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Olmert peut toujours dire ‘Non’
Par Jonathan Tobin | Jewish World Review - Adaptation française de Sentinelle 5768 ©
Article mis en ligne le 19 janvier 2008

Bush et Rice se font des illusions ; mais la décision de faire avancer les pourparlers demeure entre les mains d’Israël. A en croire les sondages d’opinion - et il n’y a pas de raison de ne pas le faire - George Bush n’a pas beaucoup de partisans. Et la semaine dernière, le nombre déclinant des fidèles de Bush est devenu bien plus petit.

Pour la majorité des Juifs Américains qui sont « Démocrates », rien - pas même la première visite de Bush en tant que Président en Israël - ne pouvait lui valoir beaucoup d’applaudissements.

Malgré l’opposition à la guerre d’Irak et l’amertume qui remonte à l’élection de 2000, le Président est même parvenu à reculer encore en ce qui concerne sa réputation de meilleur ami qu’Israël ait eu à la Maison Blanche, étiquette gagnée par un soutien tenace à l’Etat juif pendant la pire période de la deuxième intifada, et le combat de 2005 contre le Hezbollah le long de la frontière Nord du pays.

Mais le voyage de Bush à Jérusalem la semaine dernière n’a pas eu pour résultat des louanges générales de la communauté pro Israël. En fait, pour beaucoup de ses fidèles résolus dans ce domaine, la rhétorique provenant du Parti présidentiel n’était rien moins qu’un désastre.

LES VIEILLES CONVENTIONS

La décision de forcer l’avancement des pourparlers de paix israélo-palestiniens après le sommet d’Annapolis est exactement ce que les opposants de Gauche de Bush lui ont reproché de n’avoir pas fait pendant les sept premières années de sa présidence. Ils voulaient qu’il adhère au processus de paix que son prédécesseur Bill Clinton adopta au cours de sa présidence, et ont même reproché à Bush l’absence de paix, bien qu’il faille blâmer les Palestiniens du choix du terrorisme plutôt que de la paix.

Bush changea le cours des choses choisi par l’administration Clinton, en refusant de rencontrer Yasser Arafat. Il proclama que les Palestiniens devraient abandonner le terrorisme pour obtenir un Etat, et déclara que tout accord de paix serait fondé sur la réalité des implantations israéliennes, et pas seulement sur les frontières d’avant 1967.

En 2002 et 2004, Bush sembla abandonner les vieilles conventions de la diplomatie des USA au Moyen-Orient qu’avaient défendues les « Réalistes » à la tête du Département d’Etat à l’époque de son père. Mais en 2008, ces vieilles conventions, qui ont mis la pression sur Israël pour faire des concessions en échange de promesses arabes vides, sont de retour sur place alors que Bush et la Secrétaire d’Etat Condoleezza Rice ont plongé la tête la première dans le maelström diplomatique.

Bush a dit clairement la semaine dernière qu’il était prêt a appliquer une « petite pression » sur Israël pour obtenir son agrément à un accord de paix que peu dans le pays croient possible. Malgré d’autres commentaires qui ont démontré son amitié pour Israël, son objectif de conduire à l’existence un Etat palestinien au cours de sa présidence semblait être la priorité. Il déclara même qu’Israël allait devoir discuter le soi-disant « droit de retour » palestinien.

Et cela a laissé les Américains - aussi bien les Juifs que les non juifs qui appréciaient l’ancienne politique de Bush - déconcertés et affligés.
Certain ont mis en cause l’influence de son père et des anciennes sommités de Bush l’ancien comme l’ancien secrétaire d’Etat des USA James A. Baker. D’autres ont mis en avant la nécessité de se concilier l’opinion publique arabe au nom de la guerre en Irak. D’autres encore soulignent l’influence croissante de Rice à la suite du départ du secrétaire d’Etat à la défense Donald Rumsfeld en 2006.

Tout cela est peut-être vrai. Pourtant, alors qu’aussi bien les Américains et les Israéliens ont tenté d’analyser les contradictions des stratégies politiques de Bush, et ont cherché à trouver leurs auteurs à l’intérieur de l’administration, la réponse évidente à la décision d’aller de l’avant est sous leur nez. Loin d’être la victime impuissante de Bush, et le sujet d’une horrible « pression » qu’Israël a toujours eu en horreur, le Premier Ministre Olmert est totalement derrière le plan actuel.

