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Secret de polichinelle : une frontière passoire
par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 28 juin 2007

Comme à l’accoutumée, la presse a fait état des conclusions d’un rapport d’experts demandé par l’ONU, avant sa publication officielle. De fait, c’est seulement, le lendemain, qu’un communiqué de presse de l’Organisation mondiale a fait savoir que le Secrétaire général avait transmis le rapport de la mission qu’il avait dépêché à la demande du Conseil de sécurité en avril dernier, sur la situation à la frontière entre le Liban et la Syrie.

De façon sibylline ; le porte-parole du Secrétaire général fait état de ce que, dans sa lettre de transmission au Président du Conseil de sécurité en exercice (le représentant belge,qui sera remplacé par le chinois, le 1er juillet), Ban Ki-moon « soutenait pleinement les recommandations de l’équipe » et qu’il fournirait des commentaires plus substantiels dans son propre rapport sur la résolution 1701, « lequel est en train d’être finalisé ».

Toutefois, on apprend, quand même, déjà, que selon le Secrétaire général « des efforts sont attendus du Gouvernement libanais qui, avec l’appui de la communauté internationale, doit élaborer un système plus efficace de la gestion de ses frontières » et que Ban Ki-moon a également souscrit à la recommandation des experts, selon laquelle la Syrie devrait coopérer avec les autorités libanaises, notant que « la Syrie a une responsabilité partagée s’agissant du contrôle de ses frontières avec le Liban et de la mise en Å“uvre de la résolution 1701 (2006) » (souligné par nous).

Rappelons que cette résolution « demande, au Gouvernement libanais de sécuriser ses frontières et les autres points d’entrée de manière à empêcher l’entrée au Liban sans son consentement d’armes ou de matériel connexe et prie la FINUL, comme elle y est autorisée...., de prêter assistance au Gouvernement libanais sur sa demande ».

En avril dernier, tout en persistant à condamner le survol du territoire libanais par les forcées aériennes israéliennes, le Conseil de sécurité avait demandé au Secrétaire général, par une déclaration présidentielle qui passait en revue de façon approfondie tous les points de la résolution 1701, qui avait établi les conditions de la cessation des hostilités entre le Hezbollah et Israël en août 2006, de dépêcher une mission indépendante sur le transfert illicite d’armes vers le Liban.

Le Conseil se déclarait « gravement préoccupé par les informations de plus en plus nombreuses faisant état de mouvements illégaux d’armes à travers la frontière libano-syrienne en violation de la résolution 1701 (2006) — informations émanant d’Israël et d’un autre État » (non cité....) et demandait au Secrétaire général de « dépêcher le plus tôt possible, en étroite coopération avec le gouvernement libanais, une mission indépendante chargée de faire une évaluation complète de la surveillance de la frontière ».

Ce qui a donc été fait et le rapport des experts vient d’être transmis au Conseil de sécurité.

Dans sa lettre au Conseil, le Secrétaire général souligne « qu’il est clair que des efforts sont requis du gouvernement libanais, avec le soutien de la communauté internationale, pour développer un système plus efficace de gestion de la frontière ».

Mais, on en sait plus en se reportant aux fuites parues dans les médias.

En réalité, ces indiscrétions ne font que confirmer ce que tout le monde savait déjà : à savoir que la frontière libano-syrienne est une véritable passoire (les experts auraient dit qu’elle était « poreuse ») et que la Syrie est complice de la contrebande d’armes en provenance d’Iran à l’intention du Hezbollah, tandis que le gouvernement libanais ne veut, ou en tout cas, ne peut contrôler les 225 kilomètres de frontières avec la Syrie.

Car, il faut savoir, en effet, qu’il n’y a que 4 points de contrôle de telle sorte que de nombreuses routes échappent à tout contrôle et qu’il n’y a pas de formulaires de procédure précise pour intercepter des marchandises suspectes.

Durant les trois semaines durant lesquelles les experts ont enquêté sur place, ils n’ont constaté aucune saisie d’armes.

A en croire les recommandations de ces experts, on a l’impression, que sur le plan international, également, on peut se demander « pourquoi faire simple, quand on peut faire compliqué ».

En effet, au lieu de recommander, ce qui a déjà été suggéré, notamment, par Israël de charger la FINUL, forte de plus de treize mille d’hommes, de cette tâche, qui pourrait, pourtant, lui revenir, aux termes de la résolution 1701, les experts ont recommandé que le Liban crée « une force mobile chargée de lutter contre les trafics d’armes », qui devrait effectuer des saisies dans un bref délai grâce à des moyens de renseignement et d’interception.

Et, par ailleurs, cette force devrait être assistée de « spécialistes internationaux ».

Donc, encore des moyens nouveaux, alors qu’il y en a, déjà, sur le terrain, mais qui ne servent à rien.

Une fois de plus, l’ONU se repose sur les autorités libanaises, qui, jusqu’à présent, ont fait la preuve d’une inefficacité voulue.

On a l’impression de vouloir éviter,à tout prix, que des acteurs internationaux aboutissent à des résultats.

Certes, le problème se pose sur le territoire d’un Etat souverain, mais sa faiblesse met en danger l’équilibre - fragile - de la paix dans cette région.

Et, afin de ne pas donner l’impression que la pression est mise sur le seul Liban, il faut s’attendre à ce que le Conseil de sécurité condamne, à nouveau, le survol du territoire libanais par des avions israéliens, alors que ce survol constitue le seul moyen de surveiller ce qui se passe sur le terrain.

Pourquoi ne pas avoir envisagé un survol du territoire libanais par une force aérienne internationale, au même titre que des navires allemands, éléments de l’action entreprise sous l’égide des Nations unies, assure, déjà, un contrôle de la navigation au large des côtes libanaises, de nature à dissuader un acheminement illégal d’armes, par voie maritime ?

On reste confondu devant la persistance à vouloir multiplier les recommandations et la mise en place de nouveaux moyens, mais pas là où ils s’avèreraient utiles.



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