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Le Hamas contraint de faire face à des plaintes pour tortures et arrestations illégales à Gaza
Haaretz
Article mis en ligne le 4 août 2007
dernière modification le 5 août 2007

Une annonce publiée dans le quotidien al-Ayam, qui sort à Ramallah, invite les avocats à poser leur candidature pour un poste à l’office du Procureur de Gaza. L’auteur de cette annonce est le Ministère palestinien de la Justice à Gaza.
Alors que l’office du Procureur à Gaza est à l’arrêt depuis la mi-juin sur ordre du Président de l’Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, l’annonce nous met au courant d’autres mesures prises par le Hamas en vue de l’établissement d’un système juridique séparé à Gaza.

Elle nous apprend un autre fait encore : qu’au Hamas, on écoute les plaintes d’organisations palestiniennes des droits de l’homme à propos de l’illégalité des arrestations opérées par la « Force exécutive » et les brigades Az a-Din al Qassam, à la fois parce que ce ne sont pas des organisations autorisées à opérer des arrestations, et qu’en l’absence du Procureur, ces arrestations se font sans mandats d’arrêt.

Ce problème est apparu peu après la prise de contrôle du Hamas sur les services de la sécurité à Gaza, lors de la rencontre de trois directeurs d’organisations palestiniennes des droits de l’homme avec le Premier ministre effectif dans la Bande de Gaza, Ismaïl Haniyeh. Cette rencontre s’est tenue à la fin du mois de juin, et des représentants des organisations « Al-Mizan », du « Centre Palestinien pour les droits de l’Homme » et d’ « a-Damir » y étaient présents. Selon Issam Younes, d’« Al-Mizan », Haniyeh a promis de s’occuper des problèmes et des questions concernant les violations de droits de l’Homme.

Presqu’un mois s’est écoulé depuis cette rencontre, et jusqu’à ces derniers jours, on pouvait avoir l’impression que tant les plaintes que les promesses données en réponse avaient été vaines : les arrestations se poursuivaient en infraction avec la loi (qui exige un mandat d’arrêt, le prolongement de l’arrestation devant un juge, un lieu de détention connu et enregistré). Les représentants des organisations ne se sont pas vu accorder la possibilité de rendre visite aux détenus (en dehors des criminels détenus à la prison centrale et six suspects de collaboration avec Israël détenus dans la prison « al-Mishtal »).

Deux des détenus sont morts en cours d’interrogatoire. Le premier est Fadel Dehamesh, qui, d’après le Jihad Islamique, aurait été pris et (filmé) alors qu’il descendait d’une jeep israélienne du côté israélien de la frontière, avant de franchir celle-ci et d’entrer à Gaza. Des hommes armés du Jihad Islamique se sont saisis de lui et l’ont transféré pour interrogatoire auprès de la « Force exécutive ». Il a été mis en détention et, le 10 juillet, son cadavre arrivait à l’hôpital. Le deuxième est Walid Abou Dafla, un membre de la sécurité et du Fatah, qui, au témoignage de son frère, est mort le 15 juillet après six jours de tortures et de violence durant sa détention à « al-Mishtal ». Des gens qui avaient été arrêtés puis libérés ont témoigné auprès d’enquêteurs de terrain des organisations, à propos de rudes violences et de tortures subies durant la détention.

Dès la première vague d’arrestations de militants du Fatah à Gaza, bien des rumeurs ont couru à propos du nombre de détenus et des violences commises à leur égard. La majorité des détentions prolongées portaient sur des membres des services de sécurité et sur ceux qui étaient considérés comme proches de Mohamed Dahlan, mais il y a des gens qui ont été arrêtés simplement pour sympathie envers le Fatah. Moustafa Khalil, un militant des droits de l’Homme qui a cherché à rencontrer des prisonniers libérés, raconte qu’au début, ils avaient peur de parler. C’est aussi l’impression ressentie chez « Al-Mizan » : des gens ont admis avoir peur de communiquer des détails sur leur arrestation illégale, sur des tortures et des humiliations.

Pourtant, d’après Moustafa Khalil, ces derniers jours ont vu une diminution des rapports sur des tortures et il semble aussi que le nombre de détentions à mobile politique ait diminué. Il a l’impression que ces derniers jours, le niveau de la peur a quelque peu baissé, et qu’il est plus facile, pour les enquêteurs de terrain, d’approcher des prisonniers libérés et de recueillir le témoignage de leurs familles.

La presse palestinienne a publié récemment un démenti de la Force exécutive à propos de tortures que les détenus auraient subies. Un militant central du Hamas a déclaré à « Haaretz » que les plaintes qui ont été publiées dans les communiqués des organisations des droits de l’Homme étaient prises au sérieux par le mouvement. Il y a moins d’une semaine, dit-on de sources gazaouies, plusieurs membres politiques parmi les plus importants du Hamas se sont réunis pour discuter « ouvertement » des plaintes qui se sont accumulées à propos d’arrestations et de tortures. L’un de ces responsables aurait dit, toujours selon la même source, que « si cela continue, quelle différence y a-t-il entre nous et le Fatah ? »

C’est peut-être la raison pour laquelle, cette semaine, le « Commissariat autonome palestinien pour les droits du citoyen » s’est vu remettre plusieurs adresses auxquelles renvoyer les questions et les plaintes : le commandant de la Force exécutive, un avocat du tribunal militaire (qui a été nommé à la tête du comité constitutionnel de la Force exécutive) et un directeur de prison. A côté de la remise au travail de l’office du Procureur, il est clair que le gouvernement en exercice à Gaza est intéressé à agir conformément à la loi et à préparer le service de sécurité du Hamas comme substitut à la police régionale (dont les membres se sont vus interdire par Abbas de se rendre au travail, sous peine d’être congédiés).

Mais la joie serait prématurée. Lundi, des hommes en armes ont agressé, dans son bureau de Rafah, Ashraf Jum’ah, membre du Fatah au Conseil législatif. Un homme a été blessé par balle, Jum’ah était couvert de blessures sur tout le corps. Peu de temps avant, des membres de la « Force exécutive » avaient distribué à Rafah une proclamation accusant Jum’ah d’avoir envoyé à Ramallah le nom des membres de la sécurité qui continuaient de se rendre à leur travail contrairement à l’ordre donné par Abbas, et qu’ils avaient dès lors été licenciés. Les organisations des droits de l’Homme demandent maintenant qu’on recherche qui se trouve derrière cette agression, tout en suggérant un lien entre la Force exécutive et les agresseurs qui ont utilisé un véhicule de la police.



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