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Entre le Hezbollah de Hassan Nasrallah et Al-Qaïda de Ben Laden et Al-Zawahiri : complémentarité ou concurrence ?
par Khaled Asmar | mediarabe.info
Article mis en ligne le 25 mars 2008

Quelle coïncidence existe-t-il entre les récentes sorties d’Oussama Ben Laden et de son lieutenant Ayman Al-Zawahiri, qui ont appelé à punir l’Europe pour avoir offensé le Prophète, puis à mener le Jihad pour libérer la Palestine, et le discours de Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, ce 24 mars 2008, qui critique les atteintes portées à l’Islam et qui annonce l’évidence de la disparition de l’Etat sioniste ?

La montée en puissance du discours religieux hostile à l’Occident, accusé d’avoir autorisé la publication des caricatures du Prophète Mahomet au nom de la liberté d’expression, va de pair avec les appels à la disparition de l’Etat d’Israël. Ceci semble relever, au mieux, d’une orchestration des rôles entre les deux extrémismes sunnite et chiite, ou du moins, d’une concurrence entre les deux idéologies. Dans les deux hypothèses, ces menaces devraient inquiéter à la fois l’Occident, Israël ainsi que les pays arabes.

Pour l’Europe, Al-Qaïda a déjà prouvé ses capacités à sensibiliser certains de ses musulmans et à les exploiter, soit sur le sol européen, soit en les embrigadant dans ses rangs en Irak, en Afghanistan, en Tchétchénie ou en Bosnie. Depuis les années 1980, certaines banlieues étaient devenues un réservoir humain et un soutien financier et logistique important aux causes islamiques. Les réseaux qui y ont proliféré ont prouvé leur efficacité dans le soutien aux maquis en Afrique du Nord, depuis le GIA jusqu’à Qaïdat Al-Jihad Fil Maghreb Al-Islami (QJMI), en passant par l’AIS et le GSPC en Algérie, et le GICM et le réseau Bellarij au Maroc... Ce fut le sens même de l’appel de Ben Laden, diffusé le 19 mars dernier, relayé le lendemain par un autre enregistrement du chef d’Al-Qaïda, invitant à la mobilisation pour sauver Gaza et libérer la Palestine. Un troisième message délivré par Ayman Al-Zawahiri, vient d’être rendu public, le 24 mars, appelant « la nation islamique à secourir Gaza encerclée avec la complicité de l’Egyptien Hosni Moubarak et du Saoudien Abdallah Ben Abdelaziz ». Il invite les musulmans à « frapper les Juifs et leurs intérêts, partout dans le monde, ainsi que leurs protecteurs et alliés Américains, sans épargner leurs différents complices... ».

Simultanément, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, prononçait son discours [pour voir les extraits, cliquez ici], devant une foule réunie dans la banlieue sud de Beyrouth, à l’occasion du 40ème jour de la mort de son chef militaire Imad Maghnieh. Nasrallah a lui aussi tenté de mobiliser, en ratissant le plus largement possible. En ce « lundi de Pâques », Nasrallah a fait l’éloge de Jésus et de Marie, déplorant les atteintes portées à leur divinité en Occident, au nom de la liberté d’expression. Puis il a salué le Prophète, et accusé les Américains et les Sionistes de mener une campagne hostile à ces deux prophètes vénérés par plusieurs milliards d’êtres humains. « L’objectif de cette campagne étant d’opposer l’Islam à la Chrétienté, au bénéfice des sionistes », a-t-il prévenu.

Nasrallah a ensuite promis de venger le sang de Maghnieh, en menaçant Israël : « La question à laquelle le monde entier a tenté de nous imposer la réponse depuis 1948 était la suprématie d’Israël (...). Mais sa première défaite en mai 2000 au Sud Liban a prouvé que l’armée israélienne n’était pas invincible. Sa deuxième défaite durant l’été 2006 a davantage ébranlé le mythe de son invincibilité. Aujourd’hui, la question ne se pose plus : Israël sera éliminé, et la Palestine, de la mer (Méditerranée) jusqu’au fleuve (Jourdain) reviendra à ses propriétaires, les Palestiniens. Pour Nasrallah, « il s’agit d’une réalité divine... ».

