Les dirigeants palestiniens ont adopté une nouvelle loi interdisant la vente de produits fabriqués dans les implantations israéliennes de Cisjordanie. La loi, selon laquelle les contrevenants risquent jusqu’à cinq ans de prison ou une amende allant jusqu’à $14 000, a été signée lundi par le président palestinien Mahmoud Abbas. Elle interdit également le travail dans les implantations, a déclaré Hassan al-Awri, conseiller juridique d’Abbas.
Cette loi entre dans le cadre d’une campagne lancée plus tôt cette année pour débarrasser les marchés palestiniens des produits des implantations et encourager d’autres pays à interdire les échanges avec les entreprises des implantations, qui seraient considérées comme illégales au regard du droit international....
Elle marque la grande détermination des Palestiniens à lutter contre les implantations qu’Israël a bâties sur des terres dont ils ont besoin pour créer un état. Presque 500 000 Israéliens vivent sur des terres que revendiquent les Palestiniens, dont environ 300 000 dans plus de 120 implantations en Cisjordanie. Les Palestiniens s’opposent avec véhémence aux implantations même si l’emploi de nombre d’entre eux en dépend.
Les Palestiniens considèrent ces implantations comme la plus grave menace contre leurs aspirations au statut d’état.
La campagne n’inclut pas les produits d’Israël proprement dits, dont les Palestiniens ne peuvent se passer.
Le gouvernement palestinien estime que la vente annuelle de marchandises en provenance d’entreprises israéliennes des implantations s’élève à 500 millions de dollars par an.
Il estime également que 20 à 30 000 Palestiniens travaillent dans les implantations chaque année.
Boycott
Cette interdiction décidée lundi intervient près de six mois après que l’autorité palestinienne ait appelé la population à boycotter plusieurs grandes chaînes de supermarchés de Cisjordanie parce qu’elles commercialisaient des produits israéliens.
La mesure cible les marchés haut de gamme de la ville de Ramallah afin d’obliger les magasins à cesser de vendre des fruits et légumes cultivés et conditionnés dans les implantations israéliennes.
Ces mois derniers, les forces de sécurité palestiniennes ont commencé à intercepter et confisquer des arrivages de produits des implantations dans les commerces palestiniens. La gamme des marchandises va du produit agricole aux cosmétiques. Dans le cadre de cette campagne, le premier ministre palestinien Salam Fayyad a jeté des produits des implantations dans un feu.
En décembre de l’année dernière, la Grande-Bretagne a appelé les supermarchés britanniques qui vendent des marchandises de Cisjordanie à spécifier explicitement sur les étiquettes si le contenu provient de implantations israéliennes ou d’exploitations appartenant à des Palestiniens.
Cette recommandation, émise par le ministère des affaires environnementales, alimentaires et rurales (Defra), n’est pas une obligation légale.
Mais les officiels israéliens et les leaders de implantations ont réagi avec colère à cette décision et dit qu’elle conduirait à un boycott de leurs produits.
Jusqu’alors, les denrées alimentaires étaient étiquetées « Produit de Cisjordanie », mais, selon les directives du Defra, les étiquettes devront donner des informations plus précises, comme « Produit palestinien » ou « Produit d’implantations israéliennes ».
Les produits des implantations israéliennes comprennent des produits cosmétiques, des produits pharmaceutiques, des fruits et des textiles.
Bien que les militants pro-palestiniens disent qu’elle n’est pas toujours respectée, une loi de l’Union européenne exige déjà que la distinction soit faite entre les marchandises provenant d’Israël et celles provenant des territoires.