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Les Å“illères du Quai d’Orsay

par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international

jeudi 15 février 2007
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Nous avons, fréquemment, ici même déploré le souci de la France, comme des Nations Unies, d’ailleurs, d’établir, à chaque occasion, un parallélisme entre les attentes du camp palestinien et du côté israélien, pour, à plus forte raison, regretter - pour ne pas dire plus - cette fois, l’unilatéralisme adopté par le Quai d’Orsay, à l’encontre d’Israël.

Lors du point de presse du mercredi 14 février, le porte-parole du Quai d’Orsay a été interrogé - vraisemblablement, toujours par le même « ami » d’Israël de la façon suivante :

« Quelles sont les attentes de la France avant le sommet du 19 février entre M. Olmert, M. Abbas et Mme Rice ? Des perspectives s’ouvrent-elles pour la reprise des négociations israélo-palestiniennes ? »

Sans doute ce « journaliste » s’attendait à ce que le diplomate français lui révèle ce qu’il avait pu « lire dans le marc de café » à propos d’un événement devant se produire dans plusieurs jours.

A la différence de nous, la réponse n’a pas dû le décevoir, car cette fois il n’y en a eu que « pour Israël », ou plutôt « contre Israël », comme vous allez pouvoir le constater..

« Nous espérons que cette réunion, qui se tient dans un contexte nouveau, après la réunion du Quartet à Washington le 2 février et après la signature de l’accord de La Mecque le 8 février, permettra de faciliter un dialogue constructif à haut niveau entre Palestiniens et Israéliens, aborder les questions de fond relatives au règlement du conflit, en définissant un horizon politique, et renforcera l’autorité du président palestinien »

A croire que « notre » diplomate ne lit pas la presse...

En effet, la réunion du Quartet (Etats-Unis, Union soviétique, Nations Unies et Union européenne) du 2 février dernier a été, en quelque sorte, un non-événement.

Car, les chefs de la diplomatie du Quartet pour le Proche-Orient, se sont bornés à réaffirmer leur soutien aux efforts américains en faveur d’un règlement du conflit israélo-palestinien et de la création d’un Etat palestinien. Les représentants des Etats-Unis, de l’Union européenne, de la Russie et de l’ONU ont aussi insisté, à nouveau, sur les conditions préalables à une reprise de l’aide internationale au gouvernement palestinien, à savoir : la reconnaissance d’Israël et des accords passés, ainsi que le renoncement à la violence.

Et le Quartet a annoncé qu’il se réunirait de nouveau à Berlin après la réunion entre les Etats-Unis, Israël et l’Autorité palestinienne, déjà programmée pour la mi-février,

Or, sur ces entrefaites, le 8 février, à La Mecque, les deux « frères ennemis » palestiniens, le Hamas et l’Autorité palestinienne se rencontraient en vue de tenter de mettre fin aux violents et sanglants combats que se livraient leurs partisans, dans les Territoires.

Mais, malheureusement, cette réunion n’a guère laissé entrevoir une évolution de la position du Hamas, toujours, en principe, à la tête du gouvernement palestinien à l’égard d’Israël.

Sur les quatre points de l’accord, visant avant tout à mettre fin aux combats et à mettre sur pied un nouveau gouvernement palestinien, Mahmoud Abbas et Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Hamas, un seul concernait, implicitement la position à l’égard d’Israël.

En l’espèce, il a, simplement, été admis que le gouvernement devra « respecter les résolutions internationales et les accords signés par l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) ».

Mahmoud Abbas n’a même pas pu obtenir l’ « adhésion » à ces dits accords et, à plus forte raison, n’a-t-il pas été question de faire droit aux trois conditions posées par le Quartet.

La déception ne fut pas seulement dans le camp israélien.

Même le Quartet, sans réunion formelle, mais à la suite de consultations par téléphone, a fait savoir, dès le lendemain, 9 février, qu’il réaffirmait sa déclaration du 2 février dans laquelle il avait mis l’accent sur la renonciation à la violence, l’acceptation des accords et obligations passés et la reconnaissance d’Israël.

Ce rappel était d’autant plus nécessaire après de nouvelles déclarations du Hamas, faites après l’accord de la Mecque, sur sa volonté de ne pas reconnaître l’ « entité sioniste ».

Le porte-parole du mouvement islamiste a tenu à préciser que son mouvement ne renonçait pas à sa position et que l’accord « sur le respect des accords signés par l’OLP...ne signifie pas la reconnaissance de la légalité de l’entité sioniste ».

On ne peut être plus clair.

S’il est vrai, comme nous l’avons déjà rappelé, ici, même, que la reconnaissance d’un Etat peut-être implicite (par l’échange de relations diplomatiques, par exemple), ce ne peut être le cas lorsque l’on dénie le caractère même d’Etat, pour ne parler que d’une entité, s’agissant d’un membre, depuis près d’un demi-siècle, de l’ONU, qui n’accepte comme membres que des Etats.

C’est donc, une fois de plus, par un abus de langage que certains médias ont cru pouvoir considérer que « la reconnaissance d’Israël n’est qu’implicite », en raison du principe du respect des accords passés par l’OLP, qui, elle, avait reconnu, en 1993, Israël.

Il n’y a eu aucune reconnaissance du tout, puisque, bien au contraire, le Hamas, qui a vocation à conserver la tête du gouvernement et occupera encore 9 postes ministériels (sur 22), dans le futur gouvernement (qui n’a toujours pas vu le jour) a tenu à réaffirmer son opposition au droit à l’existence de l’Etat d’Israël.

Mais, apparemment, toutes ces prises de position ont été ignorées au Quai d’Orsay

La France n’est pas représentée directement au Quartet, mais seulement, indirectement, en tant que l’un des 27 membres de l’Union européenne qui s’exprime par la voix du haut représentant de la diplomatie européenne, Javier Solana.

Et il est temps de citer la fin de la réponse, consternante, parce que totalement partiale, du porte-parole du Quai d’Orsay qui, certainement, sans aucune ironie (hélas) a tenu à dire :

« Nous espérons que les autorités israéliennes saisiront cette occasion pour mettre en oeuvre les mesures (dégel des taxes prélevées par Israël pour le compte de l’Autorité palestinienne, ouverture pérenne du terminal de Rafah, levée des contrôles à certains points de passage en Cisjordanie et libération de prisonniers palestiniens) annoncées par M. Olmert lors de son précédent entretien avec M. Mahmoud Abbas le 23 décembre dernier ».

Non seulement, cette position ne tient pas compte des positions, encore, solidement réaffirmées par le Hamas et d’ailleurs concrétisées, mais, de plus, ignore que sur le terrain, le lancement permanent de roquettes Qassam sur le territoire israélien se poursuit et que des tentatives d’attentats terroristes sont, quotidiennement, déjoués (sauf quand ils réussissent, comme à Eilat il y peu de temps).

Quelle triste « fin de règne » au Quai d’Orsay (puisque quelle que soit l’issue des élections, il est peu vraisemblable que M. Douste-Blazy reste à son poste).

Et à en juger par ce type de déclaration, qui méconnaît, totalement la responsabilité principale de la partie palestinienne dans le blocage actuel de la situation, par son refus obstiné d’accepter les trois conditions de bon sens posées par la communauté internationale, à l’exclusion, il est vrai, du monde arabe, on ne peut guère imaginer d’attitude plus franchement antiisraélienne de la part d’un gouvernement français.


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