Olmert a adressé des signaux clairs : il est prêt à un accord avec les Palestiniens, qui répète les termes excessivement généreux offert à Arafat par Ehud Barak à Taba. Il a déclaré aux Israéliens que le monde n’accepte pas une Jérusalem non divisée, et qu’ils doivent apprendre à vivre avec. Et il a fait savoir clairement que le président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas est son partenaire de paix, quoi que fassent les terroristes du Fatah.

Personne sauf Olmert et ses plus proches conseillers ne savant s’il pense vraiment qu’Abbas puisse signer un accord de paix qui accepte Israël comme Etat juif, quelles que soient ses frontières - et s’il survivrait s’il le faisait. Il se peut que des considérations intérieures les aient conduits à croire que la poursuite d’un processus de paix, même futile, soit son meilleur ‘cheval’ pour s’accrocher à sa fonction, malgré une popularité encore plus basse que celle de Bush. Mais alors que Bush est le partenaire le plus élevé de cette alliance, Olmert est encore celui qui est à la place du pilote dans cette affaire. Tous ceux qui croient que le Premier Ministre est entraîné à coups de pieds et de gueule à la table de négociation se trompent lourdement.

Tout cela conduit à la question que beaucoup se refusent à poser : Olmert pourrait-il dire « Non » à Bush et Rice s’il le voulait ?
Malgré la dépendance d’Israël à l’égard des USA en matière de soutien militaire et diplomatique, la réponse est un « Oui » retentissant.
Même avec un canard boiteux comme la secrétaire d’Etat, à la recherche désespérée d’un « coup » diplomatique, rien n’indique que Bush exécute cette stratégie si Olmert la déclarait nulle à l’arrivée.

ALLER A SDEROT

Si Olmert le voulait, il aurait pu déclarer que tous ceux de la délégation présidentielle qui voulaient savoir pourquoi même les Israéliens opposés aux implantations n’ont pas l’intention de rendre plus de territoire aux Palestiniens, devaient seulement rendre visite à Sdérot.

Cette ville israélienne, à l’intérieur des lignes d’armistice de 1949, est sous le siège de missiles Qassam tirés depuis le « Hamastan » à Gaza - territoire qu’Israël a quitté en 2005 - qui pleuvent sur sa population chaque jour. Si Israël revient aux frontières de 1967, les mêmes scènes pourraient se jouer en 2009 à l’aéroport Ben Gourion.

Olmert aurait pu déclarer la semaine dernière que jusqu’à ce qu’aient cessé les provocations contre Israël et les Juifs sur les media diffusés sous le contrôle de l’AP d’Abbas lui-même, la paix était impossible. En fait, 15 ans après Oslo, l’autonomie palestinienne a résulté en une nouvelle génération de Palestiniens élevés dans la haine.

En réponse aux suggestions qu’Israël négocie le “droit de retour”, Olmert aurait pu souligner que plusieurs centaines de milliers de Juifs ont été expulsés ou obligés à fuir les pays arabes après 1948, et méritent tout autant de reconnaissance et de compensation que les Arabes ayant fui Israël.

Mais bien ou mal, Olmert n’a rien fait de tout cela.

Le Premier Ministre aurait sûrement été confronté à quelque difficulté s’il avait simplement dit « Non ». Mais il est aussi certain que s’il avait fait cela, et appelé les nombreux amis d’Israël des deux principaux partis aux USA à le soutenir, Bush n’aurait pas insisté.

Ceux qui ont perdu leurs illusions suite à la volte-face de Bush ont raison de le critiquer. Mais celui qui pense qu’Israël est obligé de le suivre fixe le mauvais côté de la lorgnette du partenariat. Ce qui arrivera l’année prochaine - que ce soit la paix, la guerre, ou plus probablement une impasse continue - demeure un destin que le gouvernement démocratiquement élu d’Israël choisira de sa libre volonté.


http://www.jewishworldreview.com/0108/tobin011808.php3



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