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Ce n’est pas un jeu de Parloir !
Par Jonathan S. Tobin | JWR - Adaptation française de Sentinelle 5768 ©
Article mis en ligne le 4 novembre 2007

Donner un blâme pour l’échec probable d’Annapolis représente un réel danger. Le tout premier Premier Ministre d’Israël, David Ben Gourion, était célèbre pour déclarer que « ce que les Juifs faisaient était plus important que ce que le monde non juif disait sur ce qu’ils faisaient ».

Il y avait, et il y a encore, une grande vérité dans cette assertion. Quand on s’occupe d’affaires d’autodéfense et de construire sa propre maison, il vient des moments où les vrais dirigeants doivent dire au diable à une opinion mondiale hypocrite et faire ce qui doit l’être.

Mais il y a eu des moments où l’opposé est vrai. Quand on en vient à la diplomatie entre l’Etat d’Israël, son allié les Etats-Unis et les Arabes palestiniens, ce que les Israéliens essaient vraiment de faire pour parvenir à la paix importe souvent beaucoup moins que la façon dont le reste du monde perçoit ces actions. Que vous le vouliez ou non, Israël et ses partisans s’apprêtent à jouer de nouveau ce même scénario frustrant.

La très tapageuse conférence pour la paix au Moyen-Orient parrainée par l’administration Bush, qui doit se tenir en novembre à Annapolis, Maryland, a lancé les dirigeants d’Israël, ainsi que ceux de l’Autorité palestinienne, en surmultipliée, alors qu’il tentent de prendre position avant le conclave. Couvrir à la fois Jérusalem et la direction de l’AP à Ramallah, c’est ce qui est arrivé la dernière fois que les Etats Unis ont parrainé un tel évènement.

Le précédent de 2000

En juillet 2000, l’administration Clinton voulait désespérément faire revivre le processus d’Oslo en faillite, et invita à la fois le Premier ministre Ehud Barak et le chef palestinien Yasser Arafat dans la résidence présidentielle de Camp David, Maryland, pour parcourir le dernier kilomètre et parvenir à un accord.

Clinton semblait, même à cette époque, plus concentré sur son désir de Prix Nobel comme héritage de sa présidence, que sur les réalités du terrain. Mais son désir d’accord était réel. De même pour Barak, qui jeta tous les jetons de marchandage d’Israël sur la table et offrit aux Palestiniens plus qu’aucun autre gouvernement israélien n’avait jamais fait : un Etat sur virtuellement toute la Rive Occidentale avec une portion de Jérusalem redivisée pour servir de capitale. Mais en dépit des appels de Clinton, Arafat refusa de répondre par un oui.

Deux mois plus tard, la réponse d’Arafat à l’offre de paix de Barak se transforma d’une intransigeance verbale en un combat ouvert alors qu’il lança la seconde « intifada » - une guerre terroriste d’attrition qui cherchait à mettre Israël à genoux. Bien qu’elle coûtât plus d’un millier de morts à Israël et bien plus aux Palestiniens, l’intifada finit par échouer.

En septembre 2000, Schlomo ben Ami, ministre des affaires étrangères de Barak, me dit qu’aussi mauvais que fût le fiasco de Camp David, il démontra au moins au monde que les Israéliens voulaient la paix et les Palestiniens avaient choisi la guerre. Jamais plus, disait-il, Israël ne serait taxé de fomenter la violence.

Mais il ne pouvait pas se tromper avantage.

Une offensive de propagande palestinienne après Camp David chercha à éliminer l’offre israélienne des livres d’histoire. Malgré le fait que Clinton soutenait le rapport d’Israël sur la responsabilité d’Arafat, l’énorme mensonge palestinien fonctionna. Peu de rapports des media sur le conflit replacèrent sérieusement l’intifada dans le contexte du rejet arabe.

Depuis lors, les opinions les plus affichées de gens comme David Malley, un petit fonctionnaire de l’administration Clinton, ainsi que de l’ancien président Jimmy Carter, qui soutint le faux rapport palestinien sur Camp David, ont contribué à transformer la discussion sur l’évènement d’un fait établi, en une fausse dispute historique où les deux parties sont traitées comme également coupables. A long terme, ce que Barak a fait à Camp David importe moins que les mensonges qui furent répandus dessus après.

