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La stratégie du Chef du Kremlin
Albert Capino
Article mis en ligne le 22 juin 2007

Dans un billet datant de novembre 2006, intitulé : “Russie, le retour”, je m’inquiétais de l’implication croissante de l’ex pays des Soviets sur l’échiquier international. L’activité fébrile au Proche et Moyen-orient, témoigne de la volonté du 4è membre du “quartette” à enfoncer sa botte et accroître son influence dans la région.

Les signes avant-coureurs étaient autant d’alarmes, que les derniers événements confirment.
• les livraisons de combustible nucléaire à destination de la centrale de Busheir sont à présent effectives
• la défense anti-aérienne des sites sensibles iraniens est renforcée par du matériel russe hyper-sophistiqué
• l’annonce de la livraison de MIGs 31 à la Syrie, précédant la mise en service hypothétique de F-22 américains en Israël, n’est plus un mystère
• celle des rampes de lancement de missiles de dernière génération SS-26 en Syrie est accomplie

En dehors de ces faits matériels, qui rehaussent des pays comme l’Iran et la Syrie au niveau des pays dotés d’un armement de la dernière génération, la Russie les assure de son soutien sur le plan diplomatique. Le Hamas est reçu à Moscou comme un interlocuteur valable, Poutine refusant de le considérer comme un mouvement terroriste.

La prise de position sur l’installation d’un bouclier anti-missile en République Tchèque et la proposition russe de le remplacer par une station radar commune, achève de déstabiliser les Etats-Unis et ses alliés de l’OTAN. Le Ministre des Affaires étrangères Sergeï Lavrov a déclaré hier, à l’issue d’une réunion des ministres des Etats de la mer caspienne à Téhéran : “nous ne voyons aucune menace venant d’Iran”. Il a ajouté : “en conséquence, nous ne voyons pas pourquoi une telle menace est prétextée, sinon pour justifier l’installation d’un bouclier anti-missile américain en Europe”.

L’Azerbaïdjan s’est déclaré d’accord pour accueillir une station radar à Gabala, qui serait gérée en commun par la Russie et les Etats-Unis, dans le cadre d’un protocole tripartite. Ce serait un clou de plus dans le cercueil du bouclier de défense européen.

Dès lors, on ne s’étonne guère des déclarations d’Ali Larijani, président du Conseil suprême de sécurité iranien, qui ont immédiatement suivi. Dans une interview au magazine Newsweek cette semaine, il affirme notamment : “Il est vrai que nous soutenons le Hezbollah et le Hamas [...] des sanctions supplémentaires de l’ONU n’entraveront pas notre programme nucléaire”.

Le traité de coopération entre l’Iran et la Syrie permet en outre une circulation de capitaux et d’armes - officielle et officieuse - comme ont pu le révéler les observation satellite de ces derniers mois pour ce qui est des convois qui empruntent - entre autres - la frontière Syro-libanaise. Celle-ci est à présent fermée, ce qui peut s’expliquer par le fait que les livraisons d’armes au Hezbollah sont considérées comme achevées et que la Syrie veut couper la route à une intervention hypothétique de l’armée libanaise ou aux mouvements tout aussi invraisemblables de la FINUL au cas où Assad se lancerait dans des hostilités. Bien qu’étant dans un contexte différent, la manoeuvre n’est pas sans rappeler la fermeture du détroit de Tiran le 22 mai 1967, suivie de l’exigence de Nasser d’évacuer les forces des nations unies. Une autre manière de tester l’absence de détermination de la Communauté internationale...

La question cruciale est de savoir si la “phase d’observation” actuelle va donner lieu au déclenchement d’un conflit, quand, et sur quel(s) front(s) ?

Pour l’heure, en dépit des provocation quotidiennes en provenance de la bande de Gaza et du Liban Sud à coups de Qassam et de Katiouchas sur les populations civiles, le gouvernement Olmert joue l’apaisement, parle de transférer 400 millions de $ au Fatah, qui pourtant a prouvé son incapacité à juguler son rival islamiste, et envisage de restituer le Golan à la Syrie qui se dote d’armements au top de la technologie.

