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Projet français de Force Internationale d’interposition à Gaza d’abord*
Par Simon Frajdenrajch, analyste
Article mis en ligne le 5 mai 2008

Un projet contre-productif, dangereux, desservant la paix, embrouillant les cartes géopolitiques passablement complexes, qui permettrait à la France de se croire encore indispensable dans le concert des nations.

Comme toujours, la France voudrait jouer un rôle au Proche-Orient*, et y revenir par une nouvelle porte, en déployant une « force internationale dans les zones palestiniennes », d’abord dans la bande de Gaza.

C’est une très mauvaise idée.

Cette idée est bien entendue acceptée par l’AP de Mahmoud Abbas, qui la réclame à grands cris depuis des années, pour y déployer une autre armée terroriste du Fatah, derrière le bouclier d’une force internationale.

Le Hamas n’en veut pas car il refuse de rendre le pouvoir pris et entretenu par la terreur.

Cette idée saugrenue est aussi hélas acceptée d’enthousiasme par le gouvernement en faillite d’Olmert - Livni - Barak, qui n’a pas cessé, depuis le retrait de Gaza en Septembre 2005 (sous la gouverne d’Ariel Sharon à l’époque), et la Deuxième Guerre du Liban en juillet - août 2006, d’accepter des reculades, annoncées comme des triomphes.

Pourtant, l’accroissement de la FINUL au Sud Liban, où la France tient une place importante, n’a jamais empêché le Hezbollah de s’y renforcer en armes modernes, en infrastructures souterraines, en roquettes et missiles de longue portée expédiés par l’Iran et la Syrie ; et de revenir récemment au sud du fleuve Litani d’où il était censé être proscrit par la FINUL, qui n’a pas tenu les engagements de la résolution 1701 du Conseil de Sécurité de l’ONU.

Comment voulez-vous qu’une nouvelle force de l’UE pilotée par la France puisse y apporter une pacification ?

Alors que l’UE s’est montrée si incapable de pacifier qui que ce soit dans les guerres prétendument « interethniques » des Balkans, quand c’étaient en vérité d’autres guerres de religion, modernes et inexpiables : orthodoxes serbes, contre catholiques croates et /ou musulmans bosniaques et kosovars - alors que la France ne dispose pas des forces nécessaires, et mesure mal les risques encourus dans ce nid de vipères terroristes qu’est la bande de Gaza.

Un point est plus troublant du côté israélien : David ben Gourion, et tous les pères fondateurs et les Généraux d’Israël depuis sa création, n’ont cessé de clamer et de prouver qu’Israël ne doit jamais déléguer la défense de sa sécurité à un pays tiers, aussi bienveillant soit-il. Les exemples de la Tchécoslovaquie en 1938 et de la Pologne en en 1939 devraient servir.

Si l’on mesure les déceptions dans les années récentes de la part des USA sous la conduite de sa secrétaire d’Etat, C. Rice,il faut garder la prudence de bon aloi qu’imposent des discours certes encourageants du nouveau président de la République Française, mais qui n’ont strictement rien changé sur le fond dans la « politique arabe » de la France : le récent discours prononcé à Tunis par Nicolas Sarkosy, sur son projet d’Union Europe Méditerranée doit inciter à une extrême vigilance les partisans de la pérennité de l’Etat d’Israël.

Il est par exemple comique de lire que François Fillon a déclaré lors du dîner de l’AJC* que « Nicolas Sarkosy avait « promis d’empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires » !?! Et en quoi faisant ???

Les diplomates français, allemands et anglais négocient avec l’Iran depuis quatre ans et sans aucun succès, l’arrêt de son programme nucléaire militaire, en se couvrant du ridicule que valent leurs arrières- pensées commerciales et pétrolières.

Et Sarkozy pourrait les empêcher de mener au bout ces recherches que selon Ahmadinejad, « Rien ne saurait arrêter ». De qui se moque M. Fillon ?