Tout cela éclaire beaucoup l’activité aussi bien des Israéliens et des Palestiniens avant Annapolis.

Bush et la Secrétaire d’Etat Condoleezza Rice semblent aussi désireux de promouvoir des chances de paix israélo-palestinienne aussi illusoires que Clinton l’était il y a plus de sept ans. Leur but est de distraire le monde arabe et les critiques intérieures de la guerre en Irak.

Cela rend le Premier Ministre Olmert frénétique pour éviter l’impression qu’il serait le seul à provoquer l’échec d’Annapolis. Aussi Olmert a dégagé à gauche, gonflant l’idée que le chef de l’AP, Mahmoud Abbas est un vrai partenaire de paix, et il a permis à un proche collaborateur de laisser filtrer l’idée qu’un autre schéma de division de Jérusalem ferait partie de l’accord proposé.

Mais Abbas a encore de nombreuses raisons d’éviter un accord dont il sait qu’il ne peut pas le faire accepter aux Palestiniens (en particulier ceux qui soutiennent ses rivaux du Hamas qui contrôlent Gaza). Et il comprend aussi qu’il peut toujours compter sur son agitprop antisioniste pour le tirer d’affaire.

Mais la probabilité d’un échec diplomatique à Annapolis pâlit face au danger de répercussions pires encore, si cela se transforme en une répétition du désastre de 2000. Et c’est là où les partisans perpétuellement divisés d’Israël entrent en jeu. Alors que la légitimité même de la défense d’Israël est de plus en plus mise en cause suite à la controverse sur le « Lobby pro-Israël », le silence sur le sommet est exactement ce qui n’est pas désirable.

La coalition à large base des Juifs et des non juifs qui soutiennent Israël en Amérique a besoin plus que jamais de faire savoir clairement à l’administration Bush qu’elle ne doit pas permettre la répétition de Camp David en 2000. Le désir ardent de l’administration d’un triomphe diplomatique ne doit pas servir d’excuse pour contraindre Olmert à faire des concessions, en particulier quand il y a peu de chances, s’il y en a, qu’elles soient

Pas d’immunité pour les attaques

Comme ce fut le cas avec Barak, la volonté d’OImert d’accepter des concessions allant bien plus loin, ne protègeront pas Israël d’attaques après le sommet, aussi bien verbales que physiques, de ceux qui ne feront jamais la paix à aucun prix.

Puisque le refus palestinien d’abandonner le droit au retour rend tout réel progrès très improbable, nous pouvons nous attendre à ce que les ennemis d’Israël espèreront encore transformer l’échec inévitable d’Annapolis, en un élan pour une attaque renouvelée sur la légitimité d’Israël ainsi que sur le mouvement pro-Israël en Amérique.

Aussi, c’est maintenant exactement le moment où les groupes juifs ainsi que les partisans chrétiens d’Israël doivent parler haut, non pas pour s’opposer au sommet ou à la diplomatie elle-même, mais contre la tactique de la manière forte américaine employée contre Israël, pour assurer soit que la réunion ait lieu, ou pour garantir un résultat à tout prix.

L’enthousiasme pour la paix est compréhensible ; mais la rhétorique qui brosse un portrait trompeur de l’absence de volonté israélienne pour compromettre sa sécurité comme un « obstacle » à la paix aujourd’hui, jouera indubitablement un rôle dans la propagande révisionniste suivant Annapolis.

Ce dont aussi bien l’administration et les Juifs de Gauche, qui désirent que Rice brandisse un gros bâton aux dépens d’Israël doivent se souvenir, c’est que le blâme pour un échec du sommet n’est pas un jeu de parloir intellectuel mais, comme la folie de Camp David de Clinton l’a prouvé, une bataille vicieuse dont le prix peut finalement être payé par du sang juif.


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Biographie de l’auteur :
Jonathan S. Tobin est directeur de la rédaction du journal « Jewish Exponent » à Philadelphie.



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