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Le conte moral de Saad Hariri
Par Caroline B. Glick, Jerusalem Post | Adaptation française de Sentinelle 5770 ©
Article mis en ligne le 16 septembre 2010

Personne n’aurait pu imaginer qu’en cinq ans, le jeune Premier ministre (PM) du Liban deviendrait l’esclave des assassins de son père. Personne, à part les assassins de son père.
Le Liban est un endroit triste et désespéré. Et son destin désastreux est incarné aujourd’hui par son Premier ministre.
Tous ceux qui déclarent aimer la liberté, la démocratie, les droits de l’homme et la dignité devraient noter le destin de Saad Hariri. Ils devraient reconnaître que sa situation difficile est le testament de leur échec à se dresser pour les idéaux qu’ils prétendent défendre.

Tous ceux qui disent rechercher un Moyen-Orient en bons termes avec l’Occident devraient considérer la détresse d’Hariri comme un conte moral. Les décideurs politiques à Washington, Paris, Jérusalem qui ont une vision sur le long terme pour le 21ème siècle au Moyen-Orient, comme lieu où les USA et leurs alliés sont capables de projeter leur puissance pour défendre leurs intérêts, devraient étudier l’histoire d’Hariri.

Toux ceux qui défendent pour dire que la paix est possible et même naissante, doivent jeter un regard prolongé et insistant dans sa direction.

Son histoire démontre que tous leurs modèles de paix, d’apaisement et de compromis ne sont rien d’autre que les protestations creuses, gauches, arrogantes et hors sujet d’une classe dirigeante transnationale totalement détachée de la réalité du monde qu’elle conduirait.

Lundi, le journal ‘Yediot Aharonot’ a rapporté que les agences de renseignement iraniennes et syriennes mettent une pression massive sur Hariri pour qu’il rejoigne ouvertement l’axe iranien.
Aujourd’hui, cet axe inclut le régime syrien, le Hezbollah et le Hamas. Si et quand Hariri le rejoindra ouvertement, le Liban deviendra son premier membre non volontaire.

Il y a de fortes chances pour que Hariri succombe à leur pression. Le ‘Yediot’ a rapporté que les Iraniens et les Syriens lui ont fait une offre qu’il ne peut pas refuser : « Si vous ne nous rejoignez pas, vous partagerez le destin de votre père ».

Son père, bien sûr, est l’ancien Premier ministre du Liban Rafik Hariri, assassiné à Beyrouth par des agents syriens et du Hezbollah le 14 février 2005. Un mois après, le 14 mars, Saad a conduit une manifestation de plus d’un million de Libanais pour protester à Beyrouth. Leur exigence était de libérer le Liban de la férule syrienne.

Chacun savait que le mouvement du 14 ma rs n’avait aucune chance de vaincre militairement la Syrie ou son allié le Hezbollah. Mais les USA et la France se sont rassemblés derrière le jeune Hariri et ses partisans. L’alliance improbable des gouvernements de Bush et de Chirac deux ans seulement après que les liens franco-américains parussent irréparablement effilochés suite à l’invasion de l’Irak dirigée par les USA, a suffi à intimider le dictateur syrien Bashar Assad.

Après 29 ans d’occupation syrienne, il ordonna à ses forces de se retirer du Liban.

Comme chef du mouvement du 14 mars, Saad Hariri semblait inaccessible. Personne n’aurait pu imaginer qu’en cinq brèves années, il deviendrait l’esclave des assassins de son père. Personne, sauf les assassins de son père.

L’Iran observa ce qui s’était passé au Liban et fit un pari. Face à l’unité franco-américaine, elle paria qu’ils bluffaient. Qu’ils ne soutiendraient pas les Libanais si on mettait leur volonté au défi.

L’Iran prépara bien son défi. Chez lui, le dictateur Ali Khamenei aligna ses pions. Il promut le maire fanatique de Téhéran, Mahmoud Ahmadinejad à la présidence. Avec cet homme au pouvoir, Khamenei et son régime relevèrent leur défi contre le USA en Irak.

D’abord il y avait al-Qaida. Son dirigeant en Iraq, Abu Musab al-Zarqawi, reçut ses ordres de la direction d’al Qaïda qui décampa d’Afghanistan vers l’Iran en 2002. De même le chef terroriste shiite Moqtada al-Sadr prit ses ordres au Hezbollah et dans le Corps des Gardiens de la Révolution Iranienne (CGRI).