A un degré moindre, notre PM engage les deux parties à faire des « sacrifices douloureux » (douloureux pour qui ?) afin de parvenir à un accord de paix. Il nous ressert le mantra du « gel des implantations et du relâchement des points de contrôle par les Israéliens », alors que les Palestiniens devraient « assurer la sécurité d’Israël » ?!?

Autrement dit, demandez à vos ennemis éradicateurs d’assurer la sécurité de vos biens et de votre population, d’arrêter les tirs de roquettes sur le Negev - alors que le Hamas, détenteur du pouvoir à Gaza, est bien décidé à poursuivre : il y a là un effet comique involontaire, qui prouve l’aveuglement volontaire de notre gouvernement.

Enfin, c’est devant un public juif américain que notre Premier Ministre n’oublie pas d’appeler à la libération de notre compatriote Gilad Shalit, bénéficiant de la double nationalité française au même titre que la franco-colombienne Ingrid Bétancourt pour qui on fait tant de battage : ne serait-il pas normal qu’on en fasse autant pour lui en France ?

Non, M. Fillon préfère se faire bien voir par la crème du public juif américain**, mais surtout motus en France : chez nous, on reste palestinolâtre à fond, et on ne doit surtout pas « désespérer le 9.3 ».

Le cauchemar, dans ce projet de « force internationale ‘d’abord’ à Gaza » s’il se réalisait, est au moins quintuple :

1 - La France n’a pas les moyens de ses prétentions : après avoir promis 1000 soldats de plus à la force internationale déployée en Afghanistan, elle a dû ramener modestement ce nombre à 700, malgré (ou grâce à) la réduction actuelle des forces françaises déployées en Côte d’Ivoire.

2 - L’Etat Major de Tsahal se refuse à un nouveau ‘machin international’ sur ses frontières Sud à Gaza, puis avec la Judée-Samarie, au risque de voir le pays cisaillé en son cœur, sur sa « jugulaire » comme l’appelait Menahem Begin,et menacé en permanence de destruction.
Il est bien évident que les Palestiniens, soi-disant laïques et modérés (Fatah), ou radicaux islamistes déclarés (Hamas, jihad islamique, martyrs d’al Qods et autres éradicateurs terroristes de l’Etat d’Israël, n’ont aucune intention « d’assurer la sécurité d’Israël » ( ?!? ) comme le préconise de façon irénique le PM français, quand il signifie par là qu’il demande aux Palestiniens de cesser le recours au terrorisme, totalement injustifiable en soi.

3 - Il a été démontré aux dirigeants israéliens l’inanité, le caractère contre-productif en matière de sécurité pour l’Etat d’Israël, d’une force internationale d’interposition pour assurer sa sécurité. Que ce soit à la frontière israélo-libanaise, avec la résolution 1701 de l’ONU, ou à la frontière entre l’Egypte et Gaza avec les accords passés en septembre 2005 sous l’égide de l’impérieuse C. Rice. Ils ont permis aux Egyptiens de renvoyer des soldats dans le Sinaï, totalement démilitarisé depuis le traité de paix de 1979 entre Begin et Sadate. Les accords de septembre 2005 ont si bien permis le trafic d’armes et de terroristes armés et formés par le Hezbollah libanais et l’Iran, que la bande de Gaza constitue aujourd’hui une zone de danger permanent sur le revers Sud d’Israël, qui doit faire face à son défi existentiel le plus essentiel et imminent depuis 60 ans : un Iran millénariste et nucléaire.

4 - Ce ne sera une surprise pour personne, suite aux accusations réitérées de corruption qui plombent Ehud Olmert de nouveau depuis la semaine dernière - PM ministre le plus impopulaire de l’histoire d’Israël depuis le fiasco de la deuxième Guerre du Liban - la campagne pour son renvoi et la démission de son gouvernement va s’intensifier dans les semaines à venir. De nombreux membres de la Knesset, même membres de la coalition au pouvoir (Partis Kadima, travailliste, Shas, et petites formations) se rendent compte qu’il n’est plus crédible, et vont couler avec lui s’il persiste.

