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Un manuel scolaire français attise les haines communautaires.
François Zimeray
Article mis en ligne le 12 novembre 2003
dernière modification le 17 novembre 2003

François Zimeray dénonce une scandaleuse manipulation idéologique des élèves. Il demande le retrait immédiat de l’ouvrage et l’ouverture d’une enquête.

Jamais les principes de neutralité et de laïcité, qui sont le fondement de la déontologie de l’école publique, n’avaient été aussi gravement violés que par la publication, aux éditions de Delagrave (2003), d’un manuel de français destiné aux élèves de CAP.

LES FAITS :

Ainsi les élèves y sont appelés à travailler la lecture, l’écriture et la prise de parole sur un texte de l’AFP intitulé « c’était un jour de bac en Cisjordanie occupée » (page 56). Ce document est illustré par une photo ainsi légendée « Cisjordanie, évacuation d’une école ayant subi des tirs israéliens ». Il relate, sans aucune mise en perspective, et de façon unilatérale, les difficultés rencontrées par des élèves palestiniens qui ne peuvent « se concentrer sur fond de bruit de chaînes et de chars » et d’autres qui, « arrêtés par l’armée israélienne, ont été relâchés le matin de l’épreuve de géographie (…) et n’ont aucune chance de réussite.« A la même page, les exercices de lecture proposés demandent aux élèves de CAP : « (…) par qui les palestiniens sont-ils »occupés ?" »

Y figure aussi un exercice de « prise de parole » qui consiste en un jeu de rôle : « par groupe de quatre, reconstituer la rencontre de deux jeunes du camp d’Al Amaari avec deux gardiens israéliens ; les deux jeunes palestiniens expliquent qu’ils doivent quitter la prison [dans le texte !] pour aller passer leur examen. »

L’« atelier d’écriture » atteint des sommets de partialité : « écrivez une lettre à Ala Abu Safia dans laquelle vous lui demandez de continuer à résister, en gardant espoir ».

Le comble c’est que ces travaux sont immédiatement suivis (page 57) d’une série d’exercices d’énonciation du verlan sous le titre « tu tchatches comme oim ? » où le principe de l’inversion des syllabes étant exposé, il est illustré par trois exemples : mère / reum, femme / meuf et juif / feuj et accompagné d’une analyse du travail de déconstruction sur les mots pour étudier la transformation du mot « arabe » en « rebeu » !

FRANCOIS ZIMERAY SAISIT LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE MAIS EGALEMENT LES FEDERATIONS DE PARENTS D’ELEVES ET SYNDICATS D’ENSEIGNANTS.
« LES JUIFS NE SERONT PAS LES FUSIBLES DE LA REPUBLIQUE ».

(extraits de la lettre au Président de la République).
A un moment où l’on s’interroge sur l’interdiction des signes religieux a l’école, ce qui compte ce n’est pas seulement ce qu’on met sur la tête, c’est d’abord ce qu’on met dans la tête des enfants. Car la mission de l’école, c’est d’apporter recul, réflexion, et de donner aux jeunes des outils d’analyse critique qui permettront de comprendre le monde, au contraire des manuels de ce type qui génèrent les communautarismes et exacerbent les passions. On y trouve aucun éclairage, aucune explication du contexte, aucune mise en perspective, mais des exercices d’une partialité indécente reposant sur l’identification à une partie ».

Embrigadement :

« Ce manuel pour CAP attise la haine en important un conflit douloureux et complexe au cœur des établissements scolaires. La mise en relation, sur une double page, du conflit israélo- palestinien, d’une part, et des feujs et des beurs d’autre part, fait plus que suggérer une identification entre les protagonistes et des jeunes français de nos banlieues. »

Complaisance :

« Mais il ne sera jamais utilisé à Henri IV : il s’agit d’un ouvrage pour CAP (filière d’enseignement professionnel correspondant à la plus basique des qualifications du système éducatif - niveau V), ce qui illustre bien la complaisance et la stigmatisation sociale que les auteurs du manuel attachent à cette filière. »

(...)« Un récent sondage, orienté, aboutit à ce que 59% des Européens considèrent qu’Israël est le plus grand danger pour la paix dans le monde. Avec un conditionnement comme celui là, il faut se féliciter qu’ils ne soient que 59% ! Ils devraient être beaucoup plus nombreux lorsqu’au matraquage médiatique s’ajoute le conditionnement des manuels scolaires à destination des élèves les moins armés pour pouvoir exercer un recul critique, ceux du CAP !

En 2002, les statistiques du Ministère de la Justice révèlent que six actes racistes sur dix perpétrés en France le sont à l’encontre de victimes juives. Mais un sondage réalisé dans le même temps montre que seulement un français sur vingt croit que cela est vrai. Le racisme et l’antisémitisme sont une réalité quotidienne dans la France d’aujourd’hui dont la pleine mesure n’a pas été prise.
Monsieur le Président de la République, ce n’est pas là l’école que nous voulons, ce n’est pas là la France dans l’Europe que nous voulons. Les juifs ne seront pas les fusibles de la République ! »

« Si le retrait du manuel s’impose, tout comme s’impose une enquête sur les circonstances qui ont permis la mise en circulation de ce texte, je me dois, au-delà de l’ouvrage lui-même, d’attirer votre attention sur la dégradation du climat de tolérance dont cette publication n’est qu’un symptôme supplémentaire.(...) »



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