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Début d’année en salle de presse au Quai d’Orsay et sur le terrain
par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 5 janvier 2008

Pratiquement, tous les jours, le porte-parole du Quai d’Orsay est interrogé sur la situation au Proche-Orient, et c’est pratiquement Israël, qui est concerné. Sur la demi-douzaine de questions, il y a en a, toujours, une qui vise à conduire la diplomate (ou son adjoint) a faire preuve d’équilibrisme pour donner l’impression, tout apparente, que les deux parties sont traitées de la même façon, par la France, alors qu’elles sont pas dans la même situation.

Ainsi , lors du premier point de presse, le 2 janvier, la question était : « Dans le contexte de la période post-Annapolis et post-Paris, comment évaluez-vous les menaces d’Al-Qaïda de « libérer » les territoires occupés, une menace, semble-t-il prise au sérieux par les Israéliens qui citent des activités du groupe dans les territoires ? »

On aurait pu s’attendre à une réponse mettant en doute cette menace que rien ne viendrait étayer, tout mouvement islamiste n’étant pas nécessairement lié à Al-Qaïda, même si leurs objectifs sont identiques.

Il n’en a rien été et la réponse nous paraît « correcte », mais par trop prudente, tout de même (ce « nous » n’est nullement un pluriel de majesté, sinon « nous » aurions utilisé une majuscule, mais « nous » reprenons une tournure généralement utilisée dans les médias...).

« La création d’un Etat palestinien doit se faire dans le cadre du processus politique défini lors de la Conférence d’Annapolis, processus auquel la France apporte tout son soutien. Rien ne doit faire obstacle à la poursuite de ce processus ».

Il n’en a pas été de même les deux jours suivants :

Ainsi, le 3 janvier, l’interpellation visait directement Israël : « Plus d’un mois après Annapolis et presque trois semaines après la Conférence de Paris, Israël continue des actions de plus en plus violentes à Gaza et en Cisjordanie, notamment celle en cours à Khan Younes actuellement. Quelle peut être la justification de ces actions et n’y a-t-il pas une contradiction avec les engagements israéliens aux deux conférences ? »

Et, cette fois, le diplomate français recourt au parallélisme généralement biaisé, car ignorant la chronologie des faits :

« Au lendemain des conférences d’Annapolis et de Paris, qui ont eu pour objectif de poser les bases d’un Etat palestinien viable, la France réitère son appel aux autorités israéliennes à s’abstenir de toute action unilatérale qui pourrait remettre en cause le processus politique en cours. Nous appelons également à l’arrêt complet des tirs de roquettes par les factions palestiniennes contre le territoire israélien ».

Autrement dit, à Paris, on s’obstine à ignorer que ces actions israéliennes fondées sur la légitime défense ne font que répondre à des actions agressives.

C’est donc dans l’ordre inverse des facteurs que la diplomatie française devrait s’exprimer, mais « chassez le naturel, il revient au galop » : or, cela fait tellement longtemps qu’on demande aux Israéliens d’être seuls raisonnables et, à la limite, d’accepter de se faire tuer, sans réagir.

Le lendemain, 4 janvier : « Est-ce que la France est intervenue auprès des autorités israéliennes pour leur demander de s’abstenir de toute action unilatérale" ?

Et là on oublie les raisons de ces « actions unilatérales » : « Nous exprimons notre position auprès des autorités israéliennes à l’occasion de chaque contact ».

De telle sorte qu’un lecteur naïf de ce seul compte rendu serait en droit de penser que les Israéliens « exagèrent, en persistant à poursuivre leurs initiatives, alors que ces actions visent seulement à atteindre des responsables de ces lancements incessants de roquettes en territoire israélien.

Pour terminer sur un autre terrain, et au risque d’exacerber quelques contradicteurs irréductibles, nous voudrions signaler que la presse a relevé que le premier ministre israélien, avait déclaré à Mahmoud Abbas, lors de son dernier entretien du 27 décembre, qu’Israël ne construirait pas de nouvelle implantation, ne confisquerait pas de terre palestinienne et évacuerait les avant-postes illégaux .

Ces engagements auraient été réitérés, le 3 janvier, lors d’une rencontre à Amman, avec le roi Abdallah II de Jordanie. Il est vrai que, au moins en ce qui concerne le troisième point, cet engagement avait déjà été pris par Ariel Sharon, sans que pour autant il soit suivi d’effet.

Pourtant, il nous semble évident que dans un pays démocratique force doit rester à la loi et tant qu’Israël ne sera pas devenu un Etat théocratique, le droit l’emporte sur toute autre considération, quel qu’en soit le fondement, religieux ou autre.

Nous vivons au XXIème siècle, où la société internationale n’est pas une jungle, dans laquelle le plus fort serait « en droit » de faire prévaloir sa « loi ».

Si d’aucuns entendent se fonder seulement sur la Thora pour étayer leurs revendications, à quel titre interdirait-on à d’autres, d’invoquer, par exemple, le Coran, qui est susceptible d’étayer la conception largement répandue en terre d’Islam, selon laquelle le Moyen-Orient est Dar-el-Islam , c’est à dire une région dans laquelle aucune entité non-musulmane aurait droit de cité. ?



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