Leurs ordres étaient de transformer l’Irak en un bain de sang. Leur insurrection intensifiée affaiblit le crédit politique de George W. Bush aux USA. Car avec un Bush assagi, l’extension de sa campagne en Iran devenait de plus en plus impensable alors que le nombre des victimes américaines augmentaient.

Dans le même temps, l’Iran augmentait massivement ses liens militaires et son contrôle politique sur la Syrie. Dans l’Autorité Palestinienne, elle mit le Hamas sous son contrôle.
Comme le Hezbollah, le CGRI se transforma de milice en armée de guérilla professionnelle.

Pendant ce temps, le régime iranien résista à la pression américaine et internationale de mettre fin à son programme illicite de développement d’armes nucléaires.

En 2005, Israël était trop occupé avec l’initiative d’Ariel Sharon d’expulsion et de retrait pour prêter suffisamment d’attention à ce qui se passait au Liban ou partout ailleurs dans la région. Israël salua le mouvement du14 mars avec à peine plus qu’un bâillement. L’historiette que Sharon et ses laquais Ehud Olmert et Tzipi Livni colportaient était que la plus grande menace pour Israël était interne. Qui avait le temps de prêter attention à l’Iran et à ses vassaux quand il y avait des « pionniers » [‘colons’] juifs défiant l’autorité légale de l’Etat de voulant les jeter hors de leurs foyers ?

A la suite des expulsions et du retrait de Gaza, Sharon et ses partisans s’engagèrent à répéter le programme d’expulsion/retrait sur une échelle dix fois supérieure en Judée et en Samarie. Après l’attaque cérébrale de Sharon, la plateforme électorale d’Olmert appelait à l’expulsion de quelques 100.000 Israéliens de leurs foyers en Judée et en Samarie.

Bien que distraits par les vassaux irakiens de l’Iran, les USA commencèrent d’armer et d’entraîner une armée palestinienne à la fin 2005. Dans le même temps, ils exigèrent qu’Israël autorise le Hamas à se présenter aux élections de janvier 2006 et à maintenir la frontière avec Gaza ouverte.

L’Iran observait la manière dont les USA et le reste d’Occident refusaient de reconnaître la signification stratégique de la victoire électorale du Hamas, à moins d’être obligés de reconnaître que le conflit palestinien avec Israël n’avait rien à voir avec le nationalisme palestinien. Les mollahs observaient aussi comment Israël refusait de reconnaître que la victoire du Hamas donnait le signal de l’échec des modèles de paix / retrait / expulsion.

L’Iran vit une opportunité dans la démence stratégique combinée de ses ennemis. Aussi, en juin 2006, elle se lança en guerre. D’abord elle attaqua Israël depuis Gaza. Une attaque à travers la frontière fit trois morts israéliens et Gilad Shalit fut pris en otage.

Deux semaines plus tard, alors qu’Israël bégayait des incohérences sur Gaza et qu’Olmert empêchait Tsahal de prendre des mesures pour libérer Shalit à moins que son espoir de futurs retraits ne soient révélés comme des absurdités stratégiques, le Hezbollah frappa. Ce qui est connu sous le nom de Deuxième Guerre du Liban commença.

Les seuls à reconnaître ouvertement les enjeux furent les dirigeants du mouvement du 14 mars. Le dirigeant druze Walid Joumblatt prévint de façon répétée que si le Hezbollah n’était pas totalement vaincu, le Liban deviendrait une colonie iranienne.

Mais le gouvernement dément d’Olmert favorable au retrait n’écoutait rien. Il ne pouvait pas écouter.

De même, la secrétaire d’”Etat des USA Condoleezza Rice ignora les supplications des dirigeants du mouvement du 14 mars. Une victoire israélienne totale aurait nécessité un plein soutien des USA. Un soutien total des USA aurait requis d’admettre que l’Iran était engagé dans une guerre directe et dans une guerre par vassaux interposés contre les USA ; que la guerre contre Israël et celle contre les USA étaient deux fronts de la même guerre.

C’étaient des réalités que Rice n’aurait jamais acceptées.
Ainsi, avec ses homologues israéliens conduits par leurs fantasmes, Rice rechercha un cessez-le-feu qui laissa le Hezbollah en place.

