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Lettre d’Italie
par Angelo Pezzana - Adapté de l’anglais par Danielle Elinor Guez
Article mis en ligne le 30 novembre 2009

Je vais commencer par une bonne nouvelle : l’Italie au moins, est un pays européen dont les médias d’information (cela inclus les journaux aussi bien que les stations de télévision privées et publiques) ne sont pas entièrement hostiles à Israël. Cependant, il y a un manque généralisé de compréhension du problème de l’immigration. Les Italiens ont très peu conscience de ce qui se passe et les médias ont tendance à éviter de parler du sujet soigneusement scellé, à savoir ce qui s’est déjà produit dans d’autres pays européens où des villes entières ou des quartiers sont sous contrôle musulman.

En évitant généralement cette question, les médias d’information ont allègrement réussi à laisser dans l’ignorance la majorité des Italiens qui ignore l’augmentation constante de la population immigrée plutôt concentrée dans les quartiers périphériques. (Il est par ailleurs impossible de déterminer le nombre d’immigrés, étant donné le nombre important de clandestins).

Certes, une poignée de journaux du centre-droit présentent une image relativement objective de la réalité de l’immigration. Mais ce n’est vraiment pas le cas de la majorité des médias d’information qui, dans leur orientation politique vont de la gauche modérée à l’extrême gauche. C’est également vrai pour les journaux catholiques qui abordent le problème de l’immigration et de l’immigration musulmane en particulier, exclusivement dans une perspective de développement humain et social.
Ils ont la même approche pour le terrorisme musulman dont les auteurs, en Italie, trouvent leur inspiration dans les mosquées. La plus célèbre de ces mosquées est Viale Jenner à Milan qui, bien qu’elle soit souvent l’objet d’enquêtes de police, continue néanmoins ses activités avec le même rythme.

Pendant ce temps, le public voit généralement les revendications des musulmans en Italie à travers le prisme des droits civils et n’a donc pas d’objection à la construction de mosquées, même par des groupes dont on a prouvé les liens avec le terrorisme international. Les gens peuvent avoir appris une chose ou deux à partir d’un livre comme celui de Walter Laqueur, The Last Days of Europe, qui prédit à quoi ressemblera l’Europe dans les décennies à venir et propose des prévisions détaillées sur les changements à venir dans chaque pays en 2025 et 2050. Mais, quand le livre a été publié en traduction italienne, les journaux n’en ont pas parlé.

En Italie, les défenseurs de l’immigration – qui ne tiennent pas compte de ses conséquences – sont non seulement les militants d’extrême gauche (qui ne sont pas très nombreux) mais aussi les organisations locales liées à l’Église catholique et qui soutiennent tout ce qui est anti-occidental et anti-israélien. Sur l’ensemble du territoire italien, les paroisses catholiques en partenariat avec des O.N.G. catholiques et d’extrême gauche accueillent régulièrement des réunions et conférences dont le seul but est de servir la propagande pro-palestinienne ; les orateurs invités lors de ces événements comprennent souvent des intellectuels israéliens, des journalistes, des professeurs, et des écrivains du genre de ceux qui parcourent le monde pour vilipender Israël. Ils sont peu nombreux, mais féroces. Qui peut mieux délégitimer Israël qu’un Israélien ?
Le Centre-droit, qui gouverne actuellement, pourrait adopter une approche raisonnable du problème de l’immigration, mais les éléments catholiques dans le gouvernement sont peu disposés à affronter ces problèmes avec une approche laïque (si l’on peut dire).