5 - Surtout, après les festivités du 60ème anniversaire d’Israël, ses dirigeants vont devoir prendre la décision la plus lourde**** de l’histoire du pays : la menace nucléaire iranienne pèse en priorité et de façon imminente. Le Mossad, certes mieux renseigné que les agences de renseignement américaines qui confondent une politique anti-Bush avec leurs réelles assignations professionnelles, le Mossad donc et l’Etat Major de Tsahal ont évalué la mise à disposition d’armes nucléaires (les missiles Shahab 3 d’expédition étant déjà au point) d’ici à 2009.

Autrement dit, la « fenêtre de tir » sera très étroite : entre la fin du printemps et l’été 2008 selon les experts****.

Etant donné que le Président Bush achève son mandat et ne pourra pas lancer une option militaire sur l’Iran, suite à l’évaluation de la NIE*** en novembre 2007 ; étant donné que le nouveau président américain, si ce n’est pas Barak Obama, le candidat Démocrate le plus probable devant Hillary Clinton, qui se promet de dialoguer avec Ahmadinejad ; si le Républicain John McCain est élu en novembre 2008 et mis en fonction le 20 janvier 2009, il ne pourra pas agir avant le deuxième trimestre 2009 pour des raisons de météo locales : à cette date, les Iraniens détiendront potentiellement plusieurs bombes nucléaires.

Les responsables d’Israël en place avant cet été devront donner l’ordre fatidique d’agir... Ou pas. Ehud Olmert est à la fois trop velléitaire et trop plombé par la corruption pour être l’homme de la situation.

Ce sont probablement les raisons pour lesquelles les inculpations pour corruption à l’encontre d’Olmert, gelées à la veille de la publication du rapport Winograd sur la Deuxième Guerre du Liban, sont réactivées. Officiellement sous secret, en réalités confiées à la presse, car la chute du gouvernement Olmert Livni Barak est programmée.

De nouvelles élections à la Knesset pourraient se tenir en juin ; un nouveau gouvernement israélien, emmené par Benyamin Netanyahou qui a mené une campagne internationale pour mettre en garde contre un Iran nucléaire, chef de l’opposition à la tête du parti Likoud, probable vainqueur selon les sondages, peut agir.

Il prouvera à M. Kouchner et autres humanitaires de l’ONU, du 6ème arrondissement de Paris et du Café de Flore, qu’une guerre se gagne d’abord par les armes, ensuite par la défaite idéologique de vos ennemis*****, enfin par la reconnaissance longue dans le temps que les ennemis jurés d’hier sont d’abord et avant tout des hommes.

Cette procédure a tout de même pris trois siècles entre la France et l’Allemagne, depuis la « Guerre de Trente Ans » qui s’était achevée en 1648 par un écrasement que Louis XIV avait voulu définitif.

Ne précipitons pas trop les choses entre Israéliens et Palestiniens : laissons les s’arranger entre eux, cessons de vouloir jouer les ‘mouches du coche’ plus nuisibles qu’utiles.
Cessons surtout de récompenser le terrorisme : c’est cela la source de l’instabilité dans le monde.


Notes

* La France veut jouer un rôle dans la force internationale à Gaza, HL Krieger, J Post :
http://www.jpost.com/servlet/Satellite?cid=1209627000443&pagename=JPost%2FJPArticle%2FShowFull

  • *AJC : American Jewish Committee : l’une des plus grandes et des plus influentes organisations juives américaines,comparable proportions gardées, au CRIF en France,et disposant de moyens importants.
  • **NIE : National Intelligence Agency : rapport de synthèse des 16 agences de renseignement américaines sur le risque nucléaire iranien, affirmant en novembre 2007l’arrêt des recherches iraniennes suite de la guerre en Irak


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