Quant au Général Graziano, qui commande la FINUL au Liban, il n’a observé “aucun réarmement suspect du Hezbollah dans son secteur”. Sauf peut-être quand une Katioucha est tombée à deux doigts de l’un de ses postes... ?

Les Russes et les Iraniens sont de redoutables joueurs d’échecs. Le placement de leurs pions sur l’échiquier international montre à quel point ils se sont joués des réticences, de la faiblesse et de la naïveté de leurs interlocuteurs.

Le gavage à coups de millions de $ d’un Fatah faible, sous la férule de Mahmoud Abbas ayant tous les attributs du pouvoir sans la volonté de l’exercer, est un échec annoncé s’il n’est pas assorti de l’obtention d’une solide contrepartie sous forme d’un traité en bonne et due forme.

Au contraire : si le gouvernement Olmert s’apprêtait à reproduire en Judée Samarie l’erreur de l’unilatéralité du retrait de Gaza et abandonner le Golan à Assad, les Palestiniens se manqueraient pas alors de se réconcilier sur le dos d’Israël, la Communauté internationale ferait pression en mettant un ultimatum pour la création d’un Etat palestinien, le tout sous la menace des Katiouchas au Nord, à l’Est, des SS-26 russes d’Assad, sans parler des missiles coréens améliorés d’Ahmadinejad.

Des messages fermes doivent être transmis d’urgence, en termes non équivoques, à tous les adversaires potentiels d’Israël, des Etats-Unis et des démocraties européennes - y compris les régimes dits “modérés” - afin qu’ils prennent bien la mesure du danger qu’ils courent. C’est l’enjeu essentiel du sommet de Sharm El Cheikh lundi prochain.

Par ailleurs, l’ultimatum qui se prépare doit absolument être inversé, et vite : ce n’est pas à Israël d’accepter des conditions, mais bien aux Palestiniens et à leur “représentant légitime” de s’engager à signer dans un délai déterminé, au plus tard avant la fin de cette année, un traité en bonne et due forme, qui reconnaisse Israël, les accords signés et contraigne au renoncement à la violence. Sur ce dernier point, la démilitarisation sera plus efficace que la fourniture d’armes à une “Autorité” qui n’en a que le nom. On a vu à qui et à quoi servent les armes gracieusement fournies au Fatah...

Des fonds peuvent être débloqués pour une aide d’urgence dans le cadre des soins, de la nourriture, du salaire des fonctionnaires civils, mais seulement sous condition d’être versés directement aux intéressés. Au-delà, tout financement ne peut être envisagé que dans le cadre de la stricte application du traité visé plus haut.

L’Europe, les Etats-Unis et le gouvernement Olmert doivent réfléchir aux conséquences de leur hâte à reprendre sans conditions leurs financements à destination des Palestiniens. L’absence d’unanimité à condamner le Hamas et le Hezbollah, alliés objectifs des Iraniens et le silence sur la livraison d’armes à la Syrie constituent autant d’encouragements aux bellicistes.

Or, la paix n’a toujours été obtenue que par un avantage stratégique décisif sur les fauteurs de guerre.

Le risque de modification radicale de l’équilibre des forces au Moyen-orient est à son maximum, faisant de l’Iran et de la Syrie de nouvelles puissances régionales, soutenues par la Russie, et bénéficiant de bases avancées au Sud-Liban et à Gaza.

Dans l’hypothèse de l’acceptation par les Etats-Unis d’une station de radar commune avec les Russes en Azerbaïdjan, cela ferait basculer l’avantage stratégique majeur en faveur de Téhéran, en empêchant l’OTAN d’exercer une défense dissuasive active.

Le refus de regarder les réalités en face a invariablement transformé les crises internationales en conflits mondiaux, l’unique alternative demeurant une offensive préemptive aux fins d’éviter une contagion planétaire.

Et si, par malheur, nos dirigeants attentistes devenaient résignés, au moins pourrions-nous suivre en direct sur les écrans de Gabala la progression des missiles Shahab vers nos villes, tels le prophète Mahdi chevauchant son fier cheval blanc...



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