Ainsi, il apparaît clairement que le Hezbollah et Al-Qaïda convergent vers les mêmes objectifs et prêchent sur le même terrain. A en croire des sources saoudiennes, il s’agit d’une coordination très étroite entre les deux mouvements. En effet, selon cette version, l’arrestation, début mars, d’un groupe terroriste en Arabie saoudite, a permis aux enquêteurs de remonter le réseau et de découvrir que « l’homme à la puce adressée par Ayman Al-Zawahiri à ses partisans était un Saoudien chiite, qui avait transité par l’Iran, le pays qui héberge les chefs d’Al-Qaïda ». La population saoudienne est particulièrement remontée contre Téhéran accusé de manipuler Al-Qaïda pour déstabiliser le Royaume, pour l’affaiblir et permettre à la minorité chiite de s’émanciper, dans le cadre de l’exportation de la révolution chiite. Les événements qui ont récemment secoué le Koweït, au lendemain de l’assassinat de Maghnieh, les émeutes quotidiennes au Bahreïn et l’installation, par l’Iran, d’un foyer de violence au Yémen prouvent, pour les Saoudiens, qu’ils sont la cible directe de la République islamique.

La connexion entre les deux mouvements extrémistes, le Hezbollah chiite et Al-Qaïda sunnite, semble ainsi avoir été établie en Iran. Ses effets se font pourtant sentir dans des contrées lointaines. Le Maroc en a récemment fait les frais.

En dépit des divergences idéologiques entre Sunnites et Chiites, une convergence objective leur est aujourd’hui indispensable, puisque leurs buts sont similaires : « éliminer Israël et punir l’Occident ». Leur coopération ne date pas d’aujourd’hui. L’Iran a soutenu les Taliban et Al-Qaïda en Afghanistan et en Irak ; et la Syrie, en voie de chiitisation et d’iranisation, a ouvert son territoire aux combattants sunnites pour transiter en Mésopotamie et au Liban ; l’alliance stratégique entre le Hezbollah et le Hamas palestinien n’est plus à démonter... Le bellicisme de ce conglomérat composé par Téhéran, Damas, le Hezbollah et le Hamas, a sans doute justifié la décision saoudienne de réduire à son plus bas niveau sa présence au sommet arabe de Damas. L’Egypte pourrait en faire de même.

De ce qui précède, il résulte que « le Hezbollah n’est pas moins dangereux et menaçant qu’Al-Qaïda ». Au contraire, une simple comparaison permet de constater que le Hezbollah a une longueur d’avance sur son concurrent Al-Qaïda. Le parti chiite bénéficie de son sanctuaire libanais, et de son soutien étatique syrien et iranien. Ce dont souffre Al-Qaïda depuis la chute des Taliban. Idéologiquement, le Hezbollah façonne ses combattants depuis les années 1980 et son action est le prolongement d’une fatwa de Khomeïny qui avait prévu l’élimination d’Israël (si chacun des 1,2 milliard de musulmans verse un sceau d’eau sur Israël, le cancer sioniste sera balayé, disait Khomeïny en instituant la Journée Al-Quds)...

Dans un monde globalisé, la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme doit l’être aussi. Et ce n’est pas le verbe doux de Nasrallah, qui feigne défendre la chrétienté, Jésus et Marie de toute sorte de moqueries, qui doit occulter la nature et la réalité du personnage et du totalitarisme qu’il représente. Cependant, ceci ne doit pas non plus pousser les Occidentaux dans la provocation. Car, à leur extrémisme dans l’impiété et la liberté d’expression correspond un autre extrémisme, mais bien plus sanguinaire : celui du Hezbollah et d’Al-Qaïda.



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