessaire et urgent.

Le récent débat sur ce qui est plus important, la sécurité et la stabilité ou la démocratie et la liberté, n’est pas pertinent. Nous espérons que la région atteindra un point où tous ces éléments seront réunis. Ceci ne peut être réalisé que si nous nous concentrons sur le Moyen-Orient dans son ensemble et ne cherchons pas à travers Jérusalem des solutions simplistes et unidimensionnelles pour tous les maux du Moyen-Orient.

Pour y parvenir, il faut défier les dinosaures, ceux qui n’ont pas les bases nécessaires pour comprendre les événements récents ou ne se sont pas adaptés à la nouvelle réalité et recherchent toujours les requins et les vautours israéliens dans chaque événement au Moyen-Orient.

C’est alors, seulement, que les épreuves et les tribulations de la région, qui sont nombreuses, le conflit israélo-palestinien y compris, seront identifiées correctement et résolues.



Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 4.5.87
Hébergeur : OVH