Le reste était de l’histoire écrite d’avance. En 2007, le Hezbollah d’abord puis le Hamas menèrent des putschs au Liban et à Gaza en arrachant le contrôle de leurs gouvernements respectifs à leurs rivaux partisans de l’Occident du mouvement du 14 mars et du Fatah.

Les USA répondirent en augmentant massivement leur assistance militaire aux forces armées du Liban et au Fatah. Les attaques terroristes continues du Fatah contre des Israéliens en Judée et en Samarie, et l’embuscade mortelle du mois dernier contre des forces de Tsahal sur la frontière par l’armée libanaise a démontré la folie stratégique de cette politique. Pourtant elle continue.

Le mouvement du 14 mars de Saad Hariri jouit encore du soutien de la majorité des Libanais. Mais cela est sans conséquence. Hariri était tout juste capable de former son gouvernement en décembre dernier en accordant au Hezbollah un pouvoir de veto sur son action gouvernementale. Le prix payé pour sa primature n’est pas seulement sa liberté personnelle. Les dernières braises du mouvement d’indépendance libanais inspiré par l’assassinat de son père se sont aussi éteintes.

Depuis la formation de son gouvernement, Hariri est allé trois fois à Damas pour baiser l’anneau d’Assad. Ce faisant, il a délaissé l’appel à la justice pour les assassins de son père.
Cela est apparu clairement quand le mois dernier, il a adhéré à l’allégation de Nasrallah sur le meurtre de son père par Israël.

Puis la semaine dernière, après son dernier voyage à Damas, Hariri a annoncé que ses déclarations antérieures sur l’assassinat de son père par le régime syrien étaient infondées.

Comme il le formula : « Nous avons commis des erreurs en certains lieux ; à un moment donné, nous avons accusé la Syrie de l’assassinat du martyr et c’était une accusation politique ».
Hariri a poursuivi en affirmant ses sentiments chaleureux pour la Syrie. Comme il le dit, quand il visite Damas : « Je me rends dans un pays fraternel et amical ».

Evidemment, Hariri croit que sa seule chance de survie est de s’incliner devant ceux qui ont tué son père. Il est aussi évident que les assassins – l’Iran, la Syrie, le Hezbollah – vont continuer de l’utiliser comme leur homme lige et leur apologiste aussi longtemps qu’il peut les servir. Puis ils le tueront.

Aujourd’hui Hariri est utile. Ahmadinejad prévoit un voyage triomphal au Liban le mois prochain et Hariri sera un soutien de valeur. Ahmadinejad doit arriver le 13 octobre. Alors qu’il y fera un discours important à Bint Jbeil – la ville où l’ancien commandant en chef de l’Etat Major de Tsahal Dan Halutz voulait conduire une bataille à utiliser comme une « image de victoire ».

En l’occurrence, tout ce qu’obtint Halutz, ce fut un tir aux pigeons où des combattants de la brigade d’élite des Golani furent les pigeons.

Ahmadinejad a aussi programmé d’observer Israël depuis Maroun Aras, également le siège d’un rude combat, non concluant, en 2006.

En utilisant Hariri comme sa figure de proue pour l’accueillir, Ahmadinejad aura à fêter plus que la simple transformation du Liban en une colonie iranienne. Comme une série de rapports le montrent clairement, il est seulement à quelques mois de déclarer que son régime dispose de la puissance nucléaire.

Les allégations les plus récentes sur le fait que l’Iran dispose déjà d’une autre installation non déclarée d’enrichissement ne sont pas des racontars. Son patron Khamenei et lui ont pris la mesure de leurs ennemis et sont convaincus qu’ils n’ont pas de souci à se faire.

Pour sa part, Hariri peut être assuré que sa transformation humiliante de champion de la liberté en esclave restera largement non remarquée. Israël et les USA sont au beau milieu d’un nouveau processus de paix sans aucune valeur.
Ils se sont encore accordés sur la plus grande menace à la paix : « les pionniers » [colons] et leurs partisans qui veulent naufrager le paradigme paix / expulsion / retrait en construisant des maisons. De nouveau, nos dirigeants et les classes bavardes qu’ils satisfont pour avoir choisi d’adhérer à leurs fantasmes aux dépens de intérêts et de notre sécurité nationale.
Bien sûr ce n’est pas seulement Hariri qu’ils ignorent. Ils ignorent le fait basique que la liberté doit être défendue par le sang et l’argent. Autrement, comme c’est arrivé au Liban, elle sera vaincue par le sang et l’argent.


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