Il faut reconnaître, cependant, que la politique étrangère du gouvernement Berlusconi est fortement pro-américaine et pro-israélienne, même si le Premier ministre entretient des relations cordiales avec beaucoup de dirigeants non démocrates comme Kadhafi, Poutine et Erdogan. Dans l’ensemble, le gouvernement actuel est probablement aussi bon que nous pourrions l’espérer d’un gouvernement dans la conjoncture italienne : l’Italie est aux prises avec une tradition non laïque qui a partagé le pouvoir politique entre deux forces, l’une catholique et l’autre communiste. Il est depuis longtemps commun de parler en fait de « deux Eglises », la blanche et la rouge.
Dans les années 90, après des enquêtes minutieuses faite par le pouvoir judiciaire, qui en Italie est étroitement lié (à son plus haut niveau, en tout cas) à l’ancien Parti communiste, tous les autres partis du pays ont été décimés par une série de procès. A la fin, seul le Parti communiste était encore debout - bien qu’il ait changé de nom après la chute de l’URSS.

C’est cet état de fait qui a poussé Silvio Berlusconi à entrer en politique et à créer un parti, Forza Italia, dont la victoire électorale a empêché la gauche d’arriver au pouvoir. Avant cela, M. Berlusconi avait été le chef d’entreprise qui avait brisé le monopole de la télévision d’Etat (financée par des redevances obligatoires), en fournissant des services de télévision libres et privés. Depuis, M. Berlusconi a été régulièrement accusé par le pouvoir judiciaire de tous les crimes imaginables mais il a réussi à survivre jusqu’à présent. Dans notre démocratie - qui, malgré tous ses défauts, garantit la liberté - les citoyens ont voté pour Berlusconi en 2001, mais aussi pour le Centre-gauche en 2006. En 2008 Berlusconi été ramené au pouvoir par un libre choix.
En Israël, Berlusconi est considéré comme le meilleur Premier ministre que l’Italie ait jamais eu. Ce verdict est évidemment basé sur sa politique au Moyen-Orient, qui est très attentive aux intérêts nationaux de l’Etat juif et très dure contre le terrorisme. C’est à la suite d’une proposition du Ministre italien des Affaires Etrangères Franco Frattini que le Hamas a été déclaré une organisation terroriste par l’Union européenne. L’Italie a maintenu des liens commerciaux avec l’Iran, mais l’attitude du gouvernement italien à l’égard de ce pays est tout sauf amicale.
Vient ensuite le Vatican, qui partage avec l’islam une profonde opposition à la modernité. En décembre dernier, à l’ONU, le Vatican a rejoint les pays musulmans en votant contre une résolution voulant interdire la peine capitale pour les homosexuels – ce qui est, bien sûr, en vigueur dans de nombreux pays arabes. En effet, l’Eglise - qui s’oppose à l’avortement, à toute forme de contrôle des naissances, à l’usage de préservatifs pour prévenir le SIDA et considère les homosexuels comme des pécheurs - s’entend plutôt bien avec les Etats théocratiques du monde musulman et a la nostalgie de l’époque où elle aussi exerçait un pouvoir temporel.

L’Italie est, en bref, un pays riche en ressources et en possibilités. Mais elle reste sous l’influence des deux courants catholique et communiste, qui ont toujours empêché le développement d’une société plus laïque et plus ouverte et ont restreint Berlusconi et ses partisans dans leur capacité à traiter plus efficacement les défis de l’immigration, de l’islam et de la haine d’Israël.
Angelo Pezzana, né en 1940, est un journaliste, écrivain et activiste politique qui vit à Turin en Italie. Ses livres incluent Dentro & Fuori, une autobiographie publiée en 1995, et Quest’anno a Gerusalemme (Cette année à Jérusalem), une histoire de l’immigration des Juifs d’Italie en Israël, publié en 1996. Il contribue régulièrement au journal milanais Libero et dirige le site informazionecorretta.com : http://informazionecorretta.com/ qui analyse quotidiennement les articles des médias italiens sur Israël et le Moyen-Orient. _ Dans l’essai suivant, écrit en exclusivité pour rights.no : http://rights.no/> [une organisation norvégienne], il donne un aperçu critique de la situation actuelle de l’Italie vis-à-vis de l’islam, de l’immigration, et d’